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la lanterne de diogène
31 janvier 2019

De la presse et de l'engagement (et autres sujets) - réponse aux habitués

Je m’attendais à ces réponses et ça fait longtemps que je me dis qu’il y aurait à écrire sur l’adaptation des journalistes à la rédaction à laquelle ils travaillent. Philippe Tesson, venu de Combat, dernier journal parisien issu de la Résistance, passé au très anti giscardien Quotidien de Paris, devenu le chantre de la droite agressive et réactionnaire dans la deuxième version de son journal. Il y embauche Dominique Jamet, éditorialiste anticommuniste dans L’Aurore (presque tous ses éditoriaux étaient consacrés au PCF et à Marchais) qu’il quitte officiellement parce qu’Hersant ne le laisse pas travailler comme il l’entend. Il rejoint donc le QdP qui est sur la même ligne à ce moment-là. Néanmoins, comme ce sont tous deux de grands professionnels et de belles plumes, on leur passe tout maintenant qu’on a oublié leurs écrits. Jamet finit par quitter le QdP en difficulté financière mais pas que. Il avait annoncé la mort de Marcel Dassault qui avait renoncé à l’attaquer en justice connaissant ses problèmes. Marcel Dassault, dont j’entends, ce matin même, que c’est lui qui est à l’origine de l’expression « café du commerce » du nom d’une rubrique qu’il tenait dans son Jour de France, « le magazine de l’actualité heureuse ». Dassault tenait bien cette rubrique mais avait repris le nom le plus courant des bistrots français. Il faut vraiment être déconnecté de la réalité comme le sont nombre d’intellectuels (parisiens ou montés à Paris) pour ne pas le savoir.

Dominique Jamet venait tous les mois défendre ce qu’on n’appelait pas encore l’ultralibéralisme dans la revue de presse de Michel Polac dans son « Droit de réponse – l’esprit de contradiction ». En effet, Tesson le pousse vers la sortie, suite à un appel à Mitterrand pour qu’il se représente. Il rejoint alors L’Événement du Jeudi qui accueille toutes les grandes plumes sans encrier, puis Marianne, où il tient la rubrique dramatique plus quelques participations en fonctions de ses compétences multiples. Passe pour Dominique Jamet mais quand on se souvient de la facilité avec laquelle Franz-Olivier Giesberg est passé du Nouvel Obs (qui était vraiment de gauche à l’époque) au Figaro dont la ligne éditoriale était très à droite de la droite au pouvoir (ou en alternance donc), on peut se poser des questions. Louis Pauwels était encore le coordinateur des rédactions du groupe et dirigeait le très réactionnaire, Figaro Magazine de l’époque, celui-là même où a été engagée la fille de Wolinski, qq années plus tard. Certes, Hersant avait compris qu’il était anti commercial d’exprimer de façon aussi caricaturale ses opinions et qu’il fallait un peu modérer tout ça mais quand même. Depuis, il n’a jamais réintégré un titre un tant soit peu teinté de gauche. Yves de Chaisemartin, bras droit financier du groupe Hersant, passe au très anti conformiste Marianne pour, précisément, lui assurer son indépendance jusqu’à sa reprise par le magnat tchèque Kretinsky qui vient de reprendre les activités de Lagardère-active en Europe centrale. Et puis, il y a toutes les autres plumes qui se conforment avec une rapidité et une facilité à la ligne de la rédaction qu’ils intègrent.

http://www.lefigaro.fr/medias/2018/10/17/20004-20181017ARTFIG00333-apres-elle-et-marianne-le-tcheque-daniel-kretinsky-s-implante-dans-le-monde.php

http://www.lefigaro.fr/medias/2018/04/18/20004-20180418ARTFIG00197-qui-est-czech-media-invest-le-repreneur-tcheque-des-magazines-de-lagardere.php

J’ai indiqué, précédemment, comment, avec le recul, j’aurais dû remarquer ce moment charnière de la fin des années 1970 où les classes d’âges politisées (Vietnam, Chili, décolonisation, Tiersmondisme, Mai 68) ont peu à peu cédé la place à ceux qui pensaient d’abord au divertissement. La vague disco a tout emporté. Je ne citerai personne mais j’ai connu quelqu’un qui présidait une association d’étudiants, fan de Chirac et même plus, qui diffusait dans le local du Brel (qui venait de mourir qq jours avant), du Ferré qu’il adorait mais laissait les autres passer « Grease » hou-hou-hou ! Toute la journée. Ça illustre parfaitement cette transition. Donc, je comprends qu’il y ait eu à la fois des fréquentations de groupes politisés et de groupes qui ne voulaient surtout pas entendre parler de ça.

