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la lanterne de diogène
16 mars 2020

Coronavirus puisqu'il le faut

Il faut bien parler du coronavirus mais, comme d’habitude, abordons-le sous un angle différent. Il se trouve que, le dimanche 15 mars 2020, correspond également au premier tour des élections municipales, ce qui rend la chose encore plus cocasse. Pour rire un peu, voyons d’abord quelques mesures préconisées depuis plusieurs jours.

On conseilles aux personnes âgées de recourir à une procuration pour aller voter : comme ça, c’est un autre qui prend le risque !

Au jour le jour, on recommande de se saluer en se donnant du coude : pourquoi faire simple (un signe de tête) quand on peut faire compliqué ?

Un peu avant, on nous avait dit qu’il fallait tousser et éternuer dans son coude. Par conséquent, on ne va pas se serrer la main (pouah!) mais se toucher les coudes où l’on a concentré ses postillons et autres miasmes.

Et le télétravail, solution à tous nos maux pour éviter que l’économie ne s’arrête totalement ? On cherche des locaux mis à disposition pour favoriser le télétravail car tout le monde n’est pas équipé chez soi. Ainsi, au lieu d’aller au bureau, on va tous dans un endroit où l’on pourra télétravailler ensemble et profiter de la bureautique.

camus - la peste

Continuons l’exposé des andouilleries inspirées par le coronavirus. D’abord, le nom : selon que vous écoutez les médias nationaux ou les médias privés, on emploie « coronavirus » pour les premiers et « covid 19 » pour les autres. Est-ce que ça veut dire que les premiers sont plutôt conservateurs pour employer un terme qui a servi pour d’autres maladies passées ou bien est-ce que dans les autres, il y a beaucoup de journalistes qui se contentent de répéter ce qu’ils lisent sur les dépêches ? La réponse mériterait d’être cherchée car elle nous instruirait sur le niveau des rédactions. Coronavirus est le nom du virus tandis que covid 19 est le nom de la pathologie.

La crise du coronavirus va nous proposer un festival de mesures et de consignes à peu près intelligentes mais appliquées sans aucun discernement. Notre pays est magnifique ! Il excelle dans la paperasserie, les règlements et autres circulaires appliquées à la lettre par des fonctionnaires zélés. Ils sont d’autant plus zélés que le doute ne les habite jamais et qu’ils ne se posent aucune question sur la finalité des mesures ni, encore moins, sur leur efficacité. En cela, ils illustrent parfaitement l’expérience de Milgram. Chacun exécute sa tâche sans s’interroger quitte à ce que ça aboutisse à une monstruosité. Fort heureusement, ça arrive rarement mais, au quotidien, on obtient des situations parfois qualifiées de kafkaïennes et, en tout cas, ou l’absurde le dispute à la persécution. Je défends suffisamment, sur ce blog, le style de vie français et la beauté de la France pour pouvoir dénoncer, chaque fois que nécessaire, les absurdités nées de la mentalité française.

Il y a quand même des voix, peu audibles il est vrai, pour rappeler que se laver les mains devrait être la base, le minimum exigible même en temps ordinaire. Il revient à ma mémoire une émission de Stéphane Bern, sur Inter, il y a quelques années maintenant, qui s’appelait « Le fou du roi ». Pour équilibrer un peu, il invitait toujours, au milieu d’un aréopage d’humoristes (ainsi présentés), l’auteur d’un ouvrage un peu sérieux. Ça permet au public de se dire : oh, mais on apprend des choses ! Une fois, donc, était sur le plateau un médecin qui avait écrit un bouquin de recommandations pour une meilleure hygiène au quotidien. Tout le temps qu’il était interrogé, il n’a pas arrêté de se faire ridiculiser. Pensez, il répétait qu’il fallait se laver les mains ! Pourtant, il n’est pas difficile de comprendre que les poignées de portes sont les centres de transmission de toutes les maladies et infections possibles. Or, le personnel de nettoyage ne s’occupe jamais des poignées de portes. On se concentre sur le sol car la boue offusque le regard. Personne n’ira jamais regarder les poignées de portes. C’est bien ce qui s’est passé dans mon bureau de vote tantôt, avec l’incompréhension qui se lisait sur les regards du président et autres assesseurs. De quoi parle-t-il ? Il y a un flacon de gel hydroalcoolique, ainsi qu’il en fait obligation. Il fait partie de ceux qui râlent tout le temps et il n’y a pas obligation de nettoyer les poignées de portes.

