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la lanterne de diogène
20 novembre 2018

Radios généralistes : saison 2018-19 - 1ère partie

Les résultats d’audience tombent à pic pour publier ce commentaire sur la saison 2018-2019 des radios généralistes. Il faut laisser le temps aux nouveaux programmes de s’installer, de trouver leur rythme et leur ton. Rappelons que nous sommes auditeur depuis un demi siècle, quasiment sans interruption et que nous n’avons pas la télévision. Nous considérons que la radio demeure un média essentiel et son maintien le prouve. D’autres inventions ont détrôné des précédentes. Le téléphone a rendu caduc les télégraphes et le courrier écrit. Les techniques d’écrans plats ont supprimé le tube cathodique et les employés ont rejoint la cohorte des chômeurs sans que personne n’ait la moindre pensée pour eux ; des fois qu’un semblant de solidarité nous ait privé du progrès. La radio reste. Elle a connu différentes évolutions depuis les ondes courtes jusqu’à la modulation de fréquence qui date déjà des années 1960. Au passage, quiconque a voyagé ou voulu acheter un poste de radio à l’étranger s’est rendu compte d’une particularité française dont on ne parle jamais : les grandes ondes ou GO. Ailleurs, partout dans le monde, ce sont les ondes moyennes ou petites ondes (PO) qui règnent. Il est vrai aussi que la France a la culture de la centralisation donc, on a privilégié l’émetteur unique et ultra-puissant comme celui d’Allouis plutôt que des petits relais un peu partout. Le résultat est lié à notre chronique radiophonique : ce sont des radios généralistes en très petit nombre qui s’adaptent tant bien que mal. Après la modulation de fréquence – abrégée en français par FM pour faire mieux – il y a eu la révolution numérique. Depuis, comme nous l’avions annoncé, ce sont les pratiques d’écoute qui changent et la radio a montré la voie en induisant l’écoute sur le smartphone avec réglage du moment où l’on veut écouter. Ainsi, des auditeurs d’un instant précis (généralement la prestation d’un humoriste) viennent gonfler les statistiques alors qu’ils savent à peine quelle radio ils écoutent et qu’ils éteignent aussitôt après. Aujourd’hui, le smartphone a remplacé l’ordinateur portable et est en train de remplacer la télévision. Nous y reviendrons prochainement. Il est vrai aussi que les FAI ont bien préparé le terrain en proposant sur leur page d’accueil des horoscopes et des commérages (pompeusement appelés « people ») qui ne nécessitent aucune qualité d’image. Idem pour la lecture des courriels, de moins en moins courants à l’heure des SMS. Facebook s’utilise sur le smartphone avec alerte. De sorte que l’ordinateur portable tend à être réservé aux professionnels et que la télévision se décline essentiellement sur écran géant pour suivre des émissions exceptionnelles (sports, films récents etc.) tandis que la tendance à installer un écran dans chaque pièce ne se justifie plus si les ados peuvent suivre leurs séries préférées sur ce tout petit écran, confortablement dans leur lit avec des écouteurs.

 

Donc, les radios généralistes apparues dans les années d’après-guerre, qu’on préfère nommer désormais les Trente glorieuses, subsistent mais, devant l’intérêt des auditeurs, des questions se posent. On comprend RTL, radio populaire, toujours prompte à flatter les tendances, les modes et à embaucher l’animateur de télévision le plus en vue du moment. Sa matinale sert surtout à annoncer la météo, l’horoscope (surtout l’horoscope), les potins et, éventuellement, l’info sérieuse du jour qui sera reprise toute la journée. France-Inter se bat bec et ongles pour que, malgré la tentation de divers gouvernements, il existe toujours une radio nationale qu’on préfère qualifier de service public. Contre vents et marée libéralistes, Radio-France existe toujours et son audience lui assure encore de se maintenir. En fait, l’argument ne tient pas. TF 1 a été privatisée, justement parce que c’était la chaîne la plus regardée à l’époque. Sans son audience, on ne se serait pas battu pour la racheter. Bon, la radio, c’est pas pareil et un privé y regarderait à deux fois et ce ne sont pas les résultats trompeurs de Médiamétrie qui y changeraient quelque chose.

