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la lanterne de diogène
20 février 2020

Manifs festives ?

Entendu ce matin à la radio, un responsable syndicale propose :

« Il faudrait que les manifs soient plus festives pour attirer plus de monde »

 

Eh bien, je suis pas d’accord !

 

Une manif, c’est pas une fête. Ça doit impressionner.

Aujourd’hui, comment est perçue une manif ?

 

- C’est des gens qui vont pas bosser

- qui ont l’air de s’amuser puisqu’il y a de la musique, des drapeaux, des costumes

- qui emmerdent tout le monde.

 

On va pas attirer les indécis en leur disant : venez à la manif, on va faire la teuf.

 

Je développe et je traduis.

C’est des gens qui vont pas bosser : donc, ils peuvent se permettre de paumer une journée de salaire ; eh ben moi, j’peux pas. Je vais pas défiler avec des gens qui braillent alors qu’ils ont plus de pognon que moi.

En plus, ils amènent une sono sur un gros 4x4 (au fait ça coûte cher ça aussi), y a une ambiance de discothèque, y en a qui sautillent, y en a qui chantent : ils ont l’air de bien s’amuser pendant qu’ils bloquent la circulation, que je peux pas aller chercher ma fille à l’école, que je peux pas aller faire les courses, pour une fois que j’ai une demi journée de libre..

Ils ont le droit de pas être content (mais c’est pas les plus malheureux) mais en attendant, ils emmerdent tout le monde. Je vais pas en plus lire leurs tracts !

 

Les manifs sont présentées par les médias et par la droite comme des chahuts qu’on tolère parce qu’on est en démocratie (et que c’est moindre mal), mais c’est un peu comme un monôme. C’est une sorte de carnaval qui n’a pas plus de conséquence et heureusement pour nous.

Ceux à qui sont adressées les manifestations devraient, au contraire, voir des gens déterminés, pas forcément très nombreux mais suffisamment pour convaincre les indécis. J’ai écrit ce que je pensais des gilets-jaunes, notamment au début. N’empêche, ils ont obtenu en cassant les boutiques de gens qui n’y étaient pour rien, du matériel urbain, plus que tous les défilés syndicaux de ces dernières années ; même si l’on peut penser que tout sera repris petit à petit.

 

Et puis, franchement, quand on veut s’amuser, il y a de meilleures occasions que d’aller battre le pavé en plein hiver. Les manifs ne sont pas des loisirs.

manif retraites

 

https://www.alterinfo.net/notes/Greves-et-manifestations-a-Paris-et-dans-toute-la-France-a-l-appel-de-plusieurs-syndicats-IMAGES_b31786673.html

 

Une anecdote en passant (puisque l’essentiel a été dit). Je connais un groupe de personnes qu’on retrouve sur de nombreuses manifestations des alentours ; notamment celles qui touchent à l’écologie car on ne les voit pas beaucoup dans celles pour les retraites par exemple. Ce sont des gens à la retraite. Ils ont en général pu partir très tôt. Ils sont rangés et bien rangés mais gardent une nostalgie de leur jeunesse gauchiste. Eux, pour le coup, vont aux manifs pour passer le temps, s’amuser, retrouver leur copains. Ils y vont en (vieux) couples. Ils ont souvent des paquets de tracts, qu’ils distribuent en marge, pour des causes très différentes de celle qui est au cœur de la manifestation à laquelle ils participent. Ainsi, ils retrouvent d’autres gens qu’ils connaissent et ça s’embrasse et c’est bien sympa tout ça. Dès qu’ils ont vent d’une mobilisation locale contre un projet (contournement routier, décharge, éoliennes, extension de l’aérodrome etc.) qui va affecter l’environnement, ils attendent les échos de la première réunion. S’il y avait du monde, ils s’accrochent au train et, dès la deuxième réunion ou manifestation deviennent les coorganisateurs. Leurs noms figurent en haut des tracts. J’ai envie de dire que, à partir de ce moment-là, la cause est pliée, le mouvement part en quenouille et, dans le meilleur des cas, une autre association doit se constituer pour reprendre le flambeau et négocier pied à pied avec le préfet, avec les porteur du projet néfaste et avec la presse locale.

