anciens combattants

2 octobre 2006

Enfin, la France verse les mêmes pensions à tous ses anciens combattants, que ce soient des métropolitains ou des soldats coloniaux. Il y a quelques mois, je dénonçais cette situation intolérable

http://www.canalblog.com/cf/my/?nav=blog.content&bid=125299

bien sûr, ce n’est pas à la suite de cet article que le président Chirac a pris sa décision. Pour ma part, je voulais juste sensibiliser les visiteurs de La Lanterne de Diogène à cette injustice.

http://www.lequotidien.sn/articles/article.CFM?article_id=38236

Je me permets juste d’insister sur une mesure complémentaire en ces temps où le problème de l’immigration se repose de façon douloureuse. D’abord, il ne faudrait pas oublier les anciens fonctionnaires coloniaux, ensuite, pour tous, on devrait l'accompagner de l'accès aux pensions de reversions pour les veuves ainsi que la délivrance automatique pour les enfants de ces anciens combattants, notamment, de visas et quelque soit le type de visa demandé en privilégiant les étudiants. En d'autres termes, la reconnaissance du mérite au lieu de la corruption des dirigeants africains.

A propos, je voudrais aussi faire remarquer que la dette des pays africains et les intérêts qu’ils doivent verser sont la conséquence directe de cette corruption favorisée par des politiques néo-coloniales insensées, incarnées en France par les réseaux Foccart et Pasqua. Pendant la guerre froide, les puissance occidentales n’avaient qu’une obsession : tout sauf les Rouges ! En conséquence, elles ont favorisé, soudoyé, graissé la patte aux pires dictateurs, maintenant ces pays dans la pauvreté, le sous-développement, la dépendance, tandis que leurs dictateurs affichaient un train de vie indécent, y compris pour des pays comme le nôtre. L’injustice vécue par les population a, au contraire, favorisé les mouvements d’opposition voire de guérilla, et jeté ces rebelles dans les bras des Rouges, précisément. Beau résultat ! Aujourd’hui, les populations doivent payer les dettes qu’elles n’ont pas contractées tandis que les aides à la coopération dorment dans les coffres-forts des anciens dictateurs et de leurs ayants droit.

Alors, il serait, peut-être, temps d’effacer ces dettes, sachant que ce ne serait pas un encouragement au gaspillage puisque les sommes versées n’ont que peu servi au développement. Que l’on songe qu’avec une population inférieure au million d’habitant, le Gabon pourrait être l’équivalent du Koweït en Afrique grâce aux revenus du pétrole. Qu’on se souvienne aussi que M.Jean Pierre-Cot, ministre de la coopération dans le gouvernement Mauroy, avait prétendu rappeler à l’ordre le président gabonais et que celui-ci lui avait répondu (encouragé par les réseaux ci-dessus mentionnés afin de mettre en difficulté sur le plan international le nouveau gouvernement de gauche) que dans ces conditions, « il pourrait chercher de nouveaux amis ». Nul doute que les Etats-Unis auraient pris volontiers le relais. Le Gabon demeure un pays pauvre malgré son pétrole et sa population réduite. Le dernier baril de pétrole est déjà vendu sans que les Gabonais aient vu la couleur de sa vente. Pauvre Africains !

Pour en revenir aux pensions versées aux anciens combattants d’outre-mer, tout le monde sait que c’est le film « Indigènes »* qui en est à l’origine. Il ne faudrait pas non plus amoindrir le mérite du président Chirac qui demeure un des tous meilleurs spécialistes au monde des relations internationales. Il est, probablement, le plus grand connaisseur du monde arabe en général, où il a tissé de forts liens d’amitiés. Tous connaissent ses relations amicales avec des personnalités douteuses genre, roi Hassan II ou Saddam Hussein mais, il serait injuste de ne retenir que ces deux noms. Une photo de M. Chirac dans les rues de Jérusalem, le bras soutenu par un vieux chef de famille hyérosolymite prouve qu’il est connu et apprécié partout parmi les Arabes. Cela explique aussi le fossé –pour ne pas dire le monde – qui sépare les discours prononcés à l’étranger, et salués par tous, de son attitude de politicard madré une fois de retour au bercail. Quel dommage que l’ambition l’ait, à ce point, rongé : on aurait pu connaître un des meilleurs diplomates du 20^ième siècle. Bon, on ne refait pas l’Histoire.

En marge de cette décision concernant les anciens combattants d’outre-mer, je voudrais raconter une anecdote. Il y a quelques années, je me promenais le long de la Rivière des Parfums, fleuve annamite le long duquel ont été bâtis les palais et les mausolées des empereurs du Viêt-Nam. Dans un sampan, vivait un vieil homme avec sa famille. En entendant parler français, il nous a invités à partager une tasse de thé avec lui et nous a produit une lettre de l’administration française lui déniant une quelconque pension d’ancien combattant au motif qu’il manquait trois semaines de service pour ouvrir des droits. Cette logique administrative que nous connaissons tous ajoute un mépris à la situation de ses anciens administrés. Pour lui, la mesure prise cette semaine n’aura aucun effet, ni pour sa famille qui devra se contenter pour longtemps du modeste sampan arrimé. Alors, quand la France pavane au sommet de la francophonie, que les autorités se réjouissent d’accueillir de nouveaux Etats membres (on ne savait pas qu’il existait autant de pays francophones dans le monde) surtout intéressés par les aides financières de la France et, dans une moindre mesure, des autres pays francophones développés, je pense à ces gens dont les ancêtres étaient administrés depuis Paris. Ils demeurent très francophiles malgré les obstacles et, parfois, à leurs risques et périls. Je sais, pour en avoir rencontrés, de toutes générations, en Afrique, bien sûr, mais aussi en Indochine, qu’ils souhaitent davantage de présence française. Au lieu de cela, la France perd des marchés ou n’en cherche pas dans ses anciennes colonies, ne favorise pas par la lecture, la télévision, le cinéma, la diffusion de la culture française. Que l’on songe que le Viêt-Nam est un des rares pays à utiliser le clavier Azerty et qu’il entretient les équipements hérités de la colonisation française alors qu’il exhibe les vestiges des avions étatsuniens abattus. Pour le premier point, cela mériterait un petit effort. Autre chose : la cuisine vietnamienne, très fine, est l’une des meilleures du monde. Cela fait encore un terrain de rapprochement.

Alors, je salue (une fois n’est pas coutume) la décision du président Chirac mais, je souhaite que ce soit le point de départ d’une véritable reconnaissance et d’un rapprochement fort avec les anciennes colonies, dans un esprit de coopération réciproque et de fraternité. Pourquoi, France-Télévision ne diffuserait-elle pas, prioritairement les feuilletons et autres sit-coms d’Afrique francophone plutôt que ceux en provenance des Etats-Unis ? Voilà une idée qui permettrait de (mieux) connaître des gens qui nous sont infiniment plus proches et avec lesquels nous avons une histoire commune récente.

*je rappelle que le terme indigène ne désigne pas un sauvage, fut-il bon. Il s’attache aux habitants originaires d’un pays par rapport aux colons (généralement) qui sont des allogènes. Ce n’est pas un terme péjoratif. Autre chose : en France, les indigènes sont les Français d’origine. En Amérique, ce sont les Amérindiens par oppositions à la population d’origine européenne, anglo-saxonne au nord ou ibérique au sud.

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