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la lanterne de diogène
19 mai 2007

nouveau paysage politique ?

Un des faits marquants de l’après présidentielles et, par voie de conséquence, de l’avant législatives, c’est le phénomène Bayrou. D’abord, il est intéressant de noter qu’après l’avoir présenté comme –je cite –« le grand vainqueur des présidentielles », on parle maintenant « d’échec relatif » de Bayrou aux présidentielles. Tout cela sans la moindre vergogne, dans l’amnésie quasi immédiate, . La défection des élus qui s’accrochent à leurs sièges comme des naufragés à un rocher suffit, dans l’esprit des journaleux à enterrer M.Bayrou et son nouveau Mouvement Démocrate.

On s’offusque à l’idée que les candidats MD pourraient passer des alliances électorales avec des homologues PS au lieu de  l’alliance qui paraissait naturelle avec l’UMP ou de rester indépendants. Faut-il rappeler que jusque avant les élections législatives de 1978, c’était déjà le cas ? De 1965 à 1974, Jean Lecanuet, à la tête du CD (Centre Démocrate), modulait la politique française. Il appuyait tantôt la majorité gaulliste (UNR puis UDR) et joignait les voix du centre à l’opposition lorsqu’il estimait que la mainmise de la majorité était trop forte et aboutissait au blocage de la société. Il en résultait, localement, des alliances avec des candidats UDR ou socialistes, selon la situation locale. D’ailleurs, nombre de candidats CDS (Centre des Démocrates-Sociaux résultant de la fusion du CD avec le CDP de Jacques Duhamel) ont été laminés du fait de l’abandon des alliances traditionnelles au profit de l’alliance UDF qui soutenait la politique giscardienne en 1978. Le centre a disparu à ce moment-là. L’UDF avait été lancée par Jean-Jacques Servan-Schreiber –sous les quolibets injurieux de M.Chirac – avant les législatives de 1978 pour faire pièce au nouveau parti dévolu à M.Chirac le RPR. Le nom reprenait le titre du livre du Président Giscard qui n’a pas fondé ce parti contrairement à ce qu’on peut lire ici ou là. D’ailleurs, comment un président de la république pourrait-il fonder un parti politique ? L’UDF a permis à des partis de moyenne importance de résister face à la machine hégémonique du RPR chiraquien qui s’appuyait sur les réseaux gaullistes. Néanmoins, le centre a disparu sous la présidence Giscard et l’on en a oublié le rôle modérateur et indispensable. Sans doute, bien des crises politiques auraient pu être évitées avec une force centriste.

Le Mouvement Démocrate ne fait que revenir à la pratique du centre dans la vie politique.

Cependant, rien ne sera possible sans introduction de proportionnelle dans le scrutin législatif. Il est bien évident que les partis qui profitent de la bi-polarisation et qui alternent au pouvoir n’ont aucun intérêt à voir à leurs flancs des modérateurs ou pire, des contestataires. Pourtant c’est une exigence de démocratie. C’est aussi la condition nécessaire mais insuffisante pour une rénovation de la vie politique française et également pour une rénovation de la gauche. La gauche ne peut continuer avec une PS vieillissant à l’image de la SFIO et avec des groupuscules qui s’entredéchirent et se réclament de la pureté. Seule une pratique parlementaire peut amener cette rénovation de la gauche, de la gauche de gauche et, pourquoi ne pas le dire, de l’extrême droite.

