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la lanterne de diogène
8 mai 2011

Maillots mouillés

 

Bien peu à ajouter à mon confrère Chris qui a fait un gros boulot de mémoire

http://leblogquatre.canalblog.com/archives/2011/05/05/21061980.html

 

Et, puisqu'il aime les précisions, je dirai aussi que Kopa, Platini et Zidane n'ont pas la double nationalité.

 

Cette semaine, au micro de France-Inter, Malek Bouthi, le mercredi 4 mai, replace le débat dans l'atmosphère délétère dans la FFF depuis le Mondial et la lutte pour la direction de la Fédération. De même il souligne que les terrains de foot sont plus métissés que l'Assemblée nationale. Et de conclure qu'il s'agit d'une manœuvre pour déstabiliser la Fédération à travers Laurent Blanc.

Il rappelle aussi que l'Europe n'était pas noire il y a cent ans. Curieusement, ses propos n'ont pas été repris ; pas même sur France-Inter. S'il s'était exprimé sur les primaires au PS....

 

Ce dimanche, c'est Zinédine Zidane qui semble lui emboiter le pas dans le Journal du Dimanche. Curieusement, l'un comme footballeur professionnel de haut niveau, l'autre comme militant antiraciste vont à l'encontre des thèses développées par Médiapart et ceux qui font leur miel d'un pseudo-événement.

 

En tout cas, on voit avec plus de certitudes quelques faits :

  • d'abord, on n'entend que des journalistes, des commentateurs et des politiques qui d'habitude ne s'expriment jamais sur le foot sinon pour en dire le plus grand mal.

  • Ensuite, Médiapart a lancé l'affaire en parlant de « quotas » afin de provoquer un buzz. Plus on avance dans l'information moins on parle de quotas sauf pour annoncer des propos qui n'ont plus rien à voir avec. Le terme de « quotas » sert seulement à accrocher le public. Dans un premier temps, il était question d'une réflexion sur la typologie des joueurs et, ensuite, c'est la question des bi-nationaux qui a pris le dessus. Donc, on est loin des quotas.

  • La direction de la FFF est contestée depuis plus d'un an sur fond de renouvellement de sièges. Les luttes sont – on le voit – sans merci. Les règlements de compte se préparent de longue date (plus de six mois) et ne reculent devant rien.

  • Là-dessus se greffe l'échec prévisible de Domenech et l'envie des champions du monde, tous à la retraite aujourd'hui, de prendre le pouvoir. Or, jusqu'à présent, seul Laurent Blanc est parvenu au sommet. De toute évidence, ses anciens coéquipiers l'ont en travers. Dans les jours (tout au plus les semaines) qui viennent, on peut penser qu'il ne sera plus sélectionneur et que ça provoquera une nouvelle crise.

  • Sur le fond – et ainsi que déjà dit – la France devrait être fière de former des joueurs qui évoluent ensuite dans les sélections africaines. Ce devrait même être un devoir et ça montre l'excellence des centres français de formation. Nos impôts servent à bien d'autres choses plus contestables. Bien sûr, c'est dommage que des jeunes formés en France aillent s'expatrier après mais il en est de même dans la recherche scientifique avec des chercheurs formés ici et qui partent aux États-Unis après faute de moyens. Encore une fois, au bout du compte, il n'y a que onze joueurs sur le terrain pour quelques centaines formés en amont. On peut comprendre que ceux qui ont la chance de posséder la double nationalité s'en servent pour porter le maillot de la sélection de leur autre pays.

  • Enfin, cette affaire, la dimension qu'elle prend, notamment parmi ceux qui ignorent (pour ne pas dire plus) le football, est significative du climat qui règne dans ce pays depuis près de dix ans. Désormais, le moindre problème, le moindre débat se doit d'intégrer une dimension antiraciste. On en est arrivé là depuis qu'on désigne des minorités comme étant responsables de problèmes réels. Ainsi, il existe une forte suspicion quasi permanente à l'égard de ces minorités qui s'estiment stigmatisées en permanence et victimes, elles, de racisme. Le moindre fait divers est analysé dans une perspective raciale. Ces minorités – ou du moins ceux qui s'expriment en leur nom – se saisissent de la moindre occasion pour tenter de prouver que la France est un pays de racistes et qu'ils en sont les victimes. Quelqu'un qui débarquerait en France et écouterait les médias aurait le sentiment de vivre en Afrique du Sud au temps de l'apartheid ou au Mississipi en 1963. Il est urgent que la situation s'apaise et qu'on cesse de monter les gens les uns contre les autres à tout bout de champ.

 

 

Plus que des têtes dans les instances dirigeantes de la FFF, c'est le climat qui règne dans ce pays qui doit changer. On n'empêchera jamais des abrutis d'avoir des préjugés à l'encontre de ceux qui ne sont pas tout à fait comme eux. De là à en faire une généralité, il y a un pas que les médias devraient se garder de franchir. De même, ils devraient cesser de rechercher le racisme partout et singulièrement dans un domaine où il sévit encore moins qu'ailleurs. Comme le dit Zidane, le slogan de la France « Black-Blanc-Beur » a été inventé de toute pièce par les médias et, particulièrement les plus étrangers au sport en général et au football. Quand on fait du sport, on ne se pose pas ce genre de questions et les sportifs en fauteuil aiment voir leur équipe favorite gagner sans considération pour les couleurs de peau. À force d'avoir élevé au pinacle cette « diversité » dans l'équipe nationale, on en vient à jeter le trouble sur tout ce qui diminuerait la représentation de cette diversité.

 

À une époque où le chômage de masse décime la population, où la crise du logement rejette dans de véritables ghettos les ménages les plus modestes et jette à la rue les individus les plus faibles, on n'arrivera à rien en pratiquant une « discrimination positive ». Les médias ont mieux à faire que d'encourager l'hostilité des uns contre les autres. Le résultat au bout de huit jours est déjà calamiteux.

http://lanternediogene.canalblog.com/archives/2011/05/01/21023649.html

 

Pourtant, les sujets ne manquent pas. Rien que sur la chômage et la précarité, il y a de quoi remplir les ¾ d'un support médiatique tous les jours. Aucun de ces médias n'a pris l'initiative d'un débat sur le nucléaire. Dans l'indifférence médiatique, la santé publique se dégrade entre les difficultés pour obtenir un rendez-vous chez le spécialiste voire le généraliste et les remboursements de soins de plus ne plus faibles. Ça ne fait qu'un entrefilet pour signaler la chose. Après, on se demandera pourquoi la confiance envers les médias est aussi basse. Tant que les médias monteront en épingle des faits qui n'intéressent personne (mariage princier, primaires socialistes, recomposition du centre, bébé de Carla Bruni, rivalités à la FFF etc.) et ignoreront la vie quotidienne du public, on aura une presse dédaignée.

 

Dans ce cas précis, ce n'est plus l'arroseur arrosé mais l'arroseur qui éclabousse ceux qu'il prétend défendre. C'est sans doute comme ça qu'il comprend l'expression "mouiller le maillot".

 

http://lanternediogene.canalblog.com/archives/2011/02/10/20350978.html

 

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