En revanche, j’ai eu l’occasion de remarquer que la loi était de moins en moins appliquée au fur et à mesure qu’on s’éloigne de Paris. Le pays niçois et la Corse en sont de parfaites représentations mais les Alpes du sud, en général, ne sont pas mal non plus. Il suffit de voir les véhicules qui circulent et leur comportement.

 

La PQR (presse quotidienne régionale) est un vrai grand problème en France. Elle est d’une qualité médiocre et traite surtout les faits-divers, soit disant parce que c’est ce que veut le public. Bizarrement, je n’ai jamais pu obtenir de courrier de lecteurs demandant ce type d’information mais j’observe la baisse du lectorat depuis une trentaine d’années. La seule réponse apportée c’est davantage de faits-divers, de sport et moins d’espace rédactionnel présenté sous la pompeuse ambition de privilégier l’image et l’image en couleurs. On lit de + en + vite la presse régionale dans ces conditions. Qui va s’attarder sur l’élagage des arbres sur la place d’un village même si on le connaît ? Le sport, évidemment, attire les lecteurs car il n’y a aucun autre moyen de connaître les événements et les résultats locaux mais avec les applications sur smartphone, il est possible d’avoir accès aux télévision locales sur Internet. Donc, encore des soucis à se faire.

Les autres médias sont tous à Paris, y compris RMC, y compris Sud-Radio, et la facilité avec laquelle les journalistes adoptent la ligne de leur rédaction n’a d’égale que celle avec laquelle ils oublient leur province d’origine pour devenir de bons petits parisiens, qui ne précisent pas que la ligne 76 correspond à un bus parisien, que la ligne 2 au métro (dont on n’a même pas besoin de dire qu’il est parisien) et qu’il y a un problème sur ces lignes. Idem pour la place de la République ou l’avenue Jean-Jaurès. Si l’on ne précise pas, c’est que c’est à Paris. C’est aussi pour ça que je ne dis plus « France »-Inter mais simplement « Inter »

http://lanternediogene.canalblog.com/archives/2011/09/29/22187176.html

dans la mesure où l’on n’y traite que de l’actualité culturelle (foisonnante il est vrai) de Paris : films qui sortent, pièces de théâtre, expos.

Les Parisiens n’ont certes pas le monopole du nombrilisme. Ils sont juste plus arrogants quand ils se déplacent, se demandant (sincèrement) s’il y a une cabine téléphonique (autrefois) voire même s’il y a le téléphone là où ils sont, s’il y a du réseau aujourd’hui, si le cinéma local propose autre chose que « Le corniaud » ou « Le grand blond avec une chaussure noire ». En zone rurale, on sort peu et faire 10 km pour une démarche administrative ou une IRM est une expédition dont on se passerait bien. Je précise qu’aujourd’hui, on fait plus volontiers 30 km pour les même choses mais c’est un autre débat. Pire, ce qui se passe à qq kilomètres seulement ne présente aucun intérêt voire juste des récriminations : toujours pour eux !

 

Quel contraste avec nos voisins latin ! Je ne parle que de ce que je connais. En Espagne et en Italie, chaque grande ville a son quotidien qui propose, sur une quarantaine de pages, toute l’actualité et sur un mode plus ou moins sérieux selon la qualité de la rédaction mais en général, c’est du sérieux. La une est occupée soit par l’actualité locale, soit par l’actualité nationale ou internationale. À l’intérieur, des analyses politiques, des reportages sur les pays qui font parler d’eux, l’économie, le sport, la culture. Les pages locales traitent des problèmes locaux, de l’aménagement du territoire, de la politique locale. Bref, tout ce qu’on a besoin de savoir se trouve dans ces quotidiens. Il faut imaginer un journal parisien auquel on ajouterait autant de pages pour traiter de la région (mais sans les pages consacrées à Mme Hidalgo, au chanteur à l’affiche de l’Olympia, à l’expo au musée Cognacq-Jay, aux transports en IdF). D’où l’épaisseur des journaux chez nos voisins. La PQR n’a pas compris et ne comprendra jamais que ce qui les maintien, malgré la médiocrité de leur offre, ce sont les sports du lundi et les avis mortuaires. Cela dit sans rire car, en milieu rural, on est souvent éloigné d’amis d’enfance voire de membres de la famille et c’est comme ça qu’on est informé de leur décès. Et que dire d’un pays comme Israël, équivalent de 2 départements français, où il y a plus de titres de quotidiens qu’à Paris pour une population équivalente, et sans parler de la presse en arabe ! Vraiment, la honte pour les Français !

