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la lanterne de diogène
23 octobre 2019

Pensée unique institutionnalisée

Depuis quelques jours, un mouvement social des cheminots qualifié de « grève » par les médias qui reprennent la version officielle de la direction d’SNCF, qui parle de « grève inopinée » ou de « grève non déclarée » et même de « grève sauvage », nous donne à réfléchir.

Large - grèves 2018'

On a rappelé, à cette occasion, que lors d’un des derniers mouvement, la direction avait saisi les tribunaux pour qu’ils reconnaissent une grève illégale. En d’autres termes, on assiste une tendance forte de la part des directions générales et de l’encadrement pour que tout mouvement social soit déclaré illégal. Au passage, les mêmes se gaussent lorsque certains souhaitent que les licenciements soient illégaux, notamment en cas de profits records de l’employeur. Pour M. Pépy, l’accident routier qui a fait dérailler un train n’est qu’un prétexte pour déclencher une grève. D’ici qu’on insinue que l’accident a été mis en scène, il n’y a qu’un pas. On ne cherche même pas à comprendre ce qui s’est passé ni comment le conducteur du train, malgré sa blessure a cherché à éviter un autre accident aux autres trains, au péril de sa vie. Il ne voit qu’une chose, ses salariés se sont mis en grève. Son rêve (qu’il ne finalisera pas puisque son mandat se termine) c’est qu’il n’y ait plus de salarié du tout. Déjà, il n’y en plus sur les quais (sauf dans les plus grandes gares et encore), il n’y en a plus dans les trains régionaux (il voudrait que les contrôleurs soient payés par les Régions) et il a lancé des études pour qu’il n’y ait plus de conducteur de trains non plus. On imagine ce qui se serait passé avec des trains automatiques fonçant sur le camion bloqué. Quelqu’un comme Guillaume Pépy (il n’est malheureusement pas le seul) ne l’imagine pas et ne cherche même pas à savoir ce qui peut se passer dans un train ou une gare. Son seul objectif est de faire des économies et, éventuellement, de faire des bénéfices en remplissant les TGV avec le moins d’arrêts possible. Pour lui, un train qui roule coûte cher, surtout s’il n’est pas rempli, surtout s’il marque des arrêts, surtout s’il faut encore payer du personnel pour qu’il roule. Un train, c’est un coût et rien d’autre. Alors, si en plus le personnel avance des questions de sécurité des voyageurs pour se retirer de leurs postes de travail, c’est insupportable.

Et puis, rien n’y fait. On ne cherche même pas à connaître les raisons, à vérifier si la contestation est peut-être justifiée. Du côté des dirigeants et des cadres, on a raison par définition. Les grands médias leur emboîtent le pas. Il n’y a pas d’alternative possible et toute contestation et même interrogation est intolérable et même, tout simplement absurde. Ce n’est pas si surprenant de trouver une telle intolérance de la part d’un chef d’entreprise quand le reste de la société s’accommode de plus en plus et pour ainsi dire totalement d’une seule pensée dans tous les domaines. Quand on accepte à ce point qu’il n’y ait pas d’autre modèle économique, qu’on accepte que les salaires soient considérés comme des coûts, que les dividendes explosent sans qu’on s’émeuve du coût du capital qui pèse sur les entreprises, quand on n’accepte plus aucun dialogue, aucune divergence même venant d’avis autorisés, il n’y a plus de limite à la soumission volontaire.

On s’achemine vers une suppression de fait du droit de grève. Il faut reconnaître objectivement que c’est le souhait d’une grande partie de l’opinion publique qui, bien travaillée par les médias audiovisuels, ne voient que la gêne, même lorsqu'ils ne sont pas concernés. Parmi les jeunes générations, il y a une approche de la grève tout à fait surprenante. Tout se passe comme s’ils ne comprenaient pas les raisons et l’arme de la grève comme recours ultime. Il faut dire aussi que, depuis plus de vingt ans, lorsqu'il y a une grève, on met en place des dispositifs pour impacter le moins possible le public et l’on présente la grève comme une manifestation d’humeur, relevant d’un folklore désuet qui s’apparente à un bizutage ou un monôme. Il est très rare qu’on évoque, même a minima les raisons de la grève et, dans ce cas, la réponse ne se fait pas attendre : ils sont pas les plus malheureux ! Si l’on insiste, on a inévitablement : regardez, moi je (…) et je me plains pas. Enfin, on en arrive à : qu’ils s’estiment heureux d’avoir du boulot !

