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la lanterne de diogène
20 décembre 2011

Questions autour du handball

On y a cru mais les handballeuses françaises n'ont pas gagné le titre de championnes du monde face à des Norvégiennes déjà championnes olympiques et championnes d'Europe.

 

Au delà du sport, comment se fait-il que, ce domaine particulier qu'est le handball, ne soit pas davantage à la une de l'actualité. Car enfin, ça fait des années que les garçons excellent au plus haut niveau, enchainant aussi les titres mondiaux, olympiques, européens. Ça fait des années que leurs exploits leur valent les surnoms de barjots et autres experts. Or, on n'en parle rarement surtout si l'on compare avec d'autres sports collectifs ou non. Pourtant, au hasard d'une conversation, on se rend compte que, presque tout le monde, a pratiqué le hand, au moins une année de sa vie, fille ou garçon. Peu de sports peuvent se vanter d'une telle universalité.

 

Malgré tout, malgré la popularité, malgré l'excellence des joueurs français, filles et garçons, la couverture médiatique est infime. Si l'on prend un pays comme l'Espagne, proche de nous et latin également, il suffit qu'un des leurs brillent dans un domaine même ultra-confidentiel pour que toute la presse s'enthousiasme et que le public sache tout de son champion, l'adule et rappelle aux visiteurs de passage qui l'ignoraient que Untel est champion et qu'il est espagnol. Lorsque Ballesteros était champion de golfe, aucun Espagnol ne l'ignorait. Pourtant, bien peu d'entre eux pratiquent cette discipline. Dans le même temps, la France avait un champion du monde de ski nautique dans l'indifférence générale et il a brillé entre l'âge de 15 ans et celui de 45 ans. On aurait eu le temps de le connaître. Pourtant, il y a davantage de personnes qui se sont essayé au ski nautique qu'au golfe. Ne parlons pas de l'année 2010 où les Espagnols se sentaient champions toutes catégories avec leur équipe de football qui venait de soulever la Coupe du monde, leur pilote Fernando Alonso et leur vainqueur du Tour de France Alberto Contador que les méchants français voulaient disqualifier pour on ne savait quelle raison futile.

 

Le fond du problème c'est que, malgré un intérêt réel du public français, la presse ne relaie pas les informations. Il n'y en a que pour le football. On sait tout du salaire des joueurs, des problèmes d'entraineur d'une équipe, du coût des droits télévisés, des frasques des présidents de clubs, de la collusion avec les politiques ou avec les grandes marques privées. On sait tout des performances sportives. À noter que les performances intéressent les amateurs de foot tandis que leurs adversaires ne s'intéressent qu'aux autres aspects cités. Néanmoins, chacun trouve du grain à moudre. Il en va autrement des autres sports. Les basketteurs doivent pourtant être bons puisque nombre d'entre eux évolue aux États-Unis dans le plus prestigieux championnat. On l'ignore mais en Espagne, pour reprendre le même exemple, le basket est presque aussi populaire que le football, d'autant plus que les clubs brillent au plus haut niveau. On l'ignore car ce sport n'est pas médiatisé en France. Ne revenons pas sur le handball. En d'autres termes, en France, les journalistes, les directeurs de rédactions particulièrement, décident de ce qui est bon pour leur public. Ce sont eux qui décident de mettre à la une les informations qui leur paraissent intéressantes. Ce sont eux qui décident de l'actualité.

 

Nous avons pris un exemple futile qui est le sport mais notons qu'on trouve la même démarche dans les autres domaines et notamment la politique. Les journalistes – qui par ailleurs sont proches avec le personnel politique comme nous le verrons bientôt – décident de mettre en avant telle personnalité et de ridiculiser les autres. On choisira une personnalité non en raison de ses idées, de ses arguments mais de sa capacité à captiver les plus bas instincts du public. On propulsera un politicien minoritaire si l'on sait que ses écarts de langages feront couler de l'encre. On prendra même le risque de l'amener au plus haut niveau. Qu'importe, ça fera de l'audience et ça fera vendre du papier. Un politicien sérieux et mesuré n'a aucune chance de faire parler de lui ni de ses idées.

