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la lanterne de diogène
24 juillet 2012

C'était France-Soir

Depuis le début, La Lanterne de Diogène s'est intéressé à France-Soir, non pas parce que ce titre apporte un supplément intellectuel notable dans le débat mais parce que la disparition d'un journal n'est jamais un événement anodin. Pourtant, nous pouvons être sûr que bien peu de gens, en ce mois de vacances va seulement être au courant. Le reste s'en fichera éperdument. Le fait que nous soyons en été n'y change pas grand chose.

 

http://lanternediogene.canalblog.com/archives/2006/04/22/1978009.html

 

http://lanternediogene.canalblog.com/archives/2006/06/08/2050202.html

 

http://lanternediogene.canalblog.com/archives/2009/01/27/12250786.html

 

http://lanternediogene.canalblog.com/archives/2011/12/15/22971740.html

 

Cela veut dire que le recours à la lecture n'est plus une évidence lorsqu'il s'agit de s'informer ou d'occuper son temps libre. Nous y reviendrons prochainement.

C'est encore une exception française puisque, chez nos voisins immédiats, la presse écrite se porte bien, que les quotidiens sont épais parce que les lecteurs le demandent.

Autre exception française : les grand titres sont fabriqués exclusivement à Paris. Dans le reste du territoire, nous avons une presse lamentable spécialisée dans les faits-divers, les concours de pétanque, les photos montrant des personnalités de dos face à un public où l'on se dit que les trois premiers se reconnaitront à condition qu'ils achètent le journal.

 

Ailleurs, chaque grande ville possède ses titres qui offrent une actualité complète à laquelle s'ajoutent les informations locales et la politique locale. Dans un paysage français, un quotidien comme France-Soir n'avait aucune raison d'exister. Le lectorat visé ne lit plus et préfère nettement regarder la télévision. Ce n'est pas un lectorat qui cherche des analyses ni des informations sur ce qui se passe ailleurs. Quelques images spectaculaires comme en offrent les chaines privées satisfont son voyeurisme.

 

Nous avons dit précédemment que France-Soir n'a jamais été un bon journal, même du temps de son fondateur Pierre Lazareff. Si de grandes signatures collaboraient régulièrement comme l'a rappelé l'une d'elles, Philippe Labro, si la rédaction disposaient de correspondants et de bureaux dans les grandes capitales étrangères, il y avait aussi des « potins » qui ont façonné durablement l'image du quotidien de la rue de Réaumur.

 

« Populaire et de qualité », voici une formule qu'on aime manipuler mais qui recouvre une réalité peu reluisante. Pour se donner les moyens de la qualité, un média a besoin d'un public. Pour attirer le maximum, on doit ratisser large. Les commérage de Carmen Tessier et les unes sur les frasques des vedettes (nous étions à l'époque des yéyés et du cinéma populaire), attiraient plus que les grands reportages de Kessel, Bodard ou Labro.

D'ailleurs, on rappelait que Pierre Lazareff disait que pour être journaliste, il faut être lu. Dès lors, la fin justifie les moyens.

 

La mort du fondateur et de l'âme de France-Soir en 1972 marque aussi la montée en puissance de la télévision diffusée en couleurs depuis 1968 (JO de Grenoble). Quarante ans de lente agonie, d'hésitations, marquées par le reprise en 1977 par Hersant. Celui qu'on a surnommé le « papivore » voulait tout racheter pour assurer une information unique. La reprise des titres de province signifiait une fusion des rédactions. Un cahier de huit pages avec des titres et des éditoriaux différents encadraient un autre cahier régional unique. France-Soir n'était pas intéressant pour le nouveau propriétaire du Figaro et pour le propriétaire d'une grande partie de la PQR. Simplement, en gardant le titre de Lazareff, d'abord il répondait au conservatisme des lecteurs qui n'aiment pas changer (il suffit de voir les réactions quand on change la formule ou la maquette), et, surtout, il empêchait un autre de le posséder et de lui faire concurrence. Dans ces conditions, le titre ne pouvait que décliner malgré le lancement du supplément TV-magazine. Il s'agit là d'une des rares réussite de la presse françaises au cours des quarante dernières années. D'abord supplément à France-Soir, donc, il s'est ajouté au Figaro puis à l'ensemble des titres Hersant (et il y en avait) avant d'être vendu aux concurrents. Aujourd'hui encore, une grande partie de la presse régionale propose TV-magazine en supplément alors même qu'ils ne sont en rien associés.