Eux, de toute façon, ne craignent rien. Ils ont assuré leurs arrières et tant mieux pour eux, souvent en travaillant dans la fonction publique tout en déblatérant sur l’État, devant leurs amis ou en réunions. Quelle que soit l’évolution de la politique, ils ne sont jamais impactés. Ils peuvent bien passer quelques heures de temps en temps à manifester tant que c’est pas trop loin de chez eux. Pensez, l’impact sur l’environnement d’un déplacement de 30 km au chef-lieu du département ! On est écologiste ou on l’est pas. Il est bien évident qu’avec des zozos de ce genre, les manifs sont festives et pas bien dangereuses pour le pouvoir. En fait, ils choisissent leurs manifs comme d’autres choisissent leurs lieux de vacances.

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Commentaires
J
Si si, Diogène ! Les manifs locales passent en boucle le "Chiffon rouge" et "Hexagone"... lorsque le groupe électrogène ne tombe pas en panne. <br /> <br /> <br /> <br /> Quant à Ferré, ce n'est pas que je le juge trop intello, c'est ce qui se disait à l'époque qui nous intéresse, où Ferré était plus dans l’œuvre que dans la chanson proprement dite, l’œuvre au sens noble, monumental du terme, que ce soit dans l'écriture ou dans la composition. Il n'est qu'à écouter son "Chant du Hibou" tiré de l"Opéra du pauvre", ou le rare album "Ferré muet", pour comprendre qu'il était probablement le dernier grand compositeur classique du XXème siècle, digne héritier d'un Ravel et d'un Debussy. <br /> <br /> <br /> <br /> Je n'ai pas croisé Ferré à Peille ni à Monaco ni nulle part, et si ça avait été le cas, je me serais bien gardé de l'aborder. D'abord j'étais un môme à l'époque où il passait du temps dans cet estanco de Peille, entre deux passages par la propriété des Grimaldi au mont Agel où les deux vieux amis s'adonnaient à leur passion respective, la ferronnerie pour le prince, l'imprimerie pour Léo. Je n'aurais eu que des banalités à dire à ce monument. Et si j'avais eu plus de carat, pour être moi-même très peu liant et clairement misanthrope, je peux comprendre qu'il ait eu envie qu'on lui fiche la paix. <br /> <br /> <br /> <br /> Oui, les aléas de l'intelligence artificielle, les pièges que nous tend l'algorithme de Google. La faune que peut attirer un simple bout de phrase, ces gens dont on peut parcourir les commentaires à l'infini dans la grande presse, sous des articles dont on parierait que certains ne les lisent même pas. Qui ont leur point de vue sur tout et qui l'expriment avec agressivité, acrimonie, moins souvent avec humour, mais qu'ils ont à cœur d'exprimer, comme si cela pouvait impacter le siècle. Il n'est qu'à parcourir les allées d'un cimetière pour se faire une idée de ce qu'est la vanité.
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L
J’évite, autant que faire se peut, d’aborder certains sujets pour ne pas qu’un moteur de recherches quelconque n’attire des indésirables qui m’agoniraient d’injures pour avoir écorché un tant soit peu ce qui leur tient lieu de convictions.<br /> <br /> <br /> <br /> Idem avec les chanteurs parce que ça relève de l’émotion. Nombre d’entre nous n’osons avouer un faible pour un chanteur ou une chanteuse de piètre qualité mais qui, une fois, a su nous toucher par une parole, une chanson, une voix, une présence à l’écran ou sur scène.<br /> <br /> Alors même que je remarque, de plus en plus, de chanteurs, de chanteuses sans voix et sans aucun talent, je préfère ne pas citer de nom. Ici même, il y a qq années, j’avais listé des gens qui, pendant les années 1970, s’étaient fait connaître parce qu’ils étaient contre tout, donc forcément contre la majorité de l’époque et ça, c’était bien vu. On leur pardonnait de tenir des propos abjects sur les féministes par exemple. Ils aimaient dire des gros mots en public, faire l’apologie de la pornographie, du moment que dans le lot, on trouvait aussi un rejet, même vague, du capitalisme. Quelqu’un avait été choqué que je tienne des « propos haineux » à leur encontre. Critiquer quelqu’un qu’on aime relève donc de la haine. Inutile de prendre ce risque.