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la lanterne de diogène
23 avril 2007

ils ont voté

Quelques remarques à chaud.

D’abord, le pari de changer les règles de la vie politique souhaité par M.Bayrou a échoué. Comme d’habitude, toutes les personnes interrogées expriment leur lassitude de la bipolarisation, de l’affrontement entre une droite de gouvernement et une gauche de gouvernement qui ont toutes deux géré les affaires courantes plutôt qu’imposé un véritable projet. Cet affrontement, que l’on entend régulièrement rejeté a, une fois de plus été plébiscité. Comme quoi, on préfère le terrain connu, quitte à vitupérer ; cela occupe le temps, cela fait croire que l’on réfléchit puisque on est contre. De plus, dire que l’on est contre tout le monde donne l’impression d’être impartial et, pourquoi ne pas le dire, juste. Tout va bien, donc, on se donne les moyens de l’impartialité en votant pour les mêmes et en crachant dans la soupe pendant cinq ans. On ne s’en lasse pas…

Ensuite, je remarque que lors de la campagne officielle à la radio publique, on a toujours entendu un ou deux messages en quinze jours. Visiblement personne n’a écouté ou regardé à la TV puisque personne ne s’en est étonné. J’en déduis que l’on préfère ce que l’on dit rejeter : une bonne vieille entrevue portant sur des affrontements de personnes, des tenues vestimentaires, des sous-entendus, des lapsus, plutôt qu’un exposé argumenté et la présentation d’un programme.

Toujours concernant France-Inter, je note que lors du journal de 7h 30, alors que la campagne était close, on a pu entendre un reportage autour de M.Sarkozy. De même, on peut s’étonner de l’association avec le quotidien Le Monde dont le directeur a appelé ses lecteur à voter d’une certaine façon. Ce n’est pas vraiment l’idée que l’on se fait du service public. On a bien pu s’offusquer du choix avoué du chroniqueur Alain Duhamel. « C’est pas moi, c’est les autres » comme dit Abd al Malik.

D’ailleurs, ainsi que le montrera la publication  dans Télérama d’un sondage à la sortie des urnes, ce sont les lecteurs du Monde qui ont le plus voté pour M.Bayrou (bien plus que les lecteurs de Marianne qui ont voté majoritairement pour Mme Royal), désavouant magistralement son directeur. Quand on dit que le fossé se creuse entre la population et les médias…

En d’autres termes, l’affrontement droite-gauche est encouragé et manipulé par la presse. Je suppose que c’est le simplisme du schéma qui en est la cause. Il serait trop difficile pour les journalistes qui sont pourtant payés pour, d’étudier les arguments de tous les candidats, d’accorder aux questions d’environnement la place qu’occupe, par définition, l’environnement pour chacun. Droite/gauche, c’est facile. C’est comme un commutateur : 0 – 1, air chaud-air froid, avec ou sans sucre, fromage ou dessert, sardines ou l’huile…

Pour les électeurs, il faudrait prendre la peine de lire les programmes ou au moins les professions de foi ou au moins écouter attentivement les candidats. Impensable ! mieux vaut réagir instinctivement pour les uns et se limiter à gauche de gouvernement-droite de gouvernement. On ne veut plus voir les mêmes mais on vote pour eux parce qu’on les connaît et que les autres proposent décidément trop de changements. Il faudrait rouler moins, picoler moins, tondre moins sa pelouse, mettre moins d’herbicide qui tue les abeilles, être un peu plus solidaire, s’occuper des Africains en Afrique alors qu’il est si facile de les régulariser ou de les expulser.

Autre nouveauté de l’après premier tour : pour la première fois, les commentateurs passent des dizaines de minutes à s’interroger sur le quatrième arrivé. On glose sur son effondrement, sur sa succession, le report des ses voix. D’accord pour le dernier point mais les autres n’ont absolument aucune importance. Sauf à considérer que ce chancre de la vie politique française constitue une mine inépuisable de chroniques, de commentaires, à la façon d’un feuilleton, même avec rediffusions. Il y a gros à parier que les journalistes iront tendre leurs micros à l’extrême droite alors même qu’ils affirment qu’elle s’est écroulée. Visiblement, on n’a pas intérêt à sa marginalisation.

On s’inquiète de la disparition des dérapages verbaux qui permettent à tous de s’offrir une virginité pour pas cher.

En effet, ce n’est pas la première fois que cette tendance recule. A chaque fois, on est allé la repêcher tant elle assure le spectacle, l’audience. Le Pen est un produit essentiellement médiatique. Alors que sa formation stagnait depuis des décennies au fin fond des intentions de vote, un journaliste de gauche, François-Henri de Virieux l’a invité dans son émission politique, par ailleurs de qualité, dans l’espoir d’assurer un certain score dans une période creuse. Sa justification était qu’il avait obtenu un siège –un strapontin plutôt –de conseiller d’arrondissement dans le 20ième à Paris en 1983. Le conseil d’arrondissement n’est pas un conseil municipal. L’audience inhabituelle pour cette période estivale où le public est peu porté sur la politique a accrédité l’idée qu’il s’agissait d’un événement majeur. Le vieux politicard a embrayé. On connaît la suite. Jamais la télévision n’avait offert une telle tribune à un quelconque élu municipal (et encore celui-ci ne l’était pas) d’une formation minoritaire ou marginale, comme on disait alors. Il faut en conclure que c’était délibérément que l’on montait en épingle un simple score d’audimat pour en faire un événement politique. Bien des dérapages, bien des mélodrames auraient été évités.

Par la suite, l’extrême droite a souvent connu des revers. Revers relatifs compte-tenu qu’elle n’a jamais eu de succès réels. Il est tout de même curieux de dire que le grand gagnant est l’extrême droite quand elle n’obtient pas d’élu.

Ces jours-ci, encore, on nous rejoue la vieille partition. Il faut croire qu’il n’y a rien de plus important entre les deux tours que la succession du septuagénaire.

Cette semaine, le feuilleton médiatique, le pain quotidien – ô combien béni –sera les discussion entre l’équipe Bayrou et les équipes de Royal et de Sarkozy. Le moindre mot sera présenté comme un ralliement, une trahison, la preuve qui manquait. En fait, les résultats du premier tour qui ont vu éliminés les candidats de projets au bénéfice des candidats de gouvernements montrent que c’est ce que réclame le peuple. Du pain et des jeux ! on en est toujours là : des allocations pour éviter des émeutes de la faim et les petites phrases des politiques pour amuser les électeurs.

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