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la lanterne de diogène
1 novembre 2019

Rentrée Rétro sur Inter en 2019

Pour commencer, un vrai moment d’émotion dans « L’instant M » du jeudi 24 octobre 2019. Mme Devilers qui venait d’affirmer qu’en 1979, notre radio s’appelait « Paris Inter », n’arrive pas à se maîtriser à la fin lorsqu’elle évoque avec le photographe iranien Réza, l’enterrement à Paris d’un journaliste iranien. C’est pour ça qu’on aime la radio. On ne triche pas. Tout s’entend.

https://www.franceinter.fr/emissions/l-instant-m/l-instant-m-24-octobre-2019

Nous épinglons assez souvent cette émission, pour ses liaisons différées et quelques points de vue parisianistes pour ne pas saluer une nouvelle fois, le très bon boulot effectué sur les médias et ce moment rare où l’animatrice et l’invité sont saisis par le sujet traité. Respect !

 

Ce préambule annonce d’autres félicitations. Inter nous a régalé tout l’été avec des concerts et paraît recommencer dès la rentrée. Pourvu que ça dure, d’autant que, le vendredi, à 21 h, il y a une des rares émissions en direct et public. Dommage que cet ancien dépôt ferroviaire, connu sous le nom de « Charolais » (car construit le long de la rue du même nom) , s’appelle désormais « Ground Control ». Qu’est-ce que ça veut dire ?

Au mois de septembre, M. Demorand nous a aussi régalé avec le choix de ses invités : Edgar Morin, Thomas Piketty, Pascal Bruckner, Régis Debray, Boris Cyrulnik, Edward Snowden, Alain Finkielkraut, François Sureau, Christiane Taubira. À noter que, le vendredi, Mme Salamé, habituellement absente pour préparer son émission de télévision, a tenu à être présente face à ses invités. Le reste n’est pas à l’avenant. On ne peut pas tutoyer l’excellence en permanence et il faut apprécier ces grands moments avec des invités prestigieux. Le problème principal reste le peu de temps laissé aux auditeurs qui appellent et la curieuse sélection des questions, parfois. Ainsi, mercredi 25 septembre 2019, une seule auditrice à l’antenne et pour une question sur la disparition annoncée de la librairie de Tourcoing à M. Darmanin, Ministre des Comptes-publics. Il répond longuement bien entendu. Ensuite, les deux animateurs voulaient se garder du temps pour interroger le ministre sur la réforme de l’audiovisuel public et la création de France-Média annoncée le matin. Nous y reviendrons. La veille, aucun auditeur à l’antenne et juste une courte lecture des questions posées sur l’application.

 

Un autre coup chapeau pour M. Goumarre et son « NRV ». Cette émission a changé plusieurs fois de formule depuis sa création voici six ans. Au début, on avait l’impression de renouer avec le « Pop Club » mais dans une version actuelle. L’an passé, les deux parties distinctes ont semblé consacrer un format intéressant : magazine (avec le sempiternel « mon invité aujourd'hui est ») et chanson en direct (ou non) en première partie et la deuxième partie, tournée vers l’actualité mais avec le recul pour la réflexion, confiée à M. Christophe Bourseiller. Il arrive dès la première heure à présent tandis que 5 minutes de chanson en direct concluent avant le journal de 23 heures. Regrettons juste cette bizarrerie qui consiste à pouvoir écouter l’émission dès 18 heures pendant que d’autres émissions passent à l’antenne en direct. Curieuse concurrence interne. Déjà qu’Inter entend concurrencer les autres stations du groupe Radio-France. Ensuite, on retrouve les grandes archives de France-inter, autrement dit, on peut ré-écouter une série ou un thème traité à partir des archives. Parait-il que ça ne plaît pas à tout le monde mais nous pestons suffisamment contre les animateurs qui méprisent ouvertement leurs prédécesseurs et contre le fait qu’on ne rende pas hommage aux disparus pour ne pas féliciter cette initiative qui permet de ré-écouter de bons moments. Toujours intéressant d’entendre ce qu’on savait faire avant. Avant, c’était avant la réforme annoncée de l’audiovisuel public.

On s’achemine donc vers un projet de holding qui vise surtout à faire diminuer le budget de l’ensemble des chaînes, stations et sociétés concernées. Officiellement, on s’en tient à la ligne directrice : « il faut faire des économies ». Tout le monde approuve car ça veut dire moins d’impôt et moins de redevance.

