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la lanterne de diogène
20 janvier 2019

Économies et démocratie (réponses à Jérémy)

Pardon, Jérémy, mais là, tu tiens le même raisonnement que ceux qui s’étonnent de voir des chômeurs bien habillés et qui ne maigrissent pas trop. Comme je l’ai déjà développé, le chômeur doit correspondre à l’image qu’on s’en fait et qui correspond au tableau de Gromaire. Donc, quand on est au chomedu, il faudrait vendre ses vêtements (une misère forcément parce que ça vaut plus cher) et racheter, avec le produit de la vente, des fripes pour paraître crédible en chômeur et ne pas entendre qu’on n’est pas malheureux et même qu’on profite bien du système et que je te ficherais tout ça au boulot.

La France est un vieux pays d’un vieux continent qui a une Histoire plusieurs fois centenaire. Il est normal qu’il en reste quelque chose et, comme disait Sacha Guitry, lorsque nos rois dépensiers faisaient construire des châteaux et autres monuments, ils mettaient plutôt de l’argent de côté pour les siècles à venir. Donc, la France a un patrimoine et ses ministres sont bien logés. Faudrait-il le raser pour loger les ministères dans d’affreux immeubles de bureaux à La Défense, à Tolbiac ou aux Batignoles aujourd’hui ? C’est vrai que, à Madrid, c’est le cas parce que, si la Castille est bien la terre de châteaux, la capitale est plus récente et sa vieille monarchie agonisante n’avait pas besoin de bâtiments. Il a fallu construire dans le goût des années d’après guerre. Berlin a été bombardée et Bonn n’était que le siège provisoire des institutions. On se doute que l’Élysée et les ministères sont bien meublés aussi mais qu’est-ce que ça représente dans le budget d’un pays comme la France ? Ces meubles, ces palais existent depuis des siècles, ce n’est pas comme s’ils avaient été construits pour les besoins de l’actuel Président. On pourrait aussi les vendre mais ça ferait comme les autoroutes et bientôt la Française des Jeux. Voici quelque chose qui appartient à tout le monde et qui rapporte et qui, du jour au lendemain, va être la propriété exclusive d’un richard quelconque qui va garder le bénéfice pour lui tout seul. Qui pourrait se payer un hôtel particulier dans Paris avec jardins dans certains cas ? Pour avoir été vigile dans des sièges de grandes entreprises et des petites banques (qu’est-ce que ça doit être les grandes…), justement dans des hôtels particuliers, j’ai pu voir des escaliers monumentaux, des marbres, de la pierre, des lustres, du mobilier précieux, le moindre interrupteur, la plus humble poignée de porte était ouvragé ; le bureau du directeur aussi vaste qu’un appartement de cinq ou six pièces avec juste une petite table et deux chaises pour les interlocuteurs, mais en bois de qualité, mais les murs ornés de tapisseries et de tableaux. Pour avoir visité le Ministère de la Culture dans le cadre prestigieux du Palais-Royal, je peux dire que le bureau ministériel est beaucoup plus petit et qu’il y a plutôt des rayons de bibliothèques que des tapisseries. Ceci dit, je m’en contenterais mais je n’en ai pas besoin non plus. Par conséquent, la faste républicaine n’est pas plus scandaleuse, avec son héritage historique que celle des grandes entreprises. Avec tout le parc immobilier d’État à Paris, il n’y a encore pas assez de bureaux pour les ministères. Ainsi (ça a dû changer avec la construction du pôle défense à Balard), des bureaux du Ministère de la Défense se trouvent dans l’Hôtel des Invalides. Malgré la suppression de la marine marchande, son ancien ministère abrite toujours des bureaux ministériels. L’Arche de la Fraternité (appelée plus communément Grande Arche de La Défense), chantier célèbre du Pdt Mitterrand, abrite finalement des ministères. Et même si l’on réduisait le nombre de ministres, il y aurait toujours autant de services avec leurs besoins fonciers. Veut-on une sorte de Brasília à la Française ?

Veut-on voir comme ça s’est passé en Albanie, à la fin de la dictature, la population se ruer sur les bâtiments publics, les écoles notamment, plus nombreuses, pour récupérer les chaises d’écoliers, les pupitres, les portes, les meubles, les croisées de fenêtres, jusqu’aux lattes de plancher et aux marches d’escaliers en justifiant : « c’est à nous, ça a été payé par nos impôts ! » ? Avec tout le parc immobilier d’État à Paris, il n’y a encore pas assez de bureaux pour les ministères. Ainsi (ça a dû changer avec la construction du pôle défense à Balard), des bureaux du Ministère de la Défense se trouvent dans l’Hôtel des Invalides. Malgré la suppression de la marine marchande, son ancien ministère abrite toujours des bureaux ministériels. L’Arche de la Fraternité (appelée plus communément Grande Arche de La Défense), chantier célèbre du Pdt Mitterrand, abrite finalement des ministères. Et même si l’on réduisait le nombre de ministres, il y aurait toujours autant de services avec leurs besoins fonciers. Bien sûr, quand je vois l’état de délabrement de ma maison, le contraste est frappant mais elle ne serait pas en meilleur état si les ministres travaillaient dans de vilains immeubles de bureaux et s’ils gagnaient moins.

