Un monde multicolore
Ça y est, ça a commencé. On en a pour un mois. Faut-il s’en affliger ?
Sûrement pas. Le Mondial est une manifestation qui revient tous les quatre ans. On n’est pas submergé. C’est la manifestation qui réunit le plus de gens et l’on ne peut pas y réagir d’un revers de la main. Quand plusieurs milliards de personnes, dans le monde entier, toutes ethnies confondues, toutes cultures mélangées, toutes religions mêlées, on ne peut pas dire que c’est une horreur, le comble de la bêtise. Les Jeux Olympiques revêtent un caractère symbolique très fort mais, seulement, pour les Occidentaux. Le reste du monde y accorde l’importance accordée le reste du temps aux disciplines en compétition. Force est de constater qu’à part les courses à pieds, les autres n’attirent pas les foules. Si le football peut réunir autant de monde, c’est en raison de sa caractéristique fondamentalement populaire. Tout le monde a tapé dans un objet avec le pied. Tout le monde a essayé d’envoyer cet objet dans un endroit précis. Tout le monde a ressenti une petite fierté quand cet objet a atteint le but fixé par l’envoyeur. Alors, bien sûr, chacun s’est identifié, à un moment à ces footballeurs qui excellent en dirigeant un ballon ou qui essaient de s’en emparer alors qu’il se trouve dans d’autres pieds. Sans doute aussi, lorsque le spectateur regarde une partie, quelque réminiscence du temps où l’on pouvait jouer au ballon (même sans ballon), insouciant remonte à la surface. Cette recherche de l’insouciance, d’un petit Eden qui faisait oublier les soucis est sans doute la clé de la popularité du football.
Avec les courses à pied, justement, le football est l’un des
sports les plus faciles à pratiquer. J’ai souvenir d’un commentaire d’Eric
Cantonna lors du Mondial de 1990 : « Ils connaissent la vie, les
joueurs colombiens. Ils ont commencé le football en tapant dans des boites de
conserve dans les rues ». Tout l’esprit du football est résumé dans ces
propos qui expliquent bien les différentes voies qui mènent à l’apothéose qu’est
la Coupe
Autre raison de se réjouir, cette année,
particulièrement : la Coupe
Le Mondial, a commencé par ce grand spectacle qui nous a permis d’entendre, Mgr Desmond Tutu. Ça faisait longtemps qu’on ne l’avait pas vu. Dans un sens, c’est plutôt bien parce que, quand on le voyait beaucoup, c’était du temps où son pays pratiquait la misérable ségrégation raciale. Donc, on l’a revu et avec plaisir. D’abord parce que, visiblement, il va bien. Ensuite, parce qu’il ne revêtait pas son costume d’évêque mais celui d’un supporteur de son équipe nationale. Enfin, parce qu’il a rappelé que tous les humains viennent d’une même souche située en Afrique. Pourtant, pas facile de trouver les vidéos et encore moins le texte de son allocution. Ça vaut la peine, pourtant :
« Bienvenue en Afrique du sud : we are all Africans. Yoohoo ! »
Ce qui suit, sont des extraits traduits :
"Je rêve!"
"Nous voulons dire au monde que cette chenille laide, si laide, que nous étions, est devenue ce papillon si joli, si joli!"
"Nous sommes tous Africains!" ; "L'Afrique est le berceau de l'humanité. Nous vous souhaitons la bienvenue chez vous, vous tous, Allemands, Français!"
Bien sûr, on ne peut pas évoquer l’Afrique du sud, l’Azanie comme on a failli dire à un moment, sans parler de M. Nelson Mandela. L’homme force l’admiration. Injustement prisonnier pendant plus d’un quart de siècle, il a su, il a pu faire taire sa souffrance et son ressentiment et réconcilier deux communautés qui s’étaient tellement déchirées et s’étaient infligées tellement de blessures et de crimes. Ce n’est pas une mince réussite. Il est tout de même paradoxal que ceux qui, en France, l’ont le plus soutenu se retrouvent dans les rangs de ceux qui méprisent le plus le football professionnel quand M. Mandela a su utiliser le rugby et le football pour réunir toutes les composantes de son pays.
Le sort –un deuil familial –ne lui permet pas de participer
à la fête mais son esprit habite tous ceux qui sont là-bas et tous ceux qui
suivent la Coupe. Son