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la lanterne de diogène
13 juillet 2018

INTER : bilan du 2e semestre 2018

Remarquons que le fossé se creuse entre les médias et l’opinion publique, de plus en plus critique et dubitative devant le traitement de l’information et le choix des sujets traités quand les citoyens vivent, au quotidien, des problèmes peu ou mal évoqués dans les médias.

Les auditeurs, téléspectateurs et internautes sont désormais éduqués et la facilité d’expression que procure l’ordinateur personnel contribue à cette tendance lourde. Nous en sommes un avatar.

 

Le rendez-vous des auditeurs d’Inter avec le médiateur nous offre un petit échantillon de cette critique facilitée. Le temps réduit ne permet de traiter que deux sujets dont on nous assure qu’ils sont en tête des préoccupations. Dont acte.

Lors du rendez-vous avec le médiateur, le vendredi 25 mai 2018, Mme Angélique Bouin, cadre de la direction, a justifié ce traitement. Pour elle, le fait que 100 000 personnes ont campé à Windsor la veille, que 7 millions de Français et quelques 3 milliards dans le monde ont regardé à la TV, donnent à ce mariage le statut « d’événement planétaire ». Pour elle, « on ne pouvait pas ne pas en parler ». Certes, on ne pouvait pas mais la vie (sauf en France à bien des égards) n’est pas faite de tout ou rien mais des nombreuses nuances entre les deux. Qu’on signale quelques jours avant que la GB se prépare au mariage du sixième dans l’ordre de succession au trône (autrement dit rien) et, le jour-même, rappeler que la GB retient son souffle, ne pose pas de question d’éthique journalistique. De là à monopoliser 1 mn 30 (selon elle) dans chaque bulletin horaire alors que d’autres événements autrement plus importants ou graves se déroulaient, comme le crash de l’avion cubain, est plus que contestable. Quand les journalistes sont pris à parti sur la quantité de traitement consacré à un événement, ils répondent toujours : « on en a parlé » ou « on ne pouvait pas ne pas en parler ». Le problème, encore une fois, porte sur le temps consacré et les moyens mobilisés. Mme Bouin minimise en indiquant qu’un seul journaliste avait été envoyé en plus du correspondant permanent. Justement, on se demande à quoi sert le correspondant permanent puisque, chaque fois qu’il se passe quelque chose chez lui, on envoie un reporteur pour rendre compte. Est-ce qu’il n’aurait pas pu traiter correctement l’actualité légère et princière ? Ce qui l’aurait changé, comme l’a souligné Mme Bouin, du traitement du brexit. Enfin, elle glisse à la fin de ses justification que ce mariage fait rêver les petites filles. À l’heure où, dans les médias, dans les événements culturels, les livres et films, le moindre propos est disséqué, soupçonné d’être sexiste quand on évoque la moindre femme préparant à manger ou exerçant un métier tel qu’infirmière ou hôtesse de l’air, où le baiser du prince à la Belle au bois dormant est présenté comme une agression envers une jeune-fille non consentante, on est abasourdi d’entendre un tel cliché sur le prétendu rêve des petites filles d’aujourd’hui. Surtout, qu’on ne dise pas qu’une rédaction d’un grand média national se préoccupe beaucoup d’apporter du rêve aux enfants lors de son traitement de l’actualité. On a même, depuis plusieurs années, de plus en plus l’impression que les médias qui se veulent sérieux (jusque dans leurs émissions de divertissement où l’on invite entre deux rires forcés, des auteurs graves ou ennuyeux comme pour s’excuser) s’adressent exclusivement à des adultes. Pour preuve, le vocabulaire peu châtié, les descriptions explicites lors du traitement de sujets délicats qui ne peuvent être compris que par des adultes.

Samedi 19 mai : tout pour le énième mariage princier en GB. Pas de chanson dans le 6-9 mais un reportage sur les quatre étudiants chinois qui ont passé plus d’un an dans les conditions d’une station lunaire. Voilà typiquement le genre de sujet qui convient à une tranche d’information diffusée un samedi : sujet peu traité (pas du tout même), vulgarisation scientifique, prise de recul par rapport à l’actualité. S’ensuit un débat sur le mariage. On avait rappelé Alex Taylor pour l’occasion. Débat poursuivi après la revue de la presse. Peu de questions d’auditeurs sur le mariage proprement dit mais des critiques dont celle du premier auditeur qui trouve que « France-Inter en fait trop ». Réponse de M. Eric Delvaux : « ça nous dit quelque chose de politique ».

