Pour ma première sortie de l’année, je n’ai pas
hésité : Marseille.
En prenant de la vitesse, le TGV évolue sous un lourd
manteau de nuages gris, et s’il faisait le même temps là-bas ? Les paysages invariablement verts et encore
dénudés courent le long des vitres. Rien ne se lève à l’horizon. Les kilomètres
défilent. Les châteaux passent ; Cluny, la roche de Solutré, la saône
, la petite tour Eiffel
de Fourvière, la vieille gare des Brotteaux aussi. Arrêt à la Part-Dieu
et deuxième
partie du voyage. Le ciel est toujours gris. Le train se faufile dans
l’entrelacs des voies de Vénissieux. Rien ne brille à l’horizon. Les éoliennes
tournent peu mais les nuages se font plus blancs. Enfin, une petite trouée
bleue. Ce n’est pas si mal. Avignon s’étale au loin. La clarté se fait plus
vive. Les créneaux de la cité
des papes se découpent, le haut blanc du Ventoux apparaît et le train ralentit.
Cette fois, c’est bien la Provence.
Prochain
arrêt : Marseille. La terre change de couleur. Tout va aller très vite
maintenant. Le luberon, les iscles de la Durance
, la montagne Sainte-Victoire d’un côté et
l’aqueduc de Roquefavour de l’autre et puis, plus rien. C’est le long tunnel de
la nerthe.
Sortie et c’est le bleu de la méditerranée
:
en bas la mer un peu irisée et en haut le ciel tout lisse. Les îles, les
bateaux premiers signes que quoi qu’il arrive, je suis à Marseille. Ça y est,
c’est fait !
J’essaie de reconnaître les bateaux. Il y a ceux tout blancs
qui vont en Corse, les cargos
de la Méridionale
,
les cheminées rouges des traversiers tunisiens et ceux en partance pour
l’Algérie : le Hoggar, l’El-Djezaïr et celui dont le nom me fait le plus
rêver, le Tipasa. Lequel se trouve à quai ? Et puis, celle que mon regard
ne quitte presque pas, la bonne
Mère
!
Notre-Dame de la garde
, but de mon voyage, veille sur tout ce petit monde.
Le train s’enfonce dans la ville, passe devant les balcons
chargés de linge, passe sur la voie rapide. J’ai l’impression que c’est moi que
je regarde en bas. L’espace se rétrécit. C’est l’arrivée dans la gare. Les
convois arrêtés, les cheminots qui marchent le long des voies, la friche de la belle
de Mai, l’université
et toujours Notre-Dame de la garde. Je
sors du train. J’entends les bruits de la ville.
Marseille, c’est d’abord un bruit, une rumeur, alors que la ville m’est
occultée par la verrière et le bout du quai. L’air me parait marseillais. Je
sais que la gare est encore en travaux. Que vais-je découvrir en poussant les
portes ? Une petite esplanade, vide de tout véhicule permet d’admirer la
ville. Beaucoup de gens en profitent. Appuyés sur la balustrade ou carrément
assis par terre. On attend le train ou bien on passe le temps mais au soleil.
On veut profiter une dernière fois de Marseille avant de reprendre un train.
Moi, je retrouve les toits que je connais, les grues qui m’indiquent
que Marseille est en chantier presque partout. En bas, les voitures circulent
bruyamment. Je constate les changements tout autour. Je reconnais les vues que
j’ai si souvent regardées sur l’Internet. Je repense à toutes les fois où je me
suis trouvé ici. Mon regard se tourne toujours vers la mer, les îles du Frioul,
la bonne
Mère.
Ah, j’en veux !