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la lanterne de diogène
11 octobre 2011

Après la primaire au PS

Marre de la primaire au PS. On ne parle plus que de ça. On a entendu des flashes spéciaux tous les quarts d'heures comme si le score allait change. On a subi des émissions spéciales tous les jours pour redire les mêmes choses. Trop c'est trop. Devant le succès d'audiences télévisées, on comprend qu'il s'agit d'un regain indéniable pour la chose politique et c'est positif. Il semble que beaucoup de citoyens se rendent compte que les élections à venir peuvent servir à quelque chose. À moins qu'il ne s'agisse d'un baroud d'honneur destiné à montrer la volonté de changement. Le changement voulu ne tient pas tant à la couleur politique du locataire de l'Élysée qu'au souhait de voir les affaires du pays traitées par les élus (même si on ne les approuve pas mais c'est la démocratie) et non soumises aux choix des financiers et de la Commission européenne qu'on ne choisit pas.

 

Le traitement médiatique de la primaire a de quoi agacer. La monopolisation de l'information par la primaire est telle que quelques personnes se sont rendues dans leur bureau de vote en croyant qu'il s'agissait de la présidentielle et se sont étonnées de ne pas trouver les bulletins des autres candidats. Tous les citoyens qui ne se situent pas dans la sphère du PS se sentent matraqués et pas seulement les partisans de la droite. Ce qui revient le plus souvent c'est : « y en a plus que pour le PS ! ».

Les militants du PS ne s'en rendent même pas compte. Ils se comportent comme s'ils venaient de gagner la présidentielle. À force de rester entre eux, d'être à ce point déconnectés de la population, ils fêtent au champagne, chacun de son côté, une victoire alors qu'il ne s'agit que d'un premier tour d'une élection entre dirigeants de leur parti. On dirait qu'ils se dépêchent de faire la fête, comme si c'était toujours ça de pris, en sachant qu'ils ne la feront pas au printemps prochain. C'est assez inquiétant.

 

Encore une fois, les 2 232 682 votants à la primaire se recrutent parmi les militants et sympathisants du PS. Il leur faudra convaincre quelques 37 millions d'autres électeurs pour l'emporter. Seulement, les militants du PS, à force de rester entre eux, de se trouver beaux et, surtout, intelligents, à force de mépriser le peuple qu'il préfère appeler « les beaufs », ne s'occupent plus de savoir quel est leur impact dans la société et encore moins quels sont les problèmes que la population de base doit affronter chaque jour.

 

Ensuite, l'omniprésence des dirigeants et des militants du PS dans les médias pose des questions. D'abord, si l'on s'en tient au décompte du temps de parole, le PS – et donc toute la gauche voire l'opposition (selon les règles du CSA) – a pris une telle avance qu'il faudrait passer l'opposition sous silence pendant plusieurs semaines. Voire. À moins que les journalistes de l'audiovisuel ne cherchent à prendre date et à montrer leurs bonnes dispositions envers leurs futurs maitres.

 

Toujours sur le plan médiatique, les commentateurs nous refont le coup du « grand vainqueur ». En général, celui qui est désigné comme tel est le grand perdant, celui qui avait tout pour gagner, celui qui avait le plus de qualités et qui se trouve désavoué. À la fin du Tour de France de 1987, remporté haut la main par Stephen Roche, Robert Chapatte déclarait : « pour nous, Jean-François Bernard [3ième à près de 3 mn] est le vainqueur moral du Tour ». On ne l'a plus jamais vu sur un podium important. L'Histoire et les statistiques du Tour n'ont retenu que le vainqueur. C'est bien ce qui risque d'arriver à M. Montebourg qui occupe – faut-il le rappeler ? – la dernière marche du podium. Avec moins de 400 000 voix dans son propre camp, il ne pourra pas changer le destin de la France. Nous verrons s'il parvient seulement à influencer ceux qui sont devant lui.

 

En fait, en portant en tête, M. Hollande, les militants et sympathisants ont marqué clairement leur intention de ne pas changer fondamentalement la société. Ils veulent un peu plus de justice mais n'ont pas saisi l'analyse proposée justement par M. Montebourg sur les causes de la crises et les solutions de simple bon sens à y apporter. Ils se contenteront de quelques réajustements fiscaux comme du temps de Mitterrand avec la création de l'ISF. Le quotidien Libération avait titré alors : « Les très riches paieront un peu ». Il faut rappeler que parmi les slogans de la campagne de 1981, il y avait : « faire payer les riches ». Cette fois, il n'en est même plus question et l'on se demande à peine comment rendre compatibles quelques rattrapages sociaux avec les critères des agences de notation. M. Hollande est sans doute celui qui a le plus la stature présidentielle pour cette fois-ci mais il ne faudra pas attendre une politique sociale de sa part et tout au plus la préservation de ce qui reste de la protection sociale. La primaire du PS ressemble de plus en plus à un feu de paille.

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