<br /> <br /> <br /> <br /> Tu auras compris, cher Jérémy, que Renaud n’est pas ma tasse de thé. En fait, je lui reproche surtout de m’avoir fait passer pour un imbécile. Je m’explique. Au cours de mes années lycées (comme je dis souvent), j’écoutais sur France-Inter, le soir à 18h, une émission de Jean-Louis Foulquier qui s’appelait « Saltimbanques », dont le générique et l’habillage musical étaient assurés par Le Grand Orchestre du Splendid qui émergeait à peine. Renaud avait été invité. Avec ce langage qu’on ne connaissait pas encore mais qui a fait sa célébrité, il a renvoyé les accusations de fils de bourgeois dont il faisait déjà l’objet. Je cite de mémoire : alors, d’abord, moi, c’est pas le 16e mais le 14e et la zone, ouais, j’ai bien connu. Maintenant, y a un stade à la place mais j’allais plus à la zone qu’au stade. Rires soutenus dans le public et applaudissements. Plus tard, sous les drapeaux, j’ai connu d’authentiques fils de prolos qui ne se reconnaissaient pas en lui. Moi, je le défendais et expliquais ce qu’était le 14e arrondissement de Paris. Cette année-là, sur sa lancée, il sort « Marche à l’ombre ». Les copains m’ont demandé si je soutenais toujours Renaud. J’ai dû battre en retraite et reconnaître qu’ils avaient raison. D’autant plus que, à l’époque de la prime jeunesse de Renaud, les travaux du périphérique à l’emplacement de la zone étaient déjà bien engagés. J’ai connu une des dernière parcelle de la zone de Paris, dans le 18e , mon arrondissement, sans toutefois connaître la vie de la zone. Moins de 10 ans plus tard, à l’occasion de l’anniversaire de Mai 68, on lui demande comment il l’avait vécu. Je cite encore de mémoire : j’étais môme en 68, alors j’ai pas fait les manifs mais je portais les tracts des gauchistes sur mon vélo. Allusion à Giscard qui avouait avoir été trop jeune pour participer à la Résistance mais qui transportait la propagande de la Résistance sur son vélo. Les risques n’étaient pas tout à fait les mêmes et Régine Deforge fera même un bouquin sur ces jeunes qui transportaient les tracts de la Résistance sur leurs vélos. Pour les 25 ans de Mai 68, Renaud avouait avoir bien connu le Quartier Latin à l’époque puisque son père était marchand de vin place Maubert d’où est partie, selon lui, la toute première manifestation. Son père écrivait des romans policiers sous un pseudonyme. Allusion à Edgar Faure. Pour les 30 ans, Renaud affirmait avoir donné son tout premier concert dans le grand amphi de la Sorbonne. Au milieu des années 2000, Renaud, dans l’émission de Stéphane Bern, « Le fou du roi » se répandait sur les artistes et les intellectuels qui fréquentaient son père, enseignant réputé sur la place de Paris. <br /> <br /> <br /> <br /> C’est une partie de ces affabulations qui m’ont inspiré l’écriture du faux témoignage sur Mai 68. Je rejoins, sur ce point, Guy Carlier qui venait d’animer une émission sur Europe 1 sur les chansons de Mai 68 où il a raconté n’importe quoi, sûr que personne ne se souvenait et, surtout, que personne ne vérifierait et quand bien même… http://lanternediogene.canalblog.com/archives/2018/03/27/36269822.html<br /> <br /> <br /> <br /> Je rappelle et je rappellerai bientôt quand le nouveau blog sera créé, que j’effectue surtout un travail de mémoire, navré que je suis de constater que c’est bien une valeur assez peu partagée par le genre humain. L’Histoire n’a jamais servi à rien et nombre de malins ont compris que les humains n’ont aucune mémoire et qu’on peut en profiter.