 

D’ailleurs, ils ne gagnent pas plus et parfois moins que d’autres hauts-fonctionnaires selon une grille des salaires bien définie. Là encore, ça s’appelle le prix de la démocratie, c’est à dire ce qu’il faut payer pour éviter les risques de corruption. Le ministre bien payé, bien logé et avec quelques avantages n’a pas besoin de taper dans la caisse ni d’accepter quelque argent d’un particulier en échange d’un avantage. Idem pour nos parlementaires et là, les occasions sont encore plus nombreuses. Ailleurs, le moindre fonctionnaire qui gagne mal sa vie accepte le plus médiocre bakchichs qui va arrondir ses fins de mois et perpétuer les injustices dans son pays. Les cas semblables sont rares par ici.

Non, ce n’est pas en réduisant ce qu’on appelle aujourd’hui, avec un vocabulaire tendancieux bien choisi, « les dépenses de l’État » qu’on va améliorer le sort des plus défavorisés. Personnellement, je regarde ce qui a marché et ce qui ne marche pas. Je constate que c’est quand l’État investissait, qu’il tirait l’économie, passait des marchés avec les entreprises qui devaient embaucher et que les richesses étaient produites et à peu près réparties. Depuis la récession voulue par le plan Barre de 1976, l’État fait des économies, les trains ne sont plus à l’heure, le chômage de masse se développe (avec quelques baisses notamment quand il y a eu des investissements) et la redistribution se fait mal. Il ne s’agit pas de refaire une politique de grands travaux parce que les besoins ne sont plus les mêmes. Il ne s’agit plus d’équiper le pays ni de le reconstruire mais, simplement, de poursuivre et de s’adapter. Rien que ça constitue une production de richesse qui profite à tous. Aujourd’hui, le grand chantier est la transition écologique qui concerne tous les secteurs. Il ne s’agit pas de planter des arbres à la place des parkings pour emmerder les automobilistes qui se rendent en ville pour faire des courses ou des démarches administratives. Il s’agit de préparer la fin des énergies fossiles ou productrices de déchets radioactifs. Il s’agit de favoriser l’isolation des bâtiments, de développer les transports (la « mobilité » comme on dit aujourd’hui) et d’en changer la conception. Le temps n’est plus au transport de masses de centaines de personnes entassées mais d’autres modes plus souples pour des besoins de plus en plus particuliers. Dans une telle perspective, l’État a un rôle majeur à jouer et doit orienter l’économie. En fait, ça porte un nom, ça s’appelle le plan et, curieusement, c’est ce que fait la Chine qui, sur cette voie, est en train de devenir la première puissance mondiale. La différence, c’est que nos pays ont une tradition démocratique et ont prouvé, il n’y a pas si longtemps, qu’on pouvait avoir une économie planifiée et la démocratie. On a appelé ça les Trente Glorieuse. Le problème, c’est que beaucoup de possédants ne supportent pas que ceux d’en dessous se rapprochent de leurs standards et exigent de s’en rapprocher toujours plus. À la faveur du premier choc pétrolier de 1973, ils ont entamé une reconquête dont le point culminant est, pour le moment, la mondialisation.

 

mairie 18

Sur les mairies de Paris, là encore, c’est le résultat d’une longue histoire. Jusqu’à 1977, il n’y avait pas de maire dans la capitale, de crainte qu’il ne prenne la tête d’une faction pour renverser le pouvoir. Avec Chirac, c’était un peu ça quand même. Quoi qu’il en ait été, il y a une grande mairie dans chacun des 20 arrondissements et il y a longtemps que le bâtiment municipal ne suffit pas à abriter les services qu’il abrite. Donc, tout autour, ou répartis dans l’arrondissement, on trouve des bureaux. Est-ce anormal qu’il y ait 20 mairies plus l’Hôtel de Ville, sans compter la cité administrative où se trouve l’administration centrale et notamment la gestion du personnel ? Chacun des arrondissement comporte une population qui dépasse celle d’une commune rurale moyenne. Marseille a également ses mairies de secteurs et leur existence n’est pas contestée par les usagers.