 

Ça, c’est la réponse systématique à la critique. En son temps, on avait reproché à la rédaction d’Inter de trop s’attarder sur les faits divers. M. Bertrand Vanier, qui était alors directeur de la rédaction, avait répondu que « ça nous dit quelque chose sur notre société ». Certes mais de là à aller décoller les pansements pour voir dessous, il y a une marge.

Nous avons critiqué le bourrage d’information depuis que M. Delvaux (dont nous ne tarissions pas d’éloges quand il opérait en semaine de 5 h à 7h), a pris les rênes de la tranche 6-9 de la fin de semaine. Effectivement, c’est la mission qu’on lui a confiée et qui a suscité, dès la parution, des réactions témoignant que les auditeurs souhaitent faire une pause dans l’information quand ils ne sont pas eux-mêmes dans le rythme du travail.

http://www.ozap.com/actu/france-inter-patricia-martin-et-pierre-weill-quittent-la-matinale-du-week-end/526164

 

M. Delvaux persiste. Les pauses musicales après le journal des sports et avant l’entrevue politique ont quasiment disparu. Est-ce utile, les samedis et dimanches d’avoir une entrevue politique, surtout avec des troisièmes (voire des quatrièmes) couteaux ? Aucun des propos de l’invité politique n’est jamais repris, y compris sur la station. Le créneau du jardinier d’Inter rétrécit à chaque saison malgré les dénégations. Les auditeurs qui protestent ne sont pas idiots. Ils comprennent bien que si le jardinier intervient à 7 h 45 et qu’après lui, on passe encore une rubrique ou deux au chausse-pieds, c’est que son temps de parole a été amputé. Dix minutes, plaisanteries comprises et ça rigole pas avec l’horaire ! Quand on pense à son prédécesseur, Michel Lis, qui prenait son temps pour répondre aux auditrices, qui nous faisait un peu rêver avec ces plantes saisonnières… Autre temps. Maintenant, le standard est ouvert pour poser des questions au sous-fifre politique qui a accepté de venir à la radio le samedi ou le dimanche matin pour se faire un peu connaître plutôt que d’aller à sa permanence rencontrer ses électeurs.

Rien n’y fait. Depuis quelques décennie, Inter se targue d’être « une radio de contenu » et nous abreuve de flot ininterrompu de paroles. À une époque, on avait l’impression d’entendre la version parlée de divers magasines culturels comme Les Inrocks, Le Monde de la Musique, Télérama etc. Quoi qu’il en soit, on a toujours l’impression que, selon le moment de la journée, Inter essaie de faire du France-Culture ou du France-Info. On aimerait tant qu’ils essaient de faire du France-Inter !

Ils n’ont toujours pas compris que France-Info existe et donne des infos tous les quarts-d’heure et qu’on n’a plus besoin de se cogner le flash horaire et encore moins les cours de la bourse. On suppose que les cours de la bourse servent surtout à rapporter quelques sous vu que c’est parrainé. Ils n’ont toujours pas compris qu’on n’a pas besoin d’enchaîner les chroniques et les rubriques sans discontinuer. De son côté, France-Info essaie de proposer un peu de divertissement ; ce qui devrait être l’apanage d’Inter, justement.

 

djubaka 2

Cette parlotte que nous dénonçons depuis des années et qui nous a valu d’être cité par L’Express, a trouvé plusieurs justifications à la fin du printemps dernier.

Ainsi, le vendredi 6 avril 2018, M. Demorand précise que la station n’est pas en grève mais que c’est une pub avec 30 s. de chanson (Bella Ciao). Terrible aveu : sur Inter, quand on entend une chanson, c’est qu’il n’y a pas de programme. Lundi 9 avril : M. Trappenard à propos de « mon invité d’aujourd’hui » (Kev Adams) et commentant un éventuel retard : « sinon, on aurait été obligé de passer des disques. Ce serait malheureux ».

https://www.franceinter.fr/emissions/boomerang/boomerang-09-avril-2018

 

Il faut entendre ça : il serait malheureux de passer un disque et d’écouter de la musique sur une radio généraliste. M. Hervé Pauchon, dont les reportages concluent la session de 6 h à 9h de fin de semaine, a pu persifler auprès de M. Eric Delvaux qui annonçait fièrement les noms de ses collaborateurs. « … programmation musicale : Djubaka. – Ah bon, y avait une programmation musicale ? » . En effet, dans la première heure, on peut entendre une ou deux chansons mais après, c’est fini pour le reste de la matinée.

