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la lanterne de diogène
29 octobre 2010

Objectif 2012

Désormais, tout le monde semble fixé sur l'échéance présidentielle de 2012. Petit à petit, les rôles sont distribués par les journalistes qui n'hésitent pas à faire connaître leur préférence, passant de leur rôle d'observateur et de commentateur à celui de metteur en scène.

 

La droite, à bout de souffle, s'est lancée dans la réforme des retraites comme Dame Carcasse sacrifiant un cochon gras pour démoraliser l'adversaire. Si ce projet forcément très impopulaire passait, le Président de la République se referait une santé et une légitimité. Il apparaitrait, une fois le couvercle retombé sur la marmite, comme un homme d’État (ce qui serait nouveau convenons-en), un dirigeant courageux, ferme et compétent au moment où tout le monde est persuadé du contraire.

 

La gauche de pouvoir (en clair le PS) soutient les manifestants du bout des lèvres. Il ne faudrait pas qu'ils fassent capoter le projet du gouvernement qui serait obligé de temporiser ou d'en proposer un autre très semblable à celui du PS. Dès lors, pourquoi changer ? Au contraire, avec l'adoption de la réforme des retraites, le PS tient son cheval de bataille et a beau jeu de faire passer le message selon lequel ils abrogeront la funeste loi. Jeu dangereux car tout le monde sait qu'il ne reviendrait pas dessus.

 

La gauche de pouvoir soutient la contestation du bout des lèvres, également pour « rassurer les marchés », pour reprendre l'expression désormais convenue. Il est vrai qu'elle sait, par expérience, qu'elle ne peut pas gouverner sans un appui quelconque de la finance. Elle en a fait l'amère expérience en 1981 quand le patronat refusait d'embaucher, d'investir en France, de maintenir les prix à la consommation entrainant un certain marasme économique et les dévaluations du franc, largement amplifiés par la presse qu'elle contrôle largement. M. Pierre Mauroy a raconté que, le soir de sa nomination comme Premier Ministre, il était injoignable parce qu'occupé à soutenir le franc contre lequel les spéculateurs se déchainaient afin de ne pas laisser la gauche gouverner, ne serait-ce qu'un mois. Il valait mieux une crise, une ruine que de voir la gauche (avec les communistes) au pouvoir.

Le populiste, c'est l'autre

En marge, on trouve M. Jean-Luc Mélenchon. Depuis qu'il a montré qu'il ne se laisse pas dicter ses propos ni même suggérer, il est devenu la bête noire de la corporation des journalistes. Bien sûr, on ne peut pas ouvertement le boycotter ou s'en prendre à lui. Aussi, les commentateurs ont ils choisi de distiller quelques éléments visant à le court-circuiter. Comme il s'intéresse au peuple qu'il prétend représenter mieux que le reste de la gauche bien sage, on le qualifie de « populiste ». « Populiste » est aussi l'euphémisme par lequel on désigne l'extrême droite pour justifier qu'on lui tende le micro. Il est vrai aussi que l'extrême droite reprend de plus en plus le terrain de la défense du petit peuple abandonné par la gauche. Pour continuer de discréditer M. Mélenchon, il est de bon ton, à présent, d'en appeler au souvenir de Georges Marchais et de son style outrancier qui faisait la joie des journalistes. On sait que cela a plongé le PCF dans les profondeurs d'où il n'est jamais ressorti. On le met aussi sur le même plan que M. Tapie qui a montré qu'il ne se laisse pas impressionner par les journalistes.