Je sais bien qu’on a réussi, à force de chroniques dans les émissions de divertissement (celles que regarde le grand public), de rapports partiels, à convaincre les gens qu’il y a trop d’échelons administratifs et surtout trop de communes en France mais ça s’appelle la démocratie de proximité. Les autres pays ont, soit une population moindre et depuis des siècles, soit un système plus centralisé mais avec des relais locaux qui correspondent à nos petites communes, elles-mêmes héritières des paroisses de l’ancien régime. La France existe depuis longtemps (avec des modifications de frontières jusqu’en 1945), mais ce n’est le cas d’aucun de ses voisins terrestres sauf la Suisse. Ce n’est sûrement pas un hasard si le Maire est l’élu préféré des Français. En fait, on veut toujours faire le contraire de ce que les gens aiment et attendent et l’on s’étonne qu’ils descendent tout le temps dans la rue et qu’ils râlent. La suppression en cours des communes, pompeusement appelée « nouvelles communes », aboutit à éloigner toujours plus la population de lieu de décision : « nouvelles communes » donc, intercommunalité, grandes régions, Europe. Chaque fois on repousse. Ça a été l’objet de nombreux articles de La lanterne de Diogène, et il y en aura d’autres.

 

En France, on n’a pas su faire la décentralisation. On a déshabillé Pierre pour habiller Paul. On a bétonné des champs fertiles. On a recréé, de fait, les fiefs de l’ancien régime et là, tous les élus qui aboyaient contre Paris ou qui réclamaient la prise en compte des terroirs se sont soudainement tus. Là encore, ce n’est sûrement pas un hasard si la première chose qui a été votée par les Conseils Régionaux après la loi de 1982 a été la construction d’Hôtels de Régions somptueux, avec force marbre, pierre de taille, verre et bureaux spacieux. Ça devait être soi-disant la vitrine de la Région. Qui connaît les Hôtels de Région ? Qui sait seulement où ils se trouvent dans des grandes villes où les bâtiments pavoisés de drapeaux sont nombreux ? Quel entrepreneur décide de s’installer là où l’Hôtel de Région est le plus beau ? Foutaise : les entreprises voient plutôt d’un mauvais œil cette dépense de prestige qui fait craindre des impôts élevés mais regardent plutôt les infrastructures routières et même ferroviaires. En revanche, certains CR ont eu le bon goût de s’installer dans des palais historiques quand c’était possible. Il y a plus à redire quand on prélève sur l’argent des impôts pour y créer quelque chose pour soi (et éventuellement les successeurs mais l’on n’y pense pas sur le moment) que de s’installer dans l’existant. Je n’imagine même pas le coût que représenterait le déménagement de la Présidence de la République ou même la Présidence du Gouvernement et la réinstallation dans des bureaux ordinaires, les problèmes que ça poserait pour les déplacement, les réception, l’accueil des chefs d’État étrangers. Il faudrait réserver un restaurant en ville, plusieurs fois par an, qui devrait renvoyer sa clientèle habituelle ces jours-là, louer des salles de congrès etc. Sans compter la facture à chaque fois et le transport de tous les invités. C’est vrai qu’il y a toujours des gens pour trouver à redire quand des serviteurs de la nation (hauts-fonctionnaires ou élus) travaillent dans des beaux bâtiments mais les mêmes se repaissent souvent de la lecture de la presse à sensation pour y admirer les maisons des vedettes.

 

Le questionnaire Macron, très orienté, a, au moins, le mérite de mettre en évidence les liens entre impôts et taxes d’un côté et services publics de l’autre. Le défaut, c’est qu’il ne demande que de réduire : réduire les impôts et taxes (tout le monde applaudit bien sûr) ou réduire les services. C’est sûr que, présenté comme ça, l’embarras et le malaise s’installent. Aussi, la plupart de ceux qui ont lu le questionnaire préfèrent ne pas y répondre, tant les questions sont orientées et augure d’un résultat pipé. C’est sûr que si la Commission Attali (où M. Macron s’est fait remarquer pour la première fois) ou la consultation du candidat Macron à l’élection présidentielle ont travaillé comme ça, on ne s’étonne pas du résultat. On ne s’étonne pas non plus que le Président Macron jure avoir pris la peine de consulter et d’en avoir tiré le meilleur.