Le Président Sarkozy qui avait imposé un service minimum avait consacré ce rapport à la grève en concluant que, désormais, quand il y en a une, personne ne s’en aperçoit. Il avait raison. C’est devenu une survivance ringarde de « l’ancien monde ». On a pu entendre, récemment, de jeunes contrôleurs d’Sncf proposer, plutôt que d’arrêter le travail, de procéder à un grand nettoyage des rames de Ter. On en est arrivé à cette situation où les salariés en grève pour défendre leur bifteck ou, comme c’est le cas présent, la sécurité des clients, doivent consentir à faire des heures supplémentaires gratuites pour montrer que, malgré leurs difficultés, ils gardent le sourire. Sourire et rire obligatoires dans notre société des médias et du divertissement. Peu à peu, un consensus s'installe pour approuver les décisions prises d’en-haut, y compris quand elles vous desservent personnellement. On légitime peu à peu toutes les régressions sociales qui n’ont d’autre équivalent que les progrès techniques et les rendements des actions.

Large - grèves 2018

La grève, les manifestations de revendications dans les rues ne sont plus comprises par le grand public. D’abord, il n’est même plus au courant. Il faut dire aussi que, depuis des lustres, les organisateurs s’y prennent mal pour expliquer leurs mouvements. Dans les rues, sur les parcours des manifs, on a pu voir, on voit, des défilés parfois déguisés, parfois dansants, accompagnés d’instruments de musique, d’une sono bruyante avec souvent un groupe local. Alors que la conscience politique baisse dans le même temps, le grand public qui se sent peu concerné assiste à une sorte de carnaval. Forcément, il ne peut que penser que les manifestants ne sont pas malheureux puisqu’ils chantent et dansent. Ils voudraient pas en plus qu’on lise leurs papiers et qu’on les approuve ! Exagération ? Le fait est que le syndicat qui appelle le moins à la grève mais qui explique à ses sympathisants pourquoi il faut se serrer la ceinture et n’être pas trop exigeant, progresse et est sur le point de devenir le premier en France, tous secteurs confondus.

 

Sur le terrain, la situation n’est pas meilleure. Lors de la manifestation des pompiers de la mi octobre, on a vu les gendarmes mobiles charger, faire usage de gaz à bout portant, de lances à eau contre des pompiers en fin de manifestation alors qu’ils regagnaient leurs autocars. On a sans doute pensé en haut-lieu que des salariés du Ministère de l’Intérieur n’auraient pas osé s’en prendre à d’autres salariés du Ministère de l’Intérieur.

https://www.francetvinfo.fr/france/direct-pompiers-manifestation-nationale-paris-salaires-retraite-agressions_3660161.html

La répression de la ZAD de NDDL obéissait à l’impératif d’infirmer toute idée qu’il pourrait y avoir une autre organisation sociale que celle proposée par la société qui met tout en concurrence, qui s’en prend à la protection sociale mise en place à la Libération en réduisant les moyens de l’État et des services publics afin de mieux les brader et d’ouvrir au marché ce qui était gratuit, autrement dit pris en charge par l’impôt et la solidarité. On a commencé à mettre les individus en concurrence par divers moyens, en opposant des catégories, des tranches d’âge, des pratiques sexuelles, les genres, en favorisant de fait le communautarisme. Il n’est pas anodin que le communautarisme s’est d’abord développé dans les pays les plus libéralistes ou à partir du moment où ils sont passé à l’ultra-libéralisme comme la Grande-Bretagne. Les manifestations qui échappent à cette mise en concurrence mais rassemblent sans distinguer sur les critères pré cités des salariés, des usagers de services publics, des retraités sont bafouées par les médias et justifient la répression par un pouvoir qui sait qu’il ne sera pas contredit par ces catégories qui occupent désormais l’espace médiatique.

On se souvient que les CRS n’avaient pas osé toucher à l’Abbé-Pierre, venu manifester son soutien à des malheureux sans-abris, en fauteuil roulant et arborant ses insignes de Grand-Croix de la Légion d’honneur. Gageons que, de nos jours, avec le Ministre que nous avons, avec les jeunes générations de fonctionnaires de police et leurs cadres et préfets, on n’aurait pas hésité à le renverser et à saccager les abris de fortune des sans-abris.

