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la lanterne de diogène
12 septembre 2006

un 11 septembre

C’est drôle,  pour une fois, tout le monde se rappelle ce qu’il faisait à ce moment-là. Je suis régulièrement frappé de constater l’amnésie généralisée que je rencontre pour ainsi dire, chaque fois que j’évoque un souvenir collectif. Hier matin, j’ai entendu, plusieurs fois, cette fameuse expression utilisée, jadis, par un journaliste qui couvrait, en direct, l’assassinat de Kennedy : « Vous vous rappellerez, toute votre vie, ce que vous faisiez à ce moment-là ».

Le 11 septembre 2001, passée les premières émotions à la vue de l’horrible attentat contre les tours jumelles, j’ai pensé à cette phrase. De toute façon, les images ont été revues tant de fois qu’il serait difficile de l’oublier. J’ai aussi pensé à quelques personnes de ma connaissance qui me critiquaient lorsque j’approuvais des opérations militaires visant les futurs auteurs de cet attentat hors du commun. Il m’apparaissait évident que l’on assistait à une escalade dans la terreur et que chaque groupe, dans son coin – son petit coin car on sait qu’il n’existe pas une basse secrète ultra moderne qui coordonne tout mais plusieurs réduits – cherchait à faire pire que le précédent attentat.

En revanche, ce que l’on a singulièrement oublié, c’est que dès le lendemain, la presse indiquait que les services secrets des Etats-Unis avaient averti de l’imminence d’un attentat aérien (sans pour autant savoir de quoi il retournerait). L’administration W.Bush, dont j’ai déjà souligné la bêtise crasse n’avait pas voulu prendre de mesure qui aurait pu froisser la susceptibilité de ses alliés arabes. On a vu le résultat.

Je demande aussi, à tous ceux qui me liront, de ne pas faire suivre les documents qui circulent sur l’Internet et qui remettent en cause la véracité de ces attentats ou qui suggèrent qu’il s’agissait d’un coup monté.

On a aussi, oublié un autre 11 septembre, celui de 1973, qui a vu réussir le coup d’Etat de Pinochet au Chili. Il ne s’agit nullement de comparer, ni de mettre sur le même plan. Je voudrais juste attirer l’attention sur le nombre des victimes de ces 11 septembre et sur celles qui ont suivi à cause de ces événements. Des morts, souvent après agonie, des blessés, des familles éplorées et, faible consolation, une certaine compassion universelle née de ces horreurs. Dans tous les cas, il s’agissait de gens qui nous ressemblent en tous points. Et c’est bien en cela que se définit la terreur : personne ne peut se sentir à l’abri.

D’ailleurs, as-tu remarqué que chaque fois qu’il y a une catastrophe, naturelle, chimique, terroriste, ce sont les plus pauvres, les plus humbles, qui paient le plus lourd tribut. La guerre choisit ses victimes parmi les populations les plus étrangères aux conflits et les plus démunies. Dans tous les cas, ceux qui avaient peu perdent tout. Cela veut dire plus d’argent, plus de maison, plus de possibilité de faire à manger, plus de vêtement pour se changer, plus d’endroit où aller.

Je ne le répéterai jamais assez : à l’aube du 21ième siècle, ces horreurs prennent un caractère insupportable après 5000 ans de civilisation. Lorsque l’homme des cavernes disputait un point d’eau à son semblable, lorsque les Hittites, les Philistins faisaient la guerre, lorsque les Huns, les Vandales déferlaient et détruisaient tout, lorsque les routiers écorchaient les paysans et semaient la terreur parmi les survivants des guerres, ils n’avaient pas connu les  philosophes, les sages éclairés des religions, les merveilles de la science et des techniques. Ils ne formaient que des peuples de brutes avides. Aujourd’hui, nous savons que c’est objectivement mal. Nous pouvons défier la loi de la gravitation et décoller pour aller marcher sur la lune, nous envoyons des engins au delà de ce que les meilleurs télescopes peuvent voir, nous avons vaincu des maladies comme la variole. La polio sera bientôt éradiquée comme le tétanos a disparu d’Amérique, d’Europe et du pourtour méditerranéen.

Et pourtant, l’Homme à l’Homme fait toujours la guerre quelque soit la façon de s’y prendre.

C’est intolérable !

A quoi nous servent nos sciences et nos grands textes, nos musiques, nos danses, si la moindre arme est plus forte que tout ?

Il me vient en mémoire cette scène d’un film d’Abel Gance, toujours censuré (M. Jack Lang avait fait restaurer « Napoléon » mais s’était bien gardé d’exhumer celui-là) : « J’Accuse ».  Cette scène, où le noir et blanc ajoute à l’intensité dramatique, montre les morts de Verdun, sortant de la boue ou de leur tombe, marchant vers les vivants, et tâchant de les dissuader de faire la guerre. Ils ne voulaient surtout pas que leur mort demeure inutile si elle était suivie de nouvelles hécatombes.

Il me semble que les morts du 11 septembre 1973, du 11 septembre 2001, les morts du Viêt-Nam, les morts d’Irak, d’Israël, du Liban, de Palestine sortent tous les jours pour nous dire d’arrêter les massacres. Pas plus que ceux de Verdun, nous ne les voyons et ne voulons les voir.

Alors, que ce 11 septembre 2006 nous permette de réfléchir au sens de toutes ces souffrances et nous donne l’énergie de ne pas favoriser ce qui peut les reproduire ou les aggraver. La justice sociale, la solidarité forment la base de la prévention de beaucoup de conflits. On sait que cela ne suffit pas à éradiquer le fanatisme, terreau des pires violences. Néanmoins,  un peu de violences en moins, ce sera déjà ça de gagné.

On lira avec intérêt, la chronique de Bernard Guetta :

http://www.radiofrance.fr/franceinter/chro/geopolitique/index.php?id=47007

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