Dans la réalité, on veut que l’audiovisuel de l’État fasse mieux avec moins de moyens (car on limitera son recours à la publicité). On sait pertinemment que ce n’est pas possible. Par conséquent, on veut la fin de l’audiovisuel public comme on veut la fin de tous les services publics et du modèle français. La France doit devenir un membre lambda des institutions auxquelles elle appartient et ne plus proposer la moindre esquisse de modèle alternatif, surtout s’il est performant. On s’ingénie à le rendre moins performant pour justifier sa suppression.

 

Sinon, la couleur de l’antenne est tout à fait rétro en cette nouvelle saison. Explications. Inter ressemble à s’y méprendre à Fréquence Gay, une de ces stations nées de la vague des radios libres au début des années 1980 et qui ont permis à la communauté gay de se faire connaître, loin des clichés méprisant qui avaient cours jusqu’alors. Comme la grille n’est pas extensible (d’autant qu’il n’y a plus que des rediffusions la nuit), Inter propose aussi des émissions gays uniquement sur l’Internet et M. Demorand se propose d’expliciter ce que signifie le sigle LGBTQ+ (car chaque pratique veut avoir sa lettre et, pour le moment, on s’est arrêté au Q) et notamment « queer » avant de nous renvoyer au site Internet. Observons qu’il y a de plus en plus de renvois au site Internet ou au podcast. On a l’impression que le support radiophonique tend à devenir anecdotique et que les vrais reportages, les grandes enquêtes se trouvent désormais sur le site, les entrevues complètes aussi. La radio perd du terrain y compris sur la principale station de radio française. Toujours dans le rétro mais encore plus ancien avec la nouvelle émission « Modern Love » (pourquoi encore un titre anglais?) le dimanche en début de nuit. Certes, il a fallu trouver quelque chose dans la précipitation après le retrait de M. Baer qui n’avait pas vraiment convaincu l’an dernier mais qui était prévu dans la grille. « Modern Love », c’est le retour de Ménie Grégoire. On objectera que plus personne ne se souvient de Ménie Grégoire et que ce rappel ne peut venir que d’un vieux, donc hors-jeu. Tout de même, il est effarant que, dans le style comme dans les sujets abordés et même l’intonation des auditeurs qui passent à l’antenne, on retrouve, à l’aube de la troisième décennie du 21e siècle, un décalque d’une émission qui a connu le succès trois décennies avant la fin du siècle dernier. Pour le reste, nous avons pointé des émissions qui tournent plus au moins autour de la même thématique. Pour enfoncer le clou, « Modern Love » du 27 octobre 2019 demande comment définir et incarner correctement la transidenté et la transition avec notamment les « films transgenre ». Les émissions interactives se consacrent, successivement aux thèmes liés à la PMA et à la version française de « me too » en sachant qu’il y a des passerelles établies entre les deux.

 

Un mot sur M. Trappenard qui ne se retient désormais plus. On devine que son émission comporte dans son cahier des charges l’obligation de rendre compte de l’actualité culturelle et cette contrainte lui pèse de plus en plus. Il ne cache plus qu’il est excédé à l’idée de perdre 2 minutes pour informer sur les événements parisien ; car l’émission s’adresse d’abord aux Parisiens et à quelques provinciaux qui ont le bon goût de vouloir se cultiver comme de vrais Parisiens. Voici comme M. Trappenard annonce l’actualité culturelle le 24 septembre 2019 : « Celle qui se noie dans un verre d’eau, avec son actualité sordide et putassière : c’est la culture, évidemment. ». S’ensuit un sujet sur Degas à l’opéra. Le 1er octobre 2019, il récidive : « C’est la culture et son actualité bonne pour le vide-ordure. ». S’ensuit la voix de Jessye Norman morte la veille ; bonne pour le vide-ordure, donc… Or, c’est tous les jours qu’il y a une introduction intentionnellement péjorative.

 

Le gros de l’actualité médiatique de cet automne aura été l’arrestation de Dupont de Ligonès. Déjà, plus personne ne souvient exactement de l’affaire. Or, les radios (RTL y a consacré l’essentiel de sa matinale) ont consacré un temps illimité à ce sujet. Pourtant, quels que soient les crimes de cet individu, il n’est ni l’ennemi public n°1, ni un tueur en série. S’il est nécessaire de l’arrêter et de le châtier pour avoir fait couler le sang, il ne représente pas un danger pour la société qui justifie qu’on interrompe le cours normal des émissions pour statuer sur les conséquences de l’arrestation. En plus, on apprendra rapidement qu’il s’agissait d’une erreur judiciaire due à une dénonciation anonyme et que le prévenu n’était pas le meurtrier en cavale mais un quidam qui rejoignait son épouse en Grande-Bretagne. Comme dans les dérapages précédents*, les médias n’ont pas jugé utile d’adopter un profil bas. Pis, ils ont retourné la situation à leur avantage en prétendant qu’ils ont rapidement émis des réserves sur le suspect arrêté. On se souvient qu’il n’en a rien été.

