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la lanterne de diogène
27 mai 2019

Des résultats des élections européennes de 2019

Les soirs d’élections se ressemblent. Ça commence par des plateaux où des spécialistes analysent, commentent, dissèquent sans pouvoir s’appuyer sur des résultats et quand, enfin, on a du concret, ils passent leur temps à affirmer : je vous l’avais bien dit ! Souvent, ils ont changé opportunément d’avis avec les premières estimations ce qui leur permet de fanfaronner et de prendre date pour les prochaines élections. On va pas se priver de gens aussi indispensables. Ensuite, les intervenants extérieurs sont systématiquement coupés : « la liaison est mauvaise », « On ne vous entend pas ». L’animateur principal a un casque sur les oreilles qui amplifie les sons parasites et les lui rend insupportables. C’est l’inconvénient du direct et ça ajoute à l’exaspération qu’on subit à l’écoute de ces soirées.

parlement européen

Les Français sont en colère. La crise des gilets-jaunes a ce mérite qu’on ne peut plus dissimuler le malaise et la déception. Or, le système qui est la cause de cette déprime, de l’augmentation de l’exclusion et de la pauvreté n’a pas été rejeté par les urnes au niveau européen. En France, le RN qui, malgré ses affirmations, ne fait que voter contre ou s’abstenir chaque fois qu’il y aurait une possibilité d’inflexion, gagne ces élections mais de peu. Pas de quoi plastronner quand on devance de moins de 2 % son suivant, à savoir la liste soutenue par la majorité présidentielle. Donc, déjà avec ces deux listes qui représentent près de la moitié de l’électorat, il y a un soutien clair au système d’exploitation et de profits à court terme qui domine depuis des décennies à présent. Les Verts, comme il y a dix ans, ne sentent plus pisser. À l’époque, les commentateurs ébahis avaient parlé, comme à chaque fois qu’un candidat perd avec les honneurs, de « grands gagnants ». Ils avaient fini par y croire eux-mêmes. Il suffit, pour s’en convaincre, de rappeler que la centrale atomique de Fessenheim n’a pas été fermée dans la foulée et qu’elle est encore en activité, après avoir été restaurée à grand frais sous le quinquennat précédent. Ce n’est bien sûr pas la faute des écologistes mais du fait qu’ils ne peuvent s’appuyer sur une base électorale apte à infléchir les décisions des partis de gouvernement que sont ou qu’étaient en France Les Républicains et les Socialistes. En France, les Verts, n’obtiennent de succès (relatif) que lors des scrutins européens. Le reste du temps, ils sont écartés par les électeurs. On se fait plaisir, on se donne bonne conscience, on vote pour eux quand il s’agit de les envoyer loin mais on ne veut surtout pas d’eux ici. De toute façon, il n’est arrivé qu’une fois, en 1979, que la liste soutenue par la majorité présidentielle remporte l’élection européenne. Ça n’a jamais eu de conséquence directe ni pour le Président ni même pour la vie politique qui ne s’est jamais recomposée contrairement à ce qu’affirment avec un bel aplomb les commentateurs les soirs d’élections mais il faut bien qu’ils disent quelque chose pour justifier leurs émoluments.

La liste soutenue par LR n’est pas dans les choux. Elle devance la gauche et confirme l’approbation populaire du système dominant. Quand on se souvient que M. Jadot, pour les Verts, a affirmé, récemment, la compatibilité de l’écologie avec l’ultralibéralisme, on a bien les quatre premières listes qui, non seulement ne le remettent pas en question mais s’en revendiquent ouvertement. Le lendemain, il a certes nuancé mais surtout pour aspirer à se poser en nouveau représentant de la gauche. Justement, les deux listes de gauche arrivent à égalité et auront de toute façon le même nombre de députés. Encore faut-il compter avec un PS qui, au pouvoir, a toujours mis un point d’honneur à se montrer le meilleur élève de l’ultralibéralisme en Europe hors GB, bien entendu. Or, le PS se maintient et l’on a donc cinq listes sur les six présentes au Parlement européen qui s’accommodent ou renforcent l’ultralibéralisme. Leurs représentants étaient d’ailleurs les seuls invités de la matinale électorale d’Inter mais aucun de la Fi qui obtient pourtant un peu plus de voix que les Socialistes : plus de danger qu’ils parviennent au pouvoir, donc aucune raison de les ménager. L’électorat socialiste qu’on avait cru désemparé après la vente du siège de la rue de Solférino, l’exil en banlieue, l’érosion électorale, la perte de la tête de liste confiée à un philosophe indépendant, a gardé ses vieilles habitudes et sauve la vieille maison comme si le PS n’avait pas, désormais, un lourd passif. Quant aux Insoumis, non seulement ils ne confirment pas leur score de la présidentielle mais ils doivent subir l’atroce critique d’avoir intégré récemment les préoccupations écologistes. Insinuation cruelle dans la mesure où tous les commentateurs avaient noté que le programme de M. Mélenchon pour la présidentielle de 2017 accordait plus de place à l’écologie que l’ensemble des programmes des autres candidats réunis, écologiste inclus.

