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la lanterne de diogène
17 juillet 2018

Deux étoiles (dernières impressions du Mondial 2018) I

On peut dire que nous l’attendions depuis longtemps, cette deuxième étoile. Alors, laissons-nous aller un peu. De temps en temps, ça fait du bien d’oublier les soucis qui demeurent, les injustices qui font la guerre aux meilleurs d’entre nous, les guerres, justement et toutes les plaies qui sont le lot de l’humanité. Il faut le talent des artistes et l’optimisme béat de beaucoup pour parvenir à convaincre les humains que la vie est belle. Disons que, de temps en temps, il y a lieu de se réjouir et, donc, ça fait du bien. Ça fait du bien de partager un grand moment de liesse. Partager est peut-être ce qu’il y a de plus beau au monde. Sans le partage, la vie n’est que survie.

Makhtar Mak Camara‎ - championsDonc, la victoire des Bleus permet de parler à l’autre, l’inconnu dont on devine qu’il partage le même sentiment. On a envie de lui parler. Déjà, on lui sourit, on guette une parole de l’autre qui va permettre d’engager la conversation. Et c’est parti !

Pour ces dernières impressions du mondial, il n’y a pas de plan ni de progression mais quelques observations. D’abord, la suite des drapeaux. Avant la rencontre, les caméras ont filmé des supporteurs de l’équipe de France qui arboraient un drapeau libyen ; et ils n’étaient pas les moins motivés. D’ailleurs, les Français ne sont motivés que lorsque leur équipe gagne. La France n’est pas une nation sportive et encore moins une nation de patriotes. On trouve normal, quand on se promène dans les rues des villes d’Espagne, du Portugal, d’Italie, de Suisse, de Belgique de voir des fenêtres pavoisées. On trouve ça sympa et on a l’impression qu’ils font ça pour les touristes afin qu’ils reconnaissent les clichés qu’ils ont de ces pays. En Grande-Bretagne, idem, les drapeaux flottent sur les places publiques et à l’entrée de nombreuses boutiques, dont les fameux pubs. Rien de tout ça en France. Il faut, depuis moins de vingt ans, les tournois sportifs pour que les particuliers osent arborer des drapeaux qui sont retirés après l’événement. Curieusement, quand on trouve des drapeaux, sur les voitures, les coques de smartphones, les manches de survêtements, les fenêtres, parfois, ce ne sont pas des drapeaux français. Il s’agit des drapeaux des pays d’origine (parfois lointaine) des habitants en question. Justement, le Mondial a vu ces mêmes drapeaux rejoindre les tricolores et ça fait plaisir et ça répond à tous ceux qui voudraient (pour des raisons souvent opposées) voir les communautés dans l’affrontement avec la nation et ses pouvoirs publics. Des commerçants, souvent Maghrébins, n’ont pas hésité à décorer leurs boutiques avec les drapeaux de leur ancien pays et le français.

 

La France n’est pas une nation sportive. Il faut que des célébrités gagnent, dans des sports à grand spectacles ou ancrés dans l’imaginaire pour que la population se mobilise. Et encore ! La boxe et même le cyclisme ne font plus vibrer. Qui peut citer les noms du champion de France de ces deux disciplines ? Ne parlons pas du ski nautique ou du kayak où, pourtant, la France accumule les médailles. Le rugby peine à intéresser en dehors du sud-ouest. Le Tour de France attire plus de touristes du Bénélux, d’Allemagne, d’Espagne (du Pays-Basque notamment) que de Français ; à part les habitants des localités traversées. Ailleurs, la population est derrière son équipe, contre vents et marées. On ne se réveille pas en quart de finale comme ici ou comme avec les Verts autrefois. Et que dire des filles qui brillent au niveau mondial dans les sports collectifs mais qui n’intéressent ni les médias ni encore moins le public plutôt masculin, pourtant.

