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la lanterne de diogène
28 juillet 2011

Vive l'été sur France-Inter !

 

Nous avons assez souvent dénoncé la parlote permanente et l'ennui qui en découle pour ne pas nous réjouir, enfin, de la grille d'été de France-Inter.

 

Le principal artisan de cette grille dont on peut deviner l'identité propose à la fois de la distraction puisque c'est les vacances pour beaucoup et son souci de ne pas bronzer idiot. En cela, on retrouve la formule trop souvent galvaudée « populaire et de qualité ». La distraction, ça passe à la radio par la musique, les chansons. Au moins, on en entend et de la bonne. Voilà ce que c'est quand une station n'est pas liée aux maisons de disques : on peut passer ce qu'on veut et choisir le meilleur. C'est chose faite et bien faite.

 

De quoi s'agit-il concrètement ? Commençons (puisqu'on est en vacances, on peut se lever plus tard) par le 7/9. Contrairement aux années précédentes où il officiait les samedis et dimanches, Pierre Weil ne fait pas étalage de sa culture rock n'roll. Les chansons aèrent parfaitement les diverses chroniques et rubriques. Mettant en tête de celles-ci « la France au milieu du gué » de l'indispensable Bernard Maris : un moyen facile de comprendre l'économie et de comprendre comment on nous prend pour des cons. Frédéric Encel n'est pas convainquant en commentant les nouvelles de l'étranger. Le « Musée imaginaire » de Paul Veyne surprend un peu. Difficile de commenter un tableau d'un grand maitre italien à la radio quand on ne le voit pas et quand on tarde à le voir (en sans possibilité d'agrandir) sur le site. À neuf heures, nous plongeons dans « le Grand bain » pour reprendre l'expression facile de la productrice Sonia Devillers qui prouve que les invités peuvent dire ce qu'ils ont à dire sur le sujet du jour tout en observant des pauses musicales et sans avoir besoin de prendre un ton prétentieux. J'aimerais bien la retrouver à la rentrée dans une émission quotidienne ; pourquoi pas à la même heure (je sais, faut pas rêver...) ?

 

« Je veux de la musique » est le rendez-vous de 10 heures. À qui le dites vous, madame...depuis des mois que nous en sommes privés, il serait temps. Sylvie Chapelle choisit un thème et l'illustre en chansons. On retrouve Ali Rébéihi avec plaisir. Pouvoir discuter d'une œuvre avec un spécialiste sans ennuyer, c'est la gageure qu'il relève en fin de matinée. L'alternance de présentation, d'explications, de documents sonores et de chansons donne un résultat qui enchante les oreilles. Ali Rébéhi, un homme cultivé mais modeste dont beaucoup de pédants devraient s’inspirer toute l’année quand ils nous imposent leur vernis de culture agrémenté des modes du moment.

 matins

Il faut croire que Denis Cheissoux est fatigué de parler de science en été. Il invite cette année une personnalité pour évoquer des pays, des régions, des villages ou des quartiers qu'il aime. C'est le prétexte pour apprendre des tas de choses sur ces endroits mais aussi sur l'Histoire, sur la planète, sur les personnes dont on parle peu. C'est passionnant. Là encore, les pauses musicales prennent toute leur importance. En studio, c'est le moyen de souffler un peu, de boire un gobelet d'eau. Pour l'auditeur, c'est un peu comme un voyage en car avec la musique imposée par le chauffeur et qui fait tellement couleur locale surtout quand on regarde les autres passagers.