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Commentaires
J
On ne pourra jamais écouter chacun ni contenter "tout le monde et son frère", et c'est d'autant plus impensable dans une société aussi hétérogène et individualiste que la nôtre. Disons que la constante dans les revendications, outre la demande d'écoute, de meilleure représentation et de marge de manoeuvre populaire sur les lois, décrets et réformes d'un programme politique, c'est le pouvoir d'achat - ce qui est tout de même la moindre des choses dans une économie de marché. Or l'ultralibéralisme tel qu'on l'endure depuis trente ans va à l'encontre des principes de cette économie de marché. Une minorité en tire d'énormes profits, une classe moyenne surnage à crédit, le reste subit.<br /> <br /> <br /> <br /> On est dans le principe du carnet de commandes avancé par certains patrons de PME : j'embauche si j'ai des commandes, pour que j'aie des commandes il faut de la demande et que mes commanditaires soient solvables. Faute de solvabilité, pas de demande. Ou une demande low-cost à laquelle s'empressera de répondre un fournisseur étranger. La Clio est trop chère pour toi, on te propose une Dacia. Ou une Kia, ou une Suzuki, ou une occasion de dix ans hâtivement surnommée "youngtimer" (c'est dans l'air du temps et ça frustre moins) promise à la revente au marchés bulgares, maghrebins et africains une fois condamnée par le contrôle technique macronien. <br /> <br /> <br /> <br /> Je ne sais pas comment évoluera le mouvement des Gilets Jaunes, bien malin qui saurait le prédire. Quoi qu'il en soit, les pourvoyeurs de pauvreté de masse et de violence symbolique ont toujours mal fini. On se souvient de Thatcher et de sa poll-tax, on voit ce qu'il en est de Merkel et de son obsession de la dette et de l'austérité, Macron connaîtra vraisemblablement le même sort avec ce qui se trame autour des chômeurs à nouveau criminalisés (http://www.revolutionpermanente.fr/Decret-surprise-Macron-ouvre-la-chasse-aux-chomeurs), et son incapacité manifeste à maîtriser les sursauts de sa langue.
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L
Bien d’accord, il faut une taille minimale pour être viable sinon, on n’arrive même pas à trouver qn pour s’occuper des affaires de la commune. N’empêche, comme je l’ai développé sur ce blog, nous connaissons un éloignement du citoyen de base des lieux de décision. Il faut donc trouver l’équilibre entre la démocratie de base sans laquelle il n’y a pas de démocratie du tout et l’efficacité de cette démocratie de base. <br /> <br /> <br /> <br /> Le triptyque, défendu sur ce blog par Gyges, doit être « commune-département-État » or, la technocratie au service de l’ultralibéralisme veut imposer « intercommunalité-région-Europe », autrement dit, à chaque fois, des représentants indirects. D’où l’hiatus de plus en plus important entre la population et les décideurs. La population réclame depuis des années, voire des décennies, d’être entendue. La crise des gilets-jaunes révèle surtout un besoin de prise de parole. C’est pour ça qu’ils refusent tous la simple notion de délégué ou de porte-parole. Chacun veut être écouté, enfin. On comprend que c’est aussi la limite du mouvement car on ne pourra jamais écouter chacun et, là aussi, il est urgent de trouver ou, du moins, de tendre, vers un équilibre entre l’écoute de chacun et la nécessaire synthèse pour défendre en haut lieu les revendications de la base. Parmi les justification avancées par les abstentionnistes, on entend souvent qu’aucun candidat ne représente tout à fait ses propres idées ou qu’aucun candidat ne défend une idée qui tient particulièrement à cœur. Forcément et il faut bien faire relativement confiance à celui qui s’en rapproche le plus, en sachant qu’il décevra forcément sur nombre de points. C’est une des conséquence de l’accroissement phénoménal de la population depuis un peu plus d’un siècle et ça ne peut aller en s’améliorant. Si des Grecs pouvaient se réunir sur l’agora et pratiquer une démocratie directe, il en est autrement dans des pays de plusieurs dizaines de millions d’habitants. <br /> <br /> <br /> <br /> La question de la délégation et de la représentation est majeure. Malheureusement, quand on connaît l’humain après plus d’un demi-siècle de vie et d’observation de ses semblables, on peut craindre la tendance au tout ou rien, surtout dans un pays comme la France. En clair, puisque la démocratie fonctionne de plus en plus mal, autant s’en passer. C’est le choix des Brésiliens, par exemple, quinze ans après avoir porté à leur tête un homme du peuple qui a réduit considérablement les inégalités et fait sortir de la pauvreté 8 millions de personnes. <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> Ce matin, dans la revue de presse d’Inter : <br /> <br /> <br /> <br /> http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2019/01/20/20002-20190120ARTFIG00124-selon-oxfam-les-26-plus-riches-ont-autant-d-argent-que-la-moitie-de-l-humanite.php<br /> <br /> http://www.rfi.fr/economie/20190121-selon-oxfam-inegalites-monde-sont-encore-creusees<br /> <br /> https://www.franceinter.fr/economie/huit-milliardaires-possedent-a-eux-seuls-autant-que-les-30-les-plus-pauvres-en-france-selon-oxfam<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> et aussi : <br /> <br /> Vive(ent) les maires<br /> <br /> https://www.franceinter.fr/emissions/l-edito-eco/l-edito-eco-21-janvier-2019
