L'extrême droite dans les sondages et les médias

La montée du FN dans les années 1980 a marqué le début de l’abandon par la gauche socialiste du drapeau tricolore dont elle revendiquait traditionnellement l’héritage républicain. On disait que puisque le FN met en avant les couleurs nationales, il fallait les leur abandonner pour ne paraitre comme eux. N’aurait-il pas fallu leur contester ce vol et en appeler au strict respect de la loi qui interdit à un parti d’arborer les couleurs du drapeau ? Comment faire aimer à la jeunesse un pays dont le drapeau national est pris pour le logo d’un parti politique qu’elle abhorre ? Bien peu ont été ceux qui, à l’instar de M. Chevènement, ont revendiqué la cocarde et l’hymne national comme leur héritage en droite ligne. Ses propres alliés l’accusaient alors de rejoindre le FN. Quelques années auparavant, le PCF lançait une campagne d’affichage sur le thème : « Produisons français », « Achetons français ». Il s’agissait alors de préserver les emplois. Comme à l’époque, on pensait que les échanges internationaux se feraient dans un louable souci de réciprocité, cette campagne franchouillarde avait été sévèrement critiquée. Pire, on laisse sans rien dire des imbéciles signer de croix gammées et de drapeaux tricolores des profanations de cimetières et de lieux de cultes. On trouve normal cette association comme si le drapeau était le logo du FN. Comment, dans ces conditions, des jeunes pourraient-ils ne pas penser que « le sang impur » de la Marseillaise est celui des ceux qui ont des origines étrangères ? Personne pour expliquer, rappeler l’Histoire, dire qu’il y a maldonne. La gauche abandonne les symboles de la République les uns après les autres. Il n’est pas difficile de deviner qui les ramasse.

http://lanternediogene.canalblog.com/archives/2009/12/14/16144330.html

Après sa dernière expérience gouvernementale, la gauche de pouvoir a aussi entériné l’abandon de toutes les références sociales, de tout discours social, de toute mesure favorable aux plus fragiles, les qualifiant de « populistes ». Comme la nature a horreur du vide, à la faveur du changement que l’on sait à la tête de l’extrême droite, l’abandon du socle républicain et du discours de gauche est confirmé. Maintenant, c’est l’extrême droite qui met en avant la laïcité, la défense des salariés. Sa nouvelle responsable tient, contre le FMI qui affame les peuples, la Banque mondiale qui ruine les Etats, un discours que n’aurait pas renié la gauche d’il y a seulement vingt ans. Maintenant, la gauche de pouvoir ne critique plus le FMI, un des siens en a pris la tête. Elle annonce aux salariés qu’il faudra qu’ils contribuent à combler les déficits publics dont ils ne sont nullement responsables après avoir déjà sauvé les banques qui les grugent et refusent de leur prêter leur propre argent mis en dépôt. Le PS était pour le Traité Constitutionnel Européen, refusé par les peuples mais appliqué après en avoir changé le nom. Le PS apparait de plus en plus comme le soutien de politiques antipopulaires que les peuples ont refusé jusqu’à présent démocratiquement. Pour ne pas paraitre tenir le discours que le FN lui a ravi, le PS s’éloigne de plus en plus de ses fondamentaux et mise sur le victimisme.

http://lanternediogene.canalblog.com/archives/2010/10/06/19255952.html

Suite à la publication d’un sondage qui met Mme Le Pen en tête du premier tour de la présidentielle, il n’est question que de contester les sondages, leur publication, leur fréquence, leur méthode d’investigation. Personne n’ose se demander comment on peut en arriver là ? Pourtant, il suffirait d’écouter le peuple, de prendre en compte les situations concrètes qui se posent aux salariés et aux chômeurs. Mais non, on répugne à écouter la populace. Ce n’est pas son rôle : le peuple est là pour suivre les élites et non le contraire. La gauche n’ose même plus faire référence à Jaurès et au Front Populaire. Elle se les fait chiper par la droite.

Le FN a changé de peau. Pourtant, on est encore loin d’une évolution à l’italienne. Dans la péninsule, le sinistre MSI est devenu, dans les années 1990, Alliance Nationale sous l’impulsion de M. Fini tandis que les néo-fascistes gardaient leurs symboles pour fonder « Flamme tricolore » (dont le logo a été repris par le FN à sa création). La stratégie de M. Fini était de pouvoir faire alliance avec la droite traditionnelle, notamment celle issue de la démocratie chrétienne. Ainsi, peu à peu, Alliance Nationale a évolué au point d’être considéré aujourd’hui comme un parti de centre-droit qui ne soutient plus M. Berlusconi et ses frasques. C’est probablement un glissement de ce type que Mme Le Pen a en vue mais quand on voit les dernières affiches du FN, on se dit qu’il y a encore beaucoup de chemin à parcourir. En attendant, débarrassé des outrances, des obsessions et des remugles de son fondateur, le FN séduit nombre de gens qui se disent qu’ils n’ont plus rien à perdre.

