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la lanterne de diogène
28 novembre 2008

6 morts

 

6 morts, déjà 6 morts et l’hiver n’a pas encore commencé. Au moment où ces lignes paraitront, il y en aura peut-être 7, 8. Il semble que nous soyons passés au rythme d’un mort de froid par jour. Comme il est de bon ton d’encenser l’Abbé Pierre (paix à ses cendres), d’autant qu’il ne nous emmerdera plus, on peut rappeler que lors du fameux hiver 1954, il en avait fallu moins que cela pour que le parlement vote un budget d’urgence afin de loger tous les sans-abris de l’époque. L’action spectaculaire et efficace de l’abbé résistant avait ému et mobilisé les consciences. Plus d’un demi-siècle plus tard, faut-il se demander si les parlementaires manquent de conscience ou s’il faut plus de morts pour se décider.

 

 

 

300px_HomelessParis_7032101En 1983, on qualifiait de « nouveaux pauvres », la vague de sans-abris, eux mêmes renommés « sdf ». Il était de bon ton d’en faire porter la responsabilité sur le gouvernement d’union de la gauche. Dans la foulée, le grand Coluche créait les « Restos du cœur » au cours d’une émission de télévision où les hommes politiques étaient invités. Toute honte bue, ils se réjouissaient de cette initiative qui marquait pourtant leur incompétence et leur inconscience.

 

 

 

Aujourd’hui, une nouvelle étape a été passée. On n’en est plus à oublier ses manquements. D’ailleurs, ce ne sont plus des manquements mais une inaction volontaire. En clair, on s’en fout de ces gens qui crèvent dans les rues ou dans les bois. Ils n’ont qu’à travailler plus, ils gagneraient assez pour payer un loyer. Qu’importe si, de toute façon, aucun propriétaire ne leur louerait le moindre mètre carré même dans un hangar. En fait, c’est un nouvel avatar de la sélection naturelle. Ça arrange bien tout le monde.

 

 

 

En marge, l’association bien nommée Droit Au Logement vient de se faire condamner pour embarras de la voie public après avoir posé de tentes sur le trottoir de la rue de la Banque. Au passage, la Banque au bord du gouffre a reçu des milliards d’aide et de caution quand il n’y a pas quelques millions pour offrir un hébergement d’urgence ou, mieux, un hébergement social. En clair, cette association qui aide les sans-abris devra consacrer l’essentiel de son maigre budget à 20080128SDFpolice_55b3fpayer l’amende. On remarque la multiplication des procédures contre toute forme de contestation. Une invective est passible des tribunaux, la présence à une manifestation risque d’attirer sur vous la loi anti-terroristes. Certes, ces procédures sont employées depuis longtemps et par tous les gouvernements mais, jusqu’alors, on s’en prenait aux contestataires isolés. Encore une fois, cela est impensable dans les pays anglo-saxons pourtant loin d’être des modèles. L’entrave à la circulation est régulièrement invoquée pour couper les jambes des manifestants et les anéantir. Maintenant, on s’en prend même à des personnes qui sont déjà anéanties. Quand on entend un féal du gouvernement, en la personne de M.Estrosi dire qu’il est normal quand un automobiliste mal garé paie une contredanse qu’une tente qui gène le passage soit sanctionnée de même, on atteint l’abject. Il faut remonter à la loi dite « sécurité et liberté » du sinistre A. Peyrefitte, ministre de la Justice de R. Barre, pour retrouver une telle pénalisation de la contestation.

 

 

 

Enfin, on se souvient des ces propos d’un Nicolas Sarkozy excédé : « Que des gens viennent de bonne foi me demander en réponse à la crise d'embaucher davantage de fonctionnaires et davantage d'emplois publics, je me demande s'ils ont bien compris dans quel monde nous vivons »

 

Mais, quand on l’entend dire : "Cette personne-là [ramassée dans la rue], on lui donne à manger un bon repas chaud, on lui propose de la soigner, on lui permet de prendre une douche ou un bain, on lui montre la chambre ou le lit qu'on lui propose".

 

On peut se demander s’il vit dans la réalité du monde. Le pire (mais en la matière il est difficile d’établir ce qui est pire) c’est qu’il a probablement prononcé ces mots de bonne foi, persuadé qu’il est qu’on propose à ces bons-à-rien des chambres dans les logements d’urgence qu’il a fait ouvrir. Le même, en tant que maire de Neuilly n’a pas développé le parc d’HLM au-delà de 2% des logements. Honte à lui !c6cc6ebf8e73297b976b8dbf6fd5e8b5_large

 

 

 

En attendant, les pauvres se réfugient dans les bois aux abords des villes comme au 17ième siècle et meurent de froid.

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