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la lanterne de diogène
14 janvier 2019

38 - 40

Il n’arrive quasiment jamais que soit publiée, sur ce blog, une réaction à chaud. Quand on s’inscrit dans une démarche qui subordonne l’émotion à la raison, on ne peut pas se permettre l’immédiateté et la réaction comme un cheval qui entend un bruit. Aujourd’hui, c’est différent puisqu’il s’agit d’un fait qui confirme une tendance journalistique bien ancrée.

 

bolivie-italie

 

Les faits : l’arrestation de Cesare Battisti en Bolivie après une cavale de quelques décennies.

Bien que l’événement soit arrivé un dimanche (le 13 janvier 2019), c’est lundi matin qu’il fait la une de l’actualité à la radio. Nous avons déjà observé que l’équipe de journalistes qui arrive le lundi matin sur Inter pour la matinale ne s’occupe absolument pas du travail de leurs confrères et opèrent comme si l’information venait de tomber. C’est comme ça qu’on a des infos du samedi, voire du vendredi soir qui sont présentées comme l’actualité du jour, un lundi matin sur Inter et probablement ailleurs aussi.

Cette fois, l’info est tombée en fin de soirée, la veille dimanche, mais est jugée par le rédacteur en chef comme devant être le sujet majeur de la matinale. Pourtant, c’est une affaire intérieure italienne dont le déroulement s’étale entre la péninsule et deux pays d’Amérique du sud. Admettons.

Dans les bulletins d’information et journaux antérieurs à 8 heures (entre 6h et 8h donc), il était question d’une cavale de 38 ans. Au cours du grand journal de 8 heures, 38 ans étaient devenus « presque 40 ans ». La formule a été reprise à 9 heures. À 10 heures, il n’était plus question que d’une cavale de 40 ans.

 

En d’autres termes, en 4 heures de temps, on est passé de 38 à 40 heures.

Ça s’appelle un tour de passe-passe. Quel est le but recherché ?

 

Il y a, au moins, un précédent remarquable. Au début des guerres de Yougoslavie dans les années 1990, comme le grand public n’est pas fort en géographie, on voulait nous situer Sarajevo « à moins de 2 heures (d’avion) de Paris ». En quelques mois, la distance s’est singulièrement raccourcie. On a parlé quelques temps de ce drame qui se déroulait à « à peine deux heures de Paris », puis à « un peu plus d’une heure de Paris », puis encore à « à peine plus d’une heure de Paris ». Alors que les combats faisaient rage, après un ou deux ans de conflit, Sarajevo n’était plus qu’à « une heure de Paris » et parfois à « moins d’une heure de Paris ».

Bien sûr, il y a un effet dramatique recherché mais est-ce le rôle des journalistes ? Le problème, c’est que, si des journalistes peuvent jongler avec les données chiffrées pour ces faits inhabituels, ils peuvent en faire autant pour les faits habituels comme le taux d’inflation, le chômage, les sondages d’opinion, la température même.

On peut penser que bien peu l’auront relevé mais le mal est fait et l’on sent bien que l’information, même purement factuelle est manipulée et sans nécessité.