RMC est devenue, après de nombreuses crises, une radio d’information couplée à BFM-TV. Reste Europe 1 qui vient encore de perdre des auditeurs malgré l’arrivée fracassante de M. Aliagas dans la matinale où il succède à M. Cohen, lui aussi arrivé avec fracas un an plus tôt. Il avait très bien analysé son échec relatif mais son patron n’a pas cherché à comprendre et il commet les mêmes erreurs que les patrons des premières télévisions privées françaises au milieu des années 1980, à savoir débaucher les meilleurs en pensant que ça attirerait le public. En fait, le public est très conservateur et la multiplication des chaînes de radio et de télévision n’y change rien, bien au contraire. Devant la pléthore de choix, on préfère s’en tenir à une chaîne plutôt que de consulter un programme dans la presse ou sur la toile pour finalement revenir à la même chose. Europe 1 est devenu ce que la 5 était : la chaîne en trop. Il n’y a pas un ton Europe 1 reconnaissable. La matinale propose l’horoscope et la météo qui intéresse un certain public qui n’est pas le même que celui qui écoute l’entrevue politique. Ceux qui attendent Nicolas Canteloup ne sont pas ceux qui ont écouté les informations à 7h ou même à 8 h en partant au boulot. On pourrait en dire autant des soi-disant humoristes d’Inter mais, justement, ils sont davantage écoutés en podcast, en alerte sur smartphone que derrière le transistor. En revanche, ceux qui écoutent Laurent Gerra sont ceux qui étaient déjà à l’écoute une heure ou deux avant.

 

Europe 1 a changé cette saison et suit l’exemple d’Inter qui change d’indicatif à chaque changement de direction et a cru intelligent de supprimer le carillon qui est, justement, l’image de la station. Désormais, les infos sont diffusées un peu avant l’heure pleine et débordent un peu après, suivies par un ersatz de carillon. Pas forcément une bonne idée de bousculer un peu les habitudes car, visiblement, les auditeurs ne suivent pas. À la fin des années 1970, France-Inter avait cru intelligent de bousculer les animateurs en faisant passer ceux du soir l’après-midi et ceux du matin, le soir, tout en avançant la sacro-sainte « Radioscopie » de Jacques Chancel. Le résultat ne s’est pas fait attendre. On ne retient jamais les leçons de l’Histoire, fut-ce la petite histoire des médias. D’ailleurs, il suffit d’entendre les journalistes et animateurs d’aujourd’hui pour comprendre que, dans les écoles de journalistes, on passe du temps à se moquer de ce qu’on faisait avant.

Europe 1 fait penser à ces prêtres catholiques qui portent soutane en se disant que leur Église était forte du temps de la soutane et qu’il suffirait de la remettre pour que revienne l’age d’or. Donc, la direction a fait revenir les vieilles barbes, a sorti de leur retraite bien méritée les anciens. Il est vrai qu’il est un peu plus cohérents de les entendre sur les ondes où ils se sont illustrés que chez les concurrents. Il faut croire que notre époque moderne a besoin d’entendre les conseils des anciens. Pour faire le pendant aux « Grandes gueules » de RMC, et « Grosses têtes » de RTL, Europe 1 a trouvé « les Grandes voix ». Et de ressortir ceux qui avaient quitté le navire, alléchés par l’odeur de l’argent des nouvelles télévisions privées. L’émission passait le samedi jusqu’à présent. Qui espèrent-ils toucher ? Les auditeurs fidèles seront contents mais tous ceux qui sont nés il y a moins de quarante ans ne les connaissent même pas. Tous ont marqué la station d’une façon ou d’une autre avant d’apporter leur expertise au plus offrant : MM. Charles Villeneuve, Gérard Carreyrou et Robert Namias et Mmes Catherine Nay et Michèle Cotta ; tous quasi octogénaires, cadres de la rédaction dans les années 1970 avant d’occuper d’autres responsabilités. On attend le retour de MM. Olivier de Rincquesen, Gilles Schneider, Étienne Mougeotte et Jean-Clause Dassier. Gageons que M. Jean-François Kahn ne sera pas appelé. M. Guillaume Durand, lui, est occupé chez la concurrence puisque, maintenant, une station comme Europe 1 joue dans la même catégorie que Radio Classique, la danseuse du milliardaire Arnault.