Le rendez-vous d’Inter avec la médiatrice l’a évoqué mais il est pipé comme d’habitude. Ainsi le traitement de l’affaire Dupont de Ligonès : la directrice de l’info se focalise sur les doutes que la rédaction a, soit-disant, commencé à avoir très tôt. En fait, on voit comment les questions sont contournées et que le fond du problème est éludé. Les journalistes ne sont pas en cause pour s’être trompés (l’erreur est humaine) mais pour avoir consacré autant de temps à un fait divers dont plus personne ne se souvient. La médiatrice oppose le même type de réponse à côté au sujet de Le Pen. À partir du moment où le RN fait partie du paysage politique, on ne peut leur interdire l’antenne. Certes mais ce qui pose problème, c’est d’inviter JMLP qui n’a plus de responsabilité dans son parti et qui est retiré de la vie politique. Seulement, les journalistes espèrent toujours qu’il va sortir une monstruosité qui va occuper les rédactions pendant des jours et des semaines et se dispenser de traiter d’autres sujets d’actualité qui demandent davantage de moyens.

annette ardisson

Pour terminer, on a annoncé le vendredi 11 octobre, la mort d’Annette Ardisson. On ne l’imaginait pas retraitée car elle a gardé jusqu’au bout une voix de jeune femme. Pour une fois, on en a parlé un peu puisque, dès le vendredi soir, Mme Alexandra Ackoun y a consacré un sujet pendant le dernier journal parlé puis, le lendemain, M. Serge Martin a terminé son journal de 8 heures avec l’évocation de sa consœur avant que Mme Patricia Martin ne se souvienne que, lorsqu’elle animait la matinale, c’était elle qui se chargeait de l’entrevue politique. Heureuse époque où la matinale était décontractée, où l’entrevue politique ne débordait pas, où l’on passait des chansons qu’on fredonnait en partant au boulot. Le bémol, c’est que l’hommage à Annette Ardisson a empiété sur l’entrevue avec Mme Clémentine Autain (les entrevues du week-end sont déjà plus courtes qu’en semaine) et non pas sur celle avec l’invité qui s’est répandu sur l’arrestation de Dupont de Ligonès.

 

https://www.franceinter.fr/info/annette-ardisson-une-grande-voix-de-france-inter-s-est-eteinte

https://www.francetvinfo.fr/economie/medias/annette-ardisson-l-une-des-premieres-femmes-redactrice-en-chef-de-france-inter-est-morte-vendredi-a-l-age-de-69-ans_3654833.html

https://www.ouest-france.fr/normandie/calvados/trouville-annette-ardisson-voix-de-france-inter-est-decedee-6560822

 

 

* Timisoara, la guerre du golfe de 1991 notamment

 