Jusqu’à présent, personne, PERSONNE, n’a cru bon rappeler que, si l’on avait appliqué ces mesures auparavant, on n’aurait probablement pas eu de propagation de ce virus. Se laver les mains, éviter de tousser sans retenue n’est pas évident pour tout le monde. Ainsi, ai-je vu, très récemment, une adolescente tousser sans mettre sa main devant la bouche dans une bibliothèque. On peut raisonnablement supposer que jamais personne ne lui a appris à mettre sa main devant la bouche quand on tousse ou qu’on éternue. Le problème, c’est que ce cas est très loin d’être isolé. Entre l’éducation succincte de beaucoup d’enfants, l’éducation qui s’interdit d’interdire quoi que ce soit, le mépris pour tout ce qui s’assimile à un règlement, une morale ou toute forme de contrainte, il n’est pas du tout étonnant qu’un virus nouveau se propage aussi facilement.

météorite

Aujourd’hui, la crise fait peur et suscite des réactions de zèle irréfléchies. Chacun y va de sa dénonciation d’une incohérence. Comment se fait-il que certains commerces soient encore ouverts et pas d’autres ? Pourquoi le marché du dimanche n’a jamais été aussi bondé alors que les gens craignent d’aller voter ? Les gens sont-ils irresponsables d’aller prendre le soleil sur les bords de la Seine à Paris quand plane le virus fatal ? Lorsque tout sera terminé, quelle que soit la durée, on aura vite fait de tout oublier, comme d’habitude. Quand on tentera de faire laver les mains ou désinfecter un peu, la réponse sera invariablement : oh, eh, ça va à présent, y a plus de coronavirus, y a plus besoin de tout ça ! Exactement comme un jeune conducteur déjà cité qui ne comprend pas pourquoi il faudrait encore respecter le code de la route puisque l’examen est passé.

 

Maintenant, les précédentes crises sanitaires, pourtant de moindre importance, nous ont enseigné que, en la matière, quoi que fasse le Gouvernement, il a tort. Qu’il prenne des précautions démesurées et l’opposition s’insurgera contre une nouvelle mesure gouvernementale, à contester par principe. Qu’il n’en prenne pas assez (tout est relatif), et il sera accusé de ne pas prendre la mesure de la crise. Après coup, il est encore plus facile de critiquer les mesures inutiles ou celles qui n’ont pas marché. Surtout, on aura tendance à minimiser. Rappelons-nous la tempête Xinthia qui avait vu les victimes de l’inondation se plaindre, à juste titre, pendant des jours puis, quand le Gouvernement a décidé de les reloger plus loin, protester et faire remarquer que c’était exceptionnel et qu’il n’était pas question de déménager pour un peu d’eau, d’ailleurs vite séchée.

http://lanternediogene.canalblog.com/archives/2010/03/01/17087192.html

Observons aussi l’audience record pour une allocution d’un PR, qui plus est, impopulaire. Comme si, en période de crise, on se réfugiait auprès du papa, même s’il sent un peu la chèvre. Observons aussi que tout le monde attendait des aides de l’État car, bien que personne ne veuille payer d’impôts et applaudisse à chaque baisse ou suppression, on attend toujours que l’État vienne au secours de tout le monde.

 