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Commentaires
J
Excellents Bouvard et Cavada... <br /> <br /> <br /> <br /> A ma décharge, je te dirais que RTL comme Europe étaient très peu écoutées dans le sud, où RMC monopolisait l'écoute. <br /> <br /> <br /> <br /> Les standards (Pal/Secam, VHS/Betacam), ce sont les technocrates qui les choisissent, pas les usagers que nous sommes. Lorsqu'il a été question de numériser la réception radio (sur le modèle de la TNT), on n'est pas passés loin de la cata avec leur projet d'adoption d'un standard qui n'aurait fonctionné qu'à l'intérieur de nos frontières et qui, accessoirement, aurait congédié transistors, tuners et auto-radios hertziens en contraignant à l'achat de nouveaux matériels. Autant enterrer le concept même de radio. Il semble que nos brillants technocrates aient enterré ce projet fou. <br /> <br /> <br /> <br /> La qualité n'est pas ce que recherche le grand public, c'est évident, sans quoi on n'aurait qu'une poignée de chaînes de télé de types Arte / RTS Suisse Romande (dont je pense qu'elle est la meilleure télé au monde), France-Culture serait la radio de référence, les films des frères Coen et de Nanni Moretti feraient plus de fauteuils que les Tuche et les produits de la Starac' et The Voice n'auraient qu'à se recoucher face à Joe Bonnamassa, Fred and the Heelers, Samsara, Renaud Lesire et Bruce Springtsteen. <br /> <br /> Tous les goûts sont dans la nature et force est de reconnaître que les mauvais sont les plus répandus. Mais il faut du temps, une culture et du vécu pour savoir se hasarder au-delà de la daube, et nous ne sommes pas tous égaux devant cela.<br /> <br /> <br /> <br /> Le fait est que le nivellement par le bas est de mise dès lors qu'il s'agit de vendre, qu'il n'est question que de vendre, qu'il n'est plus question que de cela. Je suis de très, très loin le jeu de chaises musicales que tu décris, qui se décline à coups de sommes folles et insolentes au regard de ce que gagne l'auditeur-téléspectateur moyen. Que je te dise que j'ai du mal à comprendre cela, j'entends par là à l'intégrer dans mon sens perso de la logique, n'apportera rien à notre échange. Il en est ainsi et je ne me sens pas concerné, ayant à ce jour peu de temps à consacrer à l'écoute de la radio et plus une minute à perdre devant un écran de télé...
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L
Tout à fait, Jérémy et ça s’appelle vivre avec son temps.<br /> <br /> De Gaulle ne disait-il pas qu’on pouvait avoir la nostalgie de la marine à voile et des grands équipages mais on risque de se faire tacler par un Barack Obama qui répondait à son adversaire qu’il y avait certes moins de chevaux dans l’armée mais davantage de sous-marins « vous savez, ces petites choses qui vont sous l’eau ». <br /> <br /> <br /> <br /> Ce que je pointe, depuis le début de ma critique des médias, c’est le nivellement, et le support induit ce nivellement. Je me réfère toujours à cette enquête parue dans Télérama (qui n’était pas un hebdo bobo comme auj.) au début des années 1980 et qui démontrait que les enfants ne faisaient pas de distinction entre la pub et le reste des programmes. Pour eux, la pub, c’est aussi de la télé. En plus, le format court, le rythme, la narration complète emportent leur adhésion. Depuis, le support à quelque peu changé mais, finalement, pas tellement. Ce n’est que la technologie qui a amélioré.<br /> <br /> <br /> <br /> Je dis, depuis longtemps, que la radio n’est qu’une application parmi d’autres. Chez les auditeurs traditionnels et même chez les professionnels, tout ce qui passe à la radio, c’est de la radio et l’on ne s’occupe pas de savoir si Untel est un éditorialiste à part, s’il est un humoriste appelé pour détendre après les horreurs de l’actualité, s’il est journaliste salarié, s’il est simple animateur ou vedette appelée pour apporter du neuf (allusion à l’acteur Édouard Baer sur Inter). D’où un mélange des genres qui provoque, parfois, des réactions violentes.<br /> <br /> <br /> <br /> On doit quand même observer que, depuis que nous sommes entrés dans l’ère médiatique, la qualité n’est pas ce que recherche le grand public. De tous les standards de TV, on a choisi le plus mauvais (jusqu’à aujourd’hui même avec les DVD), à savoir le PAL plutôt que l’excellentissime Secam développé par les Français. Temps préhistoriques pour nos jeunes (au sens propre puisque, selon eux, l’Histoire commence avec leur naissance), les vidéo-cassettes étaient en VHS, le plus mauvais standard, plutôt qu’en Béta. Justement, les vidéo-cassettes ont prouvé que le même grand public plébiscitait un navet étatsunien sur l’écran de leur téléviseur plutôt qu’un bon film sur grand écran, de temps en temps. De nos jours, peu importe si l’écran du smartphone est minuscule, on y regarde sa série préférée, où l’on veut et quand on veut. La série est aussi une application parmi d’autres ; la playliste, également mais seulement pour les activités où l’attention visuelle est monopolisée. <br /> <br /> <br /> <br /> Déjà, dans les années 1970, le grand, l’immense dessinateur Reiser montrait comment un vendeur vantait les qualités d’un auto-radio à cassettes pour écouter la musique qu’on veut. Le