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la lanterne de diogène
11 décembre 2013

Le demi siècle de France - Inter (2)

Finalement, j'ai pas tout raté. La matinale avec les anciens était intéressante. Personnellement, j'aurais préféré entendre Philippe Gildas plutôt que Nicolas Demorand. Il a été rappelé au cours de la semaine que Philippe Gildas a véritablement inventé la nouvelle tranche d'information du matin tandis que, auparavant, c'était un animateur et pas un journaliste. Arnaud Monnier (quand il se réveillait à temps) excellait dans le genre. Je me souviens de quelques matinales : celles de Philippe Gildas donc, d'Arnaud Monnier avant, de Jacque Paugam, de Patrice Bertin (à l'essai pendant l'été), de René Marchand (très sobre), de Philippe Caloni, de Pierre Douglas, même, mais c'était pas une réussite. Je me souviens de Claude Mazeau qui avait remplacé l'immense Gérard Sire, quasiment mort à l'antenne dans les souffrances du cancer. Claude Mazeau avait pris l'habitude de titiller Bernard Hartmann, chroniqueur économique, sur le paradoxe de Gresham. Qui se souvient de Claude Mazeau ou d'André Lemas ? Qui se souvient des noms mentionnés dans ce paragraphe, à part Philippe Gildas mais pas pour son passage sur France-Inter.

 

Depuis le départ de Patricia Martin, je ne peux pas dire qu'il y ait eu une matinale qui m'ait emballé. Un enchaînement de chroniques, de petits reportages, a remplacé une session où l'information avait sa place tout en respectant l'auditeur qui se prépare à partir au travail. Une chanson par demi-heure et la journée commençait bien.

Comme nous l'avons déjà dit, Stéphane Paoli a payé de sa santé et a failli perdre la vie à force de vouloir faire rentrer un litre dans une bouteille d'un demi. Son altercation avec des auditeurs appelant pour faire la promo du « Plan B » lui a été fatale. Désormais, il s'est spécialisé dans les transitions acrobatiques dont l'une a fait s'esclaffer Catherine Ringer.

 

Pierre Bouteiller, vieillissant, racontant comme de vieilles blagues qu'il présente comme toute nouvelles répond à un auditeur sur Pierre-Yves Guillen. Selon l'ancien directeur, il continue de grossir mais il n'a pas de nouvelles depuis des années. Bizarre puisque La Lanterne de Diogène en a eu. On comprendra qu'il a coupé les ponts depuis que l'autre ne travaille plus pour lui.

 

Un grand absent : Yves Mourousi. On a peu entendu sa voix et pas du tout cité son nom. Pourtant, il a révolutionné l'information radiophonique en mélangeant les rubriques, les genres, les cultures. Il a révolutionné l'information radiophonique en sortant des studios et en réalisant ses journaux en direct d'un lieu insolite (comme l'Opéra) ou du lieu où se passait quelque chose. Imité mais jamais égalé, la chose est devenue banale aujourd'hui. On remarquera juste que le journal de 13 heures n'est plus la vitrine de la rédaction. Désormais, c'est la matinale qui tire la couverture à elle. On sort des studios dès le matin mais je ne suis pas sûr que ça apporte quelque chose à l'auditeur ; surtout quand, sur Inter, il reste aussi peu de temps entre chaque chronique. Ailleurs, le temps est rogné par la publicité. À 13 heures, on a plus de temps, mais qui peut encore écouter un magazine d'actualité d'une heure en semaine, à la mi-journée ? Ça fait aussi partie des nouvelles pratiques d'écoute de la radio.

 

Nous avions déjà remarqué que, après Roger Giquel – dont personne n'a parlé pendant cette semaine –, Daniel Saint-Hamon a été le meilleur pour la revue de la presse. Claude Gillaumain n'était pas mal non plus et, en tout cas, bien meilleur qu'au journal parlé où il bafouillait lamentablement ; et pas que la fois qui a été passée. Évidement, on a eu droit à quelques bêtisiers. C'est comme ça qu'on a pu entendre Claude Guillaumin, justement. Ivan Levaï a eu la bonne idée de le citer.