Tout le monde sait que la presse régionale excelle jusqu'à la caricature dans cette démarche consistant à imposer les informations. Il suffit d'ouvrir, particulièrement ce mois-ci, un quotidien pour voir que les pages (et pas seulement une) sont envahies par les articles et les photos du Noël dans les maisons de retraites, les centres de loisirs des petits, des comités des fêtes des villages ou des quartiers. En janvier, on aura droit à la galette des rois. Le reste du temps, il se trouve toujours une tradition pour occuper les pages. On parsèmera les feuilles des promotions dans la gendarmerie et les photos de la plus grosse truite pêchée. Quand on s'en plaint, quand on écrit pour annoncer qu'on va arrêter son abonnement, on a, invariablement comme réponse : « c'est ce que les gens veulent ». Pourtant, jamais les décideurs de l'actualité ne sont en mesure de montrer les dizaines de lettres qui plébiscitent ces choix éditoriaux, au contraire. C'est anecdotique mais on retrouve cette même prétention à imposer les informations au niveau national. Des enquêtes sérieuses montrent que les Français sont intéressés par l'écologie. Pourtant, le traitement des élus écologistes par la presse détourne les électeurs. Nous avons vu que beaucoup ont pratiqué le handball mais la presse boude ce sport éminemment populaire, aussi facile à pratiquer et qui, en plus, ne fait pas peur aux filles, au contraire du football. Seulement, les journalistes ont décidé que non, que le handball n'avait pas droit de cité.

 

En d'autres termes, la faible couverture de la finale du championnat du monde féminin de handball dont on ne parle déjà plus, met en lumière le pouvoir insensé, incontrôlé (sinon ils hurlent à la censure) des journalistes en France. Ce sont eux qui décident de nos centres d'intérêt et qui orientent jusqu'à nos choix politiques. Ce sont eux qui façonnent la démocratie, non parce qu'ils s'expriment mais en éliminant ce qui ne leur paraît pas digne d'intérêt. La presse quotidienne est sanctionnée dans la mesure où les lecteurs sont de moins en moins nombreux

http://lanternediogene.canalblog.com/archives/2011/12/15/22971740.html

 

mais les médias qui s'insinuent dans notre vie quotidienne imperceptiblement et qui dépendent de la publicité conservent tout leur pouvoir de décision sur les mentalités. Il y a quand même de quoi s'inquiéter.

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Commentaires
A
Il est probable que la surenchère en matière de droits tv va changer pas mal de choses.<br /> <br /> Dans une chronique sur les médias, j'avais regretté le temps où les chaines de tv européennes se rendaient des services au lieu de se marcher sur les pieds. <br /> <br /> C'est vrai qu'en France, on s'intéresse peu, malgré les apparence et malgré ce qu'en disent les intellos de service et autres "branchés", au sport et que ça n'a rien à voir avec l'engouement et parfois les excès de certains de nos voisins. Maintenant, justement, je regrette qu'on ne nous incite pas davantage à nous intéresser à d'autres sports que le sempiternel foot. Quand une équipe se retrouve à un tel niveau, ça devrait être l'occasion de braquer davantage les projecteurs sur elle au lieu d'un lumignon ; ce qui est le minimum.<br /> <br /> Concernant les médias, dans qq jours, il y aura une longue chronique sur le pouvoir des journalistes et ce qui me parait leur devoir.
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C
Bien vu, comme souvent. Mais le foot a peut-être mangé son pain blanc avant un bon moment. Al Jazira faisant une razzia sur les droits télé, et TF1 semblant s'en désinteresser faut d'audiences suffisantes, le foot deviendra beaucoup moins visible que maintenant. Tout dépendra du montant de l'abonnement demandé par la future chaîne qatarie.<br /> <br /> Le foot a toujours été mis en avant car sa popularité (dans le sens peuple) a toujours été importante. De plus il y a 2 millions de licenciés, ce qui en fait la fédération la mieux lotie à ce niveau. Mais son exposition médiatique a explosé après 1998. Quand j'étais gamin (début des années 80) il y avait une dizaine de matches de foot par an à la télé à tout cassé. Aujourd'hui c'est quasiment 10 par jour le samedi et le dimanche. Même s'il y a essouflement des audiences, je reste persuadé que sur la longueur il y aurait plus de gens devant leur télé pour un match de foot que pour un match de hand. Les Ffrançais aiment leurs équipes nationales de hand parce qu'elles gagnent, mais soyons en sûrs, en cas de mauvais résultats ils s'en désinteresseraient aussi tôt.<br /> La France n'a pas de culture sportive aussi développée que chez nos voisins. Elle aime quand ses représentants gagnent quel que soit le sport, elle n'est pas amatrice (ni connaisseuse) de sport tout court.<br /> <br /> Quant au contrôle des médias sur les gens, ça me parâit une évidence totale. Il y a tant d'informations inutiles que les vrais sujets importants sont noyés à l'intérieur et donc rendus inaudibles la plupart du temps. Et quand je vois les erreurs commises dans la transmission d'information sportive (ce que je peux facilement repérer) j'ai les plus grandes craintes pour le traitement de sujets politiques ou sociaux...
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la lanterne de diogène
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