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Commentaires
J
Navré Diogène d'avoir, bien malgré moi, mangé la consigne !<br /> <br /> <br /> <br /> Je ne connais pas cette Madame Devillers, au demeurant charmante, mais sa bévue témoigne de ce phénomène contemporain que j'ai pointé par ailleurs dans mes commentaires : la précipitation. On ne résume pas, on ne synthétise pas un propos, on le schématise sur un débit rapide, c'est un survol à basse altitude à la vitesse du son. On n'a pas le temps, le temps est compté. Je pense que les intervenants actuels, dans les radios, sont formés à ça, et que l'auditeur actuel est dans cette demande d'information (au sens large) encapsulée dans un espace-temps labile, vite dit vite oublié, et en amont, vite préparé. <br /> <br /> <br /> <br /> Une remarque : Paris-Inter émettait entre 1947 et 1957. Si on ne consulte pas l'oracle Wiki, on n'est pas forcé de le savoir ou de l'avoir gardé en mémoire, même si on s'intéresse à l'univers de la radio. Je ne parierais pas que Sonia Devillers, dont l'oracle précité nous dit qu'elle est née en 1975, ait connaissance de cette étape dans l'histoire de la chaîne qui l'emploie. Je serais tenté d'émettre l'hypothèse d'un lapsus. <br /> <br /> <br /> <br /> Sur son appréciation du journal de Pernaut, je dirais qu'elle a raison et qu'elle a tort. Pernaut offre à son auditoire une approche de la province vue sous un angle parisianiste : on vit comme ça, là-bas, présenté sur la base de clichés bon enfant empruntant à une vieille mythique rurale dont on peut douter qu'elle ait jamais eu cours lorsqu'on a quelque expérience des rugosités du terrain campagnard. Mais c'est ainsi, de "Jour de fête" de Tati à "21 nuits avec Pattie" des frères Larrieu, en passant par "Le pays bleu" de Jean-Charles Tacchella, on a pris l'habitude de nous montrer la campagne sous un angle propre à séduire les potentiels néo-ruraux. <br /> <br /> C'est une construction qui nous est proposée, et non la réalité, peu importe d'ailleurs l'angle sous lequel on appréhende la réalité, caméra en main. Un petit matin de mars à Marvejols où s'attardent les froidures, ça n'a rien de séduisant. Un dimanche après-midi pluvieux à Morez ou à Villefort non plus. Mais c'est le réel. Si on veut dresser le portrait d'un personnage pittoresque, montrer le travail d'un artisan, d'un paysan, d'un artiste-peintre de Marvejols, Morez ou Villefort, on va reconstruire le réel, montrer ce qu'il est bon de montrer, occulter de son environnement quotidien ce qui ne mettra pas en valeur l'objet du reportage. <br /> <br /> Les Écossais plaisantent volontiers sur les hordes d'objectifs qui viendront se presser sur les landes et aux alentours des châteaux durant les quatre jours dans l'année où il ne pleut ni ne neige sur l’Écosse ! L'objectif construit une réalité parallèle et de ce côté-là, Pernaut n'a rien inventé. L'objectif se nourrit de clichés et en fabrique, au propre comme au figuré. L'écran n'a pas été inventé au départ pour témoigner du réel mais pour le transcender, en proposer une narration forcément subjective. <br /> <br /> A telle enseigne que le môme qui a vu "Jurassic World" va s'imaginer que certains d'entre nous ont pu connaître les dinosaures, et que sur la base de lieux communs proférés dans les conversations d'adultes, qualifiant de médiéval le mode de vie supposé arriéré qui serait en vigueur dans certaines provinces, un jeune peut voir le Moyen-Age dans tout ce qui se rapporte au monde ayant précédé sa naissance. <br /> <br /> <br /> <br /> On peut dire qu'en effet, de Gaulle et Charlemagne c'est la même époque : une époque qui s'appelle le passé. A la décharge de ces jeunes pousses, faisons remarquer qu'il y a eu plus d'évolutions technologiques en cinquante années qu'il a pu y en avoir en un millénaire, et que certaines images d'archives datant des années soixante peuvent sembler dater de siècles lointains, même à ceux de notre génération. On peut concevoir par là que les plus jeunes aient du mal et à se situer et à se repérer au regard du passé au sens large, un passé expurgé, au regard du désinvestissement de l'enseignement de l'Histoire, de ses périodes déterminantes que seule une approche pointue pourrait bien cerner, telle l'antiquité pré-chrétienne, et de certains de ses épisodes pouvant aujourd'hui prêter à polémique, telles les croisades. <br /> <br /> <br /> <br /> Cela dit, je tiens que l'intérêt pour l'Histoire, comme pour la philo, l'histoire de l'art, la linguistique, ressortissent d'une démarche personnelle et qu'il est vain d'accabler les plus jeunes de notions qui, au bout du compte, ne leur seront pas d'une grande utilité dans leurs vies d'adultes. Nous vivons dans un monde concret où prime le terre-à-terre, et la liberté est laissée à chacun de se pencher et sur le passé et sur la pensée et sur le symbole et sur les arcanes du langage. Mais ce n'est que mon point de vue, Diogène.