La radio, Inter en l’occurrence, découvre que nombre d’intervenants peuvent bien rester chez eux pour faire leur boulot. Tous ces chroniqueurs peuvent parfaitement utiliser leur téléphone pour lire leur petit papier. Il est particulièrement absurde de faire venir quelqu’un, payé au cachet, pour débiter son petit laïus pendant moins de 5 mn et repartir aussitôt après. C’est à se demander si la vidéo conférence a été inventée. Il faut cette crise sanitaire majeure pour découvrir que le monde a changé et qu’on peut vivre, travailler, étudier autrement qu’en se déplaçant, qu’en faisant acte de présence alors que, parfois, on ne fiche rien. On ne fiche rien parce qu’on est fatigué ou parce que, à telle période de l’année, pour différentes raisons, la tâche est moindre. Seulement, il faut être présent et respecter les horaires à la lettre, quitte à passer une demi-heure devant la machine à café. Oui, mais, « on est là ! ». Déjà la réduction du temps de travail avait induit des aménagements d’horaires qui ont permis de travailler à son rythme et d’en faire plus, par exemple, quand les circonstances l’exigeaient quitte à compenser un autre jour en partant plus tôt. Nombre de femmes savent que, lorsqu’elles quittent le boulot pour aller chercher leurs enfants, les hommes qui restent les regardent d’un air entendu alors même qu’elles ont fini leur travail tandis que les hommes papotent ; oui, mais, partent plus tard et se font bien voir de la direction et obtiennent plus facilement des promotions. À notre époque, la plupart des emplois de bureau peuvent s’effectuer de chez soi. Peut-être que, là aussi, si l’on y avait pensé plus tôt, on aurait diminué l’affluence dans les transports qui favorise la propagation de toutes les maladies.

 

coronavirus - buzynCette crise illustre parfaitement la stratégie du choc de Naomi Klein à laquelle nous nous référons souvent. La crise du coronavirus apparaît comme un choc utile à changer les façons de voir. Nous venons d’y faire allusion pour l’organisation du travail. Il faut ajouter un autre gros morceau déjà un peu abordé dans le passé, à savoir la formation et l’instruction publique. En clair, c’est l’occasion de tester, grandeur nature, à l’échelle d’un pays tout entier, de nouvelles manières d’étudier. Un seul prof pourrait dispenser ses cours à distance, interagir avec ses élèves qui resteraient à la maison. On n’y est pas encore mais se profile une école sans profs qui sont toujours absents, en grève, en formation ou en vacances et, surtout, sans ces bâtiments qui ruinent les collectivités locales. Déjà, la pléthore d’officines plus ou moins sérieuses (plutôt moins que plus) qui proposent des cours particuliers en faisant miroiter une réduction d’impôts (ça marche toujours en France) sont dans les starting-blocks. Elles n’attendaient que ça. Que la crise se prolonge quelques mois et l’on pourra dire qu’il y aura un avant et un après et que la crise accélérera nombre de processus en attente ou déjà engagés.

