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la lanterne de diogène
6 décembre 2017

Johnny !

Cette fois, ça y est. Il est mort. On s’est moqué de lui jusqu’au bout, en ironisant sur les rumeurs autour de sa mort, ces tout derniers jours. Comme dans la deuxième version de la chanson de Diane Dufresne sur Elvis : « T’avais pas l’droit d’mourir ».

johnny - noël

La mort de Johnny devrait nous rappeler qu’il n’a pas arrêté d’être critiqué, vilipendé, ridiculisé. La faute à cette médiatisation consistant à mettre au même niveau tous ceux qui apparaissent en deux dimensions sur les écrans de la télévision naissante en même temps que la carrière de Johnny Halliday. Pour ne pas faire de vague dans les années du gaullisme triomphant – et des fruits de la reconstruction d’une manière générale –, on a mis en avant des vedettes de la chanson en plein renouvellement avec l’influence du rock n’roll. Dès les années 1980, demander son avis à Johnny, c’était l’assurance d’une bonne rigolade à venir. On ne manquerait pas de souligner la stupidité de ses propos ou l’énonciation de tautologies. Personne pour dénoncer un système qui met un Johnny Halliday au rang des chroniqueurs et Desproges à l’égal des philosophes. Deux phrases par-ci, par-là, sont médiatiquement plus intéressantes que des bouquins entiers d’analyses et d’argumentations. Sous la dictature du rire obligé, les platitudes de Johnny font mouche et rassurent les gens sur leur supériorité intellectuelle comparée au chanteur.

 

Johnny Halliday, pour ceux qui sont nés quand il devient célèbre, c’était un mec à peine plus vieux de dix ans mais qui vit déjà sa vie à l’âge où l’on sort de la scolarité obligatoire poussée à 16 ans. Johnny, c’est une sorte de grand frère ou de cousin qui a réussi ; cousin d’Amérique, avec son nom anglo-américain. De sorte que, ce chanteur qui plaisait aux ados, au pré-ados de l’époque, aux jeunes adultes et à pas mal d’adultes aussi réunit de nos jours quatre générations bien marquées de fans. C’est du jamais vu mais pour contre-balancer, il faut rappeler que, sorti du monde francophone (et encore), Johnny qui a vendu des millions de disques, rempli des grands stades, n’a jamais percé sur le marché international.

 

Depuis ce matin où l’on a appris la mort du rockeur, on évoque à peu près tous les aspects. Il en est un que j’ai découvert en feuilletant un magazine dans une salle d’attente, voici quelques années. Je lis que, de passage dans une ville du Nord, Johnny Halliday apprend que les mineurs sont en grève depuis des semaines. Il décide de verser la recette du spectacle à la caisse des grévistes. Le lendemain, les mineurs forment une haie d’honneur, lampes allumées pour accompagner le départ du chanteur populaire. Chapeau Monsieur Halliday !

 

Personnellement, j’étais assez étranger aux histoires de Johnny. Je l’ai découvert vers la fin de la moitié des années 1970, quand la télévision est entrée chez nous. J’ai vu ses yeux de loup (de lu!) en interprétant « Le feu », ponctué de « hou ! ». Après, il a tout fait ou presque et mon intérêt pour lui a été fluctuant. Sur le tard, j’ai aimé « Je la croise tous les matins », un vrai morceau de blues, à l’époque où il a fait venir sur scène un Luther Allison pour une reprise d’une chanson en anglais de Joe Dassin : « La guitare fait mal » (« The guitar don’t lie »). Pour moi, sa plus belle chanson reste « Noël interdit ». Je me l’étais fait offrir pour Noël de cette année-là. Je ne l’ai pas beaucoup écoutée car, si j’avais un tourne-disque, un « Curling » de Philips, tout rond, je n’avais pas de chambre et ça m’était quasiment impossible d’écouter quelque chose.

Une grande et belle chanson, c’est une chanson dans laquelle on peut se reconnaître ou reconnaître quelqu’un qu’on connaît. Sur la quantité, on trouve forcément des chansons qui nous touchent davantage. C’est pour ça que la chanson est un genre populaire et c’est parce que Johnny Halliday représentait plus que beaucoup d’autres la chanson populaire et le peuple qu’on l’entendait très peu sur Inter. Inter, radio généraliste dite « de service public » (car financé par la redevance), a bousculé ses programmes de 5 h du matin jusqu’à 10 h où il n’était question que de lui. Des auditeurs, des chroniqueurs comme les Belges et même Rebecca Manzoni n’ont pas manqué de rappeler qu’on a passé en trois heures plus de chansons (mêmes tronquées) de Johnny Halliday que depuis la création de la station… Ça sent un peu le règlement de comptes et c’est pas trop tôt ! Marre du snobisme des programmateurs et de la dictature de la « play-list » qui écarte les chanteurs populaires au profit d’inconnus qui ont tout intérêt à le rester tant ils sont minimalistes et ennuyeux et tant ils ont peu de voix. C’est sûr que Johnny, il en avait de la voix ; et quelle voix !

https://www.youtube.com/watch?v=VUYEb45QN6o

Non, Inter s’obstine dans les chanteurs sans voix, donne les humoristes pour fustiger les chanteuses qui ont du coffre, et appose son label sur les disques de Carla Bruni portée au nues avant qu’elle n’épouse qui l’on sait et, maintenant, de Charlotte Gainsbourg, tout aussi inaudible… Puisse la mort de Johnny remettre en cause la programmation musicale : d’abord en remettant des pauses musicales dans les émissions et en tenant compte du goût du public. Ça n’empêcherait nullement de donner leurs chances aux nouveaux talents. Il suffirait juste de laisser davantage de temps aux chansons plutôt qu’à la parlotte (« Aujourd’hui, mon invité est »).

 

jean-d'ormesson

En partant au boulot ce matin, on a dans la tête les infos sur la mort de Johnny mais dans les kiosques, c’est Jean d’Ormesson qui fait la une. Il aura été malicieux jusqu’au bout en devançant Johnny d’un jour. Sinon, sa mort aurait était éclipsée par celle du chanteur. Marrant, quand même, de constater qu’il arrive souvent que deux célébrités décèdent le même jour. On voit alors laquelle l’emporte sur l’autre. Jean d’Ormesson n’aura pas non plus été toujours bien inspiré. Patron du Figaro qu’il a repris par héritage, il a été débarqué de son propre journal par l’infâme Hersant. Pourtant, il y revient comme simple éditorialiste, rien que pour taper sur la gauche et défendre la droite. C’était bien son droit d’ailleurs mais on se demande comment on peut revenir manger dans la main de celui qui vous a renvoyé et de quelle sale manière ! À part ça, c’était un bon écrivain, s’exprimant dans une langue claire et agréable à lire. Agrégé de philosophie, on lui demandait moins son avis sur l’air du temps qu’à Johnny Halliday ou à Joey Starr qui vient encore d’agresser, verbalement, quelqu’un. Quand Jean d’Ormesson ne parlait pas de politique, c’était un plaisir de l’entendre parler humblement de « presque rien sur presque tout ».

 

http://www.geo.fr/photos/reportages-geo/mort-de-jean-d-ormesson-ecrivain-et-grand-voyageur-182050#utm_campaign=20171206&utm_medium=email&utm_source=nl-geo-quotidienne

 

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