 

Avec tout ça, il y a deux articles en attente depuis plus d’une semaine et ça va pas s’améliorer.

 

 

 

 

 

 

 

 

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Commentaires
J
Je n'ai pas suivi les derniers épisodes du feuilleton Lalanne. J'ai lâché celui des Gilets Jaunes, qui vire un peu trop à la parlotte, à mon goût. La parlotte est là quand les actes font défaut. On a l'habitude en France de se payer de mots. On parle, on débat, on jacte sans trêve, un sourire jaune aux lèvres. C'est la liberté d'expression. Pendant ce temps, les actionnaires engrangent des dividendes. Ne pas regarder la télé te place à l'abri du superflu. <br /> <br /> <br /> <br /> L'incendie chez Dick Rivers, ça remonte quand même à une trentaine d'années. Il s'en est remis depuis, le Hervé (Forneris pour les intimes). Je ne sais pas où il vit à présent ni ce qu'il fait encore. Peut-être exploite t-il son fonds de commerce comme le fait Ben, qui a passé le cap des 80 balais dans la prospérité de celui qui, artiste (bidon) parmi les artistes (bidons) de l'Ecole (bidon) de Nice, a dégotté LE bon plan. Ils ont le privilège d'être en vie, pas comme Louis Nucéra parti trop tôt, à qui on a offert en guise d'hommage une bibliothèque en forme de tête carrée monumentale (http://hot-springs-ar-info.com/wp-content/uploads/2018/05/bibliotheque-louis-nucera-unique-bibliotheque-louis-nucera-vacations-french-riviera-rental-of-bibliotheque-louis-nucera.jpg). <br /> <br /> <br /> <br /> Quand tu as connu le vieux Nice des taudis, des charrettes à bras, des triporteurs brinquebalants, des trains de containers à poubelles, des linges tendus entre les fenêtres, des vieilles qui s'interpellaient en niçois, des ghettos gitans et de ce qui restait des quartiers assignés à des corps de métiers où planaient des relents de moule et de poisson pourri, quand tu as connu ce petit bout d'Italie tu ne te retrouves plus dans ce Disneyland typico-festif qu'on en a fait pour le bon plaisir du touriste. Mais ça reste quand même ce qu'il y a de plus vivant et agréable à vivre dans cette ville infernalement dédiée à l'immo et à ses profiteurs, où la moindre studette de 10 m² est proposée à 600 balles plus frais d'agence et obligation d'une caution solidaire. Autrement, tu te retrouves sur une liste d'attente pour obtenir une HLM dans une cité de ces horreurs périphériques qui n'ont rien à envier aux ghettos de pauvres de la Grande Couronne et des quartiers Nord de Marseille. <br /> <br /> <br /> <br /> La gastronomie niçoise, c'est dans le privé qu'elle perdure vaille que vaille, chez quelques initiés aux arcanes des farcis, de l'aïoli, de la ratatouille et de la tourte de blettes. <br /> <br /> <br /> <br /> L'identité niçoise, en tant que culture ancestrale, longtemps défendue par des gens comme les poètes occitans Alan Pelhon, Mauris, Jean-Luc Sauvaigo, Francis Gagliolo dit Gag, majoral du Félibrige, homme de théâtre et teinturier de son métier (je l'ai bien connu), Louis Nucera déjà cité, l'écrivain régionaliste Raoul Mille, également disparu, cette identité s'est peu à peu dissoute dans les limbes de la standardisation. Disons aussi que la pyramide des âges s'est inversée à Nice depuis le début du nouveau millénaire, et que sa population, du fait de la présence de nombreuses universités et de la proximité de la technopole de Sophia-Antipolis, est désormais un melting-pot à l'américaine, jeune et métissé. <br /> <br /> <br /> <br /> Mado la Niçoise a fait de cette culture locale une caricature rigolote qui colle à une réalité qui a subsisté, disons, jusqu'aux années 80. Cette nana d'origine Pied-Noir, qui a grandi dans le Vieux-Nice et y a tenu longtemps avec son compagnon un bar-café-théâtre du nom du Bar des Oiseaux (les canaris venaient bien se poser sur ton épaule), s'est inspirée pour son personnage de quelques commères en vue, que j'ai connues aussi, que tout le monde connaissait pour peu que l'on fréquente la vieille ville et ses environs immédiats. Certaines tenaient un étal au marché