les candidats face aux problèmes d'aujourd'hui et de demain
Amère constatation.
Très amère ! Une fois retombé l’effet Nicolas Hulot de l’automne dernier, la plupart des candidats qui ont signé son pacte pour l’environnement se sont empressés de l’oublier. Faut-il s’en étonner ? A ce stade, on peut se souvenir de cet aphorisme de Jean Yanne : " Tout le monde veut sauver la planète. Mais personne ne veut descendre les poubelles. "
Bien naïfs sont ceux qui croyaient en leur sincérité au point d’affirmer que, enfin, l’écologie allait prendre dans cette campagne la primauté qu’elle mérite. En fait, ils étaient surtout contents d’entendre quelqu’un qui n’a pas un itinéraire de militant écologique ou d’avocat de victimes de catastrophes écologiques parler d’écologie en sachant qu’il ne serait pas dangereux politiquement et que feindre de le suivre ne pouvait que rapporter.
M.Nicolas Hulot était populaire avant de se mêler d’environnement. Les candidats auraient eu fort à perdre en n’approuvant pas son initiative. Depuis, le naturel –le naturel politicien en l’occurrence –a repris le dessus sur les tentations environnementales et pour tout dire utopiques. Interrogés dernièrement, les candidats ayant signé le pacte de M.Hulot ont réaffirmé leur volonté de créer le poste de vice-premier ministre chargé du développement durable et donc de l’écologie.
Il s’agit bien de la plus mauvaise idée de ce pacte et c’est bien pour cela qu’elle soutenue autant. Concrètement, on peut exprimer les doutes les plus forts concernant cette fonction. Il s’agirait d’une sorte de coordinateur qui inspirerait la politique du gouvernement et qui donnerait son agrément aux mesures prises à conditions d’être conformes au dit pacte ou du moins à la ligne écologique du gouvernement ; ce qui est déjà une façon d’amoindrir le pacte. Dans les faits, en tant que ministre, il serait de toutes façons limité par les exigences du ministre des Finances à l’écoute de la Bourse. D’autre part, il serait la caution écologique, la bonne conscience du gouvernement chargé de donner son aval, même à contre-cœur, aux mesures prises par l’exécutif. A ce titre, il serait un paravent, un fusible encore plus commode que le Premier Ministre sous sa forme actuelle. Il serait exposé à la critique permanente de l’opinion –mieux informée malgré tout –et singulièrement des militants environnementalistes qui lui reprocheraient d’approuver des mesures qui vont dans un sens douteux.
En fait, compte-tenu de l’évolution du rôle du Président de la République induit par le quinquennat et la tenue des élections législatives dans la foulée des présidentielles, le coordinateur de la politique, celui qui donne son aval à l’action du gouvernement, c’est bien lui, le Président de la République. Si l’on veut donner la primauté au développement durable et à l’un de ses corollaires, l’écologie, il faut que ce soit le Président de la République lui même qui donne l’impulsion et non pas un « vice-premier ministre » chargé de subir les critiques et d’exhiber son impuissance. D’ailleurs, le poste n’est pas prévu par la Constitution. Il faudrait préalablement en définir les tâches. Cela prendrait encore des jours et des jours de débats pour finalement créer un fusible.
La véritable décision qui marquerait une véritable volonté politique ancrée dans la conscience écologique planétaire serait de prendre l’engagement, au cours de la campagne d’être attentif à la politique de développement durable et d’obliger le gouvernement à s’y plier car ce serait l’axe majeur de la nouvelle politique. En passant, il n’était pas nécessaire d’attendre les élections et cela aurait pu être fait au cours du quinquennat en cours.
