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la lanterne de diogène
18 octobre 2018

Serge Utgé-Royo la voix de la conscience

Jamais je n’aurais pensé voir un jour Serge Utgé-Royo.

serge-utge-royo_2

Serge Utgé-Royo, c’est un chanteur engagé, contestataire donc confidentiel, surtout à une époque de pensée unique. L’entendre sur les radios associatives, d’accord mais sinon, il faut presque être initié pour le connaître. Je le connais ! Je le connais depuis que je l’ai entendu chanter dans un film sur les usines du nord, film de Richard Prost

https://www.youtube.com/watch?v=ZFxt1qun2GI

http://www.cnt-f.org/video/videos/46-histoire/151-un-autre-futur-lespagne-en-rouge-et-noir-

Et puis, comme par hasard, il se trouve que son répertoire rencontre mes sujets de prédilection et une façon de voir. En entendant sa belle voix, je pense à tous ceux qui sont autour de moi et j’ai l’impression que ce sont des amis. J’ai dit « des amis », pas des camarades ni des frères même si j’en ai envie. Bien que je n’aie pas de lien de sang avec l’Espagne ni avec la Catalogne, je me sens espagnol et me viennent ces vers de Brel

 

Viens il me reste ma guitare
Je l'allumerai pour toi
Et on sera espagnols

Ils ont de belles voix pour chanter l’amour et la beauté, la révolte aussi parfois mais parce qu’ils y sont forcés comme, parfois, ils prennent les armes pour défendre les leurs et ceux qu’ils considèrent comme leurs semblables. Les anarchistes sont des pacifistes et des non-violents mais ne sont pas des lâches.

 

acracie

Un autre, Léo Ferré l’a chanté :

Ils ont gueulé si fort
Qu'ils peuv
ent gueuler encore
Ils ont le cœur devant
Et leurs rêves au mitan
Et puis l'âme toute rongée
Par des foutues idées

 

Des idées qui viennent de loin comme quand Serge Utgé-Royo dit ce très beau poème où il se rappelle les paroles de sa mère : « il n’y a personne au-dessus de toi et personne en-dessous non plus ». Il se rappelle aussi son enfance à Paris quand il regardait les haleurs le long du canal et que se forgeait sa conscience et encore ce marchand d’oranges qui lui en donnait une chaque fois qu’avec sa mère, il passait devant. Il lui adressait un clin d’œil et lui recommandait d’étudier à l’école car, sans doute, lui, regrettait de n’y avoir pas été et voyait dans ce petit enfant de réfugiés, comme lui, ce qu’il rêvait d’être. Époque incroyable où une orange charnue était un cadeau précieux et l’école un espoir pour tous ceux d’en-bas. « Estudiar es una arma ». Les études sont une arme, la seule que les anarchistes revendiquent.

L’orange du marchand espagnol est aussi précieuse et humble que les cinq minutes où cette ouvrière de la très belle chanson de Victor Jarra va retrouver son petit copain Manuel pendant sa pause à l’usine. « Cinq minutes volées
A la fumée, au feu, au bruit, au désespoir » chantera comme en écho, Bernard Lavilliers plus tard.

Cinq minutes où elle se retrouve avec lui, avec lui, avec lui et où plus rien n’a d’importance

La sonrisa ancha, la lluvia en el pelo,

no importaba nada

ibas a encontrarte con él,

con él, con él, con él, con él

 

Son cinco minutos

la vida es eterna,

en cinco minutos

 

serge utgé-royo 3

Ce sont des chansons comme ça que nous apprenaient nos professeurs d’espagnol dans les années 1970 car on ne pouvait pas ignorer ce qui se passait au Chili et dans le reste de l’Amérique en espagnol. Ce soir, en entendant Serge Utgé-Royo, je m’en suis rappelé et j’ai compris d’où vient la révolte et j’ai compris pourquoi j’aime l’espagnol. C’est la langue de la révolte et de la dignité. Il n’y a pas de plus belle langue pour ceux qui luttent. On peut traduire mais on ne peut pas exprimer autrement qu’en espagnol :

El pueblo unido jamás será vencido.

 

 

 

 

 

lucha'