https://www.huffingtonpost.fr/2018/11/15/les-audiences-deurope-1-au-plus-bas-leffet-nikos-aliagas-na-pas-eu-lieu_a_23590022/

Faisons une digression pour mentionner que la question de l’originalité d’Europe 1 se pose également dans la presse écrite pour L’Express. Où se situe-t-il par rapport au Point ouà L’Obs ? De sorte que ce titre, fleuron de la presse écrite française, pionnier des hebdomadaires dans le style « news-magazine » est invendable. Ceux qui cherchent à investir dans la presse française ont déjà porté leur dévolu sur Marianne, par exemple, ou attendent que d’autres titres soient cédés au gré des humeurs des actionnaires qui se fichent comme d’une guigne de la presse. Europe 1 qui a tant innové et révolutionné la radio se trouve dans la même situation et ce n’est pas une entrevue avec un Président de la République au plus bas dans les sondages qui va relever l’audience. Pourtant, la qualité du travail n’est pas discutable. La matinale de M. Nikos Aliagas est sérieuse mais sans originalité, d’où un score inférieur à celui de M. Patrick Cohen l’an dernier. Le samedi soir, la session d’information de M. Philippe Vandel est bien ficelée et variée. Regrettons juste la suppression de celle du vendredi, coordonnée par Mme Sophie Larmoyer qui proposait un tour du monde des plus intéressants. En revanche, il s’en faut de beaucoup pour que le niveau des autres sessions d’information soit simplement intéressant. Ceci explique sans doute cela et ce n’est pas le retour des soi-disant « Grandes voix » qui va y changer quelque chose. Notons que, nombre des « Grandes voix » sont aussi passées par L’Express a un moment. Loin de nous l’idée de dénigrer L’Express, seul média national (et plus) à avoir cité La lanterne de Diogène, justement pour cette rubrique.

En parlant de « Grandes voix », il y en a une qui a quitté la rue François Ier au moment où le bateau était abandonné par ses haleurs. On apprend à l’occasion de la parution d’un de ses énièmes livres que le chroniqueur politique Alain Duhamel a couvert pas moins de 10 élections présidentielles depuis 1965 ; et il s’en vante. 50 ans qu’il couvre la politique en France. En fait, un peu plus mais ça fait bien et pas trop si l’on s’en tient à 50. Depuis quelques mois, il fait le tour des plateaux pour rappeler les émissions qu’il a créées avec un confrère qu’il ne cite pas forcément et pour rappeler sa proximité avec Mitterrand dont il ne partageait pourtant pas les idées. Ça fait bien : ça fait indépendant. Il se vante aussi d’avoir participé à des émissions ou des débats où il n’était pas. C’est pas grave puisque celui qui l’interroge ne le sait pas et ne relève pas. C’est comme ça que tout le monde jure avoir assisté aux adieux de Brel à l’Olympia ou avoir passé sa scolarité près du radiateur. C’est aussi ce qui fait le succès (relatif à présent) d’un Guy Carlier : les fausses références. D’ailleurs, à l’occasion du dernier baccalauréat, n’avait-il pas suggéré aux candidats de truffer leurs copies de fausses citations, comptant sur le fait que les correcteurs ne pouvaient pas avoir lu tous les livres. Cette mentalité reflète bien notre société : un vernis de culture (quand il y en a) et beaucoup de bagout.