Donc, à quelques jours des élections présidentielles, il ne faut surtout pas tomber dans le piège de la mesure gadget par excellence mais juger sur devis. "L'Alliance pour la planète", cet hiver, a dressé un premier bilan des programmes respectifs des candidats en matière écologique et environnementale. Devant la faiblesse des résultats obtenus, elle a décidé de faire 24 propositions aux présidentiables. En fonction des réponses, elle a pu dresser le classement suivant en tenant compte notamment de leurs intentions pour les 100 premiers jours du futur gouvernement et des objectifs à fixer pour les cinq ans à venir. Cela n’étonnera pas ceux qui suivent les questions de développement durable :
Dominique Voynet : 17,5
José Bové : 16
Ségolène Royal : 16
Olivier Besancenot : 13,5
François Bayrou : 13
Marie-George Buffet : 9,5
Nicolas Sarkozy : 8,5
Philippe de Villiers : 7
Arlette Laguiller : 6
Jean-Marie Le Pen : 6
Frédéric Nihous : 6
Gérard Schivardi : programme non évaluable
A bon entendeur…
Communiqué de presse du 18 avril 2007
Présidentielle
Le Réseau Sortir du nucléaire appelle à ne pas voter pour cinq candidats favorables au réacteur nucléaire EPR
F. Bayrou et S. Royal doivent quant à eux prendre l‘engagement d’abroger le décret de construction de l’EPR et d’arrêter tous les travaux en cours.
Pour dire NON à la construction prochaine du réacteur nucléaire EPR à Flamanville en Normandie et parce qu’ils refusent la relance du nucléaire en France :
· 600 000 personnes ont participé à la campagne nationale STOP EPR en envoyant une carte pétition “Soleil” aux candidats à la présidentielle,
· 62 000 personnes ont manifesté le 17 mars 2007 à Rennes, Lille, Strasbourg, Lyon et Toulouse. Il s'agit de la plus forte mobilisation de toute la campagne présidentielle.
A quelques jours du premier tour de l'élection présidentielle, le Réseau Sortir du nucléaire, Fédération de 772 associations :
1) appelle à ne pas voter pour les cinq candidats suivants qui se sont prononcés pour l’EPR ou ne remettent en cause - en aucune façon - le projet de construction de l’EPR :
- Marie-George Buffet (Parti Communiste)
- - Arlette Laguiller (Lutte Ouvrière).
- - Frédéric Nihous (Chasse Pêche Nature et Tradition)
- - Nicolas Sarkozy (UMP)
- - Gérard Schivardi (Parti des Travailleurs)
2) appelle Ségolène Royal et François Bayrou à prendre l’engagement d’annuler le décret de création de l’EPR :
M. Bayrou et Mme Royal ont reconnu la nécessité d’organiser un véritable débat démocratique sur l'EPR. Mais, ils doivent s'engager – dès à présent - à abroger, s’ils sont élus, le décret de construction du réacteur nucléaire EPR, les arrêtés d'autorisation des travaux et le permis de construire grâce auxquels EDF a commencé les travaux préparatoires sur le site de Flamanville en Basse-Normandie. C’est une condition préalable indispensable qui permettra un véritable moratoire sur l’EPR avec l’arrêt des travaux pendant plusieurs années. F. Bayrou et de S. Royal doivent prendre - sans attendre - des engagements clairs et précis à ce sujet pour que les électeurs puissent juger en connaissance de cause. Ces abrogations devront intervenir avant les législatives et dès la nomination du Premier Ministre par le nouveau Président de la République.
3) précise que trois candidats se sont clairement engagés contre la construction du réacteur nucléaire EPR :
- Olivier Besancenot
- - José Bové
- - Dominique Voynet.
Le Réseau Sortir du nucléaire rappelle à tous les candidats que la très grande majorité des citoyens Français ne veut pas de nouveaux réacteurs nucléaires mais d’une politique ambitieuse de maîtrise de l’énergie et de développement des énergies renouvelables.
Des centaines de milliers d’électeurs ne manqueront pas de tenir compte des positions des candidats sur ces questions lors de leur passage dans l’isoloir.
