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la lanterne de diogène
10 juin 2009

L'Europe après les élections

Abstention !


Le temps printanier n’a pas incité les électeurs à se déplacer, pas plus que la complexité des institutions européennes, pas plus que le rôle limité du parlement –objet de ces élections –, pas plus que le manque d’entrain des partis de gouvernement, pas plus que les commentaires. Est-ce à dire que l’Union Européenne ne passionne pas les Français ? Surement pas. Il n’est que de se rappeler que lors du précédent scrutin portant sur l’Europe, le référendum sur le TCE, seuls 30% d’électeurs se sont abstenus.

Précisément, que n’a-t-on pas pris en compte le score négatif qui en a découlé ? Le propre de la démocratie, c’est d’accepter un résultat même et surtout quand il n’est pas conforme aux attentes gouvernementales.

 

Malgré tout, et comme à chaque élection depuis quelques années, on parle de « grand vainqueur » pour désigner, finalement, un grand perdant. On qualifie de « grand vainqueur », le candidat ou la formation qui obtient un score surprenant sans pour profiter des avantages d’une victoire. Pendant des années, cette formule s’est appliquée à l’extrême droite, au point qu’on avait fini par se convaincre que c’était une injustice flagrante si ses représentants ne gouvernaient pas le pays puisqu’ils étaient les « grands vainqueurs ».

 

Cette fois, ce sont les Verts. Leur projet est généreux, argumenté, mais gageons qu’on saura les remettre au pas, par exemple en faisant remarquer que leur groupe au parlement européen est loin d’être majoritaire même s’il pèse. D’aucuns prétendent que c’est parce qu’ils ont parlé d’Europe et non cherché à déstabiliser le président de la république qu’ils ont fait si fort. S’ils ont été justement reconnus pour tels, on ne saurait en tirer de conclusions hâtives. Déjà en 1994, la liste Radical emmenée par M. Bernard Tapie et celle, souverainiste, de M. de Villiers avaient connu ces succès pour avoir avancé leurs compétences en matière européenne. Cela n’a pas été confirmé.

 

Dans le même ordre d’idées, ce n’est pas non plus la première fois que le premier secrétaire du PS reconnaît sa défaite un dimanche soir après des élections et qu’il (ou elle à présent) promet qu’il en tiendra compte…

 

Au-delà de l’écran de fumée que représente le succès relatif de M. Cohn-Bendit, on remarquera aussi que la liste conduite par M. Bertrand a véritablement gagné. Or, celui-ci n’a parlé d’Europe que pour détourner l’attention des mécontentements. On ne peut donc pas dire qu’il a centré sa campagne sur l’Europe mais l’a instrumentalisée à son profit. De plus, son discours était l’archétype de la phraséologie du politicien professionnel, prompt à travestir la vérité, à contredire la réalité, à inverser les valeurs. On aurait cru entendre un dirigeant salafiste. Pourtant, c’est ce discours que les électeurs ont approuvé alors même qu’il n’y avait pas d’enjeu national, que le pouvoir n’était pas ébranlé, la propriété privée pas menacée. Ce discours falsificateur a séduit. Il faut en tenir compte. Preuve supplémentaire que la majorité présidentielle s’assoit sur les élections européennes : il n’est question depuis quelques mois que du remaniement ministériel. Ceux dont on veut se débarrasser ont conduit une liste (comme Mme Dati malgré son évidente ignorance de la question). Maintenant, on spécule sur les chances réduites de M. Allègre à prendre un grand ministère anti-écologique au moment où l’Europe vient de marquer son intérêt pour les questions d’environnement en élisant beaucoup d’écologistes au Parlement. La vie politicarde reprend le dessus.

 

 Parmi les nouvelles qui fâchent, on notera que les derniers entrants dans l’Union n’ont pas manifesté d’enthousiasme pour aller voter. Tous les discours qu’on nous a servis pour justifier leur adhésion massive révèlent, aujourd’hui, leur inanité. Après tout, peu importe puisque personne ne s’en souvient. Le fait est que ces peuples n’étaient pas préparés à rejoindre l’Union Européenne et ne l’ont toujours pas comprise. D’ailleurs, on ne saurait leur reprocher. La faute en incombe uniquement à ceux qui ont imposé leur entrée massive sans l’avoir préparée. Toutes les crises que nous connaissons depuis résultent de cette impréparation et de l’obstination des gouvernements de l’époque.

 

D’une manière générale, les électeurs européens ont montré clairement leur attachement à une société profondément inégalitaire. L’épisode de la crise commencé l’été dernier n’aura pas incité à sanctionner des politiques aberrantes, inefficaces et injustes. L’Union Européenne demeure le bras séculier de la mondialisation libéraliste. On continue de feindre de croire que ce sera un jour la bonne solution. On espère toujours, dans une société intrinsèquement injuste, qu’on se trouvera du bon côté. C’est surtout cela qu’il convient de souligner dans le résultat de cette piteuse élection européenne. La percée écologiste ne saurait faire illusion surtout en France où les intérêts du lobby nucléaire et du lobby pétrolier* sont aussi puissants.

 

Qu’on se rassure, d’ici très peu, ces élections seront oubliées et l’espoir d’une inclinaison vers les préoccupations environnementales aura fondu comme neige au soleil. Tout redeviendra comme avant, comme d’habitude.

 

*un exemple : petit à petit,

la SNCF

désélectrifie les lignes secondaires de l’ancien réseau du Midi, pourtant les premières électrifiées. Les vieilles locomotives diesel qui y sont affectées depuis doivent parcourir 210  kilomètres haut-le-pied pour aller faire le plein au dépôt de carburant (source Objectif Rail n°33).

 

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Commentaires
A
http://gyges.over-blog.com/article-32553182.html<br /> <br /> Salut,<br /> <br /> J'ai écrit une analyse à chaud (le lendemain matin), comme je n'ai toujours pas changé d'avis je t'invite à le regarder, je l'ai mis en ligne à l'adresse indiquée.
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