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J
Je pense au bureau du maire d'un petit village où j'ai habité, aux dimensions d'une salle d'eau. Mais bon. Un maire par commune, 36.500 maires et leur équipe municipale, le moindre bled paumé de 150 habitants ayant son maire, est-ce bien raisonnable ? 577 députés pour un pays dont la superficie n'est pas gigantesque (une fois et demie la Californie, en gros) et le nombre d'habitants pas si considérable... Est-ce bien raisonnable ? Entre les municipalités, les communautés de communes, les sociétés d'économie mixte, les conseils départementaux, régionaux, les Prefs, sous-préfs, la Préf de région, la députaille, les sénateurs, les hauts-fonctionnaires interchangeables, le gouvernement, le président en place (je dois en oublier), ça ne fait pas moins de 10 % de la population qui tapine dans la politique et vit (parfois très largement) de la politique, dans un pays dont on ne peut plus dire qu'il soit un modèle de démocratie. Est-ce bien raisonnable ? Les polytocards à vie, qui ne font que ça, ne savent que bavasser dans un micro, qui une fois aux affaires ne font rien ou pas grand chose avant d'être escamotés pour resurgir un peu plus loin nantis d'un autre portefeuille, et qu'on voit finir leurs jours dans quelque planque d'Etat richement rétribuée, est-ce bien raisonnable ? <br /> <br /> <br /> <br /> J'apprécie que certaines de ces questions soient posées par les Gilets Jaunes, et qu'ils réclament le droit ouvert à tout un chacun de s'exprimer sur la validité de décisions prises par l'exécutif, imposées par les technocrates européens, qui seront de nature à impacter nos vies. Et je conçois que Jupiter n'ait pas du tout envie de voir la piétaille s'opposer aux "réformes" qu'il entend mettre en place, et à celles déjà imposées par ses soins et par ses prédécesseurs sous le joug de l'UE. <br /> <br /> <br /> <br /> Sur la trilogie municipalités/communautés de communes/conseils départementaux (la petite République des notables, disait certain), j'habite dans ce qu'on recommence à appeler un terroir, recoin de territoire "loin de tout", sous-équipé (à la limite d'un espace-temps égaré dans les années 70), taux de chômage dépassant les 15 %, économie à l'agonie, fuite des actifs et des jeunes diplômés, fermetures de commerces qui ont transformé en désert certaines rues naguère commerçantes... Nous pouvons ici constater les méfaits d'une politique de décentralisation qui laisse libre cours aux fantaisies et petits arrangements d'une clique composée de vieilles familles locales et de gros propriétaires terriens, engeance indéboulonnable où le préfet de passage, jamais plus de six mois (notre département est un placard à balais), se contente de présider les commémos en se pointant à bord d'une berline Renault premium flambant neuve escorté de sa suite en semblable appareil, alors que deux cents mètres séparent la Préf du monument aux Morts. Accessoirement, le Préf de passage se fait offrir une nouvelle déco pour son palais de fonction. Et son secrétaire est logé à quelques pas dans une villa très confortable. Il arrive que certains de ces Préfs de passage s'investissent un peu plus, qu'ils se déplacent dans certaines institutions, qu'on les croise dans la rue et puisse leur dire quelques mots quant à ce qui ne va vraiment pas, et qui n'est évidemment pas de leur ressort mais de celui du maire, planté là et bien là pour six ans avec l'aide des rabatteurs de voix qui commencent à monter leurs listes deux ans avant les Municipales suivantes. Suivent les renvois d'ascenseur et coups de piston prévisibles, chacun ici connaissant chacun et tout se sachant plus efficacement que par le truchement de l'AFP. Entre temps, le Préf aura changé une ou deux ou trois fois. <br /> <br /> <br /> <br /> C'est tout le système politique de ce pays qui est vérolé. Non que la corruption soit généralisée, mais parce qu'il n'est plus adapté et propre, tel qu'il est, à maintenir en place des gens qui sont là uniquement pour disposer d'un pouvoir et des facilités que ces pouvoirs offrent, faciliter des ententes, dispenser des prébendes, perpétuer des élites autoproclamées et assurer la mainmise d'une politique imposée et non plus concertée, selon un programme exclusivement