<br /> <br /> <br /> <br /> Je regarderai peut-être la vidéo de la place Rouge avec commentaire rajoutés mais je ne suis pas sûr que ça m’intéresse vraiment. Je prends le risque de m’étendre sur le sujet, sûr que le meilleur moteur de recherche n’ira pas fouiner dedans et que ceux qui liront l’article sur les manifs festives ont déjà abandonné la lecture de nos longs échanges depuis longtemps. <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> Sur les manifs – finalement le sujet de base – je suis stupéfait d’apprendre qu’alors que l’heure est grave, des contestataires renoncent à manifester contre la réforme des retraites fautes de sono. Maintenant, cher Jérémy, on ne passe plus Fugain ni même Renaud dans les manifs. En revanche, on entend volontiers HK (à ne pas confondre avec Alexis HK) et les Saltimbanks : « On lâche rien ». On a droit à « Bella Ciao » à tous les coups et à qq chansons de chanteurs soutenus par la gauche parce que papa-maman ayant leur carte les ont pistonnés, au début, pour qu’ils montent sur les scènes des fêtes locales à l’initiative de partis de gauche, de syndicats ou de municipalités. Je préfère ne pas citer de noms mais enfin, ils n’arrivent pas à la cheville des Jean Ferrat, Francesca Solleville, et je parle même pas d’Henri Tachan, Lenny Escudéro ou Colette Magny. Je cite pas Léo Ferré que tu as l’air de trouver trop intello ou, peut-être l’as tu croisé dans son village sans pouvoir établir de contact. L’homme n’était pas spécialement liant.
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J
Pour être honnête, je suis peu l'actualité des municipales hors de ma région (et encore !), n'ayant plus la télé, étant peu présent à l'écran en ce moment, et en vertu du peu d'intérêt que je porte à la quincaillerie politicienne. <br /> <br /> Je fondais mon raisonnement sur ce que je vois dans ma région où, dans certaines villes, le taux de chômage dépasse 12%, où les minima sociaux sont majoritaires (sans jeu de mots malvenu) faute de bassins d'emplois, et où le tissu social est composé de longue date de personnes issues des immigrations arabo-africaines, turques, d'Europe centrale et des ex-pays soviétiques. Or les listes en présence sont surtout représentatives de la classe moyenne aisée, de la Fonction publique et de ses retraités bien assis. Des gens qui peuvent se permettre de prétendre sauver la planète en se déplaçant à bord de bagnoles électriques dont il font semblant d'ignorer que le jus provient d'autre chose qu'une dynamo de vélocipède. <br /> <br /> <br /> <br /> Pour l'anecdote, mon bon Diogène, la semaine passée, une manif contre la réforme des retraites devait faire route en direction de la Préf', et elle a été annulée à la dernière minute parce que le groupe électrogène alimentant la sono était tombé en panne. Donc, faute de vieilles chansons de Renaud et Fugain à diffuser en boucle sur deux kilomètres (car ils en sont encore là, mais oui !), les manifestants indigènes sont rentrés chez eux regarder manifester les autres. C'est pas du Jean Yanne, c'est du réel. <br /> <br /> <br /> <br /> Les manifs sans les chômeurs, sans les mères célibataires placées sous la surveillance des Caf, sans les RSAstes, sans les handicapés, sans les petits vieux au minimum vieillesse, sans celles et ceux plongés dans cette ambivalence de crise permanente où l'ennemi se tient autant chez l'employeur qui ne veut employer qu'au lance-pierre, chez le bourgeois, chez le propriétaire vécu comme un parasite, que du côté du fonctionnaire qui est assimilé au représentant de terrain, dûment nanti, d'un pouvoir hostile. <br /> <br /> <br /> <br /> Renaud était un pur produit marketing de la fin des années 70. La chanson réaliste larmoyante à la Daniel Guichard appartenant au passé, on est allé inventer un personnage de loubard, mix de Gavroche, de blouson noir et de jeune prolo, ayant reçu pour mission de se partager le marché de la subversion boutonneuse avec Lavilliers, lequel ciblait un public plus adulte et plus rock. Renaud avait reçu l'onction des ténors de Charlie Hebdo à l'époque au sommet de sa gloire. Un jour, Renaud est allé chanter en URSS et là, le PC qui cherchait à se l'accaparer a dû en faire son deuil. On se souvient de cet épisode marquant de sa carrière : https://youtu.be/iOKahhqafkA . Je doute de l'authenticité de l'ensemble de ce doc, j'imagine que pour des questions d'image, certaines répliques