L’Union Pour la Méditerranée
pose plus de questions qu’elle n’en
résout. Faut-il pour autant y jeter la pierre ? Tout ce qui contribue à
rapprocher les gens va dans le bon sens.
Parmi les questions que soulève l’UPM, il y en a deux qui
dominent : le Liban et la question palestinienne.
Concernant le Liban, si ce pays échange des ambassadeurs
avec l’envahissante Syrie, ce serait déjà un pas extrêmement positif. A noter
que des pourparlers sont en cours depuis deux ou trois ans à propos de cet
échange diplomatique qui constituera de fait une reconnaissance du pays des
cèdres. La Syrie
n’a jamais accepté la présence du petit Etat (grand comme la Gironde ) à ses
côtés.
http://lanternediogene.canalblog.com/archives/2006/07/22/2337447.html
Les Druzes et les maronites, pourtant antagonistes, sont les
fondateurs de ce pays imposé par le mandat français entre les deux guerres
mondiales. Le moins qu’on puisse dire, c’est que, malgré les efforts de
quelques personnalités sincères ou non, les puissances mandatrices qu’étaient
l’Angleterre et la France
n’ont pas vraiment réussi. On juge de la réussite par ce qui a pu se passer
après la fin du mandat de la SDN.
Que
ce
soit en Syrie, en Palestine ou en Irak, c’est la guerre qui a dominé.
Il semble que le retour controversé de la Syrie
dans le concert des
nations ne soit pas dénué d’arrières pensés commerciales. Des contrats étaient
gelés depuis l’assassinat de Rafic Hariri. Le président Sarkozy n’a pas lésiné
pour débloquer la situation quitte à faire défiler les Casques Bleus devant le
président syrien. Reste que si la paix s’instaure durablement au Liban, on
oubliera que c’est à Paris que les choses ont commencé mais que si les troubles
persistent, le marché de dupes apparaitra au grand jour. Comme on aime la paix,
on souhaite que ça marche. Est-ce à dire que dans le meilleur des cas, le paysage
du Proche-Orient sera débarrassé des conflits sanglants et tout le monde y
trouvera son compte ? Evidemment non, et poser la question, c’est déjà y
répondre. Si la paix est plus ou moins assurée au nord, reste la délicate
situation du sud : la
Palestine.
En filigrane apparaît Israël, quoi qu’on fasse, quoi qu’on
dise. Le nœud du problème se trouve à Jérusalem. Le reste relève du collatéral.
Le rapprochement entre Damas et la capitale juive ne s’est pas fait à Paris. Le
président syrien, pour faire bonne mesure, a évité soigneusement le Président
du Conseil israélien alors même que des négociations secrètes existent depuis
des années. Il ne faut rien brusquer. Les deux peuples ne souhaitent pas tant
la paix que la possibilité de commercer. Beaucoup d’Israéliens se trouvent plus
près de Damas que de Jérusalem. Beaucoup de Syriens souhaitent se procurer ce
qu’ils ne trouvent pas sur place. Pour le reste, les inimitiés demeurent, au
moins par principe. Cependant, on peut raisonnablement parier qu’une paix
semblable à celle qui a été signée entre l’Egypte et Israël sera signée à
terme. Outre la nécessité pour les deux belligérants de cesser de dépenser des
sommes astronomiques (même si c’est l’Arabie saoudite d’une part et les
Etats-Unis de l’autre qui prennent en charge une bonne partie) qui pourraient
être mieux affectées, outre la sécurité pour Israël, il existe un autre
avantage et de taille pour les deux parties et surtout pour cette
dernière : la question palestinienne.
La paix avec la
Syrie
couterait à l’Etat hébreu la perte du plateau du Golan.
Outre la position stratégique et la possibilité de tirer facilement sur le
petit Etat depuis les hauteurs (danger supprimé par la paix), le Golan est la
source de plusieurs fleuves et une région particulièrement hydrique. Or, on
prend conscience que l’eau est la seule véritable richesse sur Terre. Pourtant,
ce n’est encore pas là l’essentiel. La paix avec la Syrie
signifiera aussi la
fin de la menace militaire et de la menace terroriste palestinienne. Les groupes
extrémistes palestiniens ne disposeront plus de leur base arrière syrienne. Le
chef du Hamas –créé en son temps par les Israéliens, ne l’oublions jamais –se
trouve à Damas. Les armes transitent par là aussi. D’ailleurs, quand on sait la
difficulté pour franchir le moindre poste de contrôle israélien, surtout quand
on est arabe, on peut se demander comment des armes peuvent entrer et
participer à la guerre entre factions palestiniennes. Lorsqu’il y aura la paix
avec la Syrie
,
il n’y aura plus besoin de tout ça. L’Etat palestinien ne sera plus qu’un
souvenir rangé dans un tiroir quelconque. Les territoires arabes continueront
d’être soumis à la loi martiale de l’occupant
A part les Palestiniens, tout le monde sera bien content
lorsque l’UPM aura réussi à accélérer la paix entre Israël et la Syrie.
L’UPM apparaît également comme une conséquence de
l’élargissement à l’infini de l’Union Européenne. A partir du moment où l’on ne
plus se retrouver sur des affinités, des intérêts communs et que l’UE évolue
vers une simple zone de libre-échange, il est bien évident que les membres vont
se tourner vers leurs alliances traditionnelles. Les derniers entrants
apparaissent comme les principaux demandeurs. On sait que la Pologne n’a jamais
manifesté beaucoup de plaisir à se retrouver avec les autres mais c’est le prix
à payer pour bénéficier des fonds structurels. Elle est davantage attirée par
d’autres pays de l’est comme l’Ukraine mais reste prête à en découdre avec la
Russie qui l’a amputée, autrefois d’une partie de son territoire.
Il ne serait pas indécent que les pays slaves se regroupent
à l’instar de l’UPM qui devrait se limiter aux riverains de la mare nostrum. En effet, tout comme pour
l’UE, à partir du moment où tout le monde en est, ça n’a plus guère de sens.
Qu’est-ce que l’Estonie a à voir avec la Méditerranée ? De même, on
pourrait imaginer que les pays scandinaves forment un groupe, ainsi que le
Bénélux ou d’autres. Voire, on pourrait imaginer donner plus de pouvoirs aux
alliances régionales existantes comme celle qui unit la Corse, la Sardaigne et
la Sicile. Maintenant que beaucoup de tensions sont apaisée, une union
yougoslave pourrait voir le jour. Si les pays des Balkans (Slovénie aujourd’hui,
Croatie demain, Monténégro, Serbie après-demain, Albanie, Nouvelle-Macédoine,
Bosnie-Herzégovine un jour) se retrouvent dans l’UE, pourquoi ne se
rencontreraient-ils pas plus souvent mais en dehors ?
On avait suggéré, un temps, une Europe par cercles
concentriques permettant à chacun d’avancer à son rythme et selon ses
impératifs. De fait, cette configuration existe même si elle n’est pas
formalisée, au contraire. La Grande-Bretagne se trouve en dehors de la plupart
des dispositifs majeurs de l’UE. On peut penser que l’Irlande aura un statut
similaire afin de contourner son refus du traité modificatif de Lisbonne et
l’imposer aux autres.
Pourtant, il semble que l’UPM restera longtemps une coquille
vide. Période des vacances aidant, plus personne n’en parle et le défilé des
troupes devant le dictateur syrien est oublié.