 

émétteur europe 1

Pourquoi consacrer tant de lignes à Europe 1 depuis quelques temps ? Simplement parce que la station du groupe Lagardère concentre les problèmes liés à l’évolution des médias en ce début de siècle qui voit les supports évoluer comme rarement. Europe 1 a une histoire originale. Radio de la Sofirad, entité créée par le gouvernement de Vichy avant de devenir la holding d’État pour l’audiovisuel semi-privé, son émetteur se trouvait dans la Sarre occupée par la France après la guerre, d’où le surnom de « radio périphérique », longtemps apposé à la station. Elle occupait un bâtiment en béton qui fait aujourd’hui l’objet d’une reconnaissance au même titre que les constructions du Havre après les bombardements.

https://culturebox.francetvinfo.fr/patrimoine/exposition-ces-architectes-francais-qui-ont-reconstruit-l-allemagne-280429

Surtout, Europe n°1 a innové avec des émissions originales. C’était le temps où un patron de radio pouvait embaucher un petit jeune sans diplôme qui se présentait et proposait du nouveau. Aujourd’hui, force est de constater que c’est le copinage qui donne un micro aux nouveaux qui cherchent surtout à se faire plaisir. Europe n°1 a été surnommée « radio-barricades » en Mai 68 pour sa couverture des événements, comme on disait. Elle avait déjà innové en proposant, pour la première fois, un flash d’informations toutes les heures pendant les événements d’Algérie, comme on disait. Flashes horaires dont la persistance est tout à fait incongrue à l’heure de l’info instantanée – sur le smartphone justement – et des radios d’info continue. Ensuite, chacun s’est aguerri pour imposer l’excellence en matière d’information audiovisuelle. Les professionnels débauchés par les télévisions privées ont accompagné l’évolution de la société. Un peu comme le Tour de France a vu disparaître les équipes des fabricants de vélos au profit des assureurs, de l’électroménager et autres marques sans rapport avec le sport. Les hésitations, les changements de direction, les changements de logo, de stratégie marquent l’état de la société française du moment. Aujourd’hui, l’innovation ne vient plus de l’audiovisuel, qui cherche surtout à gagner beaucoup d’argent en en dépensant le moins possible, mais des fameuses start-up dans les domaines les plus divers. L’audiovisuel réchauffe les plats, achète les séries US qui ont marché, débauche les vedettes en fin de saison en espérant qu’ils vont rapporter sans trop d’effort. Les radios se tirent la bourre pour passer le plus de publicité possible tout en faisant croire à l’auditeur qu’il propose une demi-heure sans pub dans les créneaux où il y a le moins d’auditeurs. C’est que, sur la pub, l’auditeur est bourré de contradictions. Il affecte de la détester mais écoute de préférence les radios où il y en a le plus : RTL, NRJ, Fun. On a moins entendu d’auditeurs se plaindre de la pub de marque qu’autrefois quand il y avait une publicité, somme toute, discrète. À l’époque, on aurait dit qu’on était envahi (invadé comme dirait M. Demorand). Point positif : Europe 1 pratique l’auto-dérision en passant des fausses pubs que l’auditeur est invité à repérer. C’est souvent fort drôle. Quoi qu’il en soit, Europe 1, incapable d’innover, est prisonnier de sa pub qu’il cherche à conserver pour simplement survivre alors même que c’est cette pub qui l’empêche de faire aussi bien qu’Inter en informations.

 

http://www.ozap.com/actu/europe-1-que-vaut-la-nouvelle-matinale-de-nikos-aliagas/565456

https://teleobs.nouvelobs.com/actualites/20160718.OBS4866/europe-1-la-station-qui-a-bouscule-les-conventions.html