Annexe : extraits des déclarations des candidats sur l’EPR
Les candidats suivants se prononcent pour un nouveau débat sur l’EPR sans se prononcer clairement contre l’EPR :
François Bayrou (UDF) :
“Nous ne pouvons nous priver du nucléaire. Nous devons poursuivre la réflexion sur l’EPR, pour être certains que la mise en place de ce nouveau réacteur est la bonne solution technologique.” “Les conditions du débat public sur l'EPR n'ont pas été satisfaisantes”, écrit-il.
Ségolène Royal (PS) :
“La décision de lancer l’EPR a été prise par le gouvernement actuel, dans des conditions d’analyse et de débat contestables”. Elle s’est engagée par écrit à “refaire le débat sur la construction de l’EPR”.
Notons que cette position est un recul par rapport à la position du Parti socialiste qui s’est exprimé clairement à plusieurs reprises au cours des dernières années contre la construction de l’EPR. Dans un communiqué en date du 14 avril 2006, le Parti socialiste écrivait par le biais de son porte parole Julien Dray : “Le Parti Socialiste tient a réaffirmer son opposition à ce projet inutile et dangereux. Il a fait valoir cette position en 2004 lors de son passage devant le Parlement. Il la réaffirme aujourd’hui, à l’heure de sa mise en œuvre effective.”
Ils se prononcent POUR l’EPR :
Marie-George Buffet (Parti Communiste) :
Favorable à “un nucléaire propre, sécurisé, durable et surtout 100% public”. Dans ce cadre, je suis convaincue que l'EPR et les générateurs de la 4ème génération pour la fission, ITER pour la fusion, pourront y contribuer.” Elle promet d’organiser un “débat citoyen” sur le sujet “tranché par un référendum”.
Arlette Laguiller (Lutte Ouvrière) :
Elle a répondu qu’elle ne pouvait se prononcer de façon “aussi péremptoire et limitée sur le projet” même si on peut s’imaginer qu’elle soit favorable à l’EPR dans la mesure où elle est favorable au nucléaire...
Frédéric Nihous (Chasse Pêche Nature et Tradition) :
Il est “pour le maintien de cette énergie propre qui nous garantit l'indépendance énergétique”. De même, il est favorable à la construction de l’EPR.
Nicolas Sarkozy (UMP) :
“Le parc de production nucléaire français est à mi-vie : il serait irresponsable vis-à-vis des générations futures de ne pas préparer son remplacement par des centrales plus performantes”. Pour le candidat UMP, favorable à l’EPR, le nucléaire est clairement “l’énergie du futur”.
Gérard Schivardi (Parti des travailleurs) :
Restant dans le flou, ce candidat ne s'est à aucun moment prononcé contre la construction de l'EPR.
Les candidats suivants se sont clairement prononcés CONTRE l’EPR :
Olivier Besancenot (LCR) :
“Je souhaite engager l’arrêt immédiat du nucléaire militaire et la reconversion programmée du nucléaire civil”.
José Bové (Mouvement Altermondialiste) :
“Il revient aux citoyens de décider des énergies de demain, pas à l’industrie nucléaire. Si l’EPR est construit, il condamnera toute politique ambitieuse de maîtrise de l’énergie et de développement des énergies renouvelables.” Opposé à l’EPR, il préconise un moratoire immédiat sur la construction de nouveaux réacteurs, suivi d’un “débat national sur la politique énergétique” tranché par un référendum.
Dominique Voynet (Les Verts) :
“Je propose une loi de sortie programmée du nucléaire et l’abandon des projets ruineux et sans avenir (EPR et ITER)”. D. Voynet fixe la fermeture de toutes les centrales nucléaires au plus tard en 2030.
Voir les positions détaillées des candidats sur : http://www.stop-epr.org/spip.php?rubrique63
NB : le communiqué de « sortir du nucléaire repris en partie ici mentionne l’appartenance des candidats à un parti politique ce qui est tout à fait contraire à l’esprit et à la lettre de la Constitution et ne peut qu’alimenter la défiance des électeurs envers les partis politiques. Voir les articles précédents notamment
http://lanternediogene.canalblog.com/archives/2007/03/19/4362403.html