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la lanterne de diogène
26 juillet 2009

Au feu les pompiers !

Comme chaque été, les médias comptabilisent les hectares qui brûlent et les pompiers qui meurent au feu. Les politiques sortent. Les uns pour dire qu’ils vont faire encore plus pour lutter contre les incendies, les autres pour réclamer des crédits à l’Etat pour ne pas entamer leurs propres ressources.

 

Au moment d’écrire ces lignes, six pompiers ont trouvé la mort en Catalogne. Six veuves et plus encore d’enfants : des femmes qui se sont senties fières d’avoir été épousées par des hommes dévoués et courageux et des enfants tout heureux d’avoir un héros à la maison. Ces hommes courageux, on ne peut que souhaiter qu’ils soient morts asphyxiés car la lenteur des brûlures garantit une mort encore plus douloureuse et longue. Qui s’en préoccupe ?

 

En Corse, on nous dit que la moitié des incendies est accidentelle et la moitié d’origine criminelle. N’empêche, là comme ailleurs, une fois éteintes les flammes, les terrains rendus inutilisables à court terme sont transformés en lotissements. Tout le monde le sait. Il y a quelques années, le ministre Haroun Tazieff avait été censuré par les médias pour l’avoir déclaré. Il a fallu l’entendre en direct car les propos n’ont jamais été repris. Les hommes politiques pensent y gagner davantage en déclarant qu’ils vont débloquer des crédits pour acheter de coûteux Canadairs qu’en payant quelques bergers qui vont faire paître des chèvres qui vont nettoyer les terrains de ce qui sert à propager les incendies.

 

A Carpiane (près de Marseille), ce sont des militaires en manœuvre qui ont fichu le feu.

http://marseillelabelle.over-blog.com/

 

En cause, les balles traçantes qui ont la propriété de brûler à l’endroit de l’impact. On a mis en examen le sous-officier responsable des tirs. Quiconque a connu l’armée sait que ce n’est pas le fait d’un gradé isolé mais de la mentalité qui règne dans la grande muette.

 

L’armée s’est toujours crue au-dessus des lois qui régissent la société civile. Paradoxe pour une institution dont la seule raison d’être est, précisément, de servir et de protéger la nation. Or, l’armée gaspille, détruit, pollue. Gaspillage des moyens, des munitions, du carburant, de nourriture, des vêtements, d’eau, d’énergie. Des exemples ?

http://marseillelabelle.over-blog.com/article-20719472.html

 

En 1979, en plein « deuxième choc pétrolier », en décembre, on a fait tourner des camions à vide sur la place du rapport afin d’user le carburant pour que la dotation en carburant ne diminue pas et pour pouvoir en réclamer plus encore. Les camions étaient nettoyés au fioul blanc (gazole). Il y avait toujours une revue quelconque qui justifiait un nettoyage pour lequel on ne lésinait sur aucun moyen. Un banc de lavage performant existait au niveau de la division (la 1ère DB) mais n’était jamais utilisé afin de faire trimer les appelés. On trouvait encore des chars Patton fonctionnant à l’essence et qui ne démarraient qu’après avoir brûlé

25 litres

d’essence. Pour des raisons évidentes, ils étaient peu utilisés mais le colonel n’hésitait pas à parader en haut de la tourelle. Les blindés défoncent les routes asphaltées, détruisent les arbres là où ils manœuvrent. Pour le 14 juillet, qui n’est pas la fête des armées mais la fête de

la Nation

, il faut acheminer en car les troupes qui défilent aux côtés des blindés et et sous les avions. Tout ça pour la parade… à sa décharge, le Président Giscard* avait, une année, éliminé les blindés du dit défilé afin de « chasser le gaspi ». Il avait été vertement critiqué : « un défilé sans blindé, c’est plus un défilé ».

Un brave adjudant m’a déclaré qu’une fois, il avait dû, sur ordre de la division, réformer 500 treillis pour le lendemain. N’ayant pas le temps de rappeler les vêtements défectueux il avait été contraint de prendre les 500 qu’il avait sous la main, presque tous encore dans leurs sachets de cellophane.

 

Ainsi fonctionne l’armée. L’administration civile n’est pas en reste. Dans les bureaux, le gaspillage de papier ne gêne personne. Le moindre employé va déchirer une photocopie légèrement mal centrée. Quand la direction générale demande le tri sélectif dans les bureaux, rien n’y fait. Les gobelets sales finissent immanquablement dans les corbeilles à papier. Les femmes de ménage, peu au fait du recyclage, regroupent les déchets quand, par le plus grand des hasards, une ébauche de tri a été faite par quelques fonctionnaires civiques. Les lumières brûlent en plein jour et le chauffage est à fond en hiver et jusqu’au printemps. Là encore, en fin d’année, on se dépêche d’utiliser toute la dotation car sinon les crédits de l’année d’après seront diminués.

L’Education nationale est sans doute la plus dépensière de toutes. Coutumiers du dédoublement de personnalité, les enseignants, toujours prompts à se plaindre de leurs élèves, ne tarissent pas d’éloge sur l’intelligence des citoyens, pourtant leurs anciens élèves irrécupérables. Il en va de même pour leur sens civique. Militants du développement durables en dehors de leurs établissements, ils photocopient à l’envi, toujours insatisfaits des livres qu’ils choisissent. Ils exigent que leurs élèves utilisent le format A4 dès la sixième, alourdissant les cartables tandis que seule la moitié du recto est utilisée pour les exercices courants et que ces grands cahiers sont loin d’être remplis en fin d’année. Quel exemple ils donnent à leurs élèves !

 

Alors, dans un tel contexte de je-m’en-foutisme institutionnel, il n’y a rien d’étonnant à ce qu’à Carpiane, des militaires –et pas seulement ce sous-off –se soient cru affranchis des règles de sécurité minimum et du bon sens courant. En attendant, ça brûle. Le reste du temps, ce n’est pas l’armée qui met le feu. Le ministre de l’Intérieur, M. Hortefeux, répond, fier de lui, à Isabelle Dor de France-Inter Marseille qu’il a fait déférer deux incendiaires. « Pour combien d’affaires qui n’ont pas abouti, demande la journaliste ? – allez, merci… ». En attendant, ça brûle. Des pompiers vont encore y laisser la peau.

 

* Le même Président avait demandé aux constructeurs d’orienter leurs recherches vers la voiture qui consomme

3 litres

La Commission

européenne autorise la commercialisation de voitures qui font

20 litres

aux cents…
aux cents kilomètres.

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