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la lanterne de diogène
14 mars 2020

Le Département plus que jamais !

Profitons des municipales pour rappeler notre adhésion à la préférence de l’ami Gygès pour le triptyque Commune-Département-État plutôt que pour celui, tout à fait technocratique, libéraliste et, nous le voyons à l’usage, antidémocratique : Intercommunalité-Région-Europe. On nous a bassinés depuis des lustres sur le trop grand nombre de communes en France, comparé à nos voisins. La plupart des pays qui nous entourent sont de création récente (19e siècle en général) et se sont organisés de manière plus ou moins fédérale ; donc, avec des institutions plus proches des citoyens. La France existe plus ou moins sous sa forme actuelle depuis l’an 1000. Les communes, selon le vœu de la Révolution française, ont pris la suite des paroisses, d’où leur nombre qui reflète également le poids démographique d’un pays très centralisé. Si la France ne comprend rien de rien à la décentralisation (voir les nombreux articles déjà consacrés), l’UE ne comprend rien à la France qui alliait, jusqu’à ces dernières années, une économie libérale adossée à un État fort qui oriente l’économie vers la souveraineté et un style de vie envié par le monde entier ou presque. Nous avons vu (voir les nombreux articles déjà consacrés), comment, dans les années qui ont suivi les privatisations, les fleurons de l’industrie et de l’économie françaises en général ont disparu jusqu’aux turbines d’Alstom, décidé par M. Macron, ministre. Quand on est capable de soumettre l’indépendance énergétique de la France à des intérêts étrangers (ceux des É-U en l’occurrence via General Electric), il n’y a aucun obstacle à céder l’approvisionnement d’eau aux intérêts des compagnies privées, pour le moment françaises. La crise provoquée par le covid 19 met en évidence la pluri-dépendance des économies mondialisées aux multiples fournisseurs. On parle de relocaliser pour se prémunir contre une crise à côté de laquelle, celle du coronavirus passera pour une aimable diversion.

Départements-1790

Dans le triptyque de Gygès, le Département devrait jouer un rôle de plus en plus important dans la mesure où les nouvelles grandes régions (que nous approuvons) ne permettent pas de tenir compte des terroirs et du patrimoine. En effet, quand on lit, par exemple « Sallanches – Auvergne-Rhône-Alpes », comment situer cette commune et ses caractéristiques ? Quel rapport, quel points communs entre Sallanches et Salers, par exemple, toutes deux dans la même région ? En 1974, Guy Héraud, candidat à la présidentielle, parlait déjà de « l’enfer de la Région Rhône-Alpes ». Il dénonçait par là un regroupement purement administratif qui nie les particularités locales sans aucun rapport les unes avec les autres. Que dirait-il aujourd’hui d’une région où l’on trouve, pêle-mêle, le Bourbonnais, l’Auvergne, le Lyonnais, la Bresse et le Bugey, la Savoie, le Dauphiné, le Forez, le Velay, le Vivarais et même une partie de l’Occitanie ?

Si ce regroupement présente une pertinence politique et économique, il nie encore plus la culture de ces territoires. Or, de par sa taille, le Département reste à échelle humaine et a fait ses preuves qui fondent un attachement réel. On dira volontiers qu’on est de Haute-Savoie mais certainement pas de Rhône-Alpes et encore moins d’AuRA. Le Département devrait donc se voir confier des compétences en matière de promotion des cultures et des langues locales, des produits du terroir, d’agriculture, de protection du patrimoine architectural et naturel. Le Département est déjà à même de réagir aux événements inattendus parce que les élus et les fonctionnaires se trouvent sur place et sont eux-mêmes impactés. On ne peut pas sérieusement faire une décentralisation fondée sur une petite centaine de départements. En revanche, 13 Régions métropolitaines peuvent jouer ce rôle à condition de rester en contact avec les Départements, les communes et leurs élus. Le Département reste ce qui rattache le citoyen à la République, telle que fondée par la Révolution et renforcée par des constitutions qui ont assuré l’indépendance de la France et, partant, un style de vie exceptionnel. Le Département demeure cet objet qui rappelle au citoyen qu’il appartient à la nation tout entière sans nier son environnement.

https://www.youtube.com/watch?v=slwOgog-GKU

 

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