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la lanterne de diogène
14 mars 2012

Transports scolaires

Cette fois, ce sont 28 enfants qui viennent de trouver la mort dans un car au cours d'une excursion en Suisse. Comme ce sont des petits Belges, on n'en parlera encore moins que d'habitude car, il faut le dire, les accidents de la route sont tolérés par la population comme le prix à payer au progrès qui nous permet de vivre mieux que nos ancêtres et mieux que dans les pays où les déplacements sont difficiles.

 

Il suffit de voir le tollé lorsqu'on annonce le renforcement de la législation ou la stricte application de la loi. Les Français critiquent volontiers la justice et son laxisme supposé sauf en matière de contravention. On peut bien réclamer plus de sévérité pour les crimes et les délits en sachant pertinemment qu'on n'en commettra jamais. En revanche, tout le monde est plus ou moins susceptible de contravention. De plus, la contravention donne lieu à des amendes. Et quand on touche au porte-feuille...

Imaginons qu'on applique la tolérance réclamée par les chauffards en matière d'attaque de banques. On verrait alors les malfaiteurs plaider que la somme dérobée n'était pas si importante, qu'ils en avaient besoin pour vivre et qu'il n'y a pas eu de morts malgré la menace d'une arme.

 

En France, particulièrement, le transport scolaire est en-dessous de tout. Les chauffeurs ne sont pas aguerris. On met, pour transporter les élèves, les moins bons, ceux qui sont mal habiles dans les manœuvres, ceux à qui il ne faut pas trop en demander. Ils font deux ou quatre fois par jour le même trajet, connaissent bien la route mais seraient en grande difficulté sur un parcours inconnu même de courte durée. La gendarmerie le sait et effectue de temps en temps des contrôles. Il arrive que le chauffeur soit en état d'ébriété. La presse régionale rapporte des accidents spectaculaires qui entrainent parfois la mort d'un petit. Et puis, on oublie ; sauf, bien sûr, les parents et les enfants témoins de l'accident. Les transporteurs locaux savent parfaitement comment échapper à la vigilance des contrôleurs de l'administration et continuer à faire rouler des cars qui présentent des défauts de freinage ou des pneus usés.

 

L'indifférence du public, des parents – qui en d'autres circonstances montrent un zèle étonnant de leur sens des responsabilités – est effrayante. Jamais, dans les réunions de parents, dans les associations de parents d'élèves, la question du transport scolaire ne vient sur le tapis sauf pour déplorer une relation supprimée ou un changement d'horaire. Jamais les parents ne s'inquiètent de l'état des véhicules, par exemple, ni de la sobriété du chauffeur. Tout le monde connait le transporteur local. On voit ses cars tous les jours et depuis toujours. Souvent, on a été transporté par le même quelques années avant. Il fait partie du paysage. Quand il y a un échange ou un jumelage ou un voyage à l'étranger, les parents s'inquiètent de l'hébergement, des familles d'accueil. Jamais ils ne posent la moindre question quant au transport.

 

Une seule fois, j'ai vu des parents protester contre le chauffeur. Il était trop jeune à leur goût pour emmener leurs enfants en Angleterre. Pour renforcer leurs protestations, l'un d'eux avait fait remarquer que les pneus étaient un peu usés. Pour ma part, je crois surtout que ce qui les gênaient, c'était que le chauffeur était un beur.

 

Quand il s'agit d'un voyage, tout est mis en œuvre pour contourner la législation qui impose des temps d'arrêt et des changements de chauffeurs. L'absence d'harmonisation entre les pays constitue une aide précieuse pour tricher. La sécurité des passagers passe après.

 

school-bus-stop-colorOn sourit du principe de « l'enfant-roi », caractéristique de l'Amérique du nord. N'empêche, le transport scolaire fait l'objet de soin particulier et d'une législation drastique. Les chauffeurs sont irréprochables, les fameux cars jaune et noir sont équipés d'un double châssis. Ils sont vérifiés méticuleusement. Au moindre défaut, ils sont remplacés et le rebut fait le bonheur d'un transporteur latino-américain, en sachant que les normes sont tellement drastiques que même recalé, il est encore en bon état pour une utilisation normale.

http://www.skyscrapercity.com/showthread.php?p=46175801

 

Encore faut-il souligner que des efforts ont été effectués ces dernières années en France mais il y a à peine vingt ans, c'étaient les cars en fin de vie qu'on affectait pour transporter les élèves. C'est moins le cas de nos jours mais il y a encore tellement à faire . Ainsi, dans les villages, les chauffeurs ne s'arrêtent pas aux emplacements matérialisés. Ils restent au milieu de la route, obligeant les plus petits à faire des efforts pour atteindre le marche-pied. De toute façon, il y aura toujours une fille plus grande qui sera ravie d'aider un petit. Pas question non plus de respecter la limitation de vitesse dans le village. On n'a pas que ça à faire, n'est-ce pas ? Résultat, on arrive plus tôt, on fait tourner le moteur en attendant que les élèves sortent de l'école et ceux qui attendent dans le car s'énervent.

 

On pourrait espérer que cet accident entraine le réflexe « plus jamais ça ! ». On pourrait espérer qu'on lance une grande campagne de vérification des cars scolaires, un renforcement de la législation. Il n'en sera rien, d'autant qu'on est en pleine campagne électorale et que rien d'autre ne compte plus. En temps ordinaire, ça ne serait pas possible non plus en raison de la restriction des budgets des politiques publiques. Finalement, les morts de la route passent en pertes et profits et sont le prix à payer pour notre confort et pour ne surtout nous poser de questions.

bussafety

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