Trois disparus

Cette semaine a vu la disparition de trois célébrités. Chacune m'intéresse à divers titres. Arthur Penn, d'abord, est pour moi l'inoubliable réalisateur de « Little Big man ». Ce film, j'en ai entendu parler pour la première fois au lycée. Jean-Marie Floch, à l'occasion de l'étude d'un texte de Jean Rigaud sur « la culture pour vivre » entendait en profiter pour nous donner des titres d’œuvres dans tous les domaines, afin que nous puissions acquérir une culture à la façon de l'honnête homme tel qu'on le définissait au 17ième siècle.

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Malheureusement, je n'ai pu voir le film que bien des années plus tard. Floch avait raison, encore : c'est un très grand film. En plus, l'acteur amérindien n'est autre que Chief Dan George, l'auteur d'un autre texte étudié avec notre professeur qui nous enseignait plus que les lettres modernes. C'est après l'avoir revu en DVD, sur ce même ordinateur, que j'ai eu envie de faire une recherche sur celui qui nous avait si bien conseillé. Quelques dizaines de minutes plus tard, je comprenais que je ne le verrai plus jamais pour le remercier de toutes les belles choses qu'il nous avait apprises. À travers la mort d'Arthur Penn, c'est un hommage au peuple amérindien et un hommage intarissable à Jean-Marie Floch que je rends.

Dans le cinéma, Tony Curtis représente pour moi l'inoubliable interprète de la série « Amicalement vôtre » avec une de mes musiques préférées. J'ai eu la chance de voir son compositeur, John Barry, l'interpréter à Auxerre à l'occasion du festival « Musique & Cinéma ». À l'époque de mes années Floch, Daniel Wilde représentait pour moi un homme qui a gagné plein de pognon mais qui restait simple et plein d'humour. Surtout, il était servi, en France, par la voix inimitable  du comédien Michel Roux. Note qu'en général, quand on dit « voix inimitable », c'est que la voix fait le bonheur des imitateurs. On peut s'interroger sur cette formulation journalistique assez répandue.

À l'occasion de sa mort, on rappelle que Tony Curtis s'appelait Bernard Schwartz et qu'adolescent, il se faisait régulièrement cogner par les autres garçons. Il avait tout contre lui : il était juif, né dans le Bronx, pauvre et beau gosse. Il avait plus de succès auprès des filles. Pas mal de raisons pour avoir de la sympathie pour lui. En revanche, on n'a pas rappelé qu'il avait sombré dans l'alcool, ce qui l'a éloigné des écrans durablement. Malgré tout, malgré tous les alcooliques que nous connaissons, il s'en trouve toujours pour picoler. Depuis le temps, on devrait savoir que ça ne fait pas de bien, au contraire.

Un autre juif célèbre est mort le même jour : le physicien Georges Charpak. Il a participé à la popularité de la physique auprès des lycéens en montrant que la discipline ne se limite pas à des formules et à l'encensement des savants du passé. « La main à la pâte » a permis de faire comprendre que ce qu'on apprend à l'école sert à quelque chose. Tout a été dit à ce sujet et bien mieux qu'ici. On a omis de préciser que Charpak était favorable à l'énergie nucléaire productrice de déchets que la physique ne sait toujours pas traiter durablement. Enfin, il est intéressant de rappeler que Charpak, comme quantité de Français d'origine étrangère, a été sommé de prouver sa nationalité française -ce qui était impossible puisque son village d'origine a été détruit par la guerre -et qu'il n'a dû sa tranquillité qu'à l'intervention d'un préfet qui a passé outre et lui a fourni ce que certains n'hésitent pas à qualifier de « faux ». Pour un Charpak sauvé par son Prix Nobel, combien d'autres qui n'ont que leur amour de la France pour justifier leur nationalité ?

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