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la lanterne de diogène
21 juin 2010

Le grand n'importe-quoi en bleu

Voici qu’au lieu de commenter de belles actions sportives, au lieu de se délecter de voir des équipes peu présentes par ici donner le meilleur d’eux-mêmes, d’admirer les meilleurs joueurs du monde, on en est à exprimer sa révulsion de l’attitude du onze de France.

 

Les Bleus nous font penser irrésistiblement à ces garnements qui font les 400 coups et qui trouvent qu’on ne les respecte pas assez et que c’est pour ça qu’ils se comportent mal. Ils se comportent comme des enfants gâtés pris la main dans le pot de confiture et qui s’insurgent quand on leur fait remarquer. Tout leur est dû : équipements, voyages, hôtel de luxe, primes exceptionnelles négociées âprement.

 

On assiste à une véritable pantalonnade. Qu’on imagine une bande mettant le feu à une voiture. On sait qui a mis le feu et qui dirige la bande. Devant les caméras accourues, le petit chef de la bande fait venir le propriétaire de la voiture incendiée pour lui faire dire aux journalistes que, finalement, ce n’est pas bien grave et que, justement, il allait en changer. Tandis que tout le monde se focalise sur la voiture incendiée et les troubles tout autour, le chef de la bande s’offusquerait que la presse ait été prévenue et menacerait de s’en prendre à celui qui a balancé. Le petit chef terminerait en promettant qu’ils ne le feront plus jamais et qu’ils sont de bons garçons qu’on n’a pas compris.

 

C’est peu ou prou ce que nous voyons en ce moment. Comme très souvent, on assiste à un renversement des rôles et des faits. On écarte les insultes à l’entraineur pour mettre en avant celui qui a vendu la mèche mais sans le nommer (on n’est pas comme ça). On justifie le mécontentement. On utilise les mots de « traitre » et de « mutinerie » et de « solidarité ». Ce sont ceux qui sont mis en cause –car les faits les accusent –qui se posent en victimes et font corps autour de la brebis galeuse.

 

On a déjà oublié que les mêmes sauvageons s’étaient montré choqués par les propos de leur Secrétaire d’Etat de tutelle qui trouvait que leur hôtel était sans doute un peu trop luxueux, l’avaient fait savoir et avaient exigé du protocole qu’ils ne se rencontrent pas. Aujourd’hui, face à la sanction d’un des leurs, ils affichent leur « solidarité », désignent un « traitre » parmi eux et « se mutinent ». Ils se mutinent comme les soldats de 1915 qui refusaient d’aller se faire tuer pour rien ou comme les mineurs de fond après les accidents. Rien de moins. Cette démesure, cette absence totale de hiérarchie dans les événements, cet éloignement de la réalité que vivent la plupart de leurs compatriotes –ceux-là mêmes qui dépensent de leur argent pour les voir jouer –est tout à fait caractéristique de la société française actuelle.

 

Les bafana-bafanas –futurs adversaires des Bleus –jouaient, il n’y a pas si longtemps encore, dans la rue avec un semblant de ballon. En fait, ils jouaient plus vraisemblablement sur un terrain bosselé entre les buissons et même les arbres. Les petits Français rouspètent quand les filets des buts sont déchirés et que la pelouse n’a pas été assez bien tondue ou a été arrachée par leurs crampons. Parmi eux, les meilleurs ont pu réaliser leur rêve : jouer au foot et être payés pour. Ce n’est pas encore assez. Quand ils ne respectent le contrat moral qu’ils ont signé, leur égo surdimensionné réclame le respect, ce qui, dans leur esprit, veut dire qu’on ne doit pas leur adresser de reproche.

 

Quand on entend un Ribéry, on croit qu’un micro a trainé dans une de ces cités. Sauf que, dans ces cités, personne ne gagne autant qu’eux. On ne peut pas jouer, afficher un train de vie digne de nababs et réclamer la même compréhension que pour des jeunes à la dérive. On veut les meilleurs hôtels, la satisfaction des moindres caprices et pas de récrimination quand on fait des conneries. En plus, ces joueurs ne veulent pas se mêler à leur supporteurs : toujours les écouteurs dans les oreilles à la descente des bus et jamais d’autographe signé. Pour qui se croient-ils ?

 

Tout dans leur comportement évoque les enfants gâtés. L’un claque son pognon avec une pute de luxe, l’autre réclame de pouvoir insulter son supérieur en toute impunité. L’idée qu’on peut s’encanailler en sachant que papa paiera pour sortir du poste de police et humilier ceux qui en appellent à la loi les rend méprisants. Non seulement ce sont des garnements pourris par le pognon mais, surtout, ce sont des garçons capricieux, totalement immatures, dont les affres rappellent les disputes de bac à sable. Ils n’ont pas peur du ridicule car, en fait, ils ne se rendent même pas compte tellement ils sont puérils et déconnectés de la réalité.

 

Le problème n’est pas qu’un joueur énervé ait pu insulter son entraineur dans les vestiaires. Les jeunes des petits clubs et des écoles de foot n’ont pas besoin de voir ça pour en faire autant. Ça peut arriver. En revanche, ils vont se sentir encouragés devant la réaction de l’équipe. Déjà, il y a quatre ans, on a vu le coup de boule de Zidane réagissant à une provocation. Il s’en est trouvé pour lui donner raison. C’est cet exemple-là qui est lamentable. Normalement, les sportifs de haut niveau sont censés maitriser leurs nerfs. C’est justement la vertu du sport que de canaliser la colère et de discipliner son comportement. Si les professionnels se comportent comme des cailleras à quoi bon payer des impôts pour eux ?

 

Dans l’immédiat, le respect pour le public qui a payé pour ce match contre l’Afrique du sud (pays organisateur qui plus est) oblige à jouer. Pourtant, il serait moral de quitter la compétition discrètement. Dès la fin de cette partie, il faut que les instances de

la Fédération

Française

de Football démissionnent en bloc car, tout cela ne serait pas arrivé sans une responsabilité collective au plus au niveau. Surtout qu’on ne les voie plus jamais !

 

La presse internationale se déchaine déjà contre l’équipe tricolore. Leurs frasques sont la risée de tout le monde. Une fois de plus, on désigne volontiers l’arrogance des Français toujours prompts à donner des leçons au monde entier. Dans les jours qui viennent, on va voir courir sur l’Internet des vidéos et des diaporamas qui vont ridiculiser l’ensemble des Français.

 

Dans un pays où il existe un fort ressentiment contre ce sport populaire, précisément parce qu’il est populaire, il n’est pas besoin de donner raison à ceux-là qui prétendent que les footballeurs sont des imbéciles trop bien payés pour taper dans un ballon.

 

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Commentaires
A
Ça fait plaisir, merci Marion !<br /> <br /> Régulièrement, je me demande si je vais continuer. Des témoignages comme ça m’incitent à poursuivre. Comme quoi, tout le monde ne pense pas comme on nous l’impose plus ou moins. J’espère m’exprimer au nom de ceux-là et qui n’ont pas forcément le temps ou la facilité pour le faire. Merci encore
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M
je découvre ce blog, et j'en suis pas déçue<br /> bravo
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