Saleya, d'autres étaient caissières à un supermarché historique de la place Garibaldi, qui s'est longtemps appelé Nicéco, où dès que tu entrais, des odeurs puissantes de parmesan te montaient aux naseaux. D'autres encore officiaient au Café de Turin, juste en face, qui historiquement marquait l'étape d'arrivée des immigrants italiens descendus par le train de la vallée du Paillon, ou par la vallée de la Roya via la Basse Corniche et Villefranche. Café de Turin qui exista longtemps comme une brasserie typique où l'on pouvait déguster des coquillages et qui est devenu, comme les autres adresses typiques, un piège à touristes. <br /> <br /> <br /> <br /> Je conclue sur Léo. Il n'était quand même pas né chez Plumeau, son père était croupier à Monaco, ce qui a l'époque représentait un certain statut social, son grand père était cocher de fiacre à Nice, corporation relativement prestigieuse (lors d'un concert, Léo racontait la rencontre entre ce grand père et le philosophe Nietzsche, frappé de démence précoce en phase aigüe de syphilis), son frère était juriste ; il n'a jamais fait un secret de sa complicité avec Rainier III qui lui avait permis de créer au casino de Monte Carlo son oratorio "De sac et de cordes", repris ensuite sur les ondes de Radio-Monaco avec Jean Gabin comme récitant. Moi, je suis un inconditionnel, même si vers la fin ses radotages m'excédaient. Les radios devaient l'inviter pour cela. Bavard comme le sont les vrais Méridionaux - chez lui cela allait jusqu'à la caricature - il était capable d'occuper des nuits entières un auditoire captivé en pérorant sur tout et sur n'importe quoi. Il assumait parfaitement son côté châtelain exilé sur les coteaux riants de Toscane, la Ferrari Dino qu'à ses dires il n'avait gardée que quelques jours. J'apprécie que Mathieu son fils sache entretenir la mémoire de ce personnage qui fut certainement l'un de nos derniers grand compositeurs classiques, et indéniablement, une plume d'exception. <br /> <br /> <br /> <br /> https://lacountea.com/2011/07/29/oumage-a-mauris-de-lautre-cousta-doucitania/<br /> <br /> https://lacountea.com/2011/05/09/rescontra-embe-jean-luc-sauvaigo/<br /> <br /> https://www.solidaritefrancisgag.fr/index.php/histoire-association-solidarite-francis-gag-personnes-agees-demunies-aide-nice/tante-victorine-association-contact-solidarite-francis-gag-personnes-agees-demunies-aide-nice
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L
Oui, il faudrait que je relise son « Testament phonographe » et oui, moi aussi, j’ai jamais osé aller le voir après son spectacle pour lui dire « j’aime ce que vous faites ».<br /> <br /> <br /> <br /> Léo en a bavé au début. Il se prenait pour André Claveau. Il a touché à tout. Il a tout de suite été critiqué mais je suppose que savoir qu’il hériterait un jour d’un bon pactole et ne finirait pas sur la paille devait l’aider à surmonter les épreuves. J’aime ce qu’il a fait ; pas tout bien sûr. J’aime pas tout ce qu’il a pu dire à côté non plus. Néanmoins, je le laisse en haut de mon Olympe personnelle. Idem, je suis allé à Peille mais qu’aurais-je fait si je l’avais croisé ? En tout cas, cette chanson est magnifique comme « Saint-Germain-des-Prés » où il a vécu au début.<br /> <br /> <br /> <br /> Pour la socca, je m’en doutais un peu. Tout ce qui est typique et pas cher a été perverti. L’exemple universel est la pizza : plat de pauvre à partir d’un fond crémeux au départ puis de tomates difficiles à consommer en salade quand les Espagnols ont ramené cette « pomme d’or » des Amériques.<br /> <br /> On peut dire la même chose de la paella, de la bouillabaisse faites à partir de restes et de ce qu’on trouve sur place. En Espagne, les touristes (= les Français en fait) quand ils se sont aventurés dans le centre après être restés sur les côtes pour profiter du soleil sans se mêler de ce qui se passait ailleurs, et qu’ils ont découvert la « movida » (quand il y a du Q les Français accourent), ils ont aussi découvert les tapas. Résultat, ces petits canapés pas chers, dégustés sur le coup des 11h en attendant le déjeuner à 14 h, et pareil le soir, sont devenus hors de prix. Restent le pot-au-feu, la potée comtoise, la purée, les tripes à la mode de Caen, la choucroute, la ratatouille et qq autres petites choses qui n’intéressent pas encore les snobs qui se piquent d’authenticité et de bonne bouffe.