Toujours dans les commentaires, il faut souligner que désormais le RN est qualifié de « souverainiste ». Du reste, les commentateurs français n’ont jamais osé appeler le FN puis le RN par son nom qui est « nationaliste », simplement, mot dérivé de « national » qui figure dans son intitulé. D’autant plus que les alliés potentiels du FN en Europe se revendiquent comme tels. On a eu « extrême-droite » pendant longtemps mais ces dernières années, on a préféré « droite-extrême » et même « droite de la droite » par analogie avec la « gauche de la gauche » employé pour la gauche non socialiste qualifiée désormais « d’extrême-gauche » pour y chercher un effet de peur sur les passants. On a eu « frontiste » et, plus récemment, « populiste » mais, maintenant, on est prié de dire « souverainiste », terme très édulcoré qui convient sans doute mieux à un parti bien ancré dans la vie politique. Les journalistes sont toujours soucieux d’assurer leurs arrières pour le cas où ; donc ils rivalisent de politesses pour un parti qui assure le spectacle et les commentaires depuis près de 40 ans et qui maintenant est aux portes du pouvoir. De toute évidence, le RN engrange la colère des gilets-jaunes qui, malgré leur plateforme de revendications qui ressemble comme deux gouttes d’eau au programme des Insoumis ont nettement porté leurs suffrages sur les nationalistes. Faut-il s’en étonner quand des enquêtes d’opinion récentes montrent que de plus en plus de Français souhaitent un homme à poigne pour diriger le pays ? Souvenons nous qu’au début du mouvement des gilets-jaunes, ils avaient réclamé le général de Villiers pour diriger le Gouvernement alors que le militaire n’a jamais manifesté la moindre ambition politique. Au passage remarquons que des gens peu informés, peu au fait du fonctionnement des institutions, ignorant le protocole des manifestations publiques, connaissaient le nom du général dont le fait principal a été d’être écarté de sa fonction.

Par conséquent, au soir d’une véritable photographie de l’opinion publique, il est évident que les valeurs de progrès sont rejetées. Les électeurs votent pour des partis conservateurs en se souvenant que la France connaissait la prospérité quand ils régnaient sans partage et détenaient l’exécutif, le législatif et, pourquoi ne pas le dire, le judiciaire et les médias. En souhaitant un homme fort, alors que de plus en plus sont séduits par l’illibéralisme, il ne fait aucun doute que ce qui est défendu par la gauche est rejeté et il ne faut pas se mentir ni se faire des illusions. Est-ce à dire qu’il n’y a plus de base électorale de gauche ? C’est plus compliqué parce que, si la droite sait resserrer les rangs quand il faut et pour défendre ses intérêts, les électeurs de gauche sont plus exigeants. Leurs réunions offrent le spectacle de personnes qui partagent l’essentiel des valeurs mais ont l’art de couper les cheveux en quatre. Ils récusent un des leurs parce que, pas assez à gauche à leur goût, parce que, à un moment, il a tenu des propos inacceptables selon certains, ou parce que, élu dans sa ville, il laisse rouler des bus urbains à moteur diesel ou parce qu’il n’a pas encore mis la gestion de l’eau en régie ou parce que lors d’une cantonale partielle il s’est allié avec une personnalité détestable selon certains, ou parce qu’il n’appelle pas à fermer tous les abattoirs, ou parce qu’il n’a pas voté comme il faut à l’Assemblée, ou parce qu’il ne va pas assez loin dans les revendications etc. …

Les reproches ne manquent jamais pour justifier qu’on ne vote pas pour le candidat de gauche et qu’on s’abstienne. Il en est même qui disent qu’ils préfèrent combattre un élu de droite que de composer avec un élu de son bord. Le cas Nicolas Hulot est significatif. Les écologistes le détestent parce qu’il ne va pas assez loin et qu’il faisait des émissions parrainées par EDF, et donc le nucléaire, tandis que l’électorat de droite trouve qu’il en a trop fait et qu’il était temps de mettre un frein à la dérive écologiste de la France. Le résultat, c’est que, à chaque fois, c’est la droite, les libéralistes qui remportent la mise et n’ont pas tant de scrupules. L’exigence de pureté a coulé la gauche qui ne peut plus prétendre à faire autre chose que de jouer les bouffons de la vie politique, les faire-valoir de l’ultralibéralisme et même plus les mouches du coche.