centré sur l'économie de profit, qui se joue de l'intérêt public et des besoins des populations. <br /> <br /> <br /> <br /> Mais qui, parmi les politiciens les plus courageux/évolués/lucides, s'il en existe, oserait initier un débat, un de plus, sur le mandat exécutif unique et renouvelable deux fois, pas plus, l'abolition de la fonction préfectorale, héritage coûteux des consuls de jadis, l'abolition de la fonction présidentielle que l'on remplacerait par un collège de dirigeants issus de la société civile, renouvelé tous les quatre ans, ainsi que toute fonction exécutive, sous garantie d'un referendum révocatoire au bout de deux ans, lorsque le programme élu par la vox populi n'aura pas été mis en place, ou en cas de corruption avérée ? Qui se piquerait, parmi ceux-ci, de restreindre les indemnités des élus à leur seul mandat, et de créer un conseil de surveillance composé de citoyens tirés au sort pour, en quelque sorte, surveiller les agissements des élus, à quelque échelon de l'exécutif que ce soit ? <br /> <br /> <br /> <br /> Là on verse dans l'utopie. Le fait est que la crise que nous traversons est salutaire en ce qu'elle met en relief des excès, des abus, des gabegies qui il y a seulement six mois étaient certes sus, connus de tous mais non-exprimés. Il a fallu l'arrogance d'un crétin, dont l'élection au pouvoir suprême tient de l'ouverture de la boîte de Pandore, pour que se libère une parole longtemps contenue. Non cette parole policée qui a cours dans les fameux débats d'idées qui sont notre sport national, non cette parole pour la parole dont rien ne sort jamais qui s'apparente à du concret, mais les mots qui fâchent et que certains, dont je suis, espéraient qu'ils fussent un jour prononcés.
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L
Tout ça ne sont que des minorités et des minorités de minorités. Les élus et hauts-fonctionnaires ne sont pas nombreux et une baisse de leurs appointements et de leur nombre ne ferait pas plus que l’épaisseur du trait dans le budget d’un pays comme la France et, surtout, puisque c’est ça qui est pointé en ce moment, n’améliorerait pas le sort des plus démunis, de ceux (dont je fais partie) qui ne se paient aucune sortie ou ne partent pas en vacances, ou ont du mal à se chauffé, ainsi que ceux du reportage de ce matin sur Inter.<br /> <br /> https://www.franceinter.fr/emissions/interception/interception-20-janvier-2019<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> Il est vrai que, tout comme le chauffard moyen ou le petit mec de banlieue qui paie jamais les transports, on espère toujours qu’on ne se fera pas choper et que, ce jour-là, on sera encore gagnant en pensant à ce qu’on a déjà économisé. Le fait est que certains s’en sortent. Je veux pas citer de noms car, bien que morts, on pourrait encore me faire des ennuis mais, pas loin de chez toi, se trouvait l’archétype de l’homme politique omnipotent qui tapait dans la caisse à l’occasion et s’en sortait en menaçant de mouiller tout le monde. Encore une fois, il faudrait compter le nombre total d’élus (parlementaires et territoriaux) depuis 1958 augmenté du nombre de ministres pour se rendre compte que les malhonnêtes avérés, complétés par les supposés représentent une infime minorité. <br /> <br /> <br /> <br /> Les sommes consacrées aux anciens PR est un autre problème et si l’on pouvait se permettre des largesse autrefois, quand on pensait que l’ancien locataire de l’Élysée ne survivrait pas longtemps, il en est autrement depuis l’instauration du quinquennat. Désormais, avec la volatilité des opinions, plus exacerbées que jamais, on va changer de Président tous les cinq ans et ce sont tous des hommes jeunes. Par conséquent, il n’est plus possible de leur assurer des avantages infondés. Qu’on leur mette un grand appartement pour ranger leurs affaires le temps de se retourner, une voiture et une escorte avec du personnel de secrétariat semble le bon sens. Que ça dure à vie… D’autant que, les uns et les autres ne manquent pas de relations et avaient, de toute façon, un patrimoine. Donc, ils sont, de toute façon, à l’abri. Un an gratuitement me paraît raisonnable. Plus mais moyennant participation, pourquoi pas ? Il faudrait aussi en faire autant avec les Premiers Ministres, singulièrement délaissés par nos institutions. Faut-il rappeler la fin tragique de Bérégovoy ? On peut penser qu’un Fillon ne connaîtra pas de telle dépression. Tant mieux pour lui d’ailleurs. La Constitution, dans sa sagesse, avait prévu une retraite au Conseil Constitutionnel pour les anciens PR. Un Giscard espérait que ce qu’il appelait « l’expérience socialiste » ne durerait pas et qu’on irait le chercher. Chirac qui, de toute sa vie, n’a jamais payé un loyer et assez peu de repas, a consacré toute son existence à se faire élire toujours plus haut. Une fois au somment, comme