de Renaud ont dû être rajoutées en post-production. C'est l'époque où on ouvrait enfin les yeux sur ce qu'il en était du communisme soviétique et dans les pays de l'Est (pour ce qui était du grand public, du moins), et en bon "pote à Tonton", Renaud jouait (peut-être malgré lui) le jeu de la propagande en vigueur. L'année avant, 1984, Montand, ex-"compagnon de route" du Parti, lui aussi revenu d'URSS vacciné des charmes du communisme, nous avait servi sa soupe glorifiant la crise comme une chance de changer de société. Hors de la peste libérale, point de salut ! On voit où on en est à présent. <br /> <br /> <br /> <br /> Je crois que Jean Yanne déjà cité, dont tu sais qu'il fait partie de mes vieilles idoles, était en son genre bien plus subversif que tous les chanteurs dits engagés des années 70. Subversif et visionnaire. Subversif au sens où chez lui, il n'y avait pas d'un côté les bons et en face, les méchants. Visionnaire en ce qu'il partait du constat que tout le monde est très con à la base, méchant et susceptible de le devenir encore plus sous l'effet de la trouille et sous l'appât du gain. Ses "Chinois à Paris" et son "Moi y'en a vouloir des sous" décrivent exactement ce que n'importe quel œil lucide peut observer chez ses contemporains. <br /> <br /> Renaud était dans le vieux mythe du "prolétaire ployant sous le joug" alors qu'il n'a jamais endossé un bleu, pas plus d'ailleurs que Ferrat, Le Forestier, Higelin et les autres. La vie dans les barres, le désespoir des coursives les dimanches de grisaille entre tiercé et clopes, les bus de ramassage transbahutant à l'aube les ouvriers vers les usines et les chantiers, combien en ont tâté hors des caméras, de ces artistes se prétendant les porte-parole de la classe ouvrière, comme Jamel se prend pour la voix des quartiers - qu'il a quittés depuis des décennies à bord d'une Mercedes haut-de-gamme ?
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L
La comparaison avec les ensevelisseuses – que je ne connaissais pas – est intéressante et combien juste.<br /> <br /> <br /> <br /> Renaud a été approché pendant des années, par la mouvance communiste, pour devenir son chanteur officiel tandis que Jean Ferrat prenait de l’âge et ses distances. Il faisait souvent la une de L’Humanité, L’Humanité-dimanche, Révolutions, NVO et sans doute La Marseillaise et Le Havre libre. Échec puisque Renaud a soutenu Mitterrand et a bien géré sa carrière, évitant les textes engagés de ses débuts et truffant ses chansons d’argot, de gros mots, de fautes de français recherchées mais inusitées, de verlan (qu’il a fait connaître à la bourgeoisie) pour donner un sentiment de rébellion accessible et pas chère à une jeunesse qui voulait bien s’engager pour Mandela, parce que c’était loin mais pas renoncer au mode de vie procuré par le capitalisme désormais accepté par la gauche un temps au pouvoir. <br /> <br /> <br /> <br /> Je retiens surtout de ton commentaire, cher Jérémy, cette interrogation : « pourquoi ceux qui ne participent pas aux manifs sont généralement ceux que le système épargne le moins à chaque réforme ? »<br /> <br /> <br /> <br /> Je l’avais plus ou moins remarqué également puisque j’ai créé dans cette optique un tag « résignation »<br /> <br /> En revanche, je ne vois pas de lien avec les municipales ni avec des candidats issus de l’immigration. Sur les listes de villes locales ou des villes médiatisées (en fait la plupart des grandes villes de France pour éviter le reproche de parisianisme), figurent nombre d’entre eux et en position éligible. J’ai même l’impression que certaines listes cherchent à en afficher plus que leurs concurrentes. Dans le passé, j’ai vu dans une ville où je résidais, deux frères sur deux listes opposées (donc pas de fusion possible entre les 2 tours). Je n’en dis pas plus car il y aurait de quoi faire plusieurs articles sur eux. <br /> <br /> <br /> <br /> Quand même, un manifestant me faisait remarquer, récemment, qu’il y a (officiellement) plus de 6 millions