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la lanterne de diogène
30 mars 2011

Tempête dans un gobelet de café machine

 

En ce moment, la guerre fait rage entre les humoristes des stations de radio généralistes. L'enjeu est de taille : chacun veut faire son trou, creuser l'écart ou maintenir sa position. Entre nous, ça n'a pas plus d'importance qu'un combat de cocottes en papier mais on a les débats qu'on peut à notre époque d'inculture pour tous.

 

Donc, les humoristes se prétendent les philosophes contemporains. D'ailleurs, les philosophes diplômés se font traiter de « pseudo-philosophes ». On leur dénie leur titre et leurs compétences dès lors que leurs réflexions débouchent sur des conclusions qui vont à contre-courant. On croyait naïvement que c'était précisément la fonction du philosophe ou de l'intellectuel en général.

 

Dès lors, quelqu'un comme Guy Carlier qui a commencé sa dernière carrière par la critique des programmes de télévision a pu s'autoproclamer détenteur d'une morale à vocation universelle. En dehors de ce qu'il défend et de ce qu'il pense, on se trouve disqualifié. Lui seul sait quand on peut se moquer du physique de quelqu'un (de quelqu'une le plus souvent). Lui seul sait quand on a le droit de dire une grossièreté. Lui seul peut décider de ce qui est vulgaire ou drôle. Alternant, selon les jours, la gaudriole et l'émotion, il a acquis une certaine réputation qui fait de lui une référence.

Conscient de ce statut, il en profite pour glisser des anecdotes personnelles, des rencontres, des témoignages complètement inventés pour les besoins d'une chronique ou d'un règlement de comptes. Sur un ton faussement compassionnel, il en profite, mine de rien, pour casser ceux qu'il n'aime pas.

 

Il a imposé un ton, une manière traiter l'actualité en nous imposant ses goûts et ses émotions relatives à un événement, un artiste, une personnalité politique. Après avoir acquis sa réputation, il a commencé une saison sur France-Inter (où il avait débuté dans le genre) avant de partir huit jours plus tard sur RTL où on lui proposait un pont en or. La radio publique a cherché un remplaçant pendant que les autres stations généralistes cherchaient leur chroniqueur pour leur tranche d'information matinale. On connait la suite avec les dérapages de ses successeurs. C'était inévitable. On ne peut pas être bon tous les jours et l'on ne peut pas trouver un sujet désopilant à traiter tous les matins.

 

Maintenant, Guy Carlier, passé sur Europe 1 à l'instar des vedettes du football qu'il aime tant et qui s'offrent chaque saison au plus disant, doit affronter une concurrence de plus en plus forte. Pour avoir commis un livre élogieux sur une ministre du gouvernement honni, il se doit de reprendre l'avantage sur le terrain de la moralité. Donc, il critique celle qui lui a succédé sur France-Inter et qui, peu à peu, impose son ton, son style, sa voix, ses impertinences.

 

sophia_aramComme beaucoup, Sophia Aram n'est pas à l'aise pour faire rire sur l'extrême droite. Tous se sont plantés. D'une manière générale, dès qu'on se place sur le terrain politique, on va forcément plaire à ceux qui sont visés par l'humoriste. Au contraire, ceux qui l'apprécient seront offusqués. Ils trouveront que les bornes ont été passées tandis que les premiers hurleront à la censure à la moindre critique. Il en va de même pour les artistes. On prend toutefois moins de risque. L'humoriste connait ceux qui sont bien vus sur la station et tapera exclusivement sur les autres.

 

La dernière sortie de Guy Carlier pose une fois encore la question de savoir si ce genre de chronique a sa place tous les jours dans une émission d'information. On en arrive à une véritable dictature intellectuelle qui impose de rire de tout et surtout de tout le monde ou presque. L'auditeur s'entend donner des leçons à longueur de temps sur France-Inter et se trouve culpabilisé quand il n'a pas les mêmes goûts mais Guy Carlier n'est vraiment pas le mieux placé pour accuser les autres humoristes d'autant que c'est lui qui a donné le ton et incité tous les autres à s'aligner. En s'en prenant comme il l'a fait à Sophia Aram – outre les enjeux économiques sous-jacents – il utilise la manière des commentateurs de l'Internet qui, faute de pouvoir opposer des arguments qui se retourneraient contre eux, se contentent de disqualifier leurs interlocuteurs. C'est la seule façon d'exister face à meilleurs qu'eux.

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