Mai 68 ou mai 08

    En regardant passer le cortège bien fourni pour une rentrée de vacances (la semaine dernière) et pour une ville moyenne, j’ai entendu ce propos tenu par un badaud : « nous, quand nous manifestions dans la rue, c’était pour f… le bordel ! ». En effet, et la différence est de taille. Elle mériterait d’être autrement soulignée. Cette fois, les jeunes ne descendent pas pour sécher les cours comme dans d’autres manifestations de ces dernières années. Le mouvement a commencé sous la pluie et le vent glacial. Ils veulent des profs en nombre suffisant pour que les classes soient moins chargées, pour que chacun d’eux puisse s’y exprimer, poser des questions. Ils veulent bosser, ils veulent étudier dans des conditions acceptables ! c’est quand même extraordinaire. Ils sont magnifiques ces minots ! on devrait les saluer à genoux quand ils passent devant nous en cortège.

 Au contraire, les commentateurs ne manquent pas de rapporter que le mouvement s’essouffle malgré le beau temps qui incite à rester dehors. C’est que ces lycéens sont conscients d’avoir perdu des heures de cours et s’attachent, maintenant à les rattraper. Le bac, c’est pour bientôt. Au lieu, encore une fois, de louer leur conscience, leur sagesse –pourquoi ne pas le dire ? –on  ironise, on se frotte les mains de voir la tension retomber. C’est à croire que les jeunes ne sont intéressants que lorsqu’ils incendient des voitures, qu’ils cassent les dernières cabines téléphoniques, qu’il empêchent leurs voisins de dormir, qu’ils agressent les personnes et parfois les tuent, qu’il brûlent des gens comme Mama à Marseille

http://lanternediogene.canalblog.com/archives/2006/10/31/3047141.html

C’est ça qu’on attend ? Ce sont ces jeunes-là qu’on veut entendre réclamer le droit à l’impunité en toute circonstance ? Il faut croire que oui puisque les manifs lycéennes de cette année ne sont pas relayées par la presse qui préfère se vautrer dans les commémorations de celles de Mai 68. Alain Geismar porte aujourd’hui

la Légion

d’Honneur, hommage indirect à son mentor Claude Allègre dont il fut le chef de cabinet. Belle promotion pour un révolutionnaire maoïste. Le passé a comme un doux parfum de romantisme benêt quand les problèmes que rencontrent les jeunes d’aujourd’hui sont très concrets. Alors, les lycéens qui s’entassent à plus de 40 dans des salles de classes, les étudiants qui n’ont pas tous des tables pour suivre leurs cours ne sont pas assez sexy. Pensez : ils veulent étudier ! ils sont agaçants à la fin...