phénomène n’est pas nouveau. Seule la technologie évolue. <br /> <br /> <br /> <br /> Une petite rectification. Si Mourousi a effectivement été embauché sur RMC quand il s’est, enfin, fait connaître grâce au petit écran, M. Bouvard a toujours été sur RTL. Je me souviens l’avoir entendu apostropher Gaston Deferre, au cours du journal de 13h qu’il a présenté un temps, à propos des vedettes de l’OM. Deferre avançait que le public marseillais voulait des vedettes et que lui aussi gagnait bien sa vie. Réponse de Bouvard : « Oui mais moi, au moins, je ne me fais pas transférer ! ». Et on ne peut pas lui reprocher ça, en effet. Il est toujours resté fidèle à ses employeurs quitte à les multiplier. <br /> <br /> <br /> <br /> Quand je parlais de RTL, c’était pour rappeler que quand Nagui s’est fait connaître, ils l’ont embauché. Quand Jean-Pierre Foucault, est revenu à la télévision, ils l’ont débauché de RMC. Tous ceux qui ont connu, un temps, la gloire télévisuelle sont passé sur RTL dans la foulée. Jusqu’à Léon Zitrone qui ne faisait pourtant pas partie de la rédaction. Et ne parlons pas de ceux qui se sont trouvés sans employeur et ont pu trouver une place sur RTL comme Georges Penchenier, ou même l’excellent Jean-Marie Cavada après la fin de « C’est à dire » et juste avant qu’il ne soit rappelé pour reprendre la rédaction de FR3 où son « Soir 3 » existe toujours avec le concept d’un journal télévisé calqué sur la PQR (mais en sérieux) : une page d’actualités nationales et internationales et des pages régionales. C’est lui, également, qui avait proposé de mettre un présentateur du JT unique pour les vendredi, samedi et dimanche. Selon lui, le vendredi, les gens se sentent déjà en weekend (comme on dit français) et il était normal que les programmes soient différents pour les trois jours. <br /> <br /> <br /> <br /> Depuis quelques années, on assiste chaque fin de saison à un véritable mercato des médias. Il suffit qu’une émission n’apporte pas assez de public pour les publicités qui suivent ou précèdent pour qu’on décide de changer et les ça provoque une réaction en cascade. La pièce retirée ici prend place là où une autre saute et doit trouver à se caser ailleurs et ainsi de suite. Le mouvement avait commencé avec la privatisation des chaînes de télévision qui avaient débauché, à prix d’or, les vedettes de la radio et de la télévision pour attirer le public. Je rappelle souvent que Europe 1 ne s’en est jamais remise, plus de 30 ans après…
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J
Ce que ce fut, écrivait Lacan..... L'autre jour, j'étais chez des amis. J'avais offert à l'un deux un 33 tours de son groupe de prédilection des années 80 (il a récupéré un tourne-disques). Ses fils, 13 et 22 ans, sont restés médusés devant cet appareillage pour eux Jules-vernien dont ils ne comprenaient pas le fonctionnement. Je le leur ai expliqué. L'aîné m'a dit qu'en matière d'écoute musicale, il s'en tient à sa playlist sur son Iphone. Je lui ai dit que ma discothèque courante (j'ai encore quelques CD) tient aujourd'hui dans une clé USB de 30 Go mais que jadis, j'avais possédé plusieurs centaines de ces "grands disques" dont j'ai dû me séparer au gré des déménagements, changements de vie, etc. <br /> <br /> <br /> <br /> J'ai l'impression que cette fameuse playlist s'est substituée à la radio, dans les voitures et chez soi (où s'ajoutent les différentes offres de streaming gratuites et payantes du web), et je me demande si le matraquage de pub n'y est pas pour quelque chose. Le côté individualiste doit entrer en ligne de compte : envie d'écouter ce qu'on aime et pas envie d'écouter autre chose que ce qu'on aime. Le podcast procède un peu de la même logique. Mais si ces modes d'écoute nous épargnent la pub, ne nous empêchent-ils pas aussi d'accéder à l'inattendu, à la découverte ? <br /> <br /> <br /> <br /> Que certaines radios aillent chercher l'animateur à la mode pour faire de l'audience, ce n'est pas nouveau. RMC l'avait fait il y a quarante ans en embauchant Mourousi, RTL c'était Bouvard, on en a déjà parlé ici, l'accroche est éprouvée. D'un autre côté, soyons réalistes, je crois qu'on n'en est plus à la radio aventureuse et aventurière telle que la pratiquaient Françoise Estèbe et Jean Couturier sur France-Culture, où on laissait tourner le Nagra tandis que le pas s'égarait entre fermes, presbytères, chaumières et chemins creux, au long d'émissions qui duraient trois heures. Il peut certes exister encore un public pour ce type d'émissions et il peut exister des gens qui ont envie d'en faire, mais ça restera aussi marginal que le cinéma d'art et d'essai, ceux qui aiment ça et ceux qui en font. L'archive sonore vivante, le docu de terrain sont un format que je verrais davantage coller au streaming, qui est un media encore sous-exploité. <br /> <br /> <br /> <br /> Une archive sonore vivante existe néanmoins en mainstream : le jeu des 1000 euros que tu évoques, né en 1958, survivance du temps où les radios se déplaçaient avec leurs cars-podiums et leurs chapiteaux, au plus près de leurs auditeurs. Il semble à te lire que chez certains, ce jeu soit une découverte, conjointe à la découverte de ce qui est tout de même une radio nationale. De quoi causer des ulcères à l'estomac aux trafiquants de statistiques d'écoute... <br /> <br /> <br /> <br /> Il faut bien se rendre à l'évidence, Diogène. Ce qu'on a connu n'est plus, ou est en voie de disparition, et si on veut se maintenir dans le siècle, on a tout intérêt à se tenir au jus de ce qui est à présent, aujourd'hui, et de ce qui est en devenir. Sans juger ni se sentir obligé d'y adhérer.