de chômeurs, que, par définition, ils ont du temps. Or, ils sont absents des défilés. En fait, j’avancerai une explication : quand tu es exclu, tu as tendance à rejeter tout et tout le monde. On met tout le monde, c’est à dire tous ceux qui ont du travail, dans le même panier et on leur reproche leur indifférence vis à vis de sa situation pour laquelle ils ne font rien, de peur de perdre leur boulot à leur tour. S’il y avait déjà la moitié des chômeurs et précaires des villes où se déroulent les manifs (sinon il faut payer le transport jusqu’au parcours du cortège), ça renforcerait pas mal les effectifs des manifestants.
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J
Ah, ces pros de la manif comme il existait dans les campagnes des habituées des funérailles, qu'on dénommait des ensevelisseuses, prudes vieilles dames qui occupaient ainsi leur journées et venaient rapporter que tel était avec une telle, que telle autre était mal fagotée, qu'il y avait beaucoup de fleurs ou pas trop, et qui profitaient du buffet traditionnel où on terminait d'enterrer le de cujus. <br /> <br /> <br /> <br /> Tu nous décris ici des ensevelisseurs de manifs, qui s'occupent comme ils le peuvent du moment qu'ils sont de la partie, qu'ils se retrouvent entre habitués, s'entre-congratulent, s'offrent le coup à la santé des gentils z'organisateurs. <br /> <br /> <br /> <br /> J'ai pris part deux fois dans ma vie à des manifs. Une première fois en 95 parce que je sortais avec une étudiante. Une seconde fois dans les années 2010 où j'accompagnais mon ex dans une manif contestant, déjà, une réforme des retraites. La sono hurlant "le chiffon rouge" de Fugain et de vieilles rengaines de Renaud conférait à ce défilé l'ambiance d'une nouvelle de Vincent Ravalec. Une mise en scène un peu foirée. Le boulevard était noir de monde, la ville mobilisée, le préfet du moment allait en prendre pour son grade ! Pas grave ! Dans six mois il serait ailleurs. Ils ne font pas long feu dans ce bled. Ne sont que de passage. Le temps de faire refaire la déco de leur palais et de se balader en Renault haut-de-gamme aux frais des bons électeurs. <br /> <br /> On ne remettait pas en cause à l'époque les hautes planques de la Fonction publique. On ne remet toujours pas en cause ces reliques de la féodalité que sont préfets, sous-préfets et leur coûteuse valetaille. Mieux ! On se plaît à aller visiter les palais préfectoraux les jours de fête du Patrimoine. <br /> <br /> <br /> <br /> Les manifs je n'y ai jamais trop cru, et je ne vois d'ailleurs pas ce que les GJ ont obtenu au prix de la casse. Bientôt deux ans qu'on les voit marcher et se faire estropier par une flicaille aux méthodes miliciennes, et Macron et sa clique sont toujours là et l'électorat de masse étant ce qu'il est, il y a même des chances qu'ils repassent aux prochaines. <br /> <br /> <br /> <br /> Une manif festive, ça existe, comme tu le dis Diogène. On appelle ça un carnaval, une retraite aux flambeaux, une bataille de fleurs, une baloche d'été. Une manif pas festive qui marquerait davantage les esprits serait de l'ordre de l'occupation orchestrée des locaux administratifs qui tuent, le vendredi en début d'après-midi, soit avant le sacro-saint départ en week-end, dans toutes les villes de France. Centres des impôts, Trésor public, CAF, Pôle emploi. Mais ce ne serait pas spectaculaire et ça gênerait la clientèle des actuelles CGT/CFDT/FO. On cherche donc d'autres manières d'attirer le chaland ou à défaut, son attention. <br /> <br /> <br /> <br /> Est-ce que quelqu'un se demande pourquoi ceux qui ne participent pas aux manifs sont généralement ceux que le système épargne le moins à chaque réforme ? Non, parce qu'on s'en fout. On préfère voir manifester des gens qui ont encore à perdre que des gens qui n'ont plus rien. <br /> <br /> <br /> <br /> Voir le nombre de précaires et de jeunes issus de l'immigration dans les listes candidates aux Municipales...
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