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la lanterne de diogène
25 avril 2008

Sarko un an

Ainsi, le président de

la République

est impopulaire. Il n'aurait pas tenu ses promesses. Il a déçu. On en parle au passé, comme s'il était au bout, comme s'il n'avait pas encore quatre ans pour les tenir ses (ou s'enfoncer dans l'impopularité).

On peut raisonnablement penser que les enquêtes sont singulièrement manipulées. Le but est manifestement de faire pression sur le Président afin qu'il aille encore plus loin dans le démontage de la protection sociale française et dans les coups répétés pour faire plier encore plus les salariés. Cela s'ajoute aux campagnes sur le trou supposé de la sécu et sur la faillite tout aussi supposée. On entend des commentateurs dire que

la France

est le maillon faible de l'Europe. L'idée parait bien de convaincre tout le monde que ça va mal et que c'est de la faute des salariés qui, décidément sont trop gâtés.

L'autre enseignement de cette impopularité, nous montre qu'une fois de plus, les électeurs ne votent pas en fonction du programme –que la plupart n'ont pas lu –mais de l'idée qu'ils se font du candidat. Les exemples abondent dans le passé ou pas très loin d'ici. Dans le passé, M. Giscard d'Estaing a été élu par la droite, par la grande bourgeoisie qui voyaient en lui le meilleur défenseur de leurs intérêts. Ses origines plaidaient dans ce sens et son âge laissait espérer deux mandats. Les conservateurs avaient de beaux jours devant eux. Las, le programme giscardien était résolument moderniste, tourné vers le changement. Elu, le Président rappelait qu'il gouvernerait au centre. Déception ! il trahit les siens, il fait le jeu des Rouges (avortement, majorité à 18 ans). Les progressistes et la gauche, eux, ne se montraient pas enthousiastes. Le Premier Ministre Chirac, ne comprenait pas. Il n'a apporté au candidat Giscard les votes des gaullistes pour voir tout chambouler –à commencer par l'Etat UDR –mai au contraire pour que rien ne change. La crise politique a duré cinq ans et s'est achevée piteusement par la débâcle du président Giscard aux présidentielles. En Italie, on vient de réélire M. Berlusconi. Ceux qui lui ont accordé leurs suffrages n'ont pas tenu compte de l'état lamentable de l'économie à la fin du dernier mandat de l'homme d'affaires milanais et donc de son incapacité à gérer un pays. Certes, très bien relayé par les chaînes de télévision du groupe Berlusconi et des chaînes publiques contrôlées par le même, l'opinion publique voit en lui un chef d'entreprise qui réussit et porte haut les couleurs de l'Italie à l'étranger ; même si c'est tout le contraire.

En politique, le ressenti compte plus que les faits. C'est pour ça qu'il est fondamental de contrôler l'information.

Le candidat Sarkozy a été perçu comme celui qui allait mettre fin à la délinquance, qui allait mettre au travail ces fainéants de chômeurs, qui allait faire baisser les impôts. Cela créerait un climat de confiance qui faciliterait la baisse des prix, l'embauche, le retour en France de Johnny Halliday et autres exilés fiscaux. Il n'a pas été élu pour faire ce qu'il appelle « les réformes » (en clair la destruction du système social), ni pour défendre l'environnement. Les petites gens ont vu en lui l'homme à poigne, décidé, qui les protégerait. Or, c'est tout le contraire qui s'est produit. Il continue de décevoir ceux qui n'ont pas voté pour lui et s'aliène, à présent, ceux qui l'ont voulu. Voilà un type qui veut tout changer (à tort ou à raison) et qui a été élu par ceux qui ne veulent pas.

Dernière nouvelle du front, ce sondage qui montre que De Gaulle demeure le président de la 5ième République préféré. Quand il a abdiqué en 1969, ce n'était pas l'opinion majoritaire, loin de là. Bien sûr, M.Sarkozy se situe à la dernière place de ce curieux ement. Il est vrai que celui qui a les mains dans le cambouis séduit moins que celui qui a son portrait dans un cadre somptueux et qui ne risque plus de décevoir depuis trente ans.

En fait, le président Sarkozy ne fait rien qui soit contraire à ce qu'il avait annoncé. Tout ce qui est arrivé était dans la logique des choses, de son idéologie. Ceux qui ont massivement porté leurs suffrages sur sa personnalité ne doivent pas se plaindre au bout d'un an. Ils n'ont que ce qu'ils ont plébiscité et s'ils doivent s'en prendre à quelqu'un, ce doit être d'abord à eux-mêmes. Seulement, il serait par trop abusif d'attendre de ces gens-là un minimum de cohérence. En attendant, on aimerait qu'ils nous épargnent leurs jérémiades.

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Bonjour, Je suis bien d'accord avec le fond de votre texte. Et le plus désespérant, c'est que tout cela était très visible bien avant les élection.
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