 

Le terme de populiste est utilisé par les partis de gouvernement et par les journalistes. Au passage, on remarque que les deux sont, une fois de plus, des alliés objectifs. Faut-il s'en étonner dans la mesure où les uns et les autres se sont fréquentés sur les mêmes bancs d'universités et de grandes écoles. Fait unique en France où une complicité réunit les acteurs et les critiques au point que des couples se forment. Le populiste, c'est l'autre. C'est le partenaire du même bord mais qui se rapproche de la population, des électeurs et reproche à ceux qui tiennent les manettes du gouvernement ou du parti de ne pas s'en préoccuper. Pour caricaturer, on peut dire que le populiste, c'est celui qui remet sans cesse le chômage au cœur du débat politique, qui parle sans arrêt des difficultés à payer le loyer, qui

 

Pour le PS, les populistes sont MM. Mélenchon, Tapie autrefois et G. Frèche, il y a peu. On les qualifie ainsi en raison de leur spontanéité et leur manque de retenue verbale. Chaque propos brutal sert à disqualifier le fond, la démarche et donne une apparence de sérieux à des politiques conformistes et consensuels qui en appellent au réalisme de la pensée unique pour justifier leur absence totale de réflexion et leurs propositions insipides. Ils sont la mauvaise conscience de la gauche qui s'éloigne des problèmes concrets que rencontrent ses électeurs.

 

Dans le meilleur des cas, on commence à entendre le vocable de « l'autre gauche » pour désigner ce qu'on a du mal à appeler « la gauche de la gauche » ou « la gauche de gauche ». Cette mouvance formée d'une myriade de formations, fédérations, fronts, groupuscules, cercles d'intellectuels (parfois appelés d'éducation populaire) ne comprend qu'une seule personnalité reconnue : M. Mélenchon. On y revient. Les autres lui disputent son titre de leader du Front de Gauche sans vraiment se faire connaître ni faire connaître leurs idées propres. Son atout, c'est qu'il paraît sincère, loin des manœuvres politiciennes de ses anciens partenaires. À gauche, on loue le sérieux de ses argumentations tandis qu'à droite, on se réjouit de le savoir hors course pour le deuxième tour de la présidentielle.

 

En attendant, il assure le spectacle chaque fois qu'il est invité et c'est d'abord ce qui intéresse les journalistes.

http://www.dailymotion.com/video/xfd3zz_jean-luc-melenchon-dimanche-soir-politique_news

 

Dans les mois qui viennent, on aura soin de lui adjoindre quelques comparses pour donner une illusion d'objectivité quand on ne souhaite que de voir un duel entre MM. Sarkozy et Strauss-Khan. Les autres ne seront conviés sur la scène que pour mettre de l'huile sur le feu. On leur demandera surtout de critiquer leur propre camp, de gêner leur champion. On les sortira pour marquer une pause dans l'apologie continuelle des représentants des deux grands blocs et pour amuser la galerie quand les commentateurs seront en panne d'inspiration. D'ici peu, on aura soin de ressortir M. Bayrou et son MoDem pour lui rappeler qu'il est hors course de par la volonté des journalistes de ne pas voir un troisième larron et de conforter le bipartisme tellement plus commode à analyser. On fera semblant de pousser M. de Villepin en insistant sur sa difficulté à se positionner entre la droite chiraquienne et des préoccupations sociales teintées de gaullisme. À moins que, d'ici là, la fusion des Verts dans Europe Écologie ne fasse diversion quand les acteurs principaux fourbiront leurs armes. On aura soin de monter Mmes Joly et Duflot l'une contre l'autre pour bien montrer que, décidément, les écologistes ne savent que se disputer, faucher les champs d'OGM et combattre le nucléaire. On sommera M. Cohn-Bendit de se prononcer pour l'une ou l'autre.

 

Face à la toute puissance des journalistes de l'audiovisuel -qualifiée un temps de quatrième pouvoir -ni les sondages, ni les blogs, ni les sites d'information en ligne ne peuvent contredire les étiquettes collées sur les personnalités politiques. Ne parlons même pas des démonstrations, des argumentations, appuyées par des rapports sérieux. Rien ne peut entamer les idées reçues rappelées à l'envi. La campagne de 2012 qui commence présente déjà les caractéristiques des précédentes.

 

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