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L
Ce que je pointais (à chaud exceptionnellement) n’était pas l’ignorance ni même l’erreur mais la surenchère pour produire un effet dramatique.<br /> <br /> <br /> <br /> Lors d’un attentat en Angleterre dans les années 1990 (de mémoire), le torchon The Sun avait trouvé le moyen d’ajouter une victime au nombre officiel en comptant l’assassin. Avec un nombre supérieur, il battait tous ses concurrents. Le fait est que ça marche puisque The Sun affiche un des plus gros tirages du monde avec 1 million d’exemplaires vendus tous les matins, loin devant The Times qui n’est certes plus ce qu’il était.<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> Sur l’audience des radios, j’ai déjà, plusieurs fois, émis les plus grands doutes sur la fiabilité des résultats (voir le tag « médias »). En effet, d’abord, on écoute moins la radio et probablement de moins en moins. À l’heure où tous les médias se retrouvent sur un smartphone, la radio est devenue une application parmi d’autres mais une application incomplète : il manque l’image indispensable depuis longtemps déjà.<br /> <br /> <br /> <br /> Ensuite, on sait que la plupart des adolescents (et depuis longtemps et ils sont devenus adultes forcément) ne connaissent même pas les noms des radios généralistes, celles-là même dont il est question ici. Je rapporte souvent cette expérience. J’ai assisté, il y a quelques années à l’enregistrement du « Jeu des 1000 euros ». Il se trouve que j’ai changé deux fois de place au cours de l’enregistrement des trois émissions (donc j’ai occupé 3 places). Partout où j’ai été, j’étais entouré de gens, de familles souvent, qui consultaient leurs smartphones et étaient étonnés de voir que le jeu existe depuis plus de 60 ans (je crois) et que France Inter existe sous cette forme depuis un peu plus de 50 ans. En d’autres termes, ils ne connaissaient ni le jeu (on peut comprendre) ni la station elle-même. <br /> <br /> <br /> <br /> Par conséquent, on peut émettre les plus grandes réserves sur ces statistiques quand une grande partie de la population ne connaît pas les noms des principales radios de ce palmarès. Pour les émissions, c’est un peu différent mais l’on peut observer que si « Popopop » est aussi populaire, à une heure pas facile (certes, il y a le podcast), c’est à cause de la personnalité de l’animateur, ancienne vedette de la télévision. Ça veut dire aussi que RTL l’avait compris depuis quasiment toujours. Cette station a l’habitude d’embaucher la vedette de la télévision du moment et de lui confier généralement la tranche de 10 h à midi. On voit quelle clientèle est visée. Quoi qu’il en soit, ça marche. Inter a engagé à prix d’or, Nagui pour son divertissement de fin de matinée et ça marche quand Frédéric Lopez puis André Manoukian n’ont pas décollé après le départ de Stéphane Bern. Decaunes s’inscrit dans cette logique. En revanche, l’excellent session d’information de Fabienne Sintès n’est même pas citée. Qui c’est celle-là ?
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J
Bon, ils ont fini par tomber d'accord sur la durée de la cavale de l'intéressé. Il leur suffisait de consulter Wikipedia. A la décharge des journalistes d'Inter, ladite cavale a été mise entre parenthèses par un séjour parisien où Battisti s'est illustré dans le monde des Lettres, ce qui pouvait induire en erreur. Par cavale, on entend plutôt disparition des écrans radar, l'exemple actuel le plus connu étant celui de de Ligonnès. <br /> <br /> <br /> <br /> Les chiffres d'audience des stations de radio : tout ce que j'ai trouvé sur les techniques employées pour établir ces statistiques tient dans un article daté semble t-il de 2013, sur le site d'Europe 1 ( https://www.europe1.fr/medias-tele/Comment-mesure-t-on-l-audience-radio-601734 ). Méthode qui semble à première vue empirique, puisqu'elle ne concerne que les gens dont le N° de téléphone figure dans l'annuaire (exit les listes rouge et noire), qui acceptent de consacrer quelques minutes à ce qui est décrit comme un véritable interrogatoire, (faut qu'ils ne soient pas en train de cuisiner un rôti, qu'ils ne soient pas au volant de leur bagnole, dans le métro, en train de faire leurs courses ou déjà en communication...... ). C'est pas que je veuille me montrer systématiquement critique (cultiver l'art du doute finit par lasser), mais au vu de l'accueil réservé par les gens que je connais ( et par moi-même ) aux numéros absents de leur répertoire, aux tentatives d'appels commerciaux qui réussissent à se faufiler à travers les mailles de la liste noire, grâce à la bienveillance de nos chers FAI... je me demande ce que valent ces chiffres...
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la lanterne de diogène
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