 

 

Un mot sur M. Bernard Guetta qui a annoncé son départ

https://www.franceinter.fr/emissions/geopolitique/geopolitique-02-juillet-2018

 

Certains s’en réjouiront car ils n’ont pas digéré son apologie de l’Union Européenne et du projet de traité constitutionnel soumis à référendum en 2005. Après tout, c’était son droit comme c’est le droit de tout un chacun de ne pas être d’accord. Le problème, c’est qu’il n’y avait aucune nuance dans ces critiques et aucune argumentation. Il a été définitivement classé parmi les salauds, les suppôts du capitalisme et rien n’y fait quel que soit le sujet abordé. Pourtant, sa grande connaissance des relations internationales nous permet de comprendre les enjeux et ce qui risque d’arriver. Cette connaissance, il avoue n’en être plus très sûr et reconnaissons-lui, au moins, l’honnêteté d’avouer qu’il ne comprend plus le monde tel qu’il est, à l’heure du vulgaire Trump, très populaire chez lui, des autocrates aux marches de l’Europe (Poutine, Erdogan), de l’intolérance des peuples d’Europe de l’est qui, après être entrés dans l’Union veulent que la porte reste fermée à double tour. Par conséquent, il a décidé de retourner sur le terrain, pendant au moins deux ans, histoire d’être à l’écoute et, peut-être, de comprendre ce monde qui change tellement. Faut-il rappeler que, à la suite de la chute du mur de Berlin, la rédaction de France-Inter avait proposé une rubrique croisée, intitulée « Est-Ouest », afin que les correspondants permanents dans ces pays nous informent des attentes et des comportements de leurs populations. À l’époque, on ne chronométrait pas le temps de parole mais ça faisait à peu près deux fois 3 mn tous les matins en semaine, vers 8 h moins le quart. Et puis, on a pensé qu’il fallait aussi confronter le nord et le sud. Ça s’est appelé « Planète Est-Ouest / Nord-Sud » jusqu’à ce qu’arrive M. Paoli qui a décidé que les correspondants parleraient moins mais en direct (sympa le décalage horaire qui obligeait à se lever en plein nuit pour parler 2 mn) et ne seraient pas confrontés à un autre point de vue. Bien sûr, ça n’a pas tenu et mais ça manque terriblement aujourd’hui.

 

Gageons que M. Guetta sera invité à chacun de ses retours en France ou même à l’occasion d’un événement dans le pays où il se trouvera. En attendant, c’est M. Anthony Bellanger qui prend la suite. On aurait pu tout aussi bien entendre M. Frédéric Ancel. L’un et l’autre sont compétents mais pas toujours très objectifs quand il s’agit de l’Amérique latine. Au fait, dans la rédaction, M. Luc Lemonnier, chef du service étranger est aussi discret que compétent. On aimerait bien entendre plus souvent ses commentaires. Ça aussi, c’est un défaut de la radio dite « de service public » : aller chercher à l’extérieur plutôt que de promouvoir les journalistes de la maison. Mme Nayle a pris la direction de la rédaction. Il y a deux ou trois ans, on a appelé M. Marc Fauvel pour diriger le service politique mais il a préféré la présentation du grand journal de 8h et, maintenant, on lui dit de céder la place à une femme. Tout ça pour ça.

 

 

 

Un mot rapide sur la grille d’été soumise à changements. On notera l’arrivée d’une nouvelle voix féminine abîmée par la consommation de tabac. En principe, la voix, c’est important à la radio mais personne n’a l’air de s’en plaindre. Après tout, personne ne se plaint non plusde la publicité de marques et des promotions sur une radio dont on nous répète qu’elle rend un service public. Les masses sont résignées.

 

Dernière minute :

L'acteur, réalisateur, producteur, scénariste et auteur de pièces de théâtre Edouard Baer sera sur Inter les dimanches matin à la rentrée pour assurer le divertissement.

https://culturebox.francetvinfo.fr/cinema/edouard-baer-rejoint-france-inter-en-septembre-276453#xtor=EREC-15-[Quotidienne]-20180712-[actu]&pid=

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