 

Laurence Peuron, à 18 heures fait le tour de la vie culturelle estivale en évoquant les nombreux festivals. Ça permet à ceux qui ne sont pas loin de se cultiver et aux autres d'en profiter quelque peu. Une mention particulière à Augustin Trapenard et sa « Toute première fois ». Le jeune animateur a trouvé le ton juste, les questions originales. En à peine vingt minutes, il réussit l'exploit de nous faire découvrir les talents de demain plus le sien propre. Ça passe trop vite mais c'est justement ce qui donne envie d'y revenir le lendemain. Augustin Trapenard devrait être une des voix qu'on entendra longtemps sur les ondes pour peu qu'on ait l'intelligence de lui faire la place. Depuis Mathieu Vidard ou Sylvie La Rocca avant, on n'a pas eu beaucoup l'occasion de découvrir de vrais animateurs et pas des gens qui s'installent à une table et qui parlent avec leurs invités comme si le reste n'existait pas. Justement, la fausse note intervient juste après puisque le lénifiant « Atelier » de Vincent Josse est rediffusé. C'est à ça qu'on voit qu'on est en France. On persiste dans l'erreur pour épuiser les critiques. De guerre lasse, le public finit par croire qu'on avait raison. C'est le moment d'aller se promener et de profiter des rayons du soleil couchant. Justement, du soleil il en question dans « l'Heure Ultramarine ». Alexandre Héraud nous fait découvrir les terres françaises du bout du monde et pas seulement les plages et les cocotiers puisqu'on a évoqué Saint-Pierre et Miquelon. Notons au passage que c'est une des rares fenêtres de France-Inter ouverte sur le monde depuis la disparition de « Et pourtant, elle tourne » et de la revue de presse des radios francophones. Enfin, la soirée termine avec le jazz, comme d'hab, et avec Joe Farmer puisqu'Elsa Boublil a décidé de griller la politesse à Mme Carla Bruni.

 soirées

Ça n'a l'air de rien tout ça, mais ça demande des heures de préparations pour trouver et retrouver des chansons, des archives sonores en rapport avec le thème de l'émission ou avec l'invité ; et tout ça pour quelques minutes seulement. C'est là qu'on voit le travail : quand ça a l'air simple, qu'on n'a pas conscience du boulot en amont.

 

Les samedis et dimanches, c'est du même tonneau, c'est à dire du meilleur. La tranche matinale est bien ficelée par Clélie Mathias.

 dimanche

L'inoxydable Paula Jacques qui retrouve l'horaire de ses débuts dans l'Oreille en Coin, Anne Pastor et ses « Voyages en Terre indigène », Isabelle Autissier et ses aventures en mer, agrémentent nos samedis en ouvrant d'autres fenêtres sur le monde. Encore une excellent idée, cette série de reportages sur « Alger, nouvelle génération ». C'est bien pour connaître cette partie de la population qui est liée à l'Algérie et c'est bien aussi pour ceux qui sont concernés de pouvoir se faire entendre en dehors des clichés et des bonnes intentions. On peut se dispenser du « Pont de l'été ». Comme tous les ans, les chanteurs viennent dire qu'ils n'aiment pas ré-entendre leurs propos tenus dans l'émission autrefois. Qu'importe, puisque c'est Isabelle Dhordain qui décide et elle décide que ce qu'ils ont à dire vaut mieux que leurs œuvres. Donc, comme d'habitude, un peu plus de bavardages que de musique dans une des rares émissions musicales. Pourtant, en général, ce que disent les chanteurs n'est pas très intéressant. Ils évoquent les affres de la création, leurs insomnies, leurs rencontres, leurs voyages mais seulement dans les studios d'enregistrements. Leurs propos sont interchangeables comme les émissions de France-Inter en temps ordinaire.

Arthur Dreyfus fait tout le contraire. Lui aussi invite un artiste qui parle de son travail et de sa vie, de ce qui a changé et à fait prendre le bon tournant. La différence, c'est que le jeune animateur n'ennuie pas et alterne bien les échanges et la musique. Une autre voix qu'on aimerait retrouver ! Harold Maning, le dimanche, propose un peu la même émission mais avec des invités plus âgés qui évoquent les grandes étapes de leur carrière. Son titre, « Au temps pour moi » place délibérément l'émission sous le signe de la musique et l'humour est au rendez-vous. C'est l'invité qui choisit les intermèdes musicaux car ils sont liés à un souvenir. Comme quoi, la formule consistant à inviter une personnalité qui va parler d'elle-même pendant une heure n'est pas forcément ennuyeuse. Il suffit que l'animateur ait quelque peu de talent et sache mettre en valeur son invité. C'est tout un art.