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L
J’avoue que je ne m’attendais pas à un commentaire de Jérémy sur ce sujet et ça m’embarrasse car je prépare un article sur le recul du média radiophonique et tout est déjà dans ce commentaire… <br /> <br /> Je ne possède pas les connaissance techniques pointues de Jérémy et je les reprendrai donc. <br /> <br /> <br /> <br /> En revanche, sur Paris-Inter, ta digression me fait penser à ce que m’a dit, un jour, une professeure d’Histoire : « Aujourd'hui, les élèves mélangent tout. Ils appellent « Moyen-Âge » tout ce qui est avant leur naissance. Pour eux, De Gaulle et Charlemagne, c’est la même époque. ». C’est aussi à ce moment-là qu’on a commencé à avoir des enfants qui demandent à leurs grands-parents s’ils ont connu les dinosaures. Ça s’ajoute aux cultures qui s’intéressent aux faits passés mais n’accordent aucun intérêt à leur chronologie et à l’enchaînement des événements et de leurs conséquences. D’ailleurs, des voix s’élèvent pour en finir avec un enseignement chronologique de l’Histoire. <br /> <br /> <br /> <br /> C’est d’autant plus curieux que la station sur laquelle travaille Mme Devillers a fêté son 50e anniversaire, il y a moins de dix ans et qu’elle est arrivée en 2005. On peut supposer que, comme c’est encore souvent le cas sur Inter, elle ignore ce qui s’y passe en dehors de ses interventions.<br /> <br /> Le demi siècle de France - Inter<br /> <br /> <br /> <br /> Personnellement, j’ai pris le parti de désigner sous le vocable d’Inter, la radio que j’écoute quasiment en continu par flemme de changer l’aiguille de recherche des fréquences, de peur de ne pas la retrouver. En effet, dès 2011, je dénonçais le caractère parisianiste de la station, accentué sous la direction de M. Philippe Val. Depuis son départ, ça s’est à peine amélioré et les émissions de divertissement en direct des grandes villes de province n’y changent absolument rien. Au contraire, on a l’impression d’entendre des missionnaires qui apportent la bonne parole et le bon goût parisien aux pécores. <br /> <br /> Paris-Inter <br /> <br /> <br /> <br /> Paris Inter 2 <br /> <br /> Pas plus tard que ce matin, 4 novembre, dans son excellente chronique sur l’actualité médiatique, Mme Devillers a exprimé, une fois de plus, son mépris pour le journal télévisé de M. Pernaut qui, d’après ce que je comprends, est orienté sur la France hors région parisienne. Autrement dit, c’est là quelque chose de tout à fait incompréhensible pour nos élites médiatiques. <br /> <br /> <br /> <br /> Parlant de province radiophonique, France-Bleu n’a évidemment pas une grande audience mais assure un service public en informant sur les événements locaux et en mettant en relation les auditeurs. Maintenant, on peut penser que l’audience varie selon la station. Et puis, ce n’est peut-être pas anodin de constater que des anciens animateurs de RMC de la grande époque, que tu évoques souvent Jérémy, officient à l’occasion sur France-Bleu. <br /> <br /> <br /> <br /> Parlant du nom de la radio dite de « service public », pas plus tard que ce même matin du 4 novembre, « le grand invité de la matinale », à savoir M. Daniel Cohn-Bendit a entamé son propos par un préambule ironique où il exprimait son plaisir à venir sur « Radio Nostalgie socialiste ».
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J
Ah la belle époque de "Paris-Inter", en 1979 ! Nous arborions le col pelle à tarte-rouflaquettes-pattes d'eph', nos compagnes la mini-coupe-afro-platform-boots, et nous écoutions la TSF, le soir venu, groupés autour du poste à galène (*). <br /> <br /> C'est cette année-là, si je me souviens bien, que Jacques Chirac annonçait la prochaine sortie du tunnel...<br /> <br /> <br /> <br /> Fermons la parenthèse uchroniquo-chiraquienne pour revenir à notre glorieuse ère de mutation. <br /> <br /> <br /> <br /> Je te cite, Diogène : "Observons qu’il y a de plus en plus de renvois au site Internet ou au podcast. On a l’impression que le support radiophonique tend à devenir anecdotique et que les vrais reportages, les grandes enquêtes se trouvent désormais sur le site, les entrevues complètes aussi."