Mémoire d'auditeur : le Studio 105
C’est une bonne idée qu’a eue France-Inter de réunir des artistes de la chanson française avant la démolition, pour rénovation, du fameux Studio 105. J’ai suffisamment regretté l’absence d’esprit maison, l’ignorance revendiquée des animateurs du moment de leurs aînés pour me réjouir, aujourd’hui, de cette initiative qui a permis d’entendre des voix qui se sont tues et des noms cités, de ceux qui ont fait les belles heures du Studio 105. J’ai si souvent déploré que, au contraire de ce qui se passe chez les autres généralistes, on n’entende pas de journées ou de soirées extraordinaires, avec les animateurs actuels ou passés, pour faire la fête, souvent autour d’un glorieux disparu mais pas que. « Salut les artistes ! » comme disait Max.
On pourrait dire qu’il n’y en a eu que pour Bernard Lenoir à qui je reprochais d’avoir fait la même émission pendant 30 ans et même plus si l’on considère ses interventions dans le « Pop Club » de José Artur et ses remplacement de Jean-Bernard Hébey sur RTL. N’empêche, même si en avançant dans le temps, ses goûts musicaux étaient de plus en plus restreints au rock londonien à l’exclusion de tous les autres, il avait le mérite de proposer de la musique de bonne qualité et des directs. Il expliquait souvent les difficultés qu’il rencontrait, dans les années 1990 et 2000 avec des équipes d’avocats, si jamais il y avait la moindre difficulté technique au cours de l’émission en direct. Quelqu’un a cité aussi Michelle Soulier, la réalisatrice, sans qui rien n’aurait été possible. Michelle Soulier dont j’ai rappelé, il y a peu, qu’elle venait de prendre sa retraite, d’où un chamboulement dans les réalisations d’émissions.
On a rappelé que ce studio avait pris le nom de Charles Trenet qui était venu, lui-même, l’inaugurer en chansons. Ça fait un bout de temps, dis-donc… On a cité également Isabelle Dhordain que j’ai aussi critiquée parce que son émission ne se renouvelait pas et était devenue un rendez-vous de gens du même monde qui bavardaient. N’empêche, là aussi, c’était à un moment, une des très rares émissions où l’on entendait des chansons et des performances devant le public. Il fallait aussi saluer Didier Varrod, qui a préféré renoncer aux fonctions directoriales pour retrouver les aléas du direct et le contact avec le public et avec les artistes. Rebecca Manzoni a trouvé sa voie dans l’explication des chansons, le matin, et la présentations, parfois, des directs. Même Richard Lornac, pianiste accompagnateur maison a été cité.
Et puis, j’aurais été fâché et triste si l’on n’avait pas rendu hommage à Bernard Chérèze, qui a été un grand directeur de la musique sur Inter (recruté par Jean-Luc Hees), à un moment où la musique n’était pas la priorité. Il était parfois découragé de se battre tout seul. C’est lui aussi qui, alors qu’il était responsable de la grille d’été, a donné sa chance à une émission qui a duré jusqu’à l’année dernière sous des formes différentes et qui nous a fait voyager et connaître un continent avec lequel nous avons une Histoire commune : « L’Afrique enchantée ». Bernard Chérèze, emporté lui aussi par cette sale maladie. Chapeau l’artiste !
Malheureusement, la fête a été quelque peu gâchée par l’attentat commis à Strasbourg pendant la dernière, nous privant de 5 mn du concert du talentueux Benjamin Biolay. Comme on dit, la vie continue.
Ça s’appelait « Inventaire avant travaux » et c’était une drôlement bonne idée. Salut les artistes et à bientôt !