On ironise un peu sur les Croates qui ont fait la fête malgré la défaite. C’est oublier que la France est spécialiste de la commémoration des défaites (militaires) et qu’en 1976, les Verts de Saint-Étienne ont défilé sur les Champs-Élysées comme s’ils avaient gagné. Il est vrai que, en France, toute manifestation populaire est aussitôt taxée de chauvinisme déplacé et que les médias généralistes ne manquent pas de s’intéresser au sport pour critiquer l’engouement qu’il suscite. Les médias quelque peu prisés par ceux qui ont fait des études supérieures se lamentent que les pièces de théâtre et les expositions ne provoquent pas autant de succès. Plutôt que de se demander pourquoi, ils préfèrent insulter le public. Nous y reviendrons.

Les commentateurs ont souligné la parfaite organisation de la Coupe du Monde en Russie, pays de tous les paradoxes, qui voudrait bien mais qui doit se contenter d’actions sporadiques pour faire croire que sa superficie en fait une superpuissance. Au contraire des JO où les plâtres n’étaient pas encore secs le jour de l’ouverture, tout était fin prêt et les images ont montré que le pays tout entier vivait au rythme du Mondial. Jusque dans le célèbre métro monumental de Moscou où l’on trouvait des écrans de TV dans les rames pour permettre de suivre les matches.

Outre les drapeaux évoqués, restons dans les tribunes. D’abord, on a appris, la semaine dernière, que la super-puissante FIFA avait exigé que les télévisions qui ont obtenu le droit de retransmettre, ne montrent plus de jolies supportrices. Parait-il que ça relève du sexisme. Pourtant, ça change des scandinaves et leurs casques à cornes ou des Belges grimés en diablotins, cornus eux aussi. Rien n’empêche de s’attarder sur des beaux mecs ou sur des sourires d’enfants. En plus, comme très souvent, la FIFA avance un argument spécieux : on montre des hommes bedonnants et vulgaires mais des filles bien roulées. En fait, la FIFA anticipe sur la prochaine édition qui se déroulera au Qatar. L’affaire Wenstein lui permet de se sortir d’un pas délicat.

 

Bleus - coupe 4

Quelle cérémonie les amis ! Jamais vu un tel déluge dans un stade pour une finale de Coupe du Monde. Et quand on voit les éclaboussures à chaque fois qu’un Bleu faisait une glissade devant les photographes, on frémit à l’idée qu’ils auraient pu jouer dans un tel marécage. Dans la tribune d’honneur, on a vu la Présidente de la Croatie revêtue du maillot emblématique de sa sélection. À côté, le Président français se trouvait engoncé dans son costard-cravate. La comparaison ne s’arrête pas là. La Présidente croate a pris un vol charter pour se rendre à Moscou et elle partageait la cabine avec des supporteurs et des sportifs et techniciens. Quand même, lors que la Coupe du Monde de rugby en Afrique du Sud en 1995, le Président Mandéla avait revêtu le maillot du capitaine des Springboks. Est-ce qu’un Président français est supérieur à Mandéla pour ne pas affubler un maillot plutôt qu’une veste ? La Présidente croate a montré aussi sa proximité – et pas seulement pour la galerie – avec les joueurs mais elle était trempée. L’autocrate Poutine, hôte du Mondial, n’a pas pensé à lui faire apporter un parapluie. Sans doute cela aurait-il été sexiste aussi.

 

Juste en passant, on remarquera que, quel qu’ait été le vainqueur, c’est la même marque qui équipe les deux sélection et, donc, aurait engrangé, quel que soit le résultat. On apprend aussi, le lendemain, que la vraie Coupe du Monde n’est sortie que quelques minutes avant d’être remise dans un coffre. On se demande bien à quoi elle sert si les vainqueurs ne sont pas autorisés à la brandir et qu’ils doivent se contenter d’une copie. Est-ce que les joueurs ne méritent pas se trophée pour lequel ils ont travaillé dur, dépassé leurs limites et joué puis vaincu ? C’est le grand n’importe quoi dont la FIFA est coutumière.

 

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