<br /> <br /> <br /> <br /> On en a déjà parlé ici, la pratique de la radio a à ce point changé que le récepteur a disparu de bien des foyers et que le tuner n'est plus qu'une option sur ces combos improprement appelés chaînes haute-fidélité, proposés pour quelques centaines d'euros en grandes surfaces. La radio telle que ceux de notre génération l'ont connue et pratiquée est appelée à disparaître au profit du podcast et du fond sonore sélectionné sous forme de playlist rattachée à un genre précis, ou remisée sur un support numérique. Je pense que la télé connaîtra le même destin. Avant dix ans d'ici, le déploiement de la fibre et du 5G en sont les prémisses, on sélectionnera ce qu'on veut visionner à partir de portails qui existent d'ailleurs déjà depuis un bout de temps (Pluzz, Arte, TSR, M6 etc... ) et sur les pages dédiées des émissions-phare sur YouTube. Pratique qui existe déjà chez ceux qui n'ont plus la télé ou qui ne veulent pas s'encombrer d'accablants tunnels de pub. <br /> <br /> <br /> <br /> Des milliers de webradios et de webtélés existent, apparaissent, sont écoutées, visionnées, partagées au gré des goûts et des attentes de chacun, et les plus anciens se souviendront de cette brève préhistoire de l'ouverture de l'expression par les ondes, pour le meilleur comme pour le pire, que furent les années "radios libres" - et chez certains, des tentatives d'intrusion dans des réseaux télévisuels corsetés à l'époque par l’État. <br /> <br /> <br /> <br /> Pour ma part je trouve intéressante cette idée d'horizontalité, de partage, de choix individuel de ce qu'on souhaite écouter, voir, lire, qui vont à l'encontre des principes admis depuis l'invention des media de masse, où ce qui nous est distillé par voie d'image, de haut-parleur ou de presse vient d'en haut - et c'est bien ce qui est mis en cause et dénoncé aujourd'hui dans les mouvements sociaux. <br /> <br /> <br /> <br /> L'idée de vouloir réformer l'audiovisuel français à l'aune d'économies à faire, me paraît d'une, en décalage avec l'évolution que j'essayais de dessiner, de deux émanant d'une vision purement technocratique qui ne prend pas en compte un élément qui à l'auditeur courant n'échappera pas : Quid du salaire de certains producteurs émargeant à la télé, engagés par Inter dans le dessein de damer le pion aux radios concurrentes ? De trois, si une réforme allant de le sens d'économies à faire sur le budget des media nationaux avait dû être faite, c'était en temps utile, en renonçant à la dilapidation de crédits vers des stations restées relativement marginales face à la concurrence (France Bleu), aux courants, aux modes et aux évolutions (le Mouv') des attentes et des pratiques des publics ciblés (les jeunes), et en se recentrant sur les deux chaînes encore représentatives de l'image d'une radio publique nationale, France-Inter qui vaille que vaille, a essayé d'évoluer au gré des attentes d'un public qui a beaucoup évolué au regard de ses aînés, et France-Culture dont on peut dire qu'elle est le fantôme de ce que fut Inter du temps de "la différence". <br /> <br /> <br /> <br /> Ensuite soyons réalistes, et j'ai déjà émis ici cette objection, Diogène : qui écoute encore -en continu comme à heures fixes- France-Musique, le Mouv', France-Bleu, France-Culture, face aux centaines de radios concurrentes, génériques, périphériques et locales disponibles sur la bande FM, et les milliers de webradios proposées en tant qu'applis ? En matière de télé, qu'est-ce qui permet, aux heures de grande écoute, de faire la différence entre les chaînes nationales et celles commerciales ? Il suffit de se connecter le soir sur les réseaux sociaux pour se faire une idée du nombre de gens qui les préfèrent à ce que leur propose la bonne vieille télé... <br /> <br /> <br /> <br /> Est-ce à dire qu'il faut tout privatiser pour se plier aux injonctions de la doxa libérale ? Cela n'empêchera pas les media alternatifs et parallèles de se développer et n'enlèvera rien, bien au contraire ! à la suspicion des media historiques d'être à la botte des pouvoirs politiques et financiers, ni à la mise en accusation de leurs potiches, éditocrates, chronicailleurs tous issus du sérail, de toucher de très confortables émoluments qui en font les produits d'un système dont ils sont de fait partie prenante, quand une majorité de ceux qui sont supposés se tenir de l'autre côté de l'écran et des haut-parleurs, en sont les otages. <br /> <br /> <br /> <br /> L'un des intérêts des mouvements sociaux actuels se tient dans cette émergence des directs sauvages diffusés depuis le théâtre des opérations, et relayés par les réseaux sociaux. Elle va de pair avec le rejet, jusque-là latent, de media et de rédactions aux ordres, centralisés, aux mains de grands groupes comme inféodés à l'idéologie imposée à un État, et que l'État nous impose, État passé en peu d'années de l'image d'entité tutélaire bienveillante au statut d'ennemi public. <br /> <br /> <br /> <br /> (*) https://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9cepteur_%C3%A0_cristal
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