Il y a presque un an, des gens plutôt indifférents aux malheurs des autres, qui regardaient jusque là les manifestations d’un mauvais œil, sont descendus à leur tour dans la rue et ont été tout étonnés de la violence de la répression à l’encontre de quidams tout à fait pacifiques. Il a fallu le mouvement des gilets-jaunes pour que le grand public prenne la mesure de l’intolérance gouvernementale à l’encontre des manifestants. Pourtant, il y a eu des précédents récents. Sous le précédent gouvernement, d’obédience socialiste, on a réprimé violemment les opposants à la « loi-travail », aux débatteurs des « nuits-debout ». Un peu avant, le même gouvernement avait assigné à résidence des activistes écologistes pour les empêcher de manifester aux abords du sommet de Paris sur le climat. Au passage, les heures supplémentaires des policiers ne leur ont pas été payées. Dans la foulée, on a fait voter une loi qui réduit considérablement le droit de manifester. Les attentats à Paris l’ont motivée mais on a constaté qu’elle est davantage dirigée contre les manifestants pacifistes et environnementalistes que contre les terroristes ou même les casseurs.

On peut donc conclure que les années, les mois à venir vont voir l’interdiction de fait des grèves et des manifestations et, d’une manière générale, de toute forme de contestation publique. Sur les réseaux sociaux, les plus favorables à la contestation ont été étonnés de voir qu’en Espagne, au Chili (actualité oblige), on observe la même répression. Il faut dire qu’une certaine gauche est persuadée de vivre dans le pays le plus répressif du monde et qu’on marche vers le fascisme dans un contexte de corruption généralisée. C’est beaucoup plus simple que ça. Nous avons écrit à plusieurs reprises que l’ultra-libéralisme est un totalitarisme. Par la propagande (les médias), l’Éducation, on a réussi à persuader presque totalement l’opinion publique qu’il n’y a qu’une seule politique possible, qu’un unique système économique et social, une seule façon de produire. Alors qu’on est sur le point de parvenir à la persuasion totale, il ne saurait être question de laisser subsister, de ci, de là, des mouvements contestataires, que ce soit pour des salaires raisonnables, contre la fermeture de lignes de trains, la fermeture d’hôpitaux, de maternités, de services de soins, de lits d’hôpitaux, d’écoles, de lycées professionnels et même de perception. On arrive à faire passer l’idée que toute manifestation de rue est insupportable et intolérable.

 

Nous venons d’évoquer deux mouvements. Le premier est parti d’un accident routier qui a fait dérailler un train. Le seul professionnel à bord du train, blessé, a dû rassurer les passagers (dont certains blessés aussi), leur donner des consignes avant de sécuriser la voie pour éviter un autre accident avec d’autres trains. Les cheminots réclament un autre professionnel dans chaque train, un contrôleur par exemple qui pourrait aussi renseigner les voyageurs ou vendre les billets à ceux qui n’ont pas de guichet à proximité de chez eux.

L’autre provient d’un malaise des pompiers, de plus en plus agressés par des salopards qui leur tendent des pièges, qui leur lancent des projectiles, qui les agressent alors qu’ils viennent sauver des personnes. Il n’y a pas que des salopards. Des quidams se plaignent des prestations des pompiers, de leur manque de rapidité ou parfois d’erreurs toujours possibles. On porte plainte contre des pompiers ou, du moins, on essaie mais l’intention est là. Pour couronner le tout, les collectivités locales cherchent à réduire leurs moyens en personnel, en matériel et en rémunérations. Il faut rappeler que pompier n’est pas considéré comme un métier à risque. Pourtant, on nous dit que les pompiers sont très bien vus par la population en général. Il semble qu’il y ait de plus en plus d’exceptions et, sur le terrain, les pompiers ne sont pas toujours bien reçus. Pour qu’ils en viennent à monter à Paris, en tenue, pour crier au secours, il faut que la situation soit grave. Le Ministre Castaner leur a opposé son mépris et a donné l’ordre de leur faire passer l’envie de manifester. Où en sommes-nous lorsque ceux qui sont chargés de la sécurité intime, qui sont habités par le désir de servir et de sauver les autres, sont méprisés par une partie de la population et par leur ministre de tutelle ?

https://actualite.20minutes.fr/societe/2631959-20191019-droit-retrait-greve-sauvage-sncf#xtor=EREC-182-[actualite]

https://francais.rt.com/france/67000-manifestation-pompiers-paris-hospitalise-pompier-adjudant-chef-risque-perdre-son-%C5%93il

https://www.francetvinfo.fr/faits-divers/police/manifestation-des-pompiers-a-paris-un-adjudant-chef-gravement-blesse-a-loeil_3663509.html

https://www.francetvinfo.fr/faits-divers/police/pompiers-des-tensions-avec-les-crs-en-fin-de-manifestation_3660655.html

 

syndicats

Le Ministre de l’Intérieur actuel est le plus incompétent depuis bien longtemps comme le prouve sa gestion des manifestations de gilets-jaunes. Pourtant, de toute évidence, il a le soutien de ses supérieurs dans la mesure où il cherche à faire passer l’envie à tout le monde de manifester et de montrer ainsi les imperfections les plus criantes du système. Pour le moment, il ne touche pas aux manifestations syndicales, il est vrai strictement encadrées mais toutes les autres font l’objet de répression disproportionnée. L’opinion publique commence à intégrer l’idée que manifester, ça ne se fait pas.