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Commentaires
J
Merci Diogène de ce tour d'horizon d'un univers radiophonique devenu étranger au monomaniaque que je suis de France-Culture. Allergique à la pub et à l'univers people, j'allume ma petite télé quand j'y pense (ou quand on me rappelle qu'effectivement, j'ai à nouveau la télé depuis que j'en ai récupéré une) et j'ignore tout du passé et du devenir de RTL, Europe 1, Fun, NRJ et consorts. <br /> <br /> Je t'ai confié par ailleurs avoir décroché d'Inter à la période Val, grille et climat par trop trashy au goût du nostalgique de la période Villers-Gougaud-Bouteiller-Artur... et d'un certain Thierry Grillet, à l'époque stagiaire chez Claude Villers http://www.1-epok-formidable.fr/archives/12141 ; en l'espèce, j'ai le souvenir, autour de 1974, du passage d'Yves Simon comme remplaçant de Villers alors souffrant, et des débuts de Nicolas Hulot en tant que stagiaire, toujours chez Claude Villers, dans un reportage sur une panne d'électricité dans les buildings du front de Seine. <br /> <br /> Mes rares incursions podcastiques sur l'ex-station de la différence se résument à l'écoute d'"Affaires sensibles" de Fabrice Drouelle. Les derniers échos de la chronique d'un certain Frédéric Beigbeder ne me donnent pas plus envie que ça de titiller le syntoniseur de ma radio pour chercher la fréquence d'Inter dans mon coin paumé de province - fréquence que j'ai carrément oubliée. <br /> <br /> <br /> <br /> La radio, sa magie, sa poésie aussi - même si avec le temps elle s'est un peu effilochée. C'est un sujet inépuisable pour connaisseurs éclairés, une source de souvenirs et d'anecdotes que je suis heureux de pouvoir partager ici, crois-moi Diogène, car à part quelques vétérans de ma connaissance, et des vrais, sans âge tellement ils sont vieux, qui ont connu pour ainsi dire la radio d'avant la radio, celle dont on peut entendre quelques reliques tard dans la nuit sur France-Culture déjà citée, on arpente un domaine qui flirte avec l'archéologie. <br /> <br /> <br /> <br /> Comme toi je suis à l'écoute depuis un demi-siècle. Depuis mon premier transistor (avant, je piquais l'un de ceux de mes parents, en particulier un de ces postes à lampes Jules-Verniens équipés de "l'oeil magique" hérités des temps héroïques, caisse en bois d'arbre, en bakélite, en métal, j'arrête là les digressions... !), c'était à la fin des années 60 et le choix des stations était intimement lié à ma géolocalisation, comme on dit aujourd'hui. <br /> <br /> LA radio, sur la côte d'azur, à cette époque-là, c'était RMC. Une station familiale dont on retrouvait les animateurs sur Télé Monte-Carlo dans des magazines qui portaient essentiellement sur l'actualité régionale, magazines dont le producteur-rédacteur en chef était un certain Jean-Pierre Cuny, qui a poursuivi sa carrière comme documentariste ( https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Pierre_Cuny ), animateurs que l'on croisait fréquemment sur le terrain des quinzaines commerciales, braderies, inaugurations de supermarchés et autres manifestations festives. Animateurs qui faisaient partie de nos vies. Il en était ainsi en ce temps-là. On pouvait les croiser dans la rue, certains leur payaient à boire, les gamins leur demandaient des photos dédicacées, des auto-collants, on reconnaissait de loin, sur nos plages, la casquette typique et les moustaches de Jean Sas et on voulait lui serrer la louche ( https://www.ina.fr/video/I12164360 ). <br /> <br /> Frédéric Gérard, fils du comédien marseillais Arius, était de loin le plus populaire des animateurs auprès de ces dames. Le succès de son radio-crochet et de ses chroniques était équivalent à celui de ses fou-rires incontrôlés. Il doit être quasi nonagénaire à ce jour et continue de cachetonner dans des feuilletons et téléfilms tournés à Marseille ( http://www.agencesartistiques.com/Fiche-Artiste/9381-frederic-gerard.html ). La voix suave de Carole Chabrier nous enchantait, boutonneux que nous étions ( https://www.youtube.com/watch?v=h5P5la4WdTk ). Le tandem JP Foucault-Léon Orlandi assurait aux matinées leur pesant de comique ( https://www.youtube.com/watch?v=krllplgsQiQ ). La grille devait s'étoffer vers le milieu des années 70 avec l'arrivée du brillant Yves Mourousi. RMC ensuite a évolué vers le ronron uniforme