Le soir, Caroline Ostermann anime une émission littéraire à des années lumière de feu « un été d'écrivain », tellement gnan-gnan. C'est original et ça donne envie de lire. Enfin, le tableau ne serait pas complet sans Raphaël Mezrahi qu'on retrouve dans un genre inattendu, celui d'animer une émission toute simple sur le coup de 10 heures du soir. « J'arrive pas à dormir » est réalisée chez lui. On a l'impression que tout est improvisé mais à l'évidence, c'est bien préparé. Il fait semblant d'ouvrir la porte à une personnalité qu'il connait puis de téléphoner à une autre pour établir un dialogue. Le ton est agréable, authentique. Le chien aboie de temps en temps. Il y a une dizaine d'années, il avait animé avec Denise Fabre une émission humoristique sur Inter. On le trouve maintenant à une catégorie où on ne l'attendait pas. Il y est infiniment mieux à sa place que comme chroniqueur (au début de la saison dernière) à prétention humoristique. C'est peut-être le début d'une nouvelle carrière.

 samedi dim

Tous ces noms cités font preuve de véritables talents d'animateurs. Animer une émission de radio ne consiste pas à lancer des disques à la façon des stations commerciales privées qui attirent beaucoup les jeunes et les poussent à consommer. Animer une émission ne consiste pas à s'asseoir à une table avec quelqu'un qu'on n'aurait jamais pu rencontrer sans se prévaloir d'une appartenance à France-Inter. Ce n'est pas non plus se croire propriétaire de sa tranche horaire sans aucune considération pour ce qui se fait ailleurs sur la station. Avec la grille d'été, France-Inter renoue avec la grande tradition de ces animateurs qui viennent avec leurs disques et dont le talent consiste à se débrouiller tout seul, au micro, à faire passer un bon moment en parlant et en annonçant le disque qui convient au bon moment. C'est une bonne leçon de radio.

 

Félicitations à tous !

 

Bravo à ceux qui sont cités, bravos aux autres qui ne sont pas cités et qui participent à la couleur générale de la station cet été. Sans doute serons nous déçus à la fin du mois quand certaines de ces émissions laisserons la place à d'autres pour permettre à quelques uns de partir à leur tour. On voudrait ré-entendre tous ces animateurs de talent. On voudrait qu'ils allègent notre vie quotidienne et nous permettent de nous évader de notre routine toute l'année. On voudrait qu'ils mettent leurs bonnes dispositions au service du public, de ces auditeurs qui ont besoin de la radio. Souhaitons – car il n'est pas interdit de rêver – que la grille de rentrée tienne compte du changement de ton tellement rafraichissant et que France-Inter redevienne une radio de service public, populaire et de qualité et pas radio-bobo où l'on se complait entre gens du beau monde qui pensent bien et trouvent plaisir dans l'ennui.

 

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Commentaires
T
Merci à Mr Mezrahi de nous programmer des artistes que nous n'avons malheureusement pas le plaisir d'entendre ailleurs.
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E
Un grand merci à votre radio d'avoir invité le talentueux Soan....Merci a Raphaël de faire confiance en son talent...nous sommes tous ravis d avoir pu ecouter (en accoustique) ses chansons et c'etait un pur bonheur....MERCI!!!!!!
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E
Un grand merci à Raphaël Mezrahi d'avoir reçu Soan samedi 13 dimanche 14 aôut, nous avons ainsi eu la primeur d'un titre du prochain album que nous attendons avec impatience. Quel plaisir de l'entendre et de constater que sa voix est redevenue claire. A bientôt l'artiste
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