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la lanterne de diogène
18 mars 2018

Le XV de France remporte le Grand Chelem 2018

Le XV de France remporte donc le Grand Chelem 2018.

Le problème, c’est qu’il ne s’agit pas de l’équipe première, de la vitrine du rugby français mais de l’équipe féminine. Les garçons de moins de vingt ans ont aussi remporté le Tournoi et le Grand Chelem mais le XV masculin finit dans la deuxième moitié du classement.

 

Dans les articles précédents, nous avons emboîté le pas de ceux qui critiquent un championnat trop long qui réunit des équipes composées de vieilles gloires de l’hémisphère sud où les sélections nationales sont stables et offrent peu de possibilités de s’y épanouir tant les places sont chères. Nous avons surtout dénoncé ce rugby fait de collisions et de cafouillages. Qu’on songe que le pack français pèse 873 kg et le gallois 901 kg… On n’est pas loin de la tonne et soyons persuadés que les équipes des îles du Pacifique s’en rapprochent. Y a-t-il des possibilités de mouvements, d’adresse, de renversements de côtés, de jeu au pied quand on est bloqué par de tels colosses ?

Lors de la dernière journée du Tournoi, le XV de France affrontait le Pays de Galles dans un stade fermé. C’est pas mal, ça, pour un sport qui se joue surtout en hiver et dans ces îles sujettes aux intempéries en tout genre. Le Millenium date de l’an 2000 quand le Stade de France est de deux ans seulement son aîné. On se souvient des conflits d’intérêt qui avaient prévalu lors du choix de projet. Un des éliminés prévoyait, justement, un toit amovible. Le nouveau stade du Racing, en banlieue ouest de Paris, offre cette possibilité mais, entre autre à cause de ça, il est la cible de dénigrements. À croire qu’on met un point d’honneur à pratiquer les sports dehors et dans la boue et de rentrer trempé aux vestiaires. On voit bien que ces critiques sont exprimées par des hommes. Remarquons aussi qu’avant la rencontre, les joueurs français n’ont pas vraiment entonné la Marseillaise. On voyait pas beaucoup leurs lèvres remuer. Quel contraste avec les gorges déployées des Gallois ! Or, pendant longtemps, on a loué le XV tricolore qui, au contraire des petits merdeux et autres enfants gâtés du onze, chantaient l’hymne national. C’est un détail mais qui montre le délitement des valeurs du rugby à l’heure du professionnalisme.

 

Sur le jeu proprement dit, on a eu, en fait, une seule demi-heure, la première. Le reste du temps, les Gallois ont laissé les Français se fatiguer, s’épuiser à chercher des ouvertures, des combinaisons tandis qu’ils contenaient les assauts. Ce qui fait dire aux commentateurs français que les Bleus ont dominé. Formidable pays que la France qui a le génie de transformer les défaites en victoires et qui préfère toujours les Poulidor, parés de toutes les vertus, aux Anquetil. Nous avons dit, précédemment, qu’il manquait un patron sur le terrain. Avec Bastareaud, il y en a enfin un. Voilà un chef, expérimenté, qui a le souci d’encourager ses coéquipiers à la manière du petit, du « grand », Fouroux d’autrefois. Ça devrait être évident dans un sport collectif qui n’est pas un agglomérat d’individualités mais un groupe homogène. Pourtant, sa tâche n’était pas facile avec les changements opérés au cours des derniers mois. Il y a d’abord eu les blessures des jeunots Dupont et Jalibert puis, la sanction contre les fêtards dont Teddy Thomas. Autant de joueurs prometteurs effacés des effectifs. Surtout, on a changé de cheval au milieu du gué. M. Jacques Brunel a été chargé de reprendre le XV de France. On a dit que c’est la première fois qu’un sélectionneur est congédié. Comment le XV tricolore pourrait-il œuvrer dans de bonnes condition avec un président de la Fédération qui fait passer ses rancunes personnelles avant l’intérêt et le prestige de la France ?

 

À l’heure de tirer le bilan, constatons que la France termine 4e, soit une place de moins que l’an dernier et une victoire de moins : 2 matches gagnés sur 5 au lieu de 3 sous l’ère de M. Novès dont on se rend compte qu’il n’a pas démérité puisque son successeur qui devait enfin renouer avec la victoire fait encore moins bien. Pas de quoi pavoiser, donc, mais c’est pourtant le ton des commentateurs. On parle de « défaite honorable ». C’est déjà ce qu’on disait l’an dernier quand les Bleus échouaient de peu. Car, c’est la caractéristique principale des résultats de ces dernières années : perdre de peu mais gagner de peu aussi. Finalement, la France ne fait plus partie de l’élite mondiale. Pour son premier Tournoi comme sélectionneur à part entière, on ne peut pas dire que le bilan de M. Brunel soit positif ; surtout si l’on considère qu’il a été pendant huit ans l’adjoint du sélectionneur (M. Laporte) et qu’il a l’expérience du haut niveau. En rugby, il y a autant de sélectionneurs potentiels que de passionnés et ne tombons pas dans ce travers sympathique. Constatons qu’on ne peut pas gagner en changeant tout le temps de charnière, en « rappelant » des anciens une fois puis en les renvoyant pour former un groupe sur la durée avant de les rappeler encore et de recommencer. Le cas Trinh-Duc est assez lamentable. Ses qualités ne sont pas en cause mais comment se sentir à l’aise quand on n’est que le second choix ? En plus, on apprend, à l’occasion de sa sortie de terrain, que son remplaçant est capable de tirer des coups de pieds de 50 m et que, jusqu’à son arrivée, il n’y avait pas de butteur de ce type sur le terrain. On a loué la régularité d’un Machenaud (demi-de-mêlée) aux tirs mais sa taille ne lui permet pas de tirer à plus de 40 m. C’était déjà le problème d’un Jean-Baptiste Élissalde, son entraîneur d’aujourd’hui. Beauxis aurait dû se trouver dans l’effectif de départ ou encore Scott Speding qui, en plus, est un excellent arrière qui manque aussi au XV. Le problème, c’est qu’aucun de ces trois joueurs ne peut prétendre former la relève. En revanche, leur expérience peut aider de jeunes sélectionnés. Quoi qu’il en soit, il faut un vrai butteur ainsi qu’un butteur pour les longues distances. Le butteur, c’est aussi celui qui, par son jeu au pied, permet de passer par dessus le mur de piliers qui pèsent 120 ou 130 kg afin de marquer des essais. Saluons aussi le bel essai de Fickou et ce drop de Trinh-Duc qui ouvre le score à la 3e minute et qui laissait espérer, sinon une belle victoire, au moins un beau match.