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Commentaires
J
Rien à ajouter qui n'ait déjà été dit et redit depuis que se multiplient les constats du désastre social où nous a conduits cette Pensée unique qui s'est faite la doxa de la mondialisation. Les signaux d'alarme n'ont pourtant pas manqué. De Viviane Forrester ("L'horreur économique", 1996) à Michael Moore, de Bourdieu à Ken Loach, des affres du plan Hartz IV abondamment commentées en leur temps aux politiques d'austérité imposées par l'UE qui ont ramené les partis dits populistes sur le devant de la scène (gauche et extrême-gauche au Portugal, extrême-droite en Allemagne, Autriche, Italie, Hongrie, Pologne...), l'état de catastrophe sociale est déclaré quasiment partout où s'est implanté ce système économique, se substituant à un État-providence qui assurait le maintien d'un ordre et d'une paix sociaux, y compris dans ces terres d'élection du capitalisme que sont les États-Unis et le Canada. <br /> <br /> <br /> <br /> Avec l'extension de la pauvreté de masse s'observe celle des communautarismes, comme tu le soulignes, Diogène, ainsi que le recul de la demande en matière de culture que favorise l'expansion, conjointe à la propagande ultralibérale dont elle est connexe, d'une industrie de la distraction facile,sur les modes les plus éculés du binôme césarien "du pain et des jeux", destiné à asseoir l'idiocratie propre à maintenir les masses qui s'y assujettissent à un état de crétinisme béat propice à la soumission et à l'achat compulsif. <br /> <br /> <br /> <br /> Dès les années 90, les syndicats encore ouvriers et déjà peu représentatifs, ont accepté de signer les premières "réformes" signant la casse sociale - tout en dénonçant celles-ci en amont et en aval. Cela n'a plus cessé depuis et l'indifférence de ces syndicats à l'endroit du traitement réservé aux précaires, que nous avons déjà pointée ici, a contribué aux yeux des contempteurs du "système" à les ranger dans le camps des collabos. On a vu ce qui s'est passé lorsque la CGT a tenté de récupérer le mouvent des Gilets Jaunes à ses débuts. La CGT et ses processions devenues caricaturales, que précèdent dans nos provinces un vieux fourgon dont la sono balance du "Foulard rouge" de Fugain et autres vieilles scies crypto-revendicatives ayant reçu l'onction des majors du disque. Exit la CNT, syndicat d'obédience libertaire, Solidaires fait de la figuration, Sud se maintient vaille que vaille, l'extrémisme revendicatif ne parlant pas à grand monde à trop se tenir depuis qu'il existe, dans une logique de débat permanent sans issue concrète. <br /> <br /> <br /> <br /> On manifeste à présent pour manifester, dans l'indifférence du chaland à ces drapeaux qui rouges qui bariolés et ces banderoles frappées du logo de syndicats que les plus revanchards des chalands précités voient comme vendus de longue date au système qu'ils prétendent décrier, et dont les maisons-mères n'ont rien à voir avec les poussiéreux locaux qu'ils occupent encore dans certains quartiers populaires (https://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:Si%C3%A8ge_CGT_Montreuil.jpg - https://www.loci-anima.com/fr/projects/siege-social-de-la-cfdt - https://encrypted-tbn0.gstatic.com/images?q=tbn:ANd9GcQuED5ZzTAOT16Kp3IiWeE1TUvdKAtrXdLDbz1_wQfbZWxtA-8JLg&s). Le monde ouvrier est affaire d'étrangers et de jeunes qui y effectuent un passage voulu le plus bref possible vers l'eldorado de la classe moyenne, conquis grâce au crédit qui fera d'eux des propriétaires puis par là, des rentiers. Se revendiquer des classes populaires revient à se ranger parmi ces bêtes noires du système que l'on surnomme les cassos'. On se veut, se prétend et s'affirme de la classe moyenne, même si l'on crèche à Aulnay, Villeurbane, Saint-Herblain ou la Castellane. On l'a vu lorsqu'on demandait aux plus mal barrés des Gilets Jaunes de se situer sur l'échelle sociale. La classe laborieuse, jadis terreau électoral, est à présent le contre-exemple, l'étape ultime avant la mise à l'index, par "ceux qui travaillent", occupent-ils des postes subalternes et précaires, de ceux qui survivent de prestations sociales et que l'on montrera