<br /> <br /> <br /> <br /> Il y a longtemps que je suis pas allé à Nice et ça me manque pas trop, surtout si la socca pour le populo a disparu. L’été dernier, j’en ai dégusté sur un marché provençal malgré la chaleur qui incite plutôt à se tartiner de la tapenade ou une anchoïade avec un petit rosé bien frais. Qu’on s’en soit pris au studio de Dick Rivers me navre. S’il fallait bouter le feu à tous ceux qui se sont compromis avec Médecin pour obtenir un petit avantage, tout le pays niçois serait en feu et emporterait tout le reste. On a incendié chez Dick Rivers mais on n’aurait pas touché chez Johnny Halliday, même s’il avait eu qq ch en France. J’irai pas incendier chez Lalanne que Ferré adorait. J’y pense même pas. Lalanne, à + 60 ans est entré dans la réserve de la gendarmerie avec un grade d’officier supérieur alors même qu’il a refusé de faire son service militaire : la France est sauvée ! Après avoir chanté « J’veux pas qu’on m’prenne mon fils pour qu’on l’emmène à la guerre » qui faisait pleurer Sylvie Coulomb. Maintenant, il se rêve en Mélina Mercouri des gilets-jaunes.
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J
Aux dernières nouvelles (à quand remontent-elles ? Je ne suis pas dans les secrets des dieux), Dick Rivers se remettrait d'un AVC. Mon frère l'avait côtoyé dans les années 80 et le décrivait comme plutôt cool, il avait fréquenté son studio d'enregistrement à Berre-les-Alpes avant que des malveillants ne foutent le feu à sa propriété (ses accointances médecinistes lui ont joué de sales tours à l'époque). <br /> <br /> Je précise que je n'ai rien contre le gars en soi, d'autant que si je n'entends rien au rock'n'roll, il semble que nous partagions la même passion des belles américaines. C'est sa musique qui au mieux m'ennuie, au pire m'indiffère, comme celle de Johnny Hallyday d'ailleurs. Je peux aisément vivre sans tout en admettant que certains en aient fait une religion.<br /> <br /> <br /> <br /> Léo a toujours été clair avec sa misanthropie. Je ne serais pas allé à Peille ni nulle part le rencontrer, et puis pour lui parler de quoi, lui dire quoi ? J'adore ce que vous faites ? Est-ce qu'il s'en fichait ? M'est d'avis que oui. <br /> <br /> <br /> <br /> Je crois, quitte à me contredire par rapport au post précédent, je crois qu'on a tort de penser qu'il pourrait être intéressant de rencontrer les artistes que l'on aime, sauf à pouvoir le faire dans un cadre professionnel. Ils font partie d'un autre monde, déconnecté du nôtre déjà du seul fait de l'argent qu'ils gagnent, du luxe dans lequel ils vivent, de l'organisation de leur vie dans les moindres détails par le staff qui les entoure. <br /> <br /> <br /> <br /> Ferré à ses débuts vivotait, à l'époque de ses débuts un artiste se contentait de cachetonner, c'est plus tard que le moindre sous-produit d'une usine à tubes à la Barclay s'est mis à se faire plus de pognon avec un seul seul single et ses produits dérivés (les télés, les radios, les promos de toutes sortes, la pub dissimulée, etc...) qu'un malheureux ouvrier en toute une vie de travail harassant. A présent, ce sont des sommes colossales qui changent de compte en banque pour une simple télé. J'avais été sidéré d'apprendre, il y a une quinzaine d'années, qu'un docu en deux épisodes consacré par Canal Plus à Francis Lalanne, sa vie, son n'oeuvre, avait rapporté à celui-ci pas moins de 400.000 € par épisode. <br /> <br /> <br /> <br /> Sur la socca : il y a belle lurette qu'on ne trouve plus de cette socca fabriquée dans des fours montés sur châssis flanqués de brancards que l'on trouvait jadis sur le marché du Cours Saleya. Quand j'étais môme, pour cinquante centimes de l'époque