Enfin, pas moins de dix listes (sur 34) se situent sous la barre des 5 % fatals. Est-ce normal que ces listes ne soient pas représentées du tout ? Il faudra aussi penser à une formule, pour la prochaine fois, qui permettent d’accorder quelques sièges aux ultraminoritaires qui, du coup, ne seraient pas forcément ultraminoritaires dans la mesure où leurs électeurs, soucieux de voter utile, sauraient que leur vote ne serait pas perdu.

 

parlement européen 2

On peut dire, avec un léger recul, que la campagne a été satisfaisante notamment du fait d’un vent frais apporté par les jeunes têtes de listes. Ils ont abordé, expliqué les enjeux européens et chacun a avancé des propositions raisonnables. Malgré tout, nombre d’entre eux n’ont pas passé la barre. Notons aussi que les journalistes ont tout fait pour entraîner les têtes de listes et autres candidats sur des sujets français afin de pouvoir entonner leur vieille antienne selon laquelle le scrutin européen dépend surtout des enjeux nationaux. Le mérite de la plupart des candidats est d’autant plus grand d’avoir gardé le cap européen. Maintenant que le tri a été fait, on nous dit qu’il y aura une recomposition du Parlement européen. Écartons l’hypothèse pour la France, défendue par les commentateurs et le RN, dans la mesure où ça ne s’est jamais produit et que l’élection du Président Macron a déjà rebattu les cartes. Les Verts pavoisent mais, en tout état de cause, ils ne seront que la quatrième force du Parlement et les deux premières seront, encore et toujours le groupe Populaire et le groupe social-démocrate, alliés pour faire barrage aux autres et assurer la pérennité du système libéraliste. Ils cèdent du terrain mais restent aux commandent à eux deux, juste avant un nouveau groupe centro-libéral qui appuiera dans la même direction. Donc, rien à attendre. L’élection du président de la Commission et du président du Conseil va donner lieu, une fois de plus, à des tractations mais, même dans l’hypothèse où M. Barnier l’emporterait, il devra faire ce qu’on attend de lui et pas laisser s’exprimer son penchant pour les préoccupations environnementales. Le prochain Président de la Commission ne remettra pas en cause le sacro-saint dogme de la « concurrence et libre et non-faussée » qui met les nations et les peuples en concurrence et qui met les plus précaires en concurrence entre eux avec la bénédiction du RN français et de ses partenaires.

 

Dans les mois à venir, il ne faut pas compter sur un infléchissement de la politique ultralibérale de l’UE ni sur une sortie rapide de la GB en pleine crise politique avec des élections générales prévues. Donc rien en attendant et probablement rien après non plus. Ses députés participeront au scrutin et voteront pour le candidat le plus compatible avec la culture thatchérienne bien ancrée outre-Manche. Les vacances vont arriver à point nommé pour faire oublier les envolées sur la recomposition entendues depuis la proclamation des résultats. On verra à la rentrée…

 

 

https://www.francetvinfo.fr/elections/resultats/#xtor=EREC-38-[NL%20Event%20info]-20190527&pid=

https://www.bastamag.net/Apres-le-scrutin-europeen-ultime-alerte-pour-la-gauche-francaise-face-a-la?fbclid=IwAR2k75Lh7OELKXrtH_N7yuQMm0kCM_ONvHfHk1C4B68_wARslDxGPwnRw0w

 