Pourtant, ils ont le choix mais le simplisme de ses slogans, le radicalisme du discours, les arguments spécieux attirent davantage et beaucoup votent dans ce sens pour choquer, pour attirer l’attention sur eux. C’est maladroit. C’est contestable, ô combien. Ne pas en tenir compte est encore plus dangereux. A gauche, des voix de plus en plus nombreuses s’élèvent contre l’abandon du discours de gauche par le PS et de son objectif historique qui est de donner le pouvoir au peuple. Seulement, des personnalités comme M. Mélenchon ne sont utilisées par les médias que pour assurer le spectacle quand l’actualité marque une pause. Les médias espèrent aussi une attaque de l’animateur du Front de Gauche contre eux afin de crier à l’atteinte à la liberté de la presse*. Ça fait jaser et pendant ce temps, on occulte les vrais problèmes et les propositions. Mis au ban, le FN ne participe pas à la mêlée. Cette situation lui permet paradoxalement de développer son jeu. En plus, ce sont les autres qui se déterminent en fonction du FN ; au point, pour certains, d’abandonner leur propre héritage républicain. Un comble !

Ne parlons pas de personnalités de gauche comme Mmes Clémentine Autain et Claire Villiers totalement passées sous silence. Toute autre est leur attitude vis-à-vis de Mme Le Pen qu’on sort comme un diable d’une boite. On aime faire peur. On en joue. On aime avoir peur, aussi. Nous avons souvent dénoncé la responsabilité du journaliste de gauche François-Henri de Virieux qui a, le premier, invité Le Pen dans son émission politique à succès. Dix-neuf ans plus tard, il était présent au second tour de la présidentielle après des dérapages, des outrances et mêmes des coups de poing. Beau résultat !

Dans la société actuelle qui se passionne pour les votes de la Star Academy, les médias ne recherchent plus que le spectaculaire et leur influence est considérable. Ce n’est plus seulement la télévision – souvent critiquée pour son influence néfaste – et la presse mais aussi l’Internet et le téléphone mobile qui diffusent l’information. Pas une page d’accueil de fournisseur à l’Internet qui ne propose en bonne place l’actualité (souvent la moins intéressante) et l’horoscope. Et ce n’est pas en option comme la météo, par exemple. Cette école permanente, omniprésente, ne fait rien pour former des citoyens, pour affiner l’esprit critique. Encore moins qu’hier, malgré l’éducation de masse, malgré les 80 % d’une classe d’âge reçus au bac, les électeurs vont lire les programmes. Beaucoup ne vont même pas aller voter. Les autres se détermineront en fonction de celui qui passera le mieux à la télévision, comme pour la Star-Ac. La dernière fois, ils ont voté pour le plus volubile, celui qui paraissait vouloir tout casser : « lui, il va remettre de l’ordre, ça va aller mieux ». On a fini par entendre des propos qu’il n’a jamais revendiqués. Toute la question de l’an prochain sera de savoir si les Français voteront pour celui qui paraitra le plus posé (genre Mitterrand en 1981) ou pour celui qui épatera la galerie.

*encore une tentative de Pascale Clark mercredi 23 mars 2011 en fin d’entrevue probablement déçue de n’avoir pu l’entrainer sur ce terrain avant : en toute fin, l’autre ne pouvait plus se défendre

http://www.dailymotion.com/video/xhrseo_jean-luc-melanchon_news#from=embed&start=0

http://lanternediogene.canalblog.com/archives/2007/04/13/4619218.html

http://lanternediogene.canalblog.com/archives/2011/02/10/20350978.html

Comments

[Chris Phénix]

Depuis longtemps la politique n'est plus qu'une question d'image.
On raconte, que Kennedy a battu Nixon en 1960, en grande partie parce qu'à l'image, lors du grand débat entre les deux candidats, Nixon paraissait mal rasé (et en plus Kennedy avait une belle gueule).

D'ailleurs on ne cesse de nous repéter que l'élection présidentielle c'est la rencontre entre un homme (ou une femme) et le peuple. Pas question de parti ni de programme, non seulement celui ou celle qui passe le mieux.

Imaginons qu'il pleuve, si le FN dit qu'il pleut, tous les autres parties vont dire qu'il fait beau. Alors que nous voyons bien qu'il pleut. Combattre le FN ce n'est pas l'ostraciser et l'empêcher de parler, c'est au contraire l'affronter directement sur le terrain des idées (et des solutions à proposer).Quand on aspirer à gouverner la France,ça ne devrait pas être insurmontable de le faire.
Malheureusement le FN a pour avantage de ne jamais avoir été au gouvernement, donc ils n'ont pas d'ardoise vis à vis des Français.

Dernière chose, Benoit Hamon a déclaré : " La différence entre Brice Hortefeux et Marine Le Pen, c'est que cette dernière n'a pas été condamnée pour injure raciale".
Bonne idée de dire que finalement le FN c'est moins pire que l'UMP. Et après on va donner des leçons sur la position de la droite à propos le front républicain.

PS et UMP passent leur temps à se donner des baffes. A qui profite le crime ?