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la lanterne de diogène
16 décembre 2009

Johnny : ah que ça suffit !

Ras le bol d’entendre, chaque heure, plusieurs minutes consacrées au bobo de Johnny Halliday. Il n’est pas le seul à souffrir de hernie discale et pas le seul non plus à avoir été mis en coma artificiel pour être soigné d’une complication infectieuse. Les familles d’un proche qui se trouve dans le coma vivent douloureusement cette épreuve avec un corps médical qui ne dit pas grand-chose mais dont on espère qu’il fait bien son boulot. Entendre qu’on en fait des tonnes et des mégatonnes sur le cas d’une vedette sur le déclin ravive ces blessures.

Plus généralement, on peut s’interroger sur ces rédactions qui consacrent du temps et, au moins un journaliste, pour suivre l’évolution du mal de dos de Johnny. Qui leur a demandé ? Quelle opinion publique –généralement invoquée –leur demande des comptes sur le chanteur ? Quels sont les critères requis pour hiérarchiser l’hospitalisation de la vedette au point d’en faire un des premiers sujets traités ? Comment invoquer une quelconque déontologie journalistique quand on subit un tel traitement de l’information ? S’est-il trouvé un journaliste refusant de couvrir la pathologie hallidayenne au nom de l’éthique ?

Une fois de plus, la presse se déshonore et va pousser des cris de vierges effarouchées si l’on tente un semblant de procès à son endroit. A une époque où des gens qui travaillent ne gagnent plus leur vie et dorment dans la rue, à une époque où tant de personnes sont exclues de tout –à commencer par les soins médicaux –il est particulièrement abject d’assister à cette mobilisation autour du mal de dos d’un chanteur has been. Qu’on songe qu’un chirurgien d’un grand hôpital parisien a quitté son service (sans doute dans le cadre privé d’ailleurs) pour se rendre au chevet de son riche client à l’autre bout du monde. Pendant ce temps, les autres patients peuvent bien attendre et continuer de souffrir. Qui en parle ? Quelle équipe de journaliste s’est rendue dans cet hôpital pour interroger le personnel et les malades pénalisés par cette absence ? Quel sens de l’éthique possède ce praticien qui lâche son service pour aller soigner une vedette ?

 

Abject !

 

Ce n’est, hélas, pas fini. Quand il sortira, on ne manquera d’aller l’interroger et Johnny se répandra sur cette épreuve qui lui appris des choses, sur la vie qui prend un autre sens, sur l’amour de ses proches, sur les choses essentielles et sur son envie de remonter sur scène et de se battre. On s’extasiera quand on apprendra qu’il s’est remis au travail plus tôt que prévu et qu’une nouvelle tournée est prévue. Toutes les banalités, toutes les sottises qu’il dira seront élevées au rang de sagesse venue au chanteur avec la souffrance. Sans doute, même, certains politiques en profiteront pour répondre à ceux qui ne sont pas contents que, comme l’aura dit Johnny, l’essentiel est d’avoir la santé et, moins cher encore, l’affection de ses proches.

 

Abject ! je redis abject.

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