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Commentaires
L
En attendant la suite, l’ami Alain me tend la perche avec les spécialistes. Voici ce qu’en disait Léo Ferré sur des paroles de Jean-Roger Caussimon (pas aussi cœur pur que je le croyais d’ailleurs) :<br /> <br /> <br /> <br /> Les Spécialistes par Léo Ferré<br /> <br /> <br /> <br /> Quand dans une manif <br /> <br /> Tu regardes, naïf, <br /> <br /> Les vitrines qui défilent <br /> <br /> Où sont exposés <br /> <br /> Les "must" du quartier <br /> <br /> Des trucs plus ou moins futiles <br /> <br /> Si tu veux prouver <br /> <br /> En lançant le pavé <br /> <br /> Que ce commerce t'attriste <br /> <br /> Repose ton parpaing <br /> <br /> "Fais pas ça, copain <br /> <br /> Faut laisser faire les spécialistes!" <br /> <br /> <br /> <br /> (…)<br /> <br /> Comme il est normal <br /> <br /> Pour un "marginal" <br /> <br /> Tu dis "non" au nucléaire... <br /> <br /> Tu te fais du mouron <br /> <br /> Pour ceux qui viendront <br /> <br /> Après nous, sur cette terre... <br /> <br /> <br /> <br /> T'as comme un penchant <br /> <br /> Pour quelques savants <br /> <br /> Qui ont des airs pessimistes <br /> <br /> Tu me fais du chagrin<br /> <br /> "Fais pas ça, copain <br /> <br /> Faut laisser faire les spécialistes!" <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> N'écoute pas Tazieff <br /> <br /> Écoute l'EDF. <br /> <br /> C'est elle qui tranche et qui juge <br /> <br /> Comme tout un chacun <br /> <br /> Adhère à l'emprunt <br /> <br /> Et dis: "Après nous le déluge..." <br /> <br /> Ce qui est important c'est le bénef! <br /> <br /> <br /> <br /> T'as des opinions <br /> <br /> Et tes convictions <br /> <br /> Tu tiens à les dire aux autres... <br /> <br /> T'annonces la couleur <br /> <br /> Tu dévoiles ton cœur <br /> <br /> À la façon des apôtres... <br /> <br /> Tu cries sur les toits <br /> <br /> Qu'il y en a marre des lois <br /> <br /> Et du joug capitaliste <br /> <br /> Pour qu'on te connaisse bien <br /> <br /> "Fais pas ça, copain <br /> <br /> Faut laisser faire les spécialistes!" <br /> <br /> <br /> <br /> On ne sait pas qui c'est <br /> <br /> Mais pour dénoncer <br /> <br /> Ils ont l'art et la pratique <br /> <br /> Ta vie, tes pensées <br /> <br /> Tout est recensé <br /> <br /> Ça marche à l'électronique... <br /> <br /> Chez les poulagas français! <br /> <br /> <br /> <br /> Si des mecs jaloux <br /> <br /> On en trouve partout <br /> <br /> Chez nous, on n'est pas en reste... <br /> <br /> Annonce si tu veux <br /> <br /> Que tu vas sous peu <br /> <br /> Diriger un grand orchestre... <br /> <br /> Ça fera illico <br /> <br /> <br /> <br /> De fielleux échos <br /> <br /> Sous la plume des journalistes <br /> <br /> Qui diront soudain <br /> <br /> "Fais pas ça, copain <br /> <br /> Faut laisser faire les spécialistes!" <br /> <br /> <br /> <br /> On se sent à l'aise <br /> <br /> Lorsque c'est Boulez <br /> <br /> Qui s'empare de la baguette <br /> <br /> Mais... c'est inopportun <br /> <br /> Lorsque c'est quelqu'un <br /> <br /> Qui "fait" dans la chansonnette <br /> <br /> Et même pas dans 1e show-business! <br /> <br /> <br /> <br /> Mais c'est Mozart <br /> <br /> C'était pas un spécialiste...!
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J
Excellente analyse, Diogène. <br /> <br /> Encore un scrutin ordinaire où il n'y a que des gagnants y compris parmi les perdants - les parlementaires européens bénéficiant des indemnités et des privilèges que l'on sait, cumulables avec un plan de carrière politicien à l'intérieur de nos frontières. Tant qu'il y aura des naïfs pour glisser un bulletin nominatif dans l'urne. <br /> <br /> Ce scrutin, comme tous ceux qui ont précédé à chaque degré de l'exécutif et ceux qui lui succéderont pour encore quelques années, plaide bel et bien en faveur de l'abstention réfléchie. Celle de qui n'attend rien, en matière d'évolution de nos sociétés, des partis et factions en présence, de leurs leaders, seconds, acolytes, comparses, rabatteurs de voix, parleurs attitrés, idéologues, jeunes pousses, piliers et éléphants quels qu'ils soient, et des institutions et des media qui leur permettent d'exister et de faire carrière à nos frais. <br /> <br /> Il y a eu moins d'abstentionnistes, nous a-t-on dit, lors de ce scrutin. Il s'agissait pour les uns de prétendre évincer Macron, pour d'autres de se bouger pour ne pas encourager l'éternelle montée de l'extrême-droite. Elle monte elle monte mais ne déborde point. Sauf quand on consulte la carte post-électorale, où la couleur qui lui est assignée prédomine. Figée dans son rôle de menace d'on ne sait plus trop quoi, quand le péril mis en oeuvre par le système ultralibéral est effectif depuis quarante ans et que ses dégâts sont tangibles. Non que je prenne position en faveur de ces gens qui n'ont jamais, quoi qu'ils en disent, rompu avec le fascisme. Mais ce n'est ni par eux ni par une gauche engloutie ni par un écologisme boboïstique que quoi que ce soit évoluera dans le bon sens en France ni en Europe...
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A
Cher Cynique, ton commentaire du résultat des élections est précis, complet et objectif,mettant intelligemment en perspective passé, présent et même futur (comme Geneviève Tabouis !). Bien supérieur en qualité que la vaine diarrhée verbale des "spécialistes" que tu dénonces avec raison...
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la lanterne de diogène
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