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Commentaires
J
Il y a toujours eu, sous nos latitudes relativement privilégiées au regard de pays, voisins et plus lointains, qui ont connu la dictature, une ambiguité un peu coupable autour de la notion d'anarchie. <br /> <br /> Ferré s'était lui-même apposé cette étiquette qui pouvait à la limite coller à ses débuts de galérien dans d'obscures salles du vieux Paris. Par la suite, le mode de vie qu'on lui connaissait faisait que l'étiquette tendait à se décoller. Que diable ! Léo ne créchait pas dans une de ces atroces barres qui poussaient dans les années 60 autour des grandes villes et dont on pourrait dire qu'elles abritent aujourd'hui une variété d'individus sans foi ni loi qu'en courant vite, on pourrait qualifier d'anarchistes. Ses disques, ils ne sortait pas sous un label alternatif. L'épisode bref de la Ferrari Dino, la vieille amitié avec Rainier de Monaco, la magnifique propriété en Toscane où il a fini ses jours et où à présent son épouse et son fils Mathieu produisent un Chianti et une huile d'olive renommés, tout cela évoque lointainement la subversion. <br /> <br /> Si on l'aimait bien, cela passait à l'aise. Ferré c'était une écriture, un diable de personnage, l'un des derniers grands compositeurs héritiers de Ravel qui à l'apogée de sa carrière a oscillé tant vers la pop que vers le jazz. Dont on regrettera que ses projets avec les Doors n'aient pas abouti. Dont on s'étonnera de sa fascination pour les Bee Gees. Un artiste comme on n'en fait plus, du moins dans la sphère crevée de ce qu'on appelle aujourd'hui "la chanson française". <br /> <br /> Ambiguité que l'on retrouvait chez Brassens et Brel. Brassens qui s'était bâti sa citadelle de livres et de guitares sévèrement gardée par des disposifis électroniques et une porte blindée. Brel qui, s'il n'avait pas fait de l'argent avec ses chansons aux tonalités libertaires, n'aurait pu, aux commandes de son hydravion, faire connaître le grand cinéma aux populations des Marquises. Il aurait sans doute terminé sa vie comme un Allain-Leprest et un François Béranger. Qui se souvient de ces deux-là, à part de rares initiés d'un âge déjà avancé ? Quel Lavilliers contemporain aurait envie de finir ses jours de cette façon ? <br /> <br /> <br /> <br /> Qu'est-ce que l'anarchie, hors les thèses arides d'idéologues oubliés ? Qu'est-ce qui différencie l'anar du libertaire ? Au vu des bios précitées, auxquelles on pourrait ajouter celles d'un Henry Miller et d'un Charles Bukowski, l'anarchisme ne serait-il pas un moyen comme un autre de capter l'attention de ses contemporains à des moments opportuns de l'Histoire humaine, pour ensuite rentrer dans le rang par la grande porte ? Miller membre du jury du festival de Cannes, Bukowski terminant ses jours dans la Californie dorée de San Diego, sauvé par l'amour et le sens des affaires de Linda Lee.... <br /> <br /> <br /> <br /> Combien existe t-il de formes d'anarchies contemporaines capables d'exister sur la durée et susceptibles de remporter l'adhésion de publics qui n'appartiennent pas à des marges plus ou moins organisées dans des formes de société parallèles qui n'ont rien à voir avec le quotidien de l'homme de la rue ? New Age Travellers, organisateurs de raves, altermondialistes dont le leader historique émarge à 9000 € mensuels comme député européen dont on nentend plus parler, zadistes, bobos investissant dans le bio brandissant la Bible du bobo signée Pierre Rahbi, libertariens de tous crins qui rêvent de substituer le pouvoir des banquiers et des propriétaires à celui de l'Etat, l'omniprésent Onfray dont les interventions sur son site sont soumises au droit de péage par carte bleue interposée... <br /> <br /> <br /> <br /> Que peut l'anar de terrain, sans nom et sans fortune mais anar autoproclamé se réclamant des thèses de Proudhon ou de Kropotkine ou de Bakounine, face au conséquences du désastre sociétal d'un pays en déclin ? Il va errer de banlieue en banlieue en distribuant sur les marchés des tracts d'un syndicat libertaire quasi-inconnu ? Aligner aphorismes et slogans que le chômeur, le prolétaire à mi-temps enverront promener d'un geste, qui feront ricaner le sans-domicile-fixe ? Propres à,convaincre le référent Pôle-Emploi qu'il est en présence d'un fou ou d'un simulateur déguisé en baba-cool? Publier sur le Net des pamphlets qui parleront à dix individus qui passeront à autre chose aussitôt après ?<br /> <br /> <br /> <br /> L'anarchisme est sur le fil, et c'est son drame. S'il veut exister, devenir opératif, il a besoin du système qu'il prétend combattre. Ferré pas plus que Lavilliers ne taillaient leurs disques au burin. Le journal "Le Libertaire", pour être lu, a besoin d'un diffuseur et de libraires. <br /> <br /> <br /> <br /> L'anar ultime, au fond, était Diogène. Il pouvait se permettre de défier Alexandre. On ne pouvait lui prendre que sa jarre.... <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> ,
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A
Je l'ai vu, entendu, il y a peu d'années à Clermont-Ferrand. La voix de la conscience, oui la formule lui correspond totalement. Un très grand de la chanson, avec un belle voix et un gros coeur, ce coeur qui en beaucoup de lieux hier et aujourd'hui est tellement gros qu'il tâche les chemises des combattants...
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