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la lanterne de diogène
19 mars 2020

Le coronavirus et la (re-) découverte des réalités

Il n’aura pas fallu attendre longtemps pour que commence le festival de conneries. Au début, l’ignorance, l’incertitude inspiraient les commentaires les plus absurdes. On ne savait pas. On essayait de comparer. On prenait quelques vagues précautions.

Maintenant que l’épidémie est constatée et qu’on passe à la phase suivante de confinement obligatoire, on a d’autres comportement absurdes.

Comme nous le laissions prévoir, il n’aura pas fallu 48 heures pour que la maréchaussée déploie tout l’éventail de son zèle, couverte par un ministre très critiqué depuis son installation, qui essaie de se racheter une vertu en usant d’un ton autoritaire et en menaçant tous les contrevenants. Gare à celui qui croisera une patrouille en sortant sa poubelle ! On n’a pas encore eu le temps d’appliquer le taux d’amendes à 38€ qu’on parle déjà du taux à 135 € majoré à 375 €. Comment ont été calculé ces taux, sur quelle base ? On peut s’attendre à des records de PV dressés pendant le temps du confinement. 500 procès-verbaux dressés sur Paris intra-muros rien que pour les 18 heures qui ont suivi le début de l’application des dernières mesures. 4000 PV dressés le lendemain de leur entrée en vigueur. On peut penser qu’à la fin du mois, date de fin de la première quinzaine, les records seront battus.

Jusqu’à ces jours-ci inclus, on avait établi à 100 le nombre de personnes au-delà duquel les réunions sont dangereuses. Là encore, on peut se demander sur quelle base car il suffit d’une personne. Cette personne peut rejoindre un groupe de 10 et causer des torts quand une réunion de 300 personnes saines ne pose pas de problème. Comment savoir ? Admettons le nombre de 100. On parle de faire voter des lois dans l’urgence. Or, les deux chambres comptent beaucoup plus que 100 membres chacune. En revanche, il a été dit clairement que les déplacements pour se rendre à des obsèques sont interdits. Quel défunt est assez populaire pour attirer plus de 100 personnes endeuillées ? Il est compréhensible qu’on ne pense pas à tous les cas de figure mais, justement, avec les moyens de communication d’aujourd’hui, on peut réagir vite et apporter des réponses.

Le problème majeur qui se pose, lié à l’autre qui est la continuité du travail et de l’activité économique, est la garde des enfants. Le terme n’est pas anodin. Il est bien question de « garder » les enfants ; ce qui prouve bien que l’école est considérée comme une garderie où l’on occupe les enfants de façon plus ou moins intelligente mais on ne demande pas plus à cette institution que de tranquilliser les parents. Par conséquent, on ne tolère pas que des professeurs soient directifs, autoritaires, tiennent des propos sur le comportement de leurs élèves et, d’une façon générale, attribuent des notes dévalorisantes pour le développement de l’enfant. Les éléments qui précèdent sont ceux qui reviennent le plus souvent et causent les conflits les plus fréquents. Il aura donc fallu cette crise du coronavirus pour mettre en lumière cette évolution de rôle de l’école dans la société. Pas sûr, cependant, que tous veuillent voir ce constat.

Une fois posé, reste la question de l’occupation des enfants. Les adolescents – particulièrement les collégiens – n’ont aucune raison de faire quoi que ce soit lié à l’école pendant le confinement. D’abord, comme d’habitude, ils attendront la veille du retour officiel en classe pour faire leurs devoirs. On peut même penser qu’ils ne les feront pas du tout puisque c’était à faire pour la mi mars et que la date est passée. Comme ça, on perdra encore un peu plus de temps quand il faudra reprendre. Là encore, hors de question d’en faire plus ou de supprimer les vacances de printemps. D’ailleurs, il serait normal de les reporter en cas de prolongation du confinement ! Ce n’est pas leur faute s’il y a une épidémie et si l’école est fermée. Par conséquent, il n’y a pas à rattraper le temps perdu. C’est à l’institution d’en tenir compte. Au contraire, l’absence prolongée qui aura fait perdre quelque peu le rythme, devra amener l’indulgence. En plus, les beaux jours commencent et on ne va pas bouffer sa jeunesse à bosser davantage en classe. Ça, c’est pour la partie externe, pour la scolarité proprement dite. Reste la partie confinement, c’est à dire l’occupation à la maison. On a déjà constaté que le site de Nitendo était saturé. Les réseaux sociaux et les jeux en ligne vont connaître une explosion. Ça tombe bien puisque nombre de décideurs estiment que jouer en ligne apprend davantage l’anglais que les cours et les séjours à l’étranger (voir notre série sur le Brevet des collèges et autres examens rédigée l’an passé).

https://www.leprogres.fr/france-monde/2020/03/18/nintendo-bloque-pendant-9-heures-a-cause-d-un-pic-de-connexions

À la maison, donc, deux grands cas de figure vont se présenter. Soit l’enfant, l’adolescent lit pour son plaisir en temps ordinaire – c’est à dire qu’il lit sans que l’œuvre soit au programme – et dans ce cas, il n’aura aucune difficulté à trouver un bouquin ou à naviguer sur l’Internet pour trouver des sites de découvertes. Soit il ne lit que contraint et forcé et alors il ne fera pas le moindre effort pour chercher un site qui risquerait de lui apprendre quelque chose qu’on ne lui demandera pas. Il cherchera plutôt d’autres jeux ou mobilisera sa web-cam. Tout ça pour dire que les annonces de mise en ligne des collections des grands musées auront un impact limité. On nous dira que le nombre de visites a certes explosé mais comme il part de très bas, ce ne sera pas difficile et l’on peut penser que ce ne seront pas les enfants/adolescents qui s’y rendront le plus mais des passionnés aguerris, profitant de l’aubaine.

https://www.geo.fr/voyage/coronavirus-10-musees-a-visiter-en-ligne-200242#nlref=3c9d74680918cdaf304d17f65777de9a&srAuthUserId=3c9d74680918cdaf304d17f65777de9a&srWebsiteId=58&utm_campaign=20200317&utm_medium=email&utm_source=nl-geo-quotidienne

coronavirus - macron

Autre miracle provoqué par le coronavirus, on parle de nationalisations. Certes, il n’est pas nouveau que, malgré l’ultralibéralisme dur, on demande à l’État d’éponger les dettes et d’assurer le SAV des mesures funestes.On connaît la formule : les profits pour le privé et les coûts pour le contribuable. Seulement, cette fois, le mot est lâché sans précaution oratoire. On trouvera bien un terme du genre « investissement public » pour enrober l’affaire mais le terme n’est plus tabou comme dans le passé pour sauver Alstom ou Peugeot. L’Italie va (re-) nationaliser Alitalia.

La vérité éclate au grand jour. Toutes les mesures inspirées par l’École de Chicago ne sont qu’illusions, croyances et mensonges. Les valeurs qui ont fait leurs preuves, dans les crises (comme celle de 1929), dans la reconstruction après la deuxième guerre mondiale, comme dans la gestion courante sont la coordination ou planification, la coopération, la solidarité, la recherche, la justice, le partage des richesses enfin. Il serait sot de prétendre que tout marchait à merveille avant le triomphe de l’ultralibéralisme mais tout est perfectible.

Si la crise du coronavirus avait pour effet de nous faire prendre conscience des réalités et non de situations idéales, ça nous ferait moins regretter cette période de pénitence.

 

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