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la lanterne de diogène
21 décembre 2011

Gérard ?

En ouvrant mon accès à l'Internet, j'apprends qu'au cours d'une cérémonie qui se veut drôle et « impertinente » (pour reprendre un vocable branché), on a décerné des anti-récompenses à des journalistes et autres vedettes de la télévision.

 

http://actu.orange.fr/medias/gerard-de-la-television-hondelatte-drucker-morandini-au-nombre-des-laureats-2011-afp_384700.html

 

Fort bien ! Seulement, en lisant le détail des raisons, des attendus qui ont déterminé le choix du jury, on se rend compte que ce n'est pas si drôle. D'abord, la manifestation était organisée par une chaîne de télévision privée, donc concurrente de celles où officient les lauréats malgré eux. On a envie de dire : ce n'est pas gentil pour ses petits camarades. Ensuite, quand on voit qui formait le jury, on trouve à de rares exceptions, tout ce que le landernau parisien fait de mieux en matière de « branchitude ». On ne trouve que du beau monde, des gens qui se fréquentent à longueur d'année et qui ne fréquentent que les personnes et les lieux de bon goût. Le bon goût étant le leur, forcément. La chaine de télévision Paris-Première est, d'après ce que j'en sais, le réceptacle télévisuel de cette « branchitude » parisienne et de ce bon goût qu'il convient d'adopter.

 

 

Quant aux réactions des internautes, elles reflètent cette tendance « café du commerce » qu'est devenu l'Internet. Chacun y ajoute les personnalités qu'il n'aime pas ou trouve qu'on y est allé un peu fort avec quelqu'un qu'on aime bien. Voilà donc ce qu'est le débat d'idées aujourd'hui. Seulement, lorsque de tels propos sur les programmes de télévision et leurs présentateurs se tenaient dans un bistrot, il n'y avait que les consommateurs du moment pour en profiter. Avec l'Internet, c'est potentiellement le monde entier qui y a accès et peut en rajouter une couche. Un coup d'œil sur n'importe quel fil de commentaire montre qu'il suffit d'une ligne pour que s'enchainent des torrents de propos venimeux, approximatifs, consternants, bêtes à pleurer et qui s'installent à égalité avec les meilleurs sites de diffusion de la connaissance.

 

D'après ce que j'en sais, Paris-Première est un peu l'équivalent sur petit écran de France-Inter. Les émissions avec des invités foisonnent et chacun des invités s'arroge le droit de donner son avis sur tout et tout le monde et y est incité par les animateurs. Concrètement, on y casse du sucre sur le dos des autres, surtout sur ceux qui opèrent dans le même secteur et qui ont plus de succès. Pas plus tard que ce matin, sur Inter, l'humoriste Sophia Aram se vantait de répondre aux auditeurs qui n'apprécient plus ses chroniques de changer de station de radio. Nous en sommes arrivés au point où quelqu'un qui s'exprime au maximum deux fois trois minutes par semaine décide de qui peut ou doit écouter la station de radio qui l'emploie.

 

Ce serait marrant qu'un autre jury, décerne des prix aux émissions les plus ennuyeuses de la radio et de la télévision. Nul doute que Paris-Première et France-Inter y récolteraient une moisson. On pourrait aussi l'étendre à tous les films encensés par les journaux où travaillent les jurés des Gérard et qui ont fait un flop et à tous les films, spectacles, émissions soi-disant drôles et dont les premiers spectateurs ont recommandé aux suivants de rentrer chez eux. Il est vrai que, quand on n'aime pas le peuple, on fait tout pour ne pas le trouver là où l'on est tellement mieux entre gens de si bon goût.

 

On en est arrivé à un point où, pour être sûr de passer un bon moment culturel ou drôle, il suffit de lire certaines critiques et de prendre le contre-pied de leur conseil : résultat garanti !

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