MAcHA
Je n’ai pas beaucoup écouté Masha Béranger. Je sais qu’elle donnait la parole à ceux qui avaient besoin de parler la nuit. Sans doute auraient-ils eu, aussi, besoin de parler le jour mais la nuit semble plus propice. Il fallait l’incroyable fatuité d’un Guy Carlier pour s’en moquer régulièrement en affirmant qu’elle n’en avait rien à foutre des dépressions des auditeurs et qu’elle se faisait les ongles pendant les appels. Ça ne rapportait rien ni à Macha, ni à France-Inter. Son émission était emblématique de ce que doit être une radio publique, distrayante et conviviale. C’est sans doute pour ça qu’en plein sarkozisme, on a supprimé son heure d’écoute.
Macha a débuté sur les ondes un peu après les autres et
surtout Gonzague Saint-Bris qui œuvrait sur Europe 1 à la fin des années 1970.
Pour nous, adolescents, c’était un peu la découverte de la vie, de la vie qu’on
n’apprend pas au lycée. Macha a tenu plus longtemps, preuve qu’elle répondait à
des besoins. En même temps, c’est un peu le signe de l’anonymat de nos
sociétés. Il faut des écoutes téléphoniques comme SOS Amitié ou La Porte
Macha était un personnage, une personnalité, surtout. C’était une dame de la nuit, une sœur de la nuit. Elle vient de rejoindre la nuit définitive.