tu en avais de quoi faire un repas. Les snacks pseudo-typiques des rues Droite et Pairolière (où les parents de Dick Rivers tenaient une boucherie) t'offrent généreusement, pour dix fois ce pris-là en euros de singe, un maigre échantillon de socca à touristes produite à partir d'une mixture tirée d'un bidon de plastique. Et ne parlons pas de la tourte de blette. Malheureuse tourte de blette, qu'es-tu devenue sous les mains impies de pâtissiers formés à l'arrache à fabriquer des Giant Cheese de chez McDo ? <br /> <br /> Heureusement, quelques diplodocus du disco exilés à l'intérieur des terres perpétuent pour un entourage privilégié les recettes de la vieille cuisine niçoise... <br /> <br /> <br /> <br /> PS : Le passage des ravioli, dans "le Testament phonographe" de Léo, qui se passait chez un de ses oncles du Vieux-Nice, quartier du Malonat où habitaient mon oncle et ma tante... Relis-le, Diogène, et je te défie de n'avoir pas une fière envie de ravioli en sauce tomate, ail, oignons, parfumée au thym... <br /> <br /> <br /> <br /> Ciao viva !
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L
Nous ne nous réconcilierons pas, tant les positions sont tranchées quand on aborde des questions où les goûts, les émotions, l’irrationnel sont à ce point mobilisés. Je voudrais juste défendre un peu ton compatriote Dick Rivers, que tu mets souvent en cause. Certes, il n’a pas révolutionné la musique ni même la variété mais sa démarche est sincère. Dans l’émission qu’animait Yves Mourousi, le dimanche midi lors de son passage à la télévision, Dick Rivers racontait l’histoire du rock n’roll et ce n’était pas inintéressant. En tout cas, il m’a appris les bases et je lui dois au moins cette reconnaissance. Ses chansons et ses reprises ne sont pas toutes très heureuses mais il s’est fait plaisir et mené une vie somme toute agréable et c’est déjà ça.<br /> <br /> <br /> <br /> Me reviennent deux titres : « Faire un pont » sur la musique de « Country road » avec des paroles agréables à reprendre et « Grandis pas ». <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> Pour avoir vu Léo Ferré sur scène, je sais qu’il n’aimait pas (de même qu’Henri Tachan) être interpelé par quelqu’un dans le public alors même qu’il était respectueux, qu’il saluait en arrivant, faisait applaudir les techniciens, ce qui n’était pas le cas d’un Charlélie Couture, par exemple, qui n’avait pas un geste, pas un mot pour le public. Jean-Louis Foulquier aimait dire que si on allait voir Léo dans sa propriété du Chianti, il vous offrait volontiers un verre de son vin avec Marie-Christine mais j’en doute. Pourtant, une vieille parente l’a croisé un jour à Florence mais c’est lui qui lui a adressé la parole. Ceci explique cela.<br /> <br /> Je suis sûr, en revanche, que si je pouvais croiser Dick Rivers dans les rues de Nice, nous irions partager une bonne socca ensemble.
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J
Je vais te surprendre : je ne sais pas danser, je suis incapable de danser même un slow et j'ai dû, au cours de ma vie, mettre les pieds deux fois dans une boîte et j'en suis sorti presque aussitôt. La foule, les sonos à fond, la liesse, la vie nocturne ne collent pas à ma nature d'ermite cynique, excessivement diurne et désespérément rural. Cela ne m'empêche pas d'aimer la disco et de faire la musique que je fais. Tant mieux si certains dansent dessus. Loi des paradoxes... <br /> <br /> <br /> <br /> Tout le monde ou presque s'est adonné à la disco dans les cercles de la pop des années 70, Bowie, les Stones, Alan Parsons tardivement, ça a marqué une époque somme toute assez brève puisqu'à partir en gros de 78 on a embrayé sur des sons plus électroniques qui déjà préfiguraient la house, la new wave (ma bête noire... avec la "variété"), la dance, dont l'évolution logique fut la techno, genre qui étrangement est parvenu jusqu'à nous via quelques incursions dans l'electro après un pic dans les années 90. <br /> <br /> <br /> <br /> La musique funk a évolué un peu comme le