parachute doré

L’histoire de « parachute doré », de prime à l’échec est choquante au plus haut point. Beaucoup a été dit, dans le passé et, encore une fois, aujourd’hui. Le monde capitaliste, renommé pompeusement ultra-libéralisme, applique à ses sbires les principes contraires à ses propres théories qui consistent à sanctionner impitoyablement celui qui a échoué, qui n’a pas su adapter son produit au marché, qui a refusé la flexibilité dans méthodes de travail, qui n’a pas accepté une remise en cause de ses revenus alors que c’était l’intérêt suprême de l’entreprise qui l’employait.

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Les plus grands dirigeants d’entreprise échappent à leurs propres règles. Contrairement à ce qu’on nous assène pour justifier leurs revenus mirobolants, ils n’ont jamais risqué leur propre capital car ils sont nommés par un conseil d’administration où ne siège pas tout le monde. En d’autres lieux, on appelle ça la cooptation, en d’autres lieux encore, on parle d’endogamie. Les petits et moyens chefs d’entreprises, eux, en effet, risquent leur capital, pas les grands.

En fait, cela n’est même pas immoral. On n’en est plus là. Il s’agit pour les grands dirigeants de montrer à la face du monde qu’ils méprisent tous ceux qui ne sont pas de leur milieu. Il s’agit de les insulter publiquement ; de nous insulter publiquement : vous voyez, nous, même lorsque nous nous trompons, nous gagnons plus que vous tous réunis, nous empochons plus que la dette sociale, nous privons les circuits monétaires de sommes pharaoniques dont nous n’avons pas besoin mais qui, au moins, vous privent de revenus décents. Ces sommes dépassent ce qu’un mégalomane pourrait dépenser en une vie pour lui et ses proches. Elles couvrent largement la légitime protection de leurs héritiers. Bref, elles n’ont aucune justification ; pire, pour rester dans le champ économique, elles ne font pas fonctionner la machine. En revanche, elles illustrent brillamment l’adage selon lequel il ne suffit pas d’être heureux, encore faut-il que les autres soient malheureux.

Alors, à quelques jours du premier tour de la présidentielle, des faits divers viennent perturber la sérénité souhaitable. L’insécurité n’est pas à mépriser. Elle est subie au premier chef par les plus démunis car les autres ont les moyens d’y échapper. En revanche, des faits comme ce scandale des parachutes dorés et pratiques assimilées paraissent presque banals, en tous cas fatals. La propagande est telle que tout le monde se sent résigné et de fait impuissant face à l’ampleur de ce mépris chiffré par des sommes dont on ne peut même pas se faire un début d’idée. Pourtant, cela doit aussi peser au moment de glisser son bulletin dans l’enveloppe bleue.

Alors, il convient de se remémorer cette phrase de Thomas d’Aquin :

Les biens que certains possèdent en surabondance sont destinés, par le droit naturel, à secourir les pauvres.