à la montagne, il faut bien redescendre. Le capitaine Haddock ajoutait : « Alors, à quoi bon, je vous le demande ? ». Sarkozy, toujours instable, a trouvé quelque chose dans le privé, plutôt que de profiter du reste de son temps pour l’oisiveté au sens premier. Hollande est un peu comme Giscard, persuadé d’avoir été incompris ou trahi, il pense qu’on va le rappeler. Macron, lui, ne se fait déjà plus d’illusion mais est persuadé d’être investi d’une mission céleste (un peu comme les Blues Brothers) et que, pour elle, il est prêt à se sacrifier. Néanmoins, ils vont tous profiter jusqu’à la mort des largesses de la République et ça n’est plus possible avec des hommes jeunes. <br /> <br /> <br /> <br /> Ces élus ou hauts-fonctionnaires sont élus ou ont réussi des concours difficiles. Ils ont des responsabilités à la hauteur de leurs émoluments. Leurs avantages font l’objet de déclaration au fisc. Tout autre est le salaire des PDG. On apprend, dès les premiers cours d’économie politique au lycée, que le salaire des patrons est la juste rémunération du risque pris en investissant son patrimoine. Fort bien mais ce n’est pas le cas de ceux qui sont élus en conseils d’administration et qui ne risquent absolument rien. Pire, une fois débarqués, ils partent avec des indemnités pharaoniques et retrouvent vite un poste similaire. Malgré tout, il y a en toujours qui en veulent toujours plus. Ghosn s’est fait gauler au Japon. L’acharnement contre lui semble accréditer l’hypothèse d’un coup fourré. Quoi qu’il en soit, est-il normal que son régime pénitentiaire soit pire que celui des terroristes dans nos démocraties ? Que dirait-on si les prévenus (même pas les condamnés) à Fresnes et ailleurs devaient porter une tenue et se contenter d’un bol de céréales ! Le Gouvernement français qui a fait des pieds et des mains pour qu’on élargisse les Français de Guantanamo n’a pas entrepris la moindre démarche pour le PDG d’une entreprise dont il est actionnaire. Ceux qui étaient à Guantanamo ont tous été libérés une fois jugés en France. À croire qu’ils faisaient du tourisme en Afghanistan. Idem pour les barbouzes du Rainbow-Warrior, incapables de couler un navire et qui se font fait prendre peu après avoir laissé tellement d’indices derrière eux, qu’un enfant aurait pu leur mettre la main dessus. On pourrait en rire mais il y a eu mort d’homme. Une fois sur le territoire français, ils ont été libérés au lieu de purger leur peine et ont fini avec le grade de colonel ; excusez du peu ! Même si l’État est content de se débarrasser de lui, le traitement infligé à Ghosn est sans commune mesure avec les faits dont il est accusé. Condamné, je ne le plaindrais pas mais simple prévenu… <br /> <br /> <br /> <br /> S’il me paraît normal que le bureau du Président d’un vieux pays qui a rayonné sur le monde n’ait rien à envier au célèbre bureau ovale de la Maison Blanche, que dire quand le président d’une petite banque occupe un bureau semblable sur lequel traînent quelques feuilles de papier à l’entête sobre : Le Président.<br /> <br /> Quand je pense aux bureaux des artisans ruraux, quand ils ont un bureau… <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> Le problème insupportable aujourd’hui, c’est l’énorme écart entre les revenus fixes les plus élevés (auxquels s’ajoutent toujours des revenus variables et des avantages) et ceux qui ont le moins. Le nombre de gens qui vivent, mangent, dorment, meurent dans la rue devrait nous être intolérables à tous. Pourtant, quand parfois on nous demande de dénoncer une ou quelques injustices, ce n’est jamais mentionné. Chacun a son cheval de bataille et ce monde parallèle constitué par les sans-abris émeut parfois mais sans plus alors que nous devrions tous harceler nos élus pour qu’ils fassent quelque chose sans délai.
Répondre
J
Force est de constater que les salaires opulents de certains élus, à quelque échelon que ce soit, n'ont pas empêché ceux-ci de tremper dans des magouilles. Je ne crois pas que pour des gens sortis de milieux déjà aisés (combien de self-made-men or women parmi elle/eux, qui savent ce que coûtent un plein, une baguette, une boîte d'oeufs, qui même seraient capables de prendre un bus et de se faire cuire un steak ?), des indemnités opulentes soient un antidote contre la tentation de la magouille. <br /> <br /> <br /> <br /> Ce qui m'étonne toujours, c'est que des individus blindés de diplômes, donc présumés intelligents, des cerveaux, et il faut en être pour maîtriser les sciences économiques et le Droit, c'est que c'est gens-là s'imaginent que leurs coups tordus vont passer inaperçus, qu'ils vont conserver la blancheur Persil d'un nouveau-né après avoir détourné des fonds vers des paradis fiscaux, avoir procuré des emplois fictifs à leur moitié, reçu des pots-de-vin de telle multinationale, financé leur campagne avec des