Europe
Qu’elle était belle cette Europe. Elle faisait rêver lorsqu’on regardait la carte du continent et que les six pays du Marché commun apparaissaient avec une couleur différente. On se mettait à rêver qu’un jour, les voisins encore en gris sur la carte, rejoindraient les 6 et formeraient une communauté. On rêvait d’une communauté qui ne s’intéresserait plus seulement au charbon et à l’acier, qui ne s’occuperait plus seulement d’abaisser les taxes aux douanes mais impulserait un mode de vie à l’Européenne où l’on prendrait ce qu’il y avait de meilleur dans chaque Etat membre pour que tous puissions en bénéficier.
Le traité qui a institué l’Union Européenne de 1993 a la Grande-Bretagne la
Communauté
Depuis 1993, chacun se trouve confronté à une norme
européenne absurde. Les fonctionnaires de Bruxelles planchent sur la courbure
de la banane, le calibre des tomates. La Grande-Bretagne
Au nom de la concurrence, la Grande Bretagne la Belgique la
France la
Commission la Commission 500 g 468 g
Le citoyen qui se trouve aussi être consommateur dans notre
société le sait. Quand il s’en inquiète, on lui répond que c’est l’Union
Européenne qui l’a décidé. Il en résulte une impression que l’Europe ne sert
qu’à l’emmerder. Au lieu d’améliorer son quotidien, au lieu de voir ses
intérêts de consommateur défendus, il se trouve face à une administration qui
multiplie les contraintes et lui impose de manger des produits dont il ne veut
pas forcément. En fait, au lieu de prendre le meilleur dans chaque Etat, on a pris
le pire. De la France
Dans le même temps, certaines professions ont pris l’habitude d’attendre tout de l’Europe. Les paysans bénéficient de prix garantis supérieurs à ceux du marché. Leurs syndicats ont obtenu le droit d’utiliser des produits chimiques, subventionnés qui conduisent à une surproduction que l’Union doit prendre en charge. Parallèlement, il faut engager des actions pour dépolluer ce qui a été fait précédemment. La disparition progressive des abeilles n’est que la conséquence la plus visible. En fait, la pénurie alimentaire est organisée pour maintenir les prix et jouer le jeu de la concurrence des produits importés. L’autosuffisance n’a pas sa place face à la concurrence encore une fois érigée en dogme sacré. On paie pour jeter du lait, pour broyer des pommes quand, en Europe même, des enfants souffrent de carences vitaminiques. Les pêcheurs réclament de l’Europe qu’elle mette plus de poissons dans leurs filets comme les personnages de Pagnol qui réclamaient du syndicat des eaux la remise du précieux liquide quand la source était tarie. Les citoyens assistent à ce spectacle, impuissants et dégoûtés.
Pour élargir l’espace de libre-échange qu’est devenue, de fait, l’UE, on a décidé d’intégrer les anciens pays du bloc communiste sans aucune préparation. Leur arrivée a provoquée la plus grave crise que l’Union ait connue. En plus, il ne fallait (il ne faut surtout pas encore) dire que c’est à cause de ça. Pensez, ces pauvres gens demeurés si longtemps derrière le « rideau de fer ». En fait, la plupart des partis politiques de ces pays-là lorgnaient sur les fonds structurels pour améliorer leur niveau de vie. Préoccupation légitime, d’ailleurs, mais qui a contribué à dévoyer les missions de l’UE et à exaspérer l’opinion publique dans les anciens pays, ceux qui avaient impulsé cette dynamique de communauté.
Nous sommes en année électorale. Nous allons élire ceux qui vont nous représenter au Parlement européen. Aujourd’hui, même dans la très conservatrice Grande-Bretagne, la majorité des législations nationales est d’origine européenne. L’enjeu est de taille. Pourtant, les partis politiques ne font pas de zèle. Ils sont davantage préoccupés de recycler leurs personnalités encombrantes pour les expédier à Strasbourg que pour définir un programme ou, simplement, pour expliquer aux électeurs les enjeux. Même les groupes de pressions qui saisissent l’opportunité de ces élections pour diffuser leurs causes paraissent absents du débat. D’ailleurs, il n’y a pas de débat. Comment faire revivre le rêve européen dans ces conditions ?
D’une manière générale, les Européens, ont le sentiment d’avoir été berné, qu’on leur a volé leur rêve.
Les élections européennes ont lieu dans six semaines, paraît-il…