des jeux et des promos entrecoupés de tunnels de pubes particulier aux radios périphériques, jusqu'à devenir un pendant commercial de France-Info au début des années 2000, où des individus aussi hétéroclites que Bernard Tapie fraîchement sorti de prison et le sexologue des d'jeuns d'alors, Christian Spitz, dit le Doc, venaient se succéder à l'antenne sous la houlette d'un certain Jean-Jacques Bourdin, pape du journalisme beauf (ce n'est là que mon opinion et je la respecte). L'esprit régional de TMC a peu à peu disparu jusqu'à une totale perte d'identité au cours des années 80. De rachat en rachat TMC n'est plus aujourd'hui qu'un logo TNT détaché de la Principauté, qui se spécialise dans la redif de redifs de redifs. <br /> <br /> RMC version italienne était très écoutée chez nous (nous étions en zone frontalière) en ce début des années 70. Europe 1, RTL, Sud-Radio nettement moins, même avec l'apparition de la FM. Bien sûr il y avait Inter, que les anciens appelaient encore "Paris-Inter", une radio qu'on disait prisée par les intellos, France-Culture, que j'ai découverte un peu plus tard, avec ses voix académiques et ses pièces radiophoniques qui étaient comme des films sans images. Sur France-Musique, un souvenir amusant, Diogène : lorsque j'étais en CM2, c'était en 1970, le programme scolaire incluait une heure de musique hebdomadaire. L'instituteur amenait dans la classe un poste de radio aux dimensions imposantes qu'il réglait sur la fréquence de cette station, laquelle diffusait une émission qui nous était destinée, à nous élèves pré-pubères éminemment dissipés par ce que nous considérions surtout comme une récréation. Ensuite, FIP, qui anticipait la musique en streaming qui nous est devenue si familière aujourd'hui. <br /> <br /> Pour les initiés noctambules des grandes ondes, il y avait cette version londonienne de RTL qui diffusait les hits de la soul music bien avant qu'ils apparaissent chez nos disquaires. Les nordistes pouvaient capter en continu cette station sur le modèle américain, avec speakers speedés et jingles démoniaques. Chez nous, dans le sud, c'était autour de une heure du matin, avec un max de fading. C'est comme ça que ton serviteur, Diogène, est devenu un dingue de soul music et l'est resté avec les années !<br /> <br /> <br /> <br /> Quand tu évoques l'écoute de la radio sur smartphone, cela me renvoie aux transistors miniaturisés qui accompagnaient ceux de ma génération dans leurs balades et périgrinations, en pique-nique, à la plage, et même fixés par un gros élastique au guidon du vélo. Le micro-écouteur fixé à l'oreille pour ne pas déranger le voisinage ou chez les filles, pour écouter la radio en douce pendant les cours, le fil noyé dans leurs longs cheveux. Finalement, si le support a évolué, la motivation est plutôt analogue. On a même connu des petits écrans de télé inclus dans certains ghetto-blasters japonais des années 80. Le podcast c'était l'émission enregistrée sur cassette par les soins des parents, du copain, de la copine, tandis qu'on était aux cours. <br /> <br /> <br /> <br /> Qu'est-ce qui a vraiment changé, au fond, dans les pratiques ? Et même dans les institutions vivantes qui tapinent de micro en plateau télé, dont certaines auraient leur place dans un musée de paléontologie, au rayon des fossiles. <br /> <br /> Tu cites Michèle Cotta, Gérard Carreyrou, Duhamel ou l'énernel retour... <br /> <br /> <br /> <br /> Je te disais plus haut que la télé, chez moi, ressemble la plupart du temps à une toile de Pierre Soulages. L'autre jour, je l'ai allumée sur le conseil d'une amie au téléphone, pour voir où en était le phénomène des Gilets Jaunes. Comme je zappais, quelle n'a pas été ma surprise de tomber, sur je ne sais quelle chaîne, sur un certain... Jean-Pierre Elkabbach ! <br /> <br /> <br /> <br /> Elkabbach ! Celui que Renaud, lui-même en voie de fossilisation, surnommait Jean-Pierre El-Cavada. Celui que Georges Marchais, caricatural leader communiste momifié pour l'éternité, voulait faire taire au long d'interviewes où il ne cessait de remercier les journalistes des questions qui lui étaient posées. <br /> <br /> <br /> <br /> C'était au siècle dernier ! (Duhamel en prime, déjà là, sur ces images... https://www.youtube.com/watch?v=Go633ZiWQvQ )
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