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la lanterne de diogène
29 avril 2015

Astérix a trouvé Alésia

J'aime ces moments où je puis écrire « Je vous l'avais bien dit ! ».

 

Voici une nouvelle occasion (on dit « opportunité » à présent) à propos de l'exposition qui vient de s'ouvrir à Alise-Sainte-Reine (21) où l'on a construit récemment un site d'exposition consacré à la bataille d'Alésia.

http://www.franceinter.fr/depeche-a-alesia-le-vrai-du-faux-dans-asterix-et-obelix

Idéalement situé à la sortie de l'autoroute du Soleil, l'endroit clôt définitivement la querelle sur le lieu exact de la bataille d'Alésia. Rappelons brièvement les faits. La légitimité de l'empereur Napoléon III a toujours été remise en cause par les autres chefs d’États (presque tous des rois) et par les Français eux-mêmes. D'abord, il a trahi la République en passant de Président à Empereur par un coup d’État. Ensuite, afin d'asseoir son pouvoir, il n'a eu de cesse de faire référence à l'épopée de son oncle. Après les réalisations urbanistiques du préfet Haussmann à Paris, il a fait donner aux nouvelles rues de la capitale des noms provenant de l'armée de Napoléon 1er que tout le monde a oublié depuis longtemps. Il n'a pas fait que cela. Il a ordonné qu'on retrouve le lieu de la bataille d'Alésia perdue par des Celtes avec Vercingétorix à leur tête. Déjà, à l'époque, il y avait controverse. Seulement, Alise-Sainte-Reine présentait déjà un avantage appréciable. D'abord, c'est le plus proche de Paris. Donc, il serait facile de s'y rendre et d'y organiser une cérémonie voire plusieurs. En plus, le chemin de fer récemment inauguré passe juste à côté. Il serait en plus facile d'y aller. Tandis que, Chaux-des-Crotenais (39) est plus éloigné et beaucoup moins facile d'accès.

À l'époque, les désirs impériaux étaient des ordres. Les archéologues avaient la surprise, tous les matins, de trouver sur place quelques objets placés pendant la nuit à dessein. C'est ainsi que le site d'Alise-Sainte-Reine a prévalu. En plus, la proximité d'alesia et d'alise emporterait l'opinion. Avec la construction d'un parc d'attraction et d'un « centre de recherche », on enfonce le clou et l'on achève ce que l'Empereur n'avait osé imaginer.

C'est dans ce contexte et pour meubler le vide qu'une exposition rend hommage à Astérix, le Gaulois bien connu et, finalement, le seul Gaulois connu de tous.

Nous avions auparavant montré comment Astérix a façonné notre imaginaire collectif et forgé la conviction que oui, nos ancêtres étaient bien les Gaulois, qu'ils ont résisté aux Romains parce qu'ils étaient malins (comme nous qui sommes supérieurement intelligents), et que quantité de choses que nous utilisons aujourd'hui existaient déjà à l'époque d'Astérix. Où l'on remarque aussi que les Français comme quantité d'autres peuples du monde excellent dans l'art de faire passer des défaites pour des victoires même si un masochisme collectif récent dénigre systématiquement le passé de la France et en attribue les aspects positifs aux étrangers qui l'ont servie. Là, il s'agit d'une histoire trop ancienne pour qu'elle provoque une polémique médiatique.

La présentation qui est faite de l'exposition insiste sur les erreurs et les anachronismes. Fort bien, mais nous avons déjà écrit qu'ils sont intentionnels afin de nous amuser. Encore une fois, Astérix ne prétend pas être scientifique même s'il évolue parmi des personnages réels dont Cassivellaunos (qui c'est çuilà?). Du reste, ça n'a aucune importance. D'abord parce que les erreurs et les anachronismes sont de peu de poids dans l'économie de la série, ensuite parce que leur connaissance ne changera pas la perception qu'en a le grand public qui s'efforcera de l'oublier aussitôt après. Insister sur le fait que les Gaulois ne portaient pas de casque à plume paraît assez dérisoire et, pour tout dire, évident. On se demande comment tiendraient les plumes. Seulement, ça permet à Uderzo de les faire bouger en fonction de l'humeur d'Astérix. Et puis, il est vain aujourd'hui de rappeler que les Celtes n'étaient pas des chasseurs et que, par conséquent, le sanglier ne figurait pas à leur menu habituel, c'est tellement enraciné dans notre inconscient collectif que rien ne pourra l'en retirer.

 

Un autre point qui tend à prouver que j'ai raison lorsque je prétends que notre ancêtre est bien Astérix, c'est que, précisément, cette expo entend corriger les erreurs et les anachronismes. Autrement dit, non seulement elle veut apporter une caution scientifique à une histoire qui n'en a pas besoin mais en plus, elle suggère que, à part ces menues corrections, tout le reste est sinon historique, du moins plausible. Ça ne fera que conforter les Français dans leur conviction qu'ils sont issu d'un peuple fier, humble (Astérix est petit), frondeur, résistant et surtout intelligent.

 

 

Pour poursuivre la recherche sur Alésia, rappelons que si la description qu'a faite Jules César des lieux est fidèle (ce qui reste à démontrer), Alise-Sainte-Reine pourrait correspondre et surtout Chaux-des-Crotenais où l'on a découvert réellement des pièces d'armement de l'époque. Depuis les progrès de l'informatique, il convient aussi de signaler le site de Guillon (89) qui correspond encore plus fidèlement mais où l'on n'a pas cru bon d'investir dans une recherche. De toute façon, les peuples et les individus croient ce qui les arrange de croire pour leur confort intellectuel. Désormais, avec un parc d'attraction et avec la série de Gossiny et d'Uderzo, les Français sont convaincus de leur origine gauloise et de la défaite de leurs ancêtres du côté du mont Auxois. Il est vain d'essayer d'aller contre.

 

http://www.gaulois-barnoud.com/pages/l-histoire/alesia-retrouve.html

http://www.pierreseche.net/presmyth.htm

 

 

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