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la lanterne de diogène
2 mai 2007

et l'écologie

L’environnement, l’écologie, ont complètement disparu du débat politique de l’entre-deux tours, tout entier consacré au dialogue entre les partis traditionnel de gouvernement et le mouvement centriste qui aimerait bien s’y maintenir quelque soit le cas de figure.

France-Inter a organisé deux matinales afin d’approfondir les programmes des deux duettistes sur l’économie, l’Europe, la situation interne (notamment les institutions) et même la culture. Pas question d’environnement à l’heure où nous avons connu l’hiver le plus chaud depuis que l’on fait des relevés météorologiques, à l’heure des choix pour remplacer, à termes, le pétrole qui a orienté toute l’économie mondiale pendant plus d’un siècle, alors que dans tous les pays, les meilleures terres sont occupées par des lotissements et des zones d’activité.

Le long de la ligne à grande vitesse rhodanienne (TGV Lyon-Marseille), on peut voir les terres maraîchères remplacées par des usines, des centres commerciaux, tandis que les terres caillouteuses sont irriguées afin de pouvoir être cultivées. On marche sur la tête.

Pas plus tard que jeudi 26 avril 2007 au matin, on a pu entendre un reportage sur la production de céréales de cette année, compromise par le déficit en pluies. Exceptionnellement, le producteur de l’est de la France a dû arroser les semis. Il prévoit, pour ses champs de maïs, d’arroser pour compenser le manque d’eau naturelle. Il s’inquiète de la hausse de sa facture énergétique à cause du fonctionnement des pompes. A aucun moment, il ne s’est inquiété de savoir s’il y aurait de l’eau à pomper.

D’abord, sur ce cas précis, parfaitement répandu et donc représentatif de l’agriculture française, il faut savoir que le maïs n’est pas une plante indigène. En d’autres termes, elle n’est pas adaptée à nos climats européens. Elle pousse facilement sur les façades maritimes orientales, qui connaissent des étés chauds (comme ailleurs) mais qui reçoivent les pluies océanes. En somme, l’inverse de la Bretagne. En raison de ses qualités nutritives, elle s’est répandue dans toute l’Europe mais épuise les nappes phréatiques. S’il pouvait y avoir une vertu à la mondialisation libéraliste, ce pourrait être la division internationale des productions agricoles. Aux Américains le maïs, aux Européens le blé, aux Asiatiques le riz. Au lieu de ça, tout le monde veut tout faire et cela conduit seulement à faire monter les cours dans une compétition insensée qui laisse des millions d’humains affamés ou en état de disette. S’y ajoute depuis peu la production d’agro-carburants à base de maïs qui font monter les cours ce qui rend cette céréale qui forme la base alimentaire en Amérique centrale hors de prix pour les plus modestes, c’est à dire la majorité des populations.

Ensuite, le rapport qu’entretient ce paysan à sa terre est un rapport essentiellement vénal. L’épuisement de la terre à cause de ses rendements élevés, l’épuisement des ressources naturelles en eau, n’apparaît à aucun moment dans ses préoccupations. Pour y faire face, il y a un appel à peine discret à des subventions pour payer des produits chimiques qui vont prendre le relais de la nature impuissante pour de tels rendements et des subventions pour payer la facture d’énergie pour faire fonctionner les pompes.

Pour beaucoup, ce n’est qu’une question de prix à payer (en fait à faire payer par les autres). Comme si les pompes à eau, les labours fonctionnaient avec des billets de banque. Dans Manon des Sources de Pagnol, un personnage exige que l’ingénieur remette l’eau à la fontaine qui est tarie puisqu’il a payé son abonnement. Le maire lui même déclare que le conseil municipal laïque ne peut accepter que l’administration ne puisse remettre l’eau. Quand on voit ça au cinéma, ça fait rire. Quand on le voit dans la réalité, personne ne songe à se moquer. Personne, non plus, ne s’interroge sur les causes profondes.

En général, la solution retenue consiste à demander une subvention. C’est fou ce qu’on est généreux avec l’argent des autres…

En fait, la désaffection des citoyens pour l’environnement est à rapprocher de la faible production de produits biologiques en France qui répond à une demande en hausse mais toujours marginale. Alors que dans presque toute l’Union Européenne, ce type de produit représente une part importante de la consommation, ici, cela relève surtout des bobos et de quelques personnes qui prétendent se soigner en permanence. Les prix sont en conséquence et dissuadent les consommateurs qui sont tentés, simplement d’utiliser des produits qui épargnent l’environnement, qui ne sont pas néfastes à la santé en terme de maladies graves. On a même l’impression que l’intention est bien de limiter le nombre de consommateurs à la fois pour éviter de remettre en cause la politique agricole et aussi pour rester entre soi.

L’environnement n’est pas une abstraction. L’environnement, c’est l’air qu’on respire, l’eau qu’on boit ou qui nous lave (hygiène), les produits végétaux et animaux qu’on mange. Respirer, boire et manger sont des besoins élémentaires et des besoins vitaux. Or, tout se passe comme si la question ne se posait pas. Tout ce qui préoccupe les politiques (inutile de parler des entrepreneurs et des financiers), c’est ce qui coûte de l’argent. Tout ce qui est naturel n’a aucun intérêt pour eux. La politique se résume à promettre des réajustement de crédits. A gauche, on débloque des crédits pour la culture. A droite, on subventionne les entreprises privées. L’air, l’eau, la terre ne font pas de voix, ne pèsent rien, ne manifestent pas.

Certaines civilisations sont fatalistes. Si la ressource s’épuise, c’était voulu. On n’y peut rien. Il serait vain de vouloir contrarier une volonté inéluctable. Au fond, sommes-nous si différents ?

Simplement, au lieu de se résigner et d’aller ailleurs pour trouver ce qui manque chez nous, on entretient une confiance démesurée en l’avenir et en la science. La science, pourvu que la recherche dispose des fonds nécessaires, résoudra tous nos problèmes du moment. Cela nous permet de continuer de gaspiller. Car, nous gaspillons en permanence l’air en le polluant, l’eau en la puisant et en la corrompant, la terre en l’épuisant.

Pour être élu président de la république française, il ne convient pas d’aborder ces questions. Tout le monde, à son échelle, se sentirait culpabilisé. Tout le monde se préoccupe de la dette qu’on laisse aux générations à venir ; encore une question vénale. Personne ne se demande même si elles auront assez à manger et à boire pour pouvoir rembourser la dette.

Qu’en diront les candidats ce soir ?

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