 

Les derniers épisodes de France-Soir sont une illustration de la crise et des interrogations de la société française. Séduite d'abord par une ligne éditoriale qui désignait aux classes moyennes et populaires leurs ennemis parmi les moins favorisés encore, on a vu se succéder à la tête de la rédaction un ancien du petit écran (Jean-Luc Mano), Philippe Bouvard qui voulait recentrer le titre autour de la télévision (quelle drôle d'idée), André Bercoff qui signait des éditos contre l'extrême-droite en pleine ascension (pas vraiment du goût des lecteurs). Entre temps, le journal était passé au format tabloïd, comme la plupart des journaux. En 2006, on mise à nouveau sur la qualité en embauchant des grandes signatures. C'est comme ça que son concurrent direct, Le Parisien, a gagné son lectorat autrefois, tirant un trait sur Le Parisien Libéré et sa ligne éditoriale xénophobe. Seulement, les temps ne sont plus les mêmes et l'on ne va pas se précipiter sur un quotidien pour lire ce que Untel a écrit. Soit on veut de l'information et alors on regarde une chaine spécialisée. Soit on veut lire et alors on achète un livre. Surtout que, autre exception française, nous avons en France, de très bons hebdomadaires qui se disputent les chroniqueurs de talent ou propres à attirer le lecteur (genre Claude Allègre).

Bien sûr, on évoque avec nostalgie le temps des sept éditions de France-Soir. Les Parisiens se souviendront avec émotion de ces motos noires munies de side-car bâchés pour livrer aux marchands dans leurs guérites de toiles les tout derniers journaux du soir à la sortie des stations de métro.

 

Enfin, autre illustration de cette société française qui ne sait plus à quel saint se vouer : la reprise par un riche industriel russe. La Russie représente mieux qu'aucun autre pays ces nations émergentes où quelques sociétés dégagent des milliards de bénéfices dont on espère grappiller quelques miettes pour conserver son mode de vie alors que, précisément, c'est parce que le mode de vie a changé dans ces pays-là, que des réussites exceptionnelles ont pu voir le jour.

 

Pour le dire en quelque mots : entre la baisse de l'intérêt pour la lecture, la montée de la télévision comme média unique et omniprésent, la crise économique qui fait se recentrer sur l'individu (donc sur soi-même sans considération pour ce qui se passe chez les autres), l'arrivée d'un média interactif, l'ordinateur, il n'y a plus de place pour un quotidien parisien populaire à côté d'un autre (Le Parisien/ Aujourd'hui). C'est dur à dire mais France-Soir était condamné et depuis longtemps. Le problème, en France, c'est qu'on ne veut pas reconnaître que le monde est en train de changer. On veut à tout prix conserver nos vieilles lunes surtout quand il y a du chômage à la clé. C'est valable pour France-Soir mais aussi pour Peugeot-Citroën et pour Père-Dodu et les autres dont on parle moins. Personne pour se demander si tous ces conflits sociaux ne sont qu'une coïncidence, une synchronicité, ou sont plutôt le signe que notre modèle est en fin de vie. Faut-il attendre que l'Allemagne soit dégradée par nos chères agences de notations pour le comprendre ?

http://lanternediogene.canalblog.com/archives/2011/08/13/21784904.html

 

http://lanternediogene.canalblog.com/archives/2011/10/19/22403951.html

 

Il est temps, non plus de s'interroger pour savoir si ces modèles sont encore valables puisque tout montre le contraire. En revanche, il convient de réfléchir à d'autres solutions pour accompagner le changement. Il vaudrait mieux que la décision soit prise avant plutôt que de la subir.

 

En attendant, soyons tristes de la disparition de France-Soir parce qu'elle marque surtout la fin d'un certain type de société.

france soir dernière

Dernière une de France-Soir… sur l’Internet

http://www.francesoir.fr/

Remerciement aux lecteurs fidèles

« Merci d'avoir été chaque jour plus nombreux à suivre l'actualité sur FranceSoir.fr. »

« L'information ne meurt heureusement pas avec France-Soir. Pour ce titre historique, la nuit tombe, mais dehors le soleil luit. »

Autres infos à la une : la rafle du Vel d’hiv ; la fusillade dans un cinéma aux E-U ; Pénélope Cruz au musée Grévin

 

Articles bien placés sur le site dits « l’essentiel » (sic) :

-          Etudes scientifiques : L'inactivité physique tue presque autant que le tabac et l'obésité

-          Présidence de l'UMP : Rachida Dati pourrait se lancer

-          Psychologie et santé : Test de QI : Les femmes plus intelligentes que les hommes ?

-          Euro 2012 : Les femmes de footballeurs les plus sexy (Diaporama)

 

En oreillette :

 La vie de l'équipe de France

Tour de France 2012

Jeux Olympiques de Londres 2012

 

Au sommaire :

  • Horoscope
  • La mère de Michael Jackson
  • Le mercato de football
  • Une vedette entre au musée Grévin

On ne se refait pas...

 

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