capitaux douteux, etc. Et qu'ils ne se doutent pas que n'étant pas seuls à le savoir, tôt ou tard quelqu'un vendra la mèche. <br /> <br /> <br /> <br /> Pour reprendre l'exemple du pizzaïolo, celui-ci ne sait pas à qui il vend des pizzas. S'il en déclare trois sur dix et qu'à la faveur d'un apéro, grisé par le jaune, il s'en vante auprès d'un de ses meilleurs clients qu'il croit être devenu un pote, et que ledit meilleur client est fonctionnaire au Trésor Public, bonjour les dégâts. S'il est en bisbille avec un de ses employés, le pizzaïolo, et que celui-ci est au courant de l'arnaque, il va s'empresser d'aller vendre la mèche. <br /> <br /> <br /> <br /> Je ne pense certainement pas que des indemnités élevées puissent suffire à acheter l'honnêteté d'individus jouissant de pouvoirs décisionnels, toujours soumis à des pressions de la part d'industriels, de lobbyistes, de multinationales, de mafias, pressions qui peuvent vite devenir des promesses, lesquelles promesses vont se traduire par disons, certaines facilités. <br /> <br /> <br /> <br /> L'exemple de Carlos Ghosn est édifiant. Il n'est pas ministre, certes, mais il gagne à lui seul énormément d'argent. Cela ne lui a pas suffi. Il lui en fallait encore plus. Pour cela, sécher le fisc. Magouiller. Heureusement, la justice japonaise ne s'embarrasse pas des palinodies familières à la justice française. <br /> <br /> <br /> <br /> Ensuite, c'est l'indemnisation à vie des anciens présidents et les avantages qui vont avec, qui me gênent. <br /> <br /> <br /> <br /> Mais bon, si tu penses qu'il est normal qu'une grosse partie de la population d'un pays présumé riche survive avec quelque chose entre un minimum vital de 550 balles et 1800 balles par mois en travaillant, ayant travaillé ou en cherchant du travail toujours plus précarisé, avec des factures explosives à chaque hiver, des loyers de malade depuis les années 80, des traites quand ils ont encore la capacité de consommer, plus une fiscalité galopante, pendant que d'autres disposent d'indemnités qui pour certains d'entre eux seront versées à vie, plus logements de fonction, bagnoles de fonction, personnel et domesticité, plus avantages en nature divers et variés, plus l'impunité mais ça ce n'est pas dit, c'est constaté, et là je ne parle pas que des politiques mais aussi des hauts-fonctionnaires.... <br /> <br /> <br /> <br /> Ben moi, navré, mais ces disparités, je les juge dignes d'un Etat féodal, elles étaient peut-être admissibles du temps des Trente glorieuses mais par les temps qui courent, elles ne le sont plus. <br /> <br /> <br /> <br /> Qu'un banquier dispose d'un bureau vaste comme un six-pièces, même avec tapisseries et mobilier précieux à marquetteries, tandis que tant de nos semblables croupissent dans des galetas mal chauffés, entassés dans d'immondes barres, dont ils payent le loyer au prix fort à des thénardiers qui font la sourde oreille dès qu'il est question de changer un joint de robinet, et qui ne se gêneront pas de leur donner leur congé lorsqu'il leur prendra l'envie de fourguer leur galetas, navré mais cette seule idée me colle la nausée. <br /> <br /> Ce sont ces gens qui font la pluie et le beau temps, qui tiennent les manettes de la machine à broyer, ce sont ces gens par qui d'innombrables destinées basculent... Ce sont ces gens qui de notre pays, longtemps regardé comme un modèle, ont fait un éteignoir. Ce sont ces gens qui exploitent les richesses des pays du tiers-monde, ce sont ces gens qui ont fait de l'eau courante une marchandise et qui pourrissent la terre, qui pourrissent et corrompent tout ce qu'ils touchent, ce sont ces gens qui. année après année, de régression en régression, nous ont amenés au bord du gouffre. <br /> <br /> Des palais ? Des bureaux grands comme des apparts de six pièces ?<br /> <br /> Que vienne le temps où on les jettera dans des carrières à casser des cailloux qu'il gèle ou que le soleil cogne, nourris d'un brouet infect et abreuvés de l'eau des latrines. <br /> <br /> <br /> <br /> Je n'ai aucune admiration pour les palais nationaux dédiés à des ministères, des mairies, des grosses sociétés. Je n'ai aucun goût pour les mobiliers du Grand siècle et de l'Empire. Le bureau présidentiel m'apparaît d'un kitsch qui n'a rien à envier au Bureau ovale. Il ne manque à son occupant que la perruque et les bas de Louis XIV, et je verrais bien les huissiers de la Cour déguisés en aboyeurs perruqués. L'Ancien régime a vécu, l'aristocratie d'Etat qui nous offre chaque jour le spectacle de son insolente opulence ne m'inspire, j'en suis navré Diogène, qu'un mépris au moins égal à celui que Macron et son prédécesseur vouent aux "sans-dents", "à ceux qui ne sont rien" et autre "feignants".
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la lanterne de diogène
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