 

Claude Villers, une des voix qui ont façonné l'identité de France-Inter, rappelle qu'il a travaillé dans la presse écrite. Décidément, on a du mal à comprendre sa biographie chronologique. Entré à France-Inter à l'age de 17 ans, catcheur, journaliste à Paris-Jour. Il y a plusieurs choses qui clochent. De même quand il répond à Patricia Martin qu'il ne connaît pas d'autres auditeurs que ceux d'inter. Aurait-il oublié RMC et Pacific ? Pourtant, une radio qui avait un joli slogan : « Pacific : la radio avec vue sur la mer ». Quoi qu'il en soit (comme dirait l'autre), je le rejoins (et la rubrique médias le rappelle à plusieurs reprises) quand il regrette que les jeunes animateurs ne puissent pas s'exercer pendant les programmes d'été.

 

Parmi les autres moments, plus ou moins longs, je retiendrai l'évocation des « Inter-Service ». Curieux qu'on n'ait pas mentionné « Inter-Service Jeunes » ni « Inter-Service-Routes » qui marquaient véritablement une révolution dans l'univers radiophonique. « Inter-Service-Jeunes » était particulièrement visionnaire, peu avant Mai 68 quand la jeunesse était plutôt ignorée par le pouvoir. Quant à « Inter-Service-Routes », qui intervenait après le « radio-guidage » pour contourner les premiers bouchons de la civilisation du tout-automobile. Les autres se sont alignés, comme d'habitude, sur la radio nationale, en faisant croire à grand renfort de publicité, que c'étaient eux qui l'avait inventé...

 

Et « Inter Danse » alors ? Ça aussi, c'était une institution. Ça paraît tellement désuet aujourd'hui, à l'époque où les jeunes se trémoussent en tremblant sur des musiques technologiques sous des rayons laser. C'était bien d'en parler.

 

J'ai bien aimé aussi les parodies proposées par des animateurs du moment. Il faut bien rigoler de ce qu'on adore.

 

Quand même, celui qui, d'après ce que j'ai pu entendre, a encore crevé le micro, c'est l'inoxydable José Artur. On aurait dit qu'il annonçait sa prochaine émission. Son humour caustique produit toujours son effet. Lui qui demandait à Gainsbourg si, avec l'age, il n'était pas plus obsédé que sexuel, il emboîte le pas après une remarque féministe de Patricia Martin à propos de Jacqueline Baudrier (à qui elle reprochait son ton solennel pour lancer Radio-France le 6 janvier 1975) : « on appelait les femmes qui ont dirigé Inter comme des hommes et quelques hommes comme des femmes ».

 

Et encore après, cet échange avec Ivan Levaï :

 - … mais c'est vrai : l’œil écoute (je n'sais plus qui a dit ça) !

 - Quand on ne sait pas, on dit que c'est Cocteau.

 C'est ça, José Artur : un mec à qui on ne la fait pas.

 

Pour conclure, je dirai qu'il y a deux éléments qui ont retenu mon attention par leur répétition. D'une part, le soir du concert de clôture, le nom de Jean-Louis Foulquier cité par presque tous les chanteurs. D'autre part – et tout au long des évocations et même avant au cours des annonces – c'est l'indicatif originel et original a été le fil rouge de ces commémorations. L'indicatif de Claude Bolling est le seul élément sonore identitaire. Bien malin qui peut dire à quoi ressemblaient les indicatifs qui ont suivi. Bien malin qui peut dire à quoi ressemble celui d'aujourd'hui. Or, les autres radios généralistes ont tous un indicatif que tout le monde connaît. Seule Inter n'en a pas mais tente en vain de coller aux modes musicales. Dans le monde des médias, il faut avoir un logo et un indicatifs immédiatement reconnaissables.

 

Le peu que j'ai entendu me paraît plutôt une réussite. Et puis, pour une fois qu'Inter propose une animation quelque peu conviviale, avec des animateurs qui montrent qu'ils s'apprécient, je ne vais pas bouder mon plaisir.

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