blues, sur les registres distincts d'une funk dansante grand public (Earth Wind and Fire, Kool and The Gang, Funkadelic, George Clinton) et d'une autre plus confidentielle, quelquefois jazzy, tantôt tribale, ne reniant pas ses racines soul (Bohannon, The Bar-Kays, Maze, Johnny Pate, Johnny Bristol, The Crusaders, Incognito). <br /> <br /> <br /> <br /> Au passage, Little Bob chantait surtout en anglais. Encore un paradoxe ambulant, ce type-là. Une discographie impressionnante, connu partout et ayant tourné partout sauf en France, à part peut-être vers La Rochelle. Certainement le seul authentique rocker français (pardon pour les fans de Johnny, que je considère comme un clown du même acabit que (Mer)Dick Rivers), le seul à avoir sauté le pas du metal sans verser dans l'imitation surjouée. <br /> <br /> De même que le seul chanteur français à avoir, selon moi, sacrifié à la mode disco sans se vautrer dans le ridicule, fut l'ineffable Claude François. Je n'ai jamais été fan de cet artiste bourré de talent et parti trop tôt, mais autour de moi, toutes les femmes l'étaient inconditionnellement, ma mère comprise, et elle l'est toujours à 90 balais passés. Un phénomène passé comme un éclair dans le terne et décourageant univers de la variété franco-française. <br /> <br /> <br /> <br /> Mon idole de toujours est Barry White, tu l'auras compris Diogène, puisque tu m'as fait l'honneur d'écouter ma musique (merci, au passage!), et c'est un véritable bonheur pour moi d'échanger fréquemment sur FB avec sa soeur et l'une de ses filles, avec Gloria Scott, une chanteuse qu'il a produite et quelques-uns de ses musiciens. J'avais eu le plaisir d'échanger brièvement avec Solomon Burke quelques semaines avant sa mort, et il y a déjà longtemps, sur MySpace, j'avais échangé avec Eddie Levert des O'Jays, très impressionné de ce que le petit frenchie que je suis possédait déjà tous leurs disques sortis chez Philadelphia Sound lorsqu'il n'avait que treize ans. <br /> <br /> <br /> <br /> Il est évident que je n'aurais jamais pu rêver avoir de tels échanges avec aucun artiste français, même Léo, à moins d'être dans les papiers de quelque journaliste en vue. Mais ça c'est un autre problème. Je ne suis pas groupie plus que ça, je ne collectionne pas les posters et les autographes, même si je n'aurais pas détesté partager un bon repas avec des gens comme Barry White, Sinatra, Michel Legrand, De Niro, Jacqueline Bisset, Al Jarreau, Isaac Hayes, Sammy Davis, Chaka Khan, Leon Ware ; je ne désespère pas de partager un jour la pasta de chez nous (je suis un mix de Rital et de Gaulois, un authentique celto-ligure) avec Mario Biondi, crooner italien qui perpétue à sa manière les héritages conjugués de Barry White et d'Antonio Carlos Jobim... mais ce qui m'agace prodigieusement, c'est ce côté inaccessible de nos artistes franco-français, cet esprit "diva", "Tour d'ivoire". Mon cousin, fan de la première heure d'Eddy Mitchell, avait réussi à approcher l'idole au rade d'une brasserie après un de ses concerts. Il lui a proposé de lui offrir un verre, l'autre ne l'a même pas calculé. Un pote d'un pote qui avait voulu se faire dédicacer un disque par Léo soi-même, était allé le trouver dans l'auberge de Peille, au-dessus de Monaco, où il allait passer du temps à cette époque-là (début des années 80). Et Léo l'avait éconduit avec pertes et fracas. <br /> <br /> <br /> <br /> Reconnaissons à tous ces artistes le talent rare d'avoir marqué leur époque et de continuer à embellir la vie de ceux qui les apprécient, parfois longtemps après leur disparition. On ne les remplacera pas, il sont les reflets de leur époque, et ces années 70 qui un jour sombreront dans le même oubli que les années 50, elles ont en commun avec les années 50 de nous laisser le souvenir d'une formidable efflorescence artistique, d'une explosion de talents et d'innovations dans tous les domaines de la créativité. Des crises humaines naissent les bourgeons d'ères de nouveauté.
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