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Commentaires
J
Nos rues sont désormais placées sous la vigilance des uniformes. On les parcourt en saluant de loin, de la main, les gens qu'on a l'habitude de croiser, avec qui ordinairement on échange des banalités. Plus de terrasses de bars, plus de piliers grillant leur clope à l'entrée des PMU. Dans la poche, l'indispensable "ausweis" peut être réclamée par de ces individus dont presque deux années de guérilla urbaine, et d'exactions restées impunies, nous ont appris à nous méfier, nous qui cinq ans plus tôt défilions à leur gloire, nous réclamant d'un journal dont les rédacteurs venaient d'être assassinés par des fanatiques. <br /> <br /> <br /> <br /> Il faut être rompu aux scénarios de films-catastrophes pour garder la tête froide au regard de la succession de désastres qui sont devenus notre ordinaire depuis la fameuse tempête de 99, qui a ouvert le bal. Avant ça, perdurait un mode de vie hérité des années 70 dont n'ont pas idée ceux qui sont nés depuis. Les oppressions politiques s'effondraient les unes après les autres, le Mur de la honte était démantelé, ceux qui nous dirigeaient étaient pour la plupart des produits de ce que nous, qui étions jeunes à l'époque, appelions "l'autre guerre". On lisait son journal à la terrasse des cafés, on grillait sa clope au comptoir au son d'une radio dont on n'entendait plus les pubes. Les magouilles politiques composaient un feuilleton presque cocasse dont nous avions pris l'habitude, tandis que les frasques du duo Reagan-Thatcher annonçaient ce qui allait suivre. Mais ça, ce n'est qu'après coup qu'on en prendrait conscience. Au tournant de ce qu'on appelait le Millénium. <br /> <br /> <br /> <br /> Voilà que nous évoluons à présent dans un schéma fascisant dont l'alibi est une pandémie. Ce coronavirus-là, dont on nous rabat les oreilles depuis décembre dernier, on nous dit qu'il tue moins que la grippe, les maladies cardio-vasculaires, le cancer, et la route. Il a à ce jour frappé moins de deux cent mille personnes, soit la population d'une ville moyenne, sur les quelque sept milliards sept cents millions de terriens que nous sommes. A cette date, il aurait tué quelque sept mille deux cents individus. En 2018, plus de vint cinq mille individus sont morts sur les routes européennes (https://ec.europa.eu/commission/presscorner/detail/en/MEMO_19_1990) ; en 2019, on a compté un million et demi de morts du cancer en Europe (https://sante.lefigaro.fr/article/cancer-un-million-et-demi-de-morts-en-2019-en-europe/). <br /> <br /> J'arrête là cette recension macabre. <br /> <br /> <br /> <br /> La psychose créée et entretenue autour du coronavirus, et le schéma fascisant évoqué plus haut, destiné à contrer l'expansion de la pandémie, sont donc sans rapport avec le danger objectif du Covid-19. <br /> <br /> <br /> <br /> Ce danger, le professeur Raoult, de Marseille, s'emploie à le relativiser dans ses multiples interventions (https://www.marianne.net/societe/didier-raoult-sur-le-coronavirus-il-ne-faut-pas-jouer-avec-la-peur), il sait qu'il passe pour un farfelu même s'il obtient des résultats probants dans le traitement du Covid-19. On ne l'écoute pas, parce qu'il prône le dépistage, qui coûte cher, et qu'il s'est élevé par le passé contre l'obsession gouvernementale des vaccins, liée aux collusions que l'on imagine avec les multinationales du médoc. <br /> <br /> <br /> <br /> En fait, si on nous somme de rester chez nous jusqu'à ce que le danger soit écarté (on ne sait trop quand ni comment), et de ne sortir que pourvus d'un bout de papier justifiant nos déplacements, que nous devrons produire sur la demande d'une patrouille sous peine d'une forte amende, n'est-ce pas, d'abord, surtout et comme d'habitude, une question d'argent ? Coût du dépistage, coût de soins dispensés dans des hôpitaux se raréfiant dès qu'on est loin d'une grande ville, hôpitaux aux personnels restreints par les mesures d'austérité imposées par l'UE dans l'objectif d'une privatisation et d'une liquidation pure et simple de la Sécu au bénéfice des systèmes d'assurances privées ? <br /> <br /> <br /> <br /> On pourrait penser aussi que le pouvoir ne veut que notre bien. Après tout, si le tabac augmente c'est qu'il provoque cancers et maladies cardio-vasculaires. La fermeture des bistrots va sevrer pour quelque temps la population la plus consommatrice d'alcool de l'OCDE. Et les populations voisines, qui ne sont pas en reste. Si on reste sagement chez soi, on ne va pas attraper le vilain coronavirus. On va rester en bonne santé. Quoique relative, car voir défiler des horreurs et des experts de l'horreur sur les chaînes d'infox, les réseaux asociaux, les vidéos de youtubeurs complotistes et "faux-sachants", flinguer des cohortes d'aliens sur des jeux en ligne pendant des heures, à la longue ça risque d'atteindre la santé mentale (mais on peut penser que chez beaucoup de nos congénères, le mal est fait depuis longtemps). <br /> <br /> <br /> <br /> On peut voir ça comme ça. On veut nous préserver et "en même temps" nous éviter de coûter cher à la collectivité sans que ça rapporte aux actionnaires - excepté des mafias du médoc. <br /> <br /> <br /> <br /> Sauf qu'il y a un autre aspect, qui est l'effondrement boursier. La menace de récession. Le spectre du krach. Stopper l'activité, fermer les frontières, c'est bloquer la machine infernale de l'ultra-libéralisme mondialisé. Si la pandémie devait s'étendre et perdurer, ce serait la faillite du système, et la nôtre. La pandémie montre les limites du système. C'est ce que décrit très bien Frédéric Lordon dans cet article du Monde Diplo que je confie, Diogène, à ta lecture, et à celle de tes habitués. Qui nous dit que comparé à ce qui nous attend en cas de "coronakrach", les affres pandémiques sont un joyeux divertissement : https://blog.mondediplo.net/coronakrach.
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