du doigt en les qualifiant d'"assistés". <br /> <br /> <br /> <br /> Le lit de la Pensée unique, il est dans ce mépris que les pauvres vouent à plus pauvres qu'eux, que le prolo inflige au miséreux, dans cette adhésion des ignares aux dérivatifs idéologiques que constituent les mythes conjoints d'une immigration massive et d'une mainmise de l'Islam sur notre société. Les communautarismes naissent d'une volonté de se protéger d'une société estimée menaçante et dangereuse, en ce qu'elle s'est montrée globalement incapable d'intégrer ses apports étrangers ou qu'elle les a délibérément tenus à l'écart, voire en esclavage. Les communautarismes se créent aussi pour faire corps contre des communautés estimées antagonistes. Dans les deux cas, leur existence signe l'échec de la doxa républicaine, qui se résume alors à une forme de liturgie ponctuelle, récitée lors des commémos et à l'heure des belles professions de foi pré et post-électorales. <br /> <br /> <br /> <br /> La logique de grève ne peut avoir d'efficacité que globale, à savoir lorsque chacun va se se sentir concerné et par les revendications émises par les grévistes et par la dénonciation de l'idéologie qui les a amenés à émettre ces revendications. Le problème est que depuis trop longtemps, les syndicats officiels ont décrété des mouvements de grève destinés à préserver des intérêts corporatistes dans un dessein purement clientéliste. <br /> <br /> On n'a pas fait grève dans l'Enseignement pour dénoncer la mauvaise qualité des programmes et leur objectif de formatage des jeunes esprits à la doxa libérale, on a fait grève dans l'Enseignement pour maintenir des acquits, des avantages corporatistes. S'il fallait faire grève pour dénoncer la qualité discutable de l'enseignement prodigué à nos jeunes et le maintien de certaines méthodes d'apprentissage qui ont fait la preuve de leur échec, ce serait aux parents d'élèves et aux élèves eux-mêmes de le faire. Pourquoi ne le font-ils pas ? Parce que sans doute, implicitement, on abandonne le droit de grève à ceux dont c'est le métier de décider ou non d'une grève. <br /> <br /> Il a existé dès les années 90 un Mouvement national des chômeurs et précaires (MNCP) dont les coopérations avec les syndicats officiels ont été fluctuantes. On doit à ce mouvement quelques avancées. Mais on cherche en vain quelque forme de mouvement revendicatif hors du monde du travail, qui fédèrerait par exemple les locataires face à la spéculation immobilière et aux pratique des agences. On a dans ce domaine des associations dont on qualifiera l'activisme de sporadique, de même qu'il existe une association des usagers de l'Administration dont on n'entend plus parler, une autre de l'usager des banques qui est quasiment invisible, une sorte de fédération des motards dont on sait qu'elle a été récupérée par une multinationale des assurances. <br /> <br /> <br /> <br /> On a dans ce pays où les dysfonctionnements sont si nombreux qu'ils sont devenus la norme, un terreau de contestation qui ne peut plus s'exprimer que par les voix autorisées, et cela fait partie, à mon sens, de ce qui à la base à généré le mouvement des Gilets Jaunes. Mouvement qui, avant de s'étioler en d'interminables marches et vaines parlottes, avait fondé bien des espoirs chez ceux qui désespéraient de voir les populations se prendre en main en se passant de la bénédiction des syndicats et des partis politiques qui ont fait de la revendic' leur fonds de commerce. <br /> <br /> <br /> <br /> Gageons que ce n'est là qu'un tir à blanc. Au vu de ce qui bouge un peu partout dans le monde et qui est sévèrement réprimé, y compris chez nous, on peut rêver pour l'avenir l'organisation de mouvements plus structurés, et dans leurs actions et dans leurs revendications, capables de se fédérer dans un projet de société alternatif à la Pensée Unique, dont il n'est pas besoin d'être expert pour vérifier qu'elle a franchi ses limites : lorsque à la violence symbolique propre à tout système organisé en société succède la violence par les armes, le seuil de rupture est franchi et se profile la logique de guerre.
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