La composition du gouvernement révèle une certaine ouverture. En fait, il s'agit, comme pour le gouvernement Rocard, d'initiatives individuelles. D'ailleurs, il ne peut en être autrement. Remarquons juste que M.Besson a connu en quelques jours une promotion fulgurante. Faute d'avoir été reconnu comme collaborateur de la candidate socialiste, il a rallié à toute vitesse le camp d'en face et fait son entrée au gouvernement dans la foulée. Pas mal pour quelqu'un qui était parfaitement inconnu et n'avait aucune envergure. En revanche, il est intéressant de noter le zèle de l'équipe au pouvoir pour débaucher le centrisme mou et décapiter l'opposition. En intégrant des personnalités populaires, généreuses et jusque là plutôt à gauche, elle évite d'avoir à les affronter. C'est ce qu'avait fait le gouvernement Mauroy en nommant André Henry « Ministre du Temps Libre » et en intégrant dans les cabinets et les missions M.Alain Rolland et M.Jacques Chérèque, les successeurs prévus de M. Edmond Maire à la CFDT. Le résultat ne s'est pas fait attendre : les grèves ont été évitées, la très puissante FEN (Fédération de l'Education Nationale) a disparu corps et biens, et la CFDT est devenue le syndicat d'accompagnement que l'on connaît depuis. Le syndicalisme français, paradoxalement, ne s'est jamais remis de l'arrivée de la gauche au pouvoir. Plus récemment, M.Jospin avait nommé M.Guy Hascoët « Sécrétaire d'Etat à l'Economie Solidaire », privant les Verts d'un député au profit de quelqu'un tenu à la solidarité gouvernementale. La recette s'avère bonne.

Reste qu'on peut légitimement s'interroger sur le ministère que dirige M.Juppé et sur le ministre lui-même. Malgré un séjour qui l'a, paraît-il changé, au Canada, l'homme n'est pas connu pour ses préoccupations environnementales et ses vues à long terme. Va-t-il teinter d'écologie l'ultra libéralisme ou mettre au pas libéraliste l'écologie et le développement durable ? Quant aux personnalités telles que M.Kouchner et M.Hirsch, espérons seulement qu'ils ne serviront pas de caution au gouvernement néo-conservateur mais qu'ils sauront et surtout qu'ils pourront le faire infléchir chaque fois que les bornes seront menacées de franchissement. Ne parlons pas de M.Besson qui illustre parfaitement l'homme politique opportuniste, tournant sa veste dans tous les sens en attendant le reste. Le fait de récompenser d'un maroquin un tel personnage n'est pas de bon augure.

Le moins qu'on puisse dire, à l'heure où il vient d'être nommé, est que de sérieux doutes planent sur les intentions du gouvernement et du président de la république.

En marge de la vie politique circule sur l'Internet un appel à faire annuler l'élection de M.Sarkozy parce que le nom figurant sur le bulletin ne correspondait pas à son état-civil. Or, depuis la Révolution, il y a obligation d'utiliser son nom officiel. Outre que dans ce cas, il faudrait également invalider également Ségolène Royal qui s'appelle en fait Marie-Ségolène (probablement même Marie, Ségolène), José Bové dont le prénom est évidemment Joseph, d'autres aussi sans doute. Le footballeur Bixente Lizarazu aurait dû utiliser son véritable prénom, Vincent, sous le maillot national de même que Raymond Kopa, abréviation de son patronyme. On ne parle même pas des artistes et autres personnalités : Le Corbusier, Marguerite Yourcenar, Daniel Pennac, Patrick Bruel, Johnny Hallyday etc.

D'autre part, le fait de rappeler le nom complet du désormais Président de la République, Nicolas SARKÖZY de NAGY BOCSA, est une manière insidieuse de rappeler ses origines étrangères. Ce n'est pas du bon boulot et ce n'est même pas drôle. Il y aura suffisamment à faire dans l'opposition pour ne pas se laisser aller à une telle facilité qui, de plus, a des relents xénophobes.

En attendant, le Président de la République se repose à Brégançon. Pour quelqu'un qui veut pousser les autres à travailler plus et que démange l'envie de revenir sur les 35 heures, notons qu'il se prend, chaque fois qu'il fait quelque chose, deux ou trois jours de vacances à la mer. On peut, certes, comprendre qu'une campagne de cinq ans l'a fatigué mais cela révèle bien l'ambition obstinée de l'homme pour qui la Présidence de la France n'était qu'une fin en soi et non une volonté de servir son pays.

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