 

rugby féminin

 

À part ça, les filles du XV de France ont donc remporté leur 5e Grand Chelem.

Un mot pour regretter la différence de traitement des compétitions masculine et féminine. Bien sûr, l’engouement n’est pas comparable et le niveau de jeu non plus mais de là à faire jouer les filles sur des terrains qui ressemblent plus à des champs de labour que des pelouses, il y a une marge. Il faut souligner l’exception française puisque la rencontre avec l’Angleterre s’est déroulée dans le beau Stade des Alpes de Grenoble devant un public nombreux. Et c’est pas tout : les retransmissions et les moyens techniques ne sont pas les mêmes non plus. On se croirait quarante ans en arrière. C’est tout juste s’il y a le ralenti. Donc les incrustations sur l’écran, les aides, tout ça, c’est encore pas pour les filles et ça va jusqu’au commentaires. Contre le Pays de Galles (bizarrement appelé « la principauté »), on fait la fine bouche : il n’y aurait pas eu la manière. Avec 6 essais et un score de 38 à 3, on ose dire qu’il manque quelque chose. Qu’on songe à ce qui a pu être dit quand les garçons ont battu péniblement les Italiens et un peu mieux les Anglais. Il n’y avait pourtant pas de quoi sauter aux rideaux. Et de quelle manière parle-t-on quand on assiste à une succession de collisions ! Le comble, redisons-le, c’est qu’après une énième débandade, on parle de « défaite honorable » du XV masculin… De qui se moque-t-on ? Il y a vraiment une différence de traitement. Déjà que les filles sont encore largement réticentes dans la pratique d’un sport et comme spectatrice (sinon pour accompagner leurs fils ou leurs conjoints), ce n’est certainement pas ainsi qu’on va les attirer et les encourager. Peu après le match, sur un moteur de recherche traditionnel, il n’y avait que le quotidien Ouest-France, pourtant pas en terre d’ovalie, qui donne la nouvelle et le surlendemain, on ne trouvait toujours d’images des deux dernières victoires du XV féminin.

https://www.ouest-france.fr/sport/rugby/6-nations/direct-6-nations-pays-de-galles-france-les-bleues-pour-un-grand-chelem-5625974

Notons qu’Ouest-France depuis le début du Tournoi, propose probablement les meilleures analyses.

Visiblement, le rugby féminin commence à peine à être pris au sérieux. Les fédérations britanniques se moquent carrément du monde en faisant jouer des rencontres internationales sur des petits terrains de clubs amateurs. Ça ne serait rien si les terrains étaient en bon état. Ensuite, remarquons que les officiel de la Fédération internationale, très britanniques, ont eu du mal devant toutes les expressions de la joie des Françaises. Il y aura toujours un monde entre Britannia et le continent ; et ça, même le sport, même le rugby confraternel n’y pourront jamais rien.

Retenons de la saison d’hiver du rugby que le XV féminin a remporté brillamment le Grand Chelem !

 

http://www.lepoint.fr/sport/tournoi-le-xv-de-france-reussit-le-grand-chelem-feminin-des-six-nations-16-03-2018-2203201_26.php

 

https://www.francetvinfo.fr/sports/rugby/tournoi-des-six-nations/rugby-apres-leur-victoire-au-pays-de-galles-38-3-les-francaises-remportent-le-tournoi-des-six-nations-et-realisent-le-grand-chelem_2660448.html#xtor=EPR-2-[newsletterquotidienne]-20180317-[lestitres-coldroite/titre1]

 

https://www.minutenews.fr/sport/tournoi-le-xv-de-france-feminin-reussit-le-grand-chelem-des-six-nations-304155.html

 

 

* https://www.francetvinfo.fr/sports/rugby/xv-de-france/xv-de-france-le-recit-de-la-nuit-alcoolisee-en-ecosse_2648690.html

 Sur l’affaire de la sortie nocturne d’Édimbourg, on n’en sait pas beaucoup plus. En revanche, les commentaires des cadres de la FFR et des journalistes ont changé. Sur le coup, on reprochait à des gamins d’être sortis le soir alors qu’ils venaient de perdre un match. À présent, on leur reproche d’avoir terni le maillot tricolore par leur comportement. Reste l’impression désagréable qu’on a surtout cherché à écarter des joueurs.

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