Coq aphonie

Cette fin de semaine a été riche en événements sportifs qui, dans n'importe quel autre pays, aurait éclipsé tous les autres jusqu'à la nausée.

Pour sa première participation au Championnat d'Europe de patinage, le Français Florent AMODIO monte sur la plus haute marche du podium juste devant un autre Français : Brian Joubert. Donc, deux Français sur le podium. Ailleurs, on en ferait plus pour une simple troisième place.

Le plus gros morceau est, bien sûr, la finale du Mondial de handball. Ça fait des années que le handball français caracole en tête au niveau mondial. La sélection actuelle est tenante du titre mondial, championne d'Europe et championne olympique. Ça fait la quatrième fois qu'elle est championne du monde consécutivement.

Excusez du peu. Aucune chaîne généraliste ne retransmet l'événement. De même, les « Experts » n'ont pas droit aux ors de l'Élysée. Ils devront se contenter d'un salon du ministère des Sports.

Avant de connaître le résultat, la Fédération internationale de handball (IHF) avait désigné le meilleur joueur du Mondial suédois, en la personne du Français Nikola Karabatic. Le gardien Thierry Omeyer et le pivot Bertand Gille figuraient aussi dans l'équipe type.

Après une telle actualité, l'annonce que Romain Grosjean sera bien en F1 cette saison passe inaperçue. Il occupera le poste de troisième pilote chez Lotus Renault.

En France, il n'y en a que pour le foot et le tennis ainsi que le Tour de France parce qu'il n'y a rien de mieux en été ou, du moins, c'est ce qu'on veut nous faire croire. Les chaînes de télévision répondent systématiquement depuis des dizaines d'années qu'ils ne font que répondre au goût du public* auquel elles ne demandent jamais leur avis. Les nombreux pratiquants de hand, de kayak, de volley, de basket, d'escrime, d'athlétisme, de natation et autres doivent supporter la tenue de rencontres internationales avec des Français au plus haut niveau sans avoir la couverture médiatique en rapport. Tout au plus on montre des images pour accompagner le score. 

Il est vrai que ces sports drainent moins d'argent donc moins de droits télévisés. Les sportifs sont moins bien payés. Il n'y a pas de cette belle publicité qui s'immisce partout et qui a l'air de tant plaire au public.

Encore une fois, dans n'importe quel autre pays, il suffit qu'un compatriote brille dans une discipline pour que la nation entière soit au courant et, généralement, s'enthousiasme. L'Espagne est sans doute celle qui affirme le plus ce nationalisme sportif. Dans un pays où ce sport est encore plus confidentiel qu'ailleurs, tout le monde, dans la rue, vous parlait de Ballestero, champion du monde de golf. Tout le monde était au courant et on le rappelait volontiers aux étrangers qui, évidemment, l'ignoraient.

Contrairement à ce qui se passe partout ailleurs, lorsqu'une sélection atteint l'excellence internationale, on efface autant que possible toute référence nationale. Encore une exception française. Cocorico !

*On retrouve cette idée que des professionnels savent mieux que d'autres ce qui est bon pour le public. Nous avons déjà dénoncé la presse régionale qui s'obstine à publier des articles qui n'intéressent personne et qui se plaignent de la baisse de leurs ventes. Des patrons dans l'hôtellerie et la restauration prétendent qu'embaucher des jeunes beurs détournerait leurs clients. Comme si pour un client, l'essentiel n'était pas d'être servi. Les chaînes de télévision proposent depuis une vingtaine d